jOURNAL
Tenir journal au quotidien
C'est toujours écrire à quelqu'un .
On ne sait pas toujours à qui
Mais ça n'a pas trop d'importance
Le temps se chargera du reste
Il connaît toutes les adresses.
C'est un vieux facteur sans horaire
Porter parole est son salaire
Tout va sans timbre. Il oblitère
Avec un petit peu de terre
Sur l'enveloppe avec son pouce.
Et c'est un tout petit enfant
Qui reçoit sa première lettre
Avant d'avoir appris à lire.
Mais qui distingue les voyelles
Des consonnes dans tous les mots.
Alors, en guise de réponse
Il m'a dessiné un oiseau.
SUR LE CHEMIN
Sur le chemin montant qui menait jusqu'à vous
J'ai changé les bâtons, j'ai changé les semelles
Et quand je m'attardais assis près des margelles ,
Le pèlerin en moi restait debout.
Chaque mot n'est qu'un pas de plus sur la neige
Le printemps n'aura pas de mal à l'effacer.
Écrire, c'est un peu l'impression d'avancer
Comme un renard qui va, mais sans souci du piège.
Ce chemin n'est pas tout à fait inconnu
Et j'en connais le bout mais jamais la distance
Qu'il me reste à courir...Au loin, on voit on voit venir que dansent
Les ombres d'amis qui n'en sont point revenus !
Tant qu'il reste de l'eau
Les racines la trouvent
Sans souci de savoir
Si leurs travaux secrets
Feront sève et feuillage
C'est aux branches de voir
Et chacun fait son bout
De chemin vers l'azur
Avec un peu d'âme
Avec un peu d'âme
Et beaucoup de coeur
J'ai voulu madame,
Bâillonner ma peur.
C'est pourquoi je n'ose
Toucher votre main
J'écris le mot : rose
Et le mot : demain,
Je cherche des mots
Qui touchent les vôtres
Qui soient sans défaut
et n'en veut point d'autres !
Avec un peu d'âme
Et beaucoup de peur
J'ai voulu madame ,
Toucher votre coeur.
Les racines d'hiver
Plongent dans le ciel noir
Et, la nuit, vont chercher
Les grains de lumière
Qui font luire les feuilles
Au printemps.
Une mise en lecture d'Onil Melançon du roman CHERCHER LE VENT de Guillaume Vigneault, édité chez Boréal. Une présentation des comédiens Kevin Houle et Jonathan Slavas.