Un second tome terrifiant avec des passages malaisants !
La sadique contremaîtresse Kujô cherche à savoir pourquoi le jeune Luca a sauvé la vie de Yûri, seul survivant d'un navire communiste, qui a rejoint
le bateau-usine. À l'issue d'une halte dans la cité du Port, de nouvelles recrues embarquent au sein du bateau industriel parmi lesquelles
Tajima. Mais si ce riche étudiant de l'université impériale a décidé d'infiltrer le navire, c'est avant tout pour écrire un reportage sur les conditions de travail éreintantes et insalubres des ouvriers et dénoncer les abus qui s'abattent sur eux de manière arbitraire et illégale. Après l'étape du bizutage,
Tajima déchante vite en étant témoin puis victime d'atrocités commises à bord. Prenant régulièrement des notes, il encourage alors les employés exploités à se rebeller. Malheureusement, cela n'est pas du goût du sadique et cruel surveillant Tokura…
Ce second volume de la série
Le Bateau-Usine, s'inspirant très librement du roman éponyme de
Takiji Kobayashi, va crescendo dans la violence : il contient en effet des scènes de torture particulièrement glaçantes. Glissant une critique affirmée du capitalisme face au communisme, le scénariste met en exergue la déshumanisation progressive des ouvriers corvéables à merci. Debout durant des heures, ces derniers reçoivent quotidiennement punitions (fouet dans les yeux) et humiliations (ils ne peuvent pas aller aux toilettes quand ils le souhaitent) de la part de la contremaîtresse et de ses sbires, en tête desquels figure l'horrible surveillant Tokura.
Shigemitsu Harada dénonce également les séquelles mentales et physiques des longs de mois de pêche à travers les pulsions sexuelles amenant au viol ainsi que les conséquences à long terme des conflits mondiaux : apparition de catastrophes naturelles et amoindrissement des ressources. Chaque protagoniste du manga a un rôle bien précis : le héros Luca, camarade solidaire, se sacrifie pour protéger ses compagnons ; le figurant
Tajima essaie d'ouvrir les yeux des ouvriers ; le personnage clef Yûri, énigmatique et prêt à tout, incite Luca à devenir leur leader afin de contrer les directives inhumaines de la contremaîtresse. Les planches très réalistes du dessinateur Shinjirô sur les sévices corporels font ressortir la barbarie qui se déploie au sein du bateau-usine.
Aussi, ce seinen s'adresse à un public averti, les dessins difficiles à regarder pouvant heurter la sensibilité des plus (et des moins) jeunes.