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EAN : 9782843377624
283 pages
Anne Carrière (24/03/2016)
3.8/5   15 notes
Résumé :
Paris, 1838. À onze ans, Jacques est arrêté en plein carnaval, puis incarcéré à la Petite-Roquette, où sont détenus des centaines d'enfants, vagabonds, mendiants, voleurs ou, comme lui, fils de famille placés là " pour correction paternelle ". D'abord terrifié, il y rencontre des compagnons d'infortune : Narcisse l'insurgé, Octave à la bouche édentée, Séraphin le doux rêveur et Charles qui déclame à tue-tête les vers du grand poète. Un chœur d'enfants entre les murs... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Nous sommes en 1838, lorsque Jacques, à 11 ans, est arrêté en plein carnaval et incarcéré à la demande de son père à la Petite-Roquette.
Terrifié, espérant sans relâche la venue de sa mère pour le "sauver", Jacques doit se rendre à l'évidence : il n'aurait jamais dû descendre de la voiture et marcher au milieu des saltimbanques, ivre d'aller en liberté dans la foule, affolant sa mère enceinte...
Il va faire connaissance avec Narcisse, plus âgé que lui et qui a déjà une longue expérience de la vie, puisqu'il a été arrêté pendant la révolution de juillet, Séraphin, le plus jeune enfant trouvé qui attend sa mère et reste persuadé qu'elle viendra le chercher car l'oiseau le lui a dit un jour, Octave qui n'a plus de dents malgré son jeune âge et attend qu'un père adoptif vienne le chercher (mais celui-ci attend que l'administration lui en donne l'autorisation) et Charles qui déclame toute la journée des vers de Victor Hugo en prétendant être son fils....
Mais très vite les enfants vont être séparés et confinés dans leurs cellules où ils recevront tout de même quelques enseignements de base et de quoi occuper leur mains.
La solitude est trop forte et les enfants y perdent ce qui leur restait de joie et d'envie de vivre...ils n'ont plus que leurs rêves pour survivre et rester libres chacun à leur manière, de traverser les murailles pour s'envoler au delà des murs...

Avec en toile de fond la vie parisienne au temps de la Monarchie de Juillet, où se mêlent misère, maladies et révoltes, l'auteur retrace avec beaucoup d'humanité la vie de ces enfants délaissés par la société du XIXème siècle.
La place de l'enfant dans la société de l'époque est bien différente de celle qu'il détient aujourd'hui. On est bien loin des droits de l'enfant et la violence au début du roman peut choquer, autant celle des surveillants qui sont d'une cruauté incroyable envers les enfants, que celle des enfants entre eux.
Seul l'abbé Crozes, en véritable humaniste tente d'alléger leur solitude et se bat contre le directeur et les surveillants pour modifier les conditions de cet enfermement. le contraste est frappant entre le récit de la vie quotidienne de ces enfants et les rapports officiels, rédigés par les préfets, inspecteurs et autres instances administratives qui étayent le roman.
Même si par moment, au début de ma lecture, je me suis un peu perdue dans les personnages, l'auteur passant sans prévenir de l'un à l'autre, sautant d'un événement présent au passé, ce roman est facile à lire et à comprendre.
Il nous offre de nombreux passages emplis de poésie...qui arrivent à nous faire voir l'incarcération avec les yeux des enfants, ce qui allège sa lecture mais ne nous fait pas oublier pour autant la violence quotidienne.

Un livre qui ne peut nous laisser indifférent, surtout lorsque l'on songe que ces enfants des rues, ces orphelins, ces petits voleurs du siècle dernier ou de la fin du XIXème, qui devaient vivre au jour le jour dans la ville comme ils le pouvaient, ont été rayés définitivement de l'Histoire, les archives de la prison ayant été détruites lors de la démolition des bâtiments en 1974, sur l'emplacement desquels se dresse aujourd'hui une barre HLM.

