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EAN : 9782234093645
288 pages
Stock (04/01/2023)
3.79/5   158 notes
Résumé :
Zita aurait dû être bergère sur une estive des Pyrénées, comme ses ancêtres. Le déclin du pastoralisme, la réintroduction des ours et ses bons résultats scolaires en ont décidé autrement. Ingénieure agronome, elle enchaîne les contrats à travers le monde, expatriée de l’agro-industrie.

Cinq ans après son départ, Zita rentre à Ossèse, la ferme de ses parents située dans un fond de vallée ariégeois. Elle retrouve sa cabane des hauteurs, leurs brebis et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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Béni soit le pastoralisme !
Après s'être attaquée à la fange à frange de la bourgeoisie ultra catho de province dans un premier roman réussi « Bénie soit sixtine », sorte de chabrolinade à serre-tête, Maylis Adhémar égratigne les bobos citadins et rend hommage aux éleveurs pyrénéens. Elle idéalise le moustachu à béret un peu bourru et réactualise le mythe du « bon sauvage » des Lumières… tamisées.
Fini donc les prénoms vieille France. Côme, Isaure, Garance ou Leopold, pas de rallyes dans ses pages. Baptisons civilement ici Zita, Tommy, Damien, Thierry, Pierrick et Ines. Les prénoms sont devenus plus que des marqueurs sociaux, ce sont des marques de prêt à porter.
Le cadavre d'un ours est retrouvé sur une estive où paissaient les brebis de la famille de Zita dans la vallée d'Ossèse en Ariège. La jeune femme, qui venait de revenir au pays après plusieurs années de transhumance à l'étranger, se retrouve tiraillée entre ses chromosomes de bergère et des obligations professionnelles et sentimentales. Elle vit à Toulouse auprès de son compagnon, d'une belle-fille qui aime les gros zanimaux et d'une ex-femme envahissante, écolo mondaine mangeuse de graines qui méprise les paysous. Elle fréquente à reculons les défenseurs de nounours à trottinettes dans les bars à tapas et rêve de rejoindre les siens pour défendre ses troupeaux.
La polémique autour de la mort de l'ours va buzzer la polémique, attiser les passions et fragiliser le couple de Zita. Pour ou contre l'ours, même quand on a jamais mis les pieds dans les Pyrénées, c'est comme la température de la clim, les programmes télés, les plans de table, les réunions tardives, le projet de cave à vin ou de dressing, les brocolis ou les repas chez les beaux-parents : de bonnes occasion de s'engueuler.
Comme dans son premier roman, l'auteure s'attaque donc à un sujet qui prête à controverse et qui met en général de l'ambiance dans les repas de famille sur fond d'Armagnac, tout en y mêlant l'intime puisqu'elle traite aussi de la position délicate de la belle-mère, pièce rapportée dans les familles rafistolées.
Mon appréciation est contrastée. J'ai adoré tous les chapitres qui se déroulent dans la vallée ariégeoise car Maylis Adhémar décrit admirablement les paysages, l'authenticité des habitants et son attachement à ces terres âpres. Zita résume bien la pensée de l'auteur quand elle dit qu'elle n'est pas contre l'ours mais qu'elle est pour ses brebis. Des pages d'air pur et de grands espaces sans être obligé de se fader des vieux en peignoir dans une cure thermale.
L'héroïne de « Bénie soit Sixtine » se libérait de l'emprise de sa famille traditionaliste, celle de « La grande ourse » va au contraire retrouver sa liberté dans ses racines. Est-ce que Maylis Adhémar n'essaye pas ainsi de se rabibocher avec sa propre famille après son premier roman à charge ?
En revanche, les pages « urbaines » du roman tombent souvent dans le cliché de la belle-mère qui ne trouve pas sa place entre un amant qui a le charisme d'un flan, pacifiste qui donne des envies d'homicide, une gamine qui est une plaidoirie pour le rétablissement des châtiments corporels et une ex au cerveau tofuisé. Les tergiversations de l'héroïne sont un peu trop répétitives et piochées dans les pages psychos à 2 euros de magazines féminins, même si cette construction alternée entre la ville et les champs permet de renforcer le clivage narratif.
A travers ce roman, Maylis Adhémar, qui est aussi journaliste, interroge moins la place de l'ours dans nos montagnes que la préservation de celle des éleveurs et bergers.
Une voix différente qui sort des sentiers battus et qui s'attaque à des sujets de société de façon un peu décalée avec une vraie patte… d'ours et d'écrivain.
Moi, sans demander l'avis de personne, je pense réintroduire des nains de jardins chez mon voisin bruyant, des moustiques tigres dans le bureau de mon patron et une peau d'ours (fausse) pour remplacer mon tapis de salon, rien que pour entendre hurler mes invités.
Mais la montagne appartient à tout le monde et les ours y vivaient avant l'homme. Les dinosaures aussi...

