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EAN : 9782876732568
172 pages
Champ Vallon (01/11/1998)
3/5   3 notes
Résumé :
Le musée est une forêt, soit aussi bien une porte qui donne sur le lieu du musée, qui fut, pour ce qui est du Louvre, celui des loups.
C'est le lieu où chacun s'invite à voir, à regarder, à regarder voir ce qui survient. A l'improviste, au 6e tour, c'est la surprise, c'est l'étonnement, parfois la soudaine illumination, seuil de la révélation. Par l'art, par le métier, par le charme et la magie, le naturel apparaît vêtu de sa vraie couleur et de sa vraie lumi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Toujours un infini plaisir à dénicher, découvrir de nouveaux noms de la
littérature... que cela soit par achat, emprunt, cadeau reçu, ou sauvetage in-extrémis [ en l'occurrence ici, ouvrage rescapé du pilon, à ma médiathèque !]...

Cet écrivain-poète-essayiste et traducteur m'était inconnu jusqu'à son nom !
Ce "Louvre entrouvert" est un vrai coup de coeur; Robert Marteau a le talent de nous faire revisiter son "Louvre personnel", les toiles, les oeuvres, les peintres qui l'ont interpellé, ont retenu son regard... Ses préférences ont
le mérite inouï de passer des plus grands maîtres à des peintres largement méconnus, voir "inconnus" ! ...

Une vraie jubilation de piocher au hasard les descriptions aussi poétiques, que minutieuses des peintures; ce qui permet de s'imaginer; de créer dans son esprit le tableau... et lorsque je ne le connaissais en rien, d'aller ensuite sur le site du Louvre, me faire révéler l'oeuvre...Tout à fait étonnant et une belle manière d'exercer sa manière de regarder, capter les détails d'une peinture...

Un exercice des plus plaisants.... Beaucoup d'artistes découverts, d'autres re-découverts avec un nouveau regard, comme Jules Breton, peintre et poète, un titan du réalisme, mais un réalisme des plus poétiques [**
voir "La Mouette blessée" et "La Lecture" ] qui fait songer à la fois à Albert Anker et à Jean-François Millet... Il y aurait des dizaines d'artistes à nommer !
Mais j'ai retrouvé avec tant d'émotion M. Jules Breton, injustement décrié et brocardé par Emile Zola !!! que je n'ai pas pu résister à vous le nommer...

Après cette lecture étonnante, j'ai hâte de dénicher un autre texte de Robert Marteau, dédié à des artistes qu'il affectionne très exclusivement:
"Huit peintres"... Sa manière de décrire ce qu'il aime, "voit"...est exceptionnellement rendu, transmis au lecteur... ce qui est un exercice
des plus délicats... Je me permets de transcrire deux extraits, qui expriment fort bien la complexité du regard, de l'appréhension d'une oeuvre d'art...de la magie qui opère ou non ?!...


"On est devant l'ouvrage entre hébétement et béatitude. Ce que l'oeil ausculte, regarde et voit; ce que l'esprit interprète ne rend pas compte. Ne pas s'énerver. S'abandonner. Consentir à l'éviction de la volonté. Il suffit d'admirer selon notre faculté d'admiration; selon le don d'admiration qu'il nous fut offert de développer par patient recours à la longue mémoire charnelle, génésique, oblitérée par les agaceries de la vie sociale,
de l'inquiétude pour le pain quotidien, le maintien de la santé, le toit sur la tête." (p. 146)


"Louis Tocqué naquit à Paris en 1696 où il décéda en 1772. La toile qui m'arrête a été peinte en 1711. C'est le portrait d'un autre peintre, Louis Galloche. (...)
Un couple d'amoureux a pris naissance sur ladite toile, laquelle un moment le peintre a délaissée pour la pose que lui demandait son ami. (...)
Bien entendu les mots ne peuvent qu'admettre leur impuissance à rendre compte de ce que les yeux voient, de même que ce qui est peint est impuissant à énoncer, dire, philosopher, Dieu merci ! et que la musique ne peut être traduite en aucune langue, en même temps, comme je le dis et le répète, qu'aucun art ne serait vu ni entendu sans le don primordial, premerain, de la parole: Logos, Verbe, d'abord, avant tout, au commencement de l'infini." (p. 49-50)