Ce beau roman leur rend hommage et nous invite à ne pas les oublier....
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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Une écriture poétique, voire onirique. Beaucoup d'émotion dans ces témoignages d'existences volées. Des détails intéressants pour plonger dans ce milieu du 19è siècle, où la prison des Roquettes passait pour être innovante. L'auteure a un style pur qui dépeint le quotidien de ces enfants maudits, avec une manière toute à elle de passer d'un narrateur à l'autre, laissant un peu de frustration quand on voudrait suivre le héros.
Un témoignage poignant. Merci pour cette plongée dans une Histoire qu'on aimerait oublier et qui permet de faire revivre quelques instants ces pauvres êtres à la jeunesse fauchée.
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Ce livre a une thématique intéressante mais sa mise en oeuvre est trop compliquée ( les temps utilisés compliquent la compréhension de l'histoire ) ce qui rend le romain dure à comprendre. L'auteur parle d'un enfant qui a été envoyé dans une maison de correction ce qui nous a interpellé, nous, en tant que adolescentes. Je conseille ce livre plutôt aux personnes adultes.
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Un très bel hommage de l'auteur à ces enfants oubliés de l'histoire. Enfants ramassés dans la rue, garçons errants, petits voleurs ou fils légitimes placés en prison par leur père. Les conditions de vie sont effroyables : isolement complet plusieurs mois. Une réalité du dix-neuvième très bien documentée.
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On parle ici de la prison pour jeunes garçons de la Petite-Roquette où étaient enfermés les jeunes défavorisés accusés de vol, de vagabondage, etc. mais aussi des enfants de bonne famille placés là pour « correction paternelle » (les parents se plaignent au juge du comportement de leur enfant, quel que soit ce comportement, et hop le juge le fait enfermer pour 6 mois renouvelables. L'éducation bienveillante façon 19e siècle). le large éventail de profils de jeunes enfermés permet une belle narration, mais surtout on assiste à l'évolution des conditions de vie, en bien comme en mal (séparation des adultes et des enfants, puis isolement total de chaque détenu). le sujet, bien documenté, est particulièrement dur mais l'autrice le rend avec beaucoup de poésie et presque de douceur maternelle, comme si elle prenait ses personnages sous son aile.
Lien : https://tsllangues.wordpress..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Depuis quelques mois, l'on voyait passer dans les rues de Paris des fourgons aux fenêtres grillagées, chargés de leur cargaison d'assassins et de petits voleurs, de condamnés à mort et de gens sans vertu, d'hommes et de femmes jugés et transférés. Le claquement des sabots et le grincement des grandes roues remplaçaient aussi le cortège des forçats déguenillés, marchant enchaînés sous le regard des honnêtes gens que le spectacle réjouissait. Une révolution était passée par là et la monarchie de Juillet se voulait moins cruelle... Elle n'en était pas plus humaine pour autant.
Ce matin de septembre 1838, c'est un bien maigre butin que transportait la voiture cellulaire, tirée par deux chevaux pressés. Dans un coin, l'enfant se tenait recroquevillé, le corps secoué sur les pavés inégaux. Il ne ressemblait pas à ces gosses en haillons courant les rues après une maigre pitance, comme en voyait tant. Non. Jacques avait le teint pâle et le visage délicat des êtres entretenus. De ses grands yeux pleins de larmes, il fixait muettement l'agent assis en face de lui qui s'éventait avec un document. (...)
"Six mois", voilà ce que l'enfant avait retenu.
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L'oiseau l'avait suivi jusqu'à l'hospice. Il remplissait le ciel de ses ailes déployées et il riait en tournoyant au-dessus de lui. Du fond de son panier qui se balançait à droite, à gauche, Séraphin voyait tout, entendait les sons les plus lointains. "Elle va revenir", lui avait dit l'oiseau soyeux en levant ses plumes au détour du vent ; elle était partie devant et, quand elle aurait trouvé l'endroit, elle le ferait chercher. L'oiseau savait où le trouver.
"Elle va revenir", murmura-t-il, la tête tournée vers le ciel.
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"Nous avons été émerveillés de l'activité, de l'ordre et de l'intelligence qui règnent partout.
Sans parti pris, entrez dans chaque cellule et voyez ces yeux clairs, cet air calme et résigné. Voyez comme tout est rangé, comme tout est propre : l'établi, les outils, le lit, la chaise, les livres, les cahiers d'écriture...
Interrogez le médecin : il vous dira que leur santé à tous est meilleure que dans la vie libre.
..."

M. Moreau-Christophe
Inspecteur général des prisons du royaume
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Il a rangé sa couche, il a balayé le sol, chaussé ses sabots et maintenant, debout devant la porte, il attend. Il attend qu'un surveillant vienne et entrouvre le guichet, il attend devant une porte close, parce qu'on n'ouvre plus les portes si ce n'est un quart d'heure pour se laver dans la cour, à un moment où personne ne peut le voir et où il ne peut voir personne.
Il attend dans le silence.
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On ne lui vole plus son pain, mais c'est pire qu'avant.
Assis par terre les jambes écartés, Séraphin ne joue plus. Le caillou qu'il a ramassé hier dans la cour, il le tient bien serré dans son poing. Il n'a pas faim de pain, il a faim de Charles, et de Jacques, et cette seule pensée le fait hoqueter plus fort...
Il est petit alors on l'oublie.
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