Pas évident à résumer, mais pas grave la quatrième est là pour le faire à ma place. Si tu l'as parcourue, tu auras compris qu'il y a de quoi se mettre sous la dent. Des diamants de sang, des mutilations en mode “les bras m'en tombent”, une vieille affaire de suicide qui décide de refaire surface et de s'offrir un lifting, voilà pour les trois grandes lignes narratives.
J'avoue avoir été dubitatif (en un seul mot) la première fois qu'on m'a parlé de ce roman. Je craignais le fourre-tout bordélique, l'histoire imbitable à force de s'éparpiller dans trop de directions, l'auteur qui ne manque pas d'idées mais ne sait pas les trier.
Bon ben finalement c'était très bien.
Le mélange tient de la salade annoncée en quatrième, une vraie recette, pas une bouillie immonde et indigeste.
Si Morel flirte çà et là avec le too much de péripéties, il garde la maîtrise du bousin et sait s'arrêter dans l'escalade. Ok, il se passe énormément de choses, il y a du rocambolesque, du coup de théâtre, de la révélation fracassante à foison, mais on reste dans le cadre acceptable de la fiction. Pas de quoi tomber à bras raccourcis sur l'auteur en l'accusant d'avoir eu la main lourde, on se situe encore très loin des Ailes de l'enfer (le parangon cinématographique du nawak où chaque minute repousse le délire citius, altius, fortius).
Touffu, oui, chargé, oui. Mais clair. Si comme moi tu n'as pas lu "Double meurtre à Rouen", où apparaissent déjà certains protagonistes, tu ne te sentiras pas largué pour autant, quelques rappels permettent de capter les grandes lignes de ce qui s'est passé. Quant aux trois fils narratifs dont je causais plus haut, on ne s'emmêlera pas les pieds dedans. Séparément ou dans leurs noeuds quand elles viennent à se croiser via un personnage ou un événement, les intrigues slash enquêtes slash situations demeurent intelligibles pour toute personne qui a passé l'âge de lire Oui-Oui. Abandonne ici non pas toute espérance mais cailloux, miettes de pain et enclumes, ce n'est pas aujourd'hui que tu auras l'occasion de petit-pouceter. Suffit de suivre le sentier tracé par l'auteur.
Du bon boulot ET du beau boulot. Pour habiller son histoire, Morel n'est pas resté les bras croisés à attendre que les pages se remplissent de formules bateau. Rien à redire sur la forme, il déploie une langue riche et élégante. le sens de la formule, du dialogue, de la description, sans en faire des caisses ni te pourrir de scories à la “déclara-t-il soudainement en se passant sa main dans ses cheveux”.
Très bon roman, du bon, du beau, du beau nez, pour citer Cléopâtre.
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