Une lecture vraiment étonnante, insolite... à savourer doucement, piocher au hasard des passages selon l'envie... de tel ou tel artiste ou période particulière. Prendre cet ouvrage comme une flânerie dans ce musée à nul autre pareil... avec un ami, amateur très éclairé, attirant notre attention sur les chefs-d'oeuvre, les "classiques" comme sur les "Petits maîtres" !....Un vrai régal !!
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
[A propos de Madame Eugène Félix Lecourtois, première femme de l'artiste- de Jean-François Millet- Musée d'Orsay]

On est devant l'ouvrage entre hébétement et béatitude. Ce que l'oeil ausculte, regarde et voit; ce que l'esprit interprète ne rend pas compte. Ne pas s'énerver. S'abandonner. Consentir à l'éviction de la volonté. Il suffit d'admirer selon notre faculté d'admiration; selon le don d'admiration qu'il nous fut offert de développer par patient recours à la longue mémoire charnelle, génésique, oblitérée par les agaceries de la vie sociale, de l'inquiétude pour le pain quotidien, le maintien de la santé, le toit sur la tête. (p. 146)
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Les Glaneuses ne sont pas non plus au Louvre : elles sont là devant moi, au musée d'Orsay. Un verre les protège qui empêche de les voir telles qu'elles sont. Le verre atténue la tactilité de l'oeil. (...)Ce qui est beau, c'est qu'il n'y a aucun effet, aucun discours, aucune revendication, aucune colère non plus qu'aucune résignation. (...)
Millet, c'est l'élévation de l'âme; les pleurs retenus; l'héroïque grandeur vêtue de pauvreté. (p. 148-149)
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Louis Tocqué naquit à Paris en 1696 où il décéda en 1772. La toile qui m'arrête a été peinte en 1711. C'est le portrait d'un autre peintre, Louis Galloche. (...)
Un couple d'amoureux a pris naissance sur ladite toile, laquelle un moment le peintre a délaissée pour la pose que lui demandait son ami. (...)
Bien entendu les mots ne peuvent qu'admettre leur impuissance à rendre compte de ce que les yeux voient, de même que ce qui est peint est impuissant à énoncer, dire, philosopher, Dieu merci ! et que la musique ne peut être traduite en aucune langue, en même temps, comme je le dis et le répète, qu'aucun art ne serait vu ni entendu sans le don primordial, premerain, de la parole: Logos, Verbe, d'abord, avant tout, au commencement de l'infini. (p. 49-50)
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Un émerveillement de lumière compose en couleurs Les Mendiants (1568) de Brueghel l’Ancien. S’il y eut cour des miracles c’est bien là qu’elle se tient. Tant de misère, d’abomination d’un coup transfigurées par le pinceau en une pièce musicale verte et blanche, et brun et rouge, et le ciel est très loin dans la trouée de quelques branches, au fond d’une enfilade de mures en briques là-bas, derrière une muraille percée d’une ouverture voûtée.
Abominable contradiction : avoir fait de ce coin d’enfer un paradis pour l’oeil.
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Cela dit, hommage à Hondius (Abraham), 1638-1691, qui d'un beau pinceau inspiré autant que volatil a peint son -Marchand de pigeons- : c'est brun, c'est vert; le blanc s'envole ou se coagule; le noir de la nuit sans étoiles laisse traîner ici et là des lambeaux: et c'est un jabot, et c'est un amas de plis, une aisselle, un chapeau. Et l'homme: un seigneur, un initié, au visage noble pétri dans la plus forte argile. (p. 35)
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Video de Robert Marteau (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Marteau
Une compilation des émissions « À voix nue », par Jean-Loup Trassard, diffusée du 30 juin au 3 juillet 1997, dans lesquelles on retrouve un long entretien de Robert Marteau.
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