Géostratégie et posture militaire d'avant le 11 septembre 2001, pourtant proches de l'intemporel.
Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/07/07/note-de-lecture-la-reserve-et-lattente-lavenir-des-armes-nucleaires-francaises-lucien-poirier-francois-gere/
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La pensée stratégique n’est rien si elle n’est pas libre. C’est pourquoi nous récusons par principe la non-prolifération nucléaire, en tant que faux-dogme. Pour autant, nous ne prétendons pas faire de la prolifération un bien. Nous revendiquons le droit d’en examiner l’axiomatique. Le droit de la critique. Le droit de se départir d’une pensée convenue et d’une réflexion convenable qui font certes de vous un interlocuteur valable qui saura "bien se tenir" dans les sociétés stratégiques de cette partie du monde.
Conformisme regrettablement commun à toutes les disciplines, pensera-t-on. Toutefois, dans notre domaine, la stratégie militaire générale, ses effets peuvent s’avérer particulièrement redoutables. Car inspiratrice de l’action, la pensée stratégique porte la responsabilité de son échec. Prisonnière d’a priori, faussée dès le départ, elle n’apportera que de vaines et rassurantes conclusions. La lutte contre le dogmatisme n’est pas une garantie de la justesse du raisonnement, simplement sa condition nécessaire.
Espérer cette sortie par le haut de l’actuelle période d’incertitudes sur l’avenir du système-Monde et celui de la France, c’est accepter, pour un temps, que celle-ci soit condamnée à contribuer à la résolution empirique de situations conflictuelles embrouillées et imprédictibles. Surtout – et cela me paraît bien plus important parce qu’associé à des fins politiques et stratégiques positives – nous devons tenter d’anticiper le fait ou l’événement décisoire qui, dans un futur impensable, tranchera dans les incertitudes et induira nos décideurs à définir une stratégie générale militaire. Il faut donc organiser l’attente de cet événement, se préparer à l’accueillir, quel qu’il puisse être, sans être pénalisé par un possible effet de surprise. De là l’idée d’une stratégie militaire spécifique de cette phase de suspens dans l’espoir de… on ne sait quoi : l’attente stratégique.
François Géré est l'invité de Nicolas Demorand dans le 7/10 de France Inter (8h20 - 3 avril 2009)