Le geai des chênes s’est fait une raison et dort contre
ma joue
Si je prends froid les hirondelles virevoltent autour de
mon visage
L’évente évente tant que la fièvre n’est tombée
Si la mélancolie survient le coucou chante contre mon
cœur
Si lui est dans la peine je le berce et console en attendant
qu’il s’apaise
Ce que je dois à tous ?
La fraternité que le monde a perdue
La tendresse sans forcément demande immédiate de
retour
N’oubliant pas ce qu’eux seuls savent offrir :
Une multitude de couleurs afin de réjouir l’âme et
déchirer la nuit
N’avez-vous jamais vu ces vagues qui touchent le ciel ?
Ces rouleaux d’écume qui font naître les anges ?
Ces multiples couleurs d’un ciel bleu à l’autre en passant par
des verts, des noirs, des gris ?
Ces voix graves aiguës venus de qui sait où ?
Ces chants d’un cœur qui conjurent l’impensable ?
Ces bruits de tous les diables ?
Le fin filet de voix de la tempête puis le silence immense ?
Ne les avez-vous entendus ?
Moi si
c’est pourquoi je chante
Sans rien inventer
Faudrait sinon de l’imagination
Ah bienheureux tous ceux qui la possèdent
Je la leur laisse
Nous pourrions dire une forêt
Ou le bord de la mer
Ou la mer
Ou la nuit de la mer la nuit de la forêt
Ou les mois sans pluie les feuilles sèches sous les pieds
Ou les brisures de coquillages
Ou rien
Ou cette porte repeinte couleur ciel quand il est à l’orage
Ou n’être plus là
Ou plus rien plus un mot plus rien que le blanc dans la nuit.
L’ivresse du pouvoir
Le dédain de la parole donnée
La compromission des maîtres
Le mépris vis à vis des plus pauvres
L’insanité des mieux pourvus
Les noyés dans l’indifférence
La déportation
Les camps
La mer cimetière
Que regretterais-je ?
Qui pour entendre leurs cris ?
Personne ou si peu
Qui pour les secourir ?
Une poignée
La seule qui pourra dire après
Nous savions tous
Vous avez laissé faire
Les coupables c’est vous
Et vous c’est moi
À qui la langue manque :
Pour dénoncer.