Guido Reni

le sentiment religieux intense et triomphant qui émane de la production de Ludovic Carrache, l'ampleur, la simplicité des formes et de ses compositions, la chaleur et l'expressivité de sa palette, une maitrise singulière du clair obscur et un génie de la couleur qui parfois semble annoncer Caravage, comme son réalisme fiévreux influencé par l'école lombarde, son éclectisme contrôlé et son détachement parfaitement lucide, enfin son respect de l'œuvre des maitres anciens furent autant de qualités qui, pour Guido, ouvriront la voie vers un certain idéalisme et marqueront profondément les débuts de sa carrière.

les dernières années de la production de Guido reni, au terme dune longue carrière de plus d'un demi siècle, seront donc placées sous le digne du non finito, cet inachèvement, et de cette raréfaction de l'environnement, qui troublèrent tant ses contemporains - même les moins ivres de fureur baroque - et qu'avaient chez lui annoncés une évanescence toujours plus prégnante, une présence toujours plus diaphane du corps, une lumière aux sources toujours plus insaisissables, autant de traits déjà sensibles dans certains de ses derniers tableaux romains.

l'assomption, dont le contrat de commande avait été signé le 23 mai 1599 et prévoyait qu'elle devait être impérativement achevée le 15 aout 1600, jour de l'assomption, marque l'aboutissement de la première étape du cheminement esthétique de Reni - qui ne fut guerre un artiste précoce- vers un style authentiquement autonome, tout comme elle traduit son détachement de l'enseignement reçu après des Carraches, dont l'un d'eux, Annibal, avait traité le même sujet en 1592.

c'est précisément alors que Rome s'abandonne au baroque avec ardeur, sous la direction de l'intrépide Bernin, que le bolonais semble traverser une période de doute que reflète une production qui se fait changeante, peu sure et finalement d'une insincérité qui n'est pas le reflet du cynisme mais plutôt la traduction d'une incapacité temporaire à aborder une nouvelle phase d'un parcours esthétique qui n'a pas toujours la vertu consolante des certitudes.

c'est notamment dans la scène représentant la vierge cousant - dont il signe l'origine royale du fait de son appartenance à la descendance de la tribu de David - que Reni traitera les étoffes du manteau avec cette singulière volupté qui lui est alors presque un tic, dilatant l'espace de l'œuvre grâce à une savante organisation en crescendo des plus et des volumes, ceci jusqu'à une certaine démesure nécessaire à l'expression de son idéal chromatique.