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EAN : 9782213617633
173 pages
Fayard (07/01/2004)
3.75/5   4 notes
Résumé :
" Le ciel est englouti par les fenêtres, le regard par le vide. Nous n'avons d'yeux que pour le grand trop du dehors, pour ce qui nous emporte loin du front. Nous regardons fixement les paysages que nous avons créés sans voir l'intérieur qui les fonde, les nerfs, les os, les viscères, le sang, l'eau. Ce qui se trouve hors de nous à la fois nous attire et nous repousse dans les limites de ce que nous sommes. Nous cherchons à percer les murailles les plus épaisses pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Une série de textes, à partir de fenêtres, qui sont des histoires, des portions du monde, comme celui évoqué dans l'une des plus longues (certaines sont très brèves) : « jeune fille à la fenêtre », elle regardant interminablement - et il y a tout un monde à l'extérieur, et à l'intérieur la mère, sa télévision, et son désarroi, la fille qui aimerait être une mouette ou même un goéland, qui marche sans trêve et sa musique dans la nuit, qui ne supporte plus, qui va s'évader, et le père, son abandonnement, le regret de son travail aux chantiers navals maintenant fermés, et il y a les chantiers, et la détresse, et son corps défait.
Il y a des récits, des fenêtres de rencontre comme celles des hôtels (et l'espoir d'être dépaysé, étonné, d'une campagne, d'autre chose), des fables comme celle des images mortes à la télévision qui contaminent les spectateurs, des morceaux de notre histoire contemporaine telle que la montre encore la télévision, devenue spectacle, avec toujours un petit regard de côté, une distorsion pour faire sens.
Il y a des éclairs, des visions fugitives sur la vie des autres, visions limitées à cette portion de monde, de rue, d'immeubles que la fenêtre permet de voir. Et certaine sont des notations vécues, des lettres envoyées pour décrire (et elles sont datées et localisées). Des fenêtres de toutes sortes, et les rangées de fenêtres en face quand, comme souvent, c'est dans une ville, grande ou non, ou des usines, des parkings, des fonds de ville ou de port, la vie des gens dehors, les rêves que l'on fait.
Il y a les mots qui montrent, qui nous font être là, sentir les odeurs, ou le croire, brièvement, et puis on passe, en suivant la diversité du monde. (diversité grande aussi des textes réunis)
Il y a les fenêtres en mouvement des autos, des trains, fenêtres aussi des aéroports « Des employés en gilets jaune fluo s'affairent. Un Airbus roule vers son aire d'envol. Au loin, les collines bordent la plaine. Sept grues peintes en rouge et blanc manoeuvrent. Qui sommes-nous dans cet étrange anonymat des lieux et des vies prêtes à l'envol. »
Il y a les fenêtres de la vie quotidienne, avec de belles pages sur la ville, sur ces espaces où elle se défait, sur les centres commerciaux, les rues mornes
- et le texte s'en éloigne, raconte la ville, le port, les gens.
Il y a les fenêtres en voyage, et les et fenêtres étrangères vues à travers l »étrange lucarne », celles par lesquels les corps se jettent, « par-delà l'océan, d'orgueilleuses citadelles dressées dans le ciel bleu. » jusqu'à ce que « 43 600 fenêtres disparaissent en quelques secondes sous nos yeux. »
Il y a la télévision - il y a les fenêtres sur la pensée, fenêtres et murs sur lesquels s'appuient une recherche, - les fenêtres et murs qui envahissent le monde, remplacent la nature, et les fenêtres représentées, comme celles de Hooper et les femmes qu'elles éclairent.. - il y a les fenêtres sur les songes, et ceux décrits sont des cauchemars.

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Voici une série de courtes nouvelles trempées dans une prose poétique soignée. le talent d'observation de l'auteur est indéniable. En gros cela alterne entre textes plutôt auto fictionnels (les chambres d'hôtels d'un auteur en tournée) et des fictions. La deuxième me parle davantage. le premier texte parle de la télévision (c'est une fenêtre sur le monde) avec un délire du type Black miror avant l'heure. C'est horrible mais tout le monde regarde quand même. le texte sur le 11 septembre est très juste. La télé surveillance surprend, ce n'est pas celle qu'on croit. Ce recueil a été écrit entre 1998 et 2003, le champs d'ouverture est donc précis et pourtant l'artiste parvient à faire transparaître de l'universalité dans son ouvrage. Belle découverte.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Nous nous laissons d’autant plus facilement corrompre que notre vue est porteuse, sans que nous en ayons directement conscience, d’une masse d’informations anciennes, de sensations fugitives, de bonheurs éphémères, de souvenirs… Chaque regard porté sur le paysage intègre la mémoire – les traces – de l’existence passée. Nous voyons bien plus que ce que le présent du réel nous donne, et le poids de cette réalité invisible pèse sur notre conscience comme le désert pèse sur le regard du bédouin, la neige sur celui de l’esquimau
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À trop longtemps rester debout devant la fenêtre, la jeune fille finit par avoir l’impression de faire corps avec les murs qui l’entourent, les toits rouges, le ciel en constante métamorphose, les rues goudronnées, les trottoirs sillonnés par les ombres, parfois titubantes et incertaines, de passants soutenus par la nécessité d’atteindre leur logement, leur trou de taupes, dernier domicile, ultime refuge qui donne encore un sens aux déplacements et sans lequel leur marche cesserait d’être orientée et n’obéirait plus qu’aux lois de l’errance et du hasard.
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Visions désordonnées : ballast, sentier longeant les rails, passage à niveau, rues avec voitures en stationnement, grisaille de trottoirs désertés, circulation périphérique, maisons basses, maisons à étage construites sur un même modèle et sans qualité architecturale, parpaings, crépi ; jardins clos, plaques de fibro-ciment surmontées de grillage, cabanons, balançoires, vérandas, tables en fer, entassement de chaises en plastique sous un auvent, lierres, vignes-vierges agrippées à des murs, arbres fruitiers dénudés,
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Probablement déçue elle tourne les talons et s’en va. Le curieux balancement de ses bras vers l’arrière, son déhanchement, sa façon d’appréhender les pavés sur la pointe des pieds lui donnent une allure de pantin. Elle atteint le sommet de la via Clémentina, entame la descente. Et c’est comme si ses jambes, son bassin, son buste, sa tête paraissaient s’enfoncer progressivement dans le sol. Elle disparaît.
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La cour a changé d’apparence. Il a neigé durant la nuit, suffisamment pour qu’un léger liseré blanc recouvre les branches du grand frêne prisonnier des immeubles. Les feuillages persistants des arbustes plantés le long d’un mur mitoyen, supportent aussi leur petite part de pureté. Juste soulignement des choses. Froide élégance de la neige
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Vidéo de Raymond Bozier
Raymond Bozier .Portrait de Raymond Bozier, Prix du livre en Poitou-Charentes pour "Lieu-dit", éd.Calmann-Lévy, réalisé par les Yeux d'IZO.© Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes - 2011
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