Entre chien et poulpe

Ma fille participant au prix des Incorruptibles 2017, c'est avec grand plaisir que je vais partager ses lectures.

Et ça commence par un grand coup de coeur avec Entre Chien et Poulpe de Martin McKenna. Une histoire aussi loufoque que semble l'être son auteur !

Edgar rêve d'avoir un chien de compagnie et de gagner le concours de chiens. Sauf que c'est un poulpe qui lui est offert pour son anniversaire ! Et pas n'importe quel poulpe : Jarvis est un peu spécial, complètement incapable de rentrer dans le moule et de faire semblant d'être un chien.

C'est donc de différence et de tolérance dont il est principalement question dans cet album : comment s'accepter tel que l'on est et surtout, comment accepter l'autre tel qu'il est.

L'humour est un point important; c'est ce que ma fille a retenu de l'album. Un humour qui joue sur le décalage entre le sérieux d'Edgar et le côté loufoque de Jarvis.

Le récit est servi par de magnifiques illustrations qui délivrent à elles seules des clés importantes pour l'histoire. J'apprécie beaucoup, dans un album jeunesse, lorsque le récit et les illustrations se complètent.
Et puis vraiment, quel jeu de lumière ! J'ai notamment en tête deux illustrations jouant l'une sur l'ombre à la tombée de la nuit, l'autre sur un coucher de soleil. Quel beau travail !
Et que dire de la couverture intérieure très colorée sur laquelle sont dispersés plusieurs Jarvis déguisés en personnages célèbres (Sherlock Holmes, Dorothy, vampire, super-héros, mime...) !

Il y a cependant beaucoup d'implicite dans ce livre. Sans compter les références dont je viens de parler sur la couverture intérieure, il y a aussi des passages qui mériteront que l'on s'y arrête, pour que l'enfant en comprenne toutes les implications.
Est-ce un point positif ou négatif ? Je ne saurais dire... L'enfant ne comprendra pas toutes les subtilités si l'on se contente de lui lire l'histoire d'un trait. Mais je trouve toujours intéressant de discuter d'une histoire avec son enfant. Le plaisir de lire ne réside pas simplement dans l'acte de lecture, mais aussi dans le partage qu'il suscite (et je suis sûre que les babeliotes ne me contrediront pas).

En conclusion : tout est bon ! Je ne peux que vous conseiller de vous jeter dessus !

Edgar voulait un chien mais il a eu Jarvis, un poulpe. Déçu, le petit garçon va tout de même essayer de dresser son poulpe-chien mais Jarvis semble bien trop intelligent pour ça.

Un album très joliment illustré qui évoque avec humour, et parfois plus sérieusement, l'acceptation des différences, le libre arbitre et l'attachement.

La 1ère couverture est d'emblée amusante.

Ses promeneurs d'animaux de compagnie se retournant sur le passage d'un écolier tenant un poulpe en laisse.



Pas commun en effet, plus original que le choix du chien, du cochon d'inde, du poisson rouge ou du chat, c'est certain.



L'album est à peine ouvert que la 1ère image en fait une affaire, un évènement.

Une bête de compagnie très remarquée donc mais est-elle très remarquable?

Certains animaux n'en font qu'à leur tête, c'est bien connu, vous le savez bien chers lecteurs.



Page de garde, cela répond à cette question sans faux pli, remarquable!

Aviez-vous déja rencontré un poulpe en habit de pharaon, de pirate, de dompteur de fauve, de superpoulpe, de mime, de reine mère des poulpes, d'alien tout vert, de viking, de Picasso des pinceaux multiples?

Il y a de la proposition, non?



L'aventure sera t-elle toutefois pour le lecteur à la hauteur des mêmes espérances que celles du petit maître écolier (qui, à contrario, ne sait plus où se mettre devant cette joyeuse expansivité)?


Vouloir un chien et se récolter au final un poulpe savant demande une force d'adaptation certaine, il faut recomposer pour Edgar.

Assis, couché, chercher un os, c'est très compliqué à faire comprendre à un poulpe qui sait jongler et faire des purées goûteuses aux saucisses.


Martin Mc Kenna joue d'une forme de non-sens amusant, n'existant que par le truchement des désirs simples d'un petit garçon lambda.

Le décalage est délirant et il faudra faire joyeusement avec.


C'est un peu comme tout, à ce niveau.

Il faut apprendre la frustration mais peut-être que celle-ci aura un meilleur goût.

Vive Jarvis le poulpe!

Edgar veut un chien, et Edgar a eu Jarvis... "oh."

Mais Jarvis ne veut rien faire comme un chien, il est même plutôt doué pour faire mille autres chose. C'est certain qu'avec sa silhouette - et ses huit bras - il a plus d'un tour dans son sac ce sacré poulpe. Mais Edgar voulait un chien, pas ce Jarvis qui ne correspond pas à son rêve.

Des albums et courts romans sur ce thème il y en beaucoup. Mais celui ci est drôle, original, émouvant et vraiment réussi. On s'amuse de la perplexité de Jarvis, ce toutou-poulpe attachant qui essaie de bien faire. Le texte et les dessins sont irrésistibles et les enfants du CP vont adorer c'est certain. Les illustrations fourmillent de détail, et l'histoire sans y paraitre délivre un joli message.

Coup de cœur pour cet album.
Sélection Prix des incorruptibles 2016/2017

J'ai bien ri en découvrant cet album sélectionné pour le Prix des Incorruptibles 2016/2017 dans la catégorie CP. J'avais pourtant un a priori plutôt négatif en l'ouvrant. Une énième histoire d'animal de compagnie. Mais j'avoue que je me suis laissée prendre et que j'ai vite été conquise par Edgar et son « toutou-poulpe ». L'histoire est classique, mais son traitement est plutôt réussi aussi bien dans la narration qui reste très sobre et joue sur l'implicite avec subtilité, que dans les illustrations modernes et pétillantes. le contraste entre le sérieux du petit garçon et la loufoquerie de son poulpe est très drôle. Une jolie réussite pour Martin McKenna et le Père Fouettard, petite maison d'édition alsacienne. J'ai une petite préférence pour le titre original : Octopuppy !