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Zita, la baroudeuse diplômée de l'école d'agronomie revient au pays après avoir visité le vaste monde. Et là patatras, elle tombe amoureuse d'un parisien à la fête de la châtaigne (si, si) dans sa vallée natale pyrénéenne, peuplée de braves bergers qui se font bouffer leurs bêtes par le « type », un ours réintroduit dans le coin par les vilains défenseurs de la cause sauvage. Une histoire où les uns et les autres vont s'affronter et Maylis Adhemar enfiler les banalités et autres mièvreries comme des perles sur un collier. À coup sûr, si son intention de départ était louable, elle fut tuée par les stéréotypes sur les paysans, les néoruraux, le pastoralisme, la problématique des familles recomposées et les histoires sentimentales à deux sous, avec des personnages à ce point caricaturaux qu'ils rendraient presque ce roman divertissant. Allez Maylis courage, ce n'est qu'une mauvaise appréciation parmi tant d'autres positives. En plus, mes amis le savent bien, je déteste la campagne.
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Ce roman qui est à la fois romance contemporaine et enquête documentaire, nous entraine chez les éleveurs de brebis et les bergers de la vallée d'Ustou dans les Pyrénées ariégeoises.
La ruralité en montagne, Zita Albouy connait bien. Après avoir bourlingué dans le monde, la voilà de retour à la ferme familiale, parmi les brebis.

« Paisibles, les brebis plongèrent leurs têtes blanches dans le foin, oubliant vite l'humaine qui s'avançait sur la paille. Pelage blanc, semblable à celui de ses frères et soeurs de bergerie, Vanille, la chienne de race patou saut au-dessus de la mangeoire pour toiser Zita, avant de reprendre sa place parmi les siens, rassurée. »

Maylis Adhémar connait son sujet sur le bout des doigts, et elle sait le partager tout du long du récit en nous montrant les difficultés et les enjeux du métier d'éleveur. On apprend ce qu'est un dérochement, qui coûte la vie à de nombreuses bêtes, on sait l'importance du foin pour l'hiver, le danger d'une épidémie de piétin et on découvre le travail du berger.

« le berger doit être un peu vétérinaire, un peu botaniste pour reconnaître les plantes, mener le troupeau vers la réglisse, ne pas laisser les bêtes piétiner des terrains et abîmer l'estive, les faire circuler avec l'aide des chiens, tout en assurant leur alimentation et en subissant l'attaque de l'ours… »

L'ours ! le véritable héros de ce roman, tant il suscite de fascination, d'amour, de rejet et de peurs. Sa réintroduction pose des problèmes aux éleveurs qui n'avaient plus l'habitude de cohabiter avec le fauve. Et les partisans de leur réintroduction, les défenseurs du monde sauvage s'opposent à la réalité rurale, mais il est facile de défendre un prédateur venu des forêts de Slovénie lorsqu'on ne connait pas la vie en montagne. le pastoralisme s'il veut survivre, doit cohabiter avec ce prédateur qui vient se servir parmi le troupeau et c'est un crève-coeur pour le berger de voir ses bêtes éventrées par la bête sauvage.
Si la montagne doit retrouver un certain réensauvagement, le pastoralisme lui est aussi indispensable et c'est Simon, le berger, qui en parle le mieux.
« Vous voyez cette montagne, sa végétation, tout ce pour quoi vous venez ? C'est la brebis qui fait ça. Sans les troupeaux, elle ne serait pas entretenue, elle serait envahie par les genêts et les ronciers, recouverte, différente. »

