Une histoire d'amitié, écrite d'une façon moderne, c'est-à-dire à la façon de la fin du dernier siècle. D'abord on épuise un lieu Havrais, le quartier autour du funiculaire, l'endroit où se rencontrent les deux amis durant leur enfance, puis ils se perdent de vue, se retrouvent, se séparent encore et les choses évoluent.
Les phrases sont très longues et très descriptives – c'est un roman d'espaces, d'architecture –, l'ambiance est légèrement mélancolique. Les moments de leurs relations sur lesquels Simon s'arrête sont des moments où le monde s'est ouvert, que ce soit pour lui ou pour son ami Bastien. Que dire d'eux ? Ce sont deux garçons de bonnes familles, très bien éduqués, l'un un peu strictement, l'autre plus librement, deux bons élèves sans histoires, c'est-à-dire qu'ils vivent ce que tout le monde a vécu : les premiers camarades, les premiers amours. Les sentiments qu'on éprouve à ces moments, quand le monde s'ouvre à travers l'autre, sont parfaitement restitués. Les souvenirs…
Mais tout n'est pas que souvenir. J'ai beaucoup aimé le passage sur les relations entre les hommes et les femmes, le questionnement de Simon lorsqu'il voit Bastien tombé amoureux, c'est un point de vue de jeune garçon des années 1960 ou 1970, mais tout le monde gagnerait à le lire aujourd'hui. Il est beaucoup question des rapports de domination en général, car Simon est un garçon embarrassé, pour ne pas dire qu'il fait un petit complexe d'infériorité, ou alors est-il vraiment soumis par Bastien ou alors est-ce une part d'envie inavouée ? Est-ce dû à son éducation ? En tout cas il ne se sent pas sur un pied d'égalité avec Bastien qui est la perfection incarnée d'après ce qu'il raconte : beau, intelligent, aimé, libre et bon, en plus d'être socialement privilégié.
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J'ai le même avis que cdezingues. J'ai pu lire ce livre jusqu'à la dernière page, mais que ce fût difficile ! Des phrases interminables qui ne disent rien ou si peu ! Un galimatias indigeste dont ne sort pas indemne. C'est la première fois que j'écris sur la première page tout mon désarroi et ma colère qu'un auteur puisse nous infliger cela, et comment un éditeur peut il s'investir dans une telle opération ?
Le seul moyen de s'en sortir est de se jeter sur un bon polar pour ne pas perdre à jamais le goût de la lecture !
C'est aussi la première fois que je critique une oeuvre, d'habitude quand elle ne me plaît pas, je le garde pour moi, mais là NON, on ne peut pas ennuyer le lecteur à ce point. La lecture doit rester un plaisir, pas un combat contre le texte et le nombre de pages qui restent à lire.
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Impossible pour moi de terminer ce roman, que j'ai arrêté à la page 60. le thème est très intéressant et bien emmené. Seulement, le style de l'auteur m'a été insupportable. Les grandes envolées poétiques se perdent dans des phrases à rallonge et des énumérations difficiles à suivre. Aucun dialogue, uniquement des souvenirs, développés sans but sur des pages et des pages. On se demande où tout cela nous mène.
Si le livre n'est pas mauvais en soi, la plume n'était tout simplement pas à mon goût.
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S'il existait, dans l'ordre des rapports humains, un état de violence pure, absolue, c'était lorsque la beauté s'exerçait comme un pouvoir plus absolu que tous les pouvoirs absolus puisqu'elle s'exerçait, elle, avec le consentement extasié et ravi de ce qui se mettait sous son joug. Au moment où il s'agenouille devant la beauté, le subjugué tout confit en dévotion remercie la vie du don gracieux qu'elle vient de lui faire, il prend à témoin la terre entière de son bonheur, il a reçu le baiser de la reine. Il est à genoux, le subjugué, mais il brasse l'air tout autour de lui comme s'il volait, il pense et le dit partout qu'il s'est agrandi et comme tout maintenant lui est devenu plus précieux, plus noble, plus riche de sens, il raconte le monde uniquement radieux que la beauté dans sa grâce vient de lui découvrir.
[...]
Ainsi, de quelque manière qu'on l'envisage, par les inévitables jeux de domination qu'elle induisait, la beauté n'était que violence et destruction, un désastre.
Jean-Paul Goux nous parle de son nouveau roman *L'Ombre s'allonge*, paru en avril.
[Lire un extrait : http://www.actes-sud.fr/jean-paul-goux]