Devant la crête de l'île de Sérifos, quand monte le soleil, les canons de toutes les grandes théories du monde échouent dans leur mise à feu. L'intelligence est vaincue par quelques vagues et une poignée de pierres - chose étrange peut-être, et pourtant capable d'amener l'homme à ses véritables dimensions. En effet, qu'est-ce qui, sinon, lui serait plus utile pour vivre ? S'il aime commencer de travers, c'est qu'il ne veut pas entendre. Sans qu'il en prenne conscience, la mer Égée dit et redit sans cesse, depuis des milliers d'années, par la bouche du clapotis de ses vagues, sur l'immense étendue de ses côtes : voilà qui tu es !
Parmi les trouvailles des fouilles archéologiques que nous, les Européens d'aujourd'hui, avons omis de recueillir et d'étudier, se trouvent aussi quelques concepts qui gisaient dans cette même terre aux côtés des objets d'art. L'humilité par exemple...
La distance infinie qui sépare une statuette cycladique d'un galet, il nous est impossible de la mesurer avec la même aisance que nous le faisons quand il s'agit de centaines d'années-lumière. Cela précisément constitue notre talon d'Achille ; et c'est pourquoi nous rivalisons désespérément avec le savoir.
Est-il vrai qu'à la lumière il arrive de jaillir de l'intensité suprême du noir ? L'amour le confirme d'une autre façon. Quand deux corps nus parlent, la part anecdotique de leur histoire - son côté accablant - s'efface.
Le baiser, qui n'a pas subi la moindre évolution depuis la nuit des temps, se trouve être la chose la plus nouvelle et la plus neuve dont nous disposions.
Le baiser, qui n'a pas subi la moindre évolution depuis la nuit des temps, se trouve être la chose la plus nouvelle et la plus neuve dont nous disposions.
Avec Katerina Fotinaki (arrangements et guitares), Henri Agnel (percussions, cistre et cordes) et l'aimable collaboration de Ninon Valder (flûte, bandonéon)
Soirée proposée par Martina A. Catella & les Glotte-Trotters
« Privée de mon pays, j'ai compris tôt que ma vraie patrie, la seule qu'on ne pouvait me prendre, c'était ma langue. »
Par ces mots, et à travers ses chants, Angélique Ionatos nous a offert le plus précieux d'elle-même : sa langue grecque. Guidés par l'oreille implacable de Katerina Fotinaki qui est aussi philologue, nous avons abordé les rivages de la poésie, passant de Sapho de Mytilène (VIIe siècle avant J.C.) aux auteurs contemporains comme Lina Nikolakopoulou ou Odysséas Elýtis, une poésie portée par la tradition populaire dans ses somptueuses polyphonies (encore un mot grec) et par des compositeurs tels que Manos Hadjidakis, Mikis Théodorakis, Nikos Kypourgos, Lena Platonos et bien sûr Angélique Ionatos à qui nous rendons un hommage plein de tendresse et de gratitude en ce 22 juin, jour de sa naissance.
Avec les voix de : Agathe Warlouze, Christine Thiollet, Fiona Sanjabi, Isabelle Favier, Jehanne Pollosson, Julie Lenormand et Amalia, Laura Clauzel, Léa Pointelin, Lena Petrossian, Lila Tamazit, Marylin Guerreiro, Mia Livolsi, Michèle Franza, Ninon Valder, Noé Forissier, Roxane Terramorsi, Yacine Fall Solbes.
À lire – Odysséas Elýtis, le soleil sait, trad. du grec par Angélique Ionatos, coll. « D'une voix l'autre », Cheyne Éditeur, 2015.
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