C'est ce que j'ai aimé dans ce roman, l'affrontement entre les néo ruraux, les citadins écologistes parfois végétariens et les paysans installés depuis des générations dans leur montagne et qui tentent de survivre avec leurs troupeaux. Les esprits de tout ce petit monde vont s'échauffer lorsqu'un ours est retrouvé mort.
L'auteure prend parti, elle est du côté des éleveurs, des bergers et de ceux qui vivent en harmonie avec la montagne.
« En pointant du doigt les éleveurs et les bergers des Pyrénées, ils faisaient fausse route. Leur choix d'installer des ours slovènes sur ce territoire où le paysan est jardiner du paysage était une aberration. En voulant sauver la biodiversité, ils allaient l'achever. »
Et l'auteure, par le biais de Zita, va plus loin : pourquoi ne pas réintroduire l'ours dans les forêts primaires, « dans ces futaies où les cervidés sans prédateurs ne laissent aucune chance aux jeunes pousses. »

Bien sûr, il n'y a pas que des brebis et des ours dans ce roman, il y a aussi la relation amoureuse entre Zita et Pierrick, mais celui-ci est papa d'une petite Inès. Très envahissante, la mère d'Inès, qui est aussi végétarienne et écologiste convaincue, se révèle vite une rivale acharnée. Zita se retrouve dans le rôle délicat de la belle-mère.
J'ai été beaucoup moins convaincue par la romance de Zita avec Damien le beau rugbyman et ensuite Pierrick le citadin bobo.
Ce n'est pas l'intrigue du roman qui m'a le plus passionnée mais bien le regard que pose l'auteure sur le pastoralisme et le monde sauvage.



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Lorsqu'elle revient au pays dans le hameau où elle a passé ses premières années, Zita retrouve les paysages chers à son coeur, elle qui se voyait bergère pour perpétuer la tradition familiale. L'évolution du monde rural en a voulu autrement : c'est avec un diplôme d'ingénieur agronome qu'elle a parcouru la planète. Si elle renoue avec l'ambiance bucolique des environs, elle y croise aussi ses amours d'antan, Damien l'idole des lycéennes, et Pierrick, papa solo depuis qu'il s'est séparé de sa compagne.

Au coeur du débat, le combat déséquilibré des bergers face à l'ours, parachuté dans la montagne pour des raisons qui se veulent écologiques. Malgré les compensations financières de l'Etat, l'avenir des troupeaux est compromis.

Rupture totale avec le cadre de son premier roman, Bénie soit Sixtine, Maylis Adhémar nous offre cette fois un roman du genre nature-writing. S'y opposent les partisans de l'ours et les défenseurs des troupeaux mis à mal par le prédateur. Même si les arguments des uns et des autres sont exposés, Zita ne cache pas son opinion : elle est du côté des brebis.

Maylis Adhémar s'appuie aussi sur des personnages très réalistes pour aborder la questions des couples et des familles recomposées. Outre les problèmes éducatifs vis à vis des enfants qui se joignent au package, lorsque les opinions politiques sont différentes, les repas de famille finissant souvent en portes claquées.

Documenté et et actuel, le roman se lit avec un grand intérêt, porté par des personnages intéressants. Il met en lumière les enjeux cachés de problèmes écologiques dont les intérêts cachés vont bien au delà de la simple présence ou pas d'un fauve dans les montagnes. Derrière les débats, se cachent des enjeux de pouvoir et d'argent, comme toujours.


J'ai retrouvé avec plaisir la plume acérée de Maylis Adhémar, qui a su créé pour ce deuxième roman quelque chose de différent mais tout aussi passionnant.

288 pages Stock 4 janvier 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Je n'ai pas du tout accroché, alors ne vous fiez pas à mon retour, allez voir les autres belles critiques. Je me rends compte que maintenant j'ai du mal avec ce genre de livre.

L'histoire commence par la rencontre de Pierrick et Zita dans un bar, pour la fête de la châtaigne.

Elle voulait être bergère, mais les études l'ont poussé bien plus loin, elle est ingénieure agronome.

Zita célibataire, revient de cinq ans de voyage et de travail à travers plusieurs pays.
"Elle avait travaillé dans huit pays différents, aimé deux hommes ou peut-être dix, elle avait escaladé des cols aux noms mythiques, dormi dans des bus-couchettes, côtoyé des expatriés, des agriculteurs pauvres, des touristes de l'extrême, des patrons de l'agrobusiness, des marchands de semences et des vendeurs de rêves. Elle avait bu des litres de caïpirinha, de la bière de Hué, des verres de Pimm's et des bouteilles de Victoria Bitter. elle avait dansé sur la plage, lors des barbecues de la côte Ouest, au cours des topes de Montezuma, grands défilés équestres costaricains et dans les bars de Hanoï.
Un soir, sur une île des Caraïbes, elle avait ressenti une envie, quelque chose d'immense. Voir l'automne à Ossèse. Et elle était rentrée."

Pierrick, a une ex, Emilie, une fille Inès. Compliqué pour Zita de devenir belle-mère, une belle-fille trop gâtée, tiraillée entre les parents. Une ex, qui s'invite à tout moment sans prévenir.

Dans les Pyrénées, il y a ceux qui sont pour et contre l'ours, comme les parents de Zita qui ont des brebis. Cela crée des tensions entre les villageois.

La Grande Ourse de Maylis Adhémar.
Un récit sur la réintroduction de l'ours dans les montagnes, le combat des bergers et les problèmes familiaux.



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critiques presse (2)
LeMonde
03 février 2023
Forte de sa connaissance des territoires ruraux – née en 1985, elle a passé un bac agricole avant de se lancer dans des études d’histoire –, Maylis ­Adhémar reconsidère les ­relations entre paysans, néoruraux et citadins sous un angle particulièrement efficace dans La Grande Ourse.
Lire la critique sur le site : LeMonde
RevueTransfuge
10 janvier 2023
Maylis Adhémar signe un beau second roman qui tient du journalisme. Son enquête sur la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées donne matière à une romance dans l’air du temps.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le bois est un silence habité. Derrière la façade d'immobilité, se cachent des fourmilière travailleuses, d’innombrables cimetières de débris végétaux et de fruits en décomposition, d'infimes vestiges des amours du renard, des éclats de coquilles d’oeufs jamais éclos, les plumes échouées d’un roitelet noir happé par un vautour fauve. Le bois ne donne à voir à celui qui le regarde trop mal et trop vite qu'une infime partie de lui-même.
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- A quoi bon ? avait dit le père. On n'a pas le choix. L'ours slovène a été introduit par l'Etat. Et l'Etat paye pour nous garder en vie. Sans ses aides, on ne tiendrait pas. Tout ça, c'est politique. Crier ne sert à rien. L'Etat a mis l'ours pour faire joli, pour faire plaisir. C'est tout. Nous, il nous garde en vie avec ses primes d'élevage de haute montagne, ses chiens de défense. Il nous donne de quoi remplir nos ventres pour taire notre colère. S'il nous perfuse, c'est pareil que pour la réintroduction du type. C'est pour faire joli, entretenir la carte postale. L'ours et nous, on est tous coincés dans le décor.
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Pierrick était le premier à ne pas lui demander de changer, de plus être Zita, la fille de simples bergers, la grande en gros jeans, au franc-parler, à la voix forte. Ne plus être la jeune étudiante enivrée par les soirs de fête, la buveuse d'alcools forts, la femme en minijupe sur ses jambes infinies sautant sur la piste de danse comme un bouquetin sur son rocher.
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Les gens vivent entassés comme des lapins dans les immeubles mais ils veulent des poules qui galopent… les cons!
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Une fille était entrée, emmitouflée dans un gros blouson noir. Le café tout entier bruissait d'un même nom: Zita. Vous avez vu? Zita est revenue.
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Vidéo de Maylis Adhémar
Une rentrée littéraire chasse l'autre, à peine avons-nous le temps de digérer les livres sortis l'automne dernier qu'ils en arrivent de nouveaux. Parmi cette nouvelle vague, deux romans nous ont particulièrement tapé dans l’œil en abordant avec finesse des thèmes d'actualité.
- La grande ourse, Maylis Adhémar, éditions Stock, 20,90€ - Ceci n'est pas un fait divers, Philippe Besson, éditions Julliard, 20€
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