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EAN : 9782897419905
Triptyque Editions (13/08/2018)
2.97/5   15 notes
Résumé :
« Je ne veux pas être une mère qui est toujours dans ses livres, je veux être interrompue, je veux pouvoir être dérangée, je ne veux pas qu’un enfant sente qu’il vit dans un ordre inférieur de réalité, que sa vie est contingente. Je veux qu’il se sente souverain, qu’il soit impérieux, qu’il soit insupportable. Je veux que ce soit l’écriture qui ressente les secousses du quotidien, les dérangements, la maladie, les caprices, je veux que l’écriture soit insomniaque, d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans ce livre l'autrice parle de la maternité sous toutes ses formes. Elle évoque le désir d'enfants mais aussi l'absence de désir et l'avortement. Elle parle de la grossesse et de la manière dont on fantasme le rôle de mère. Elle montre que sur une vie de femme le désir d'enfant est quelque chose d'extrêmement fluctuant. Elle lie aussi cela à ses préoccupations sur l'écriture et s'interroge sur la possible perte de son pouvoir créatif à cause de la maternité. En 250 pages elle nous fait traverser tout une série de stades et de questionnements qui peuvent nous habiter. Il n'y a jamais de bienpensance dans son écriture. Elle nous parle des émotions qui la traversent de manière brute, même si cela peut la faire passer pour une "mauvaise mère". le ton qu'elle emploie est libérateur et tellement rare.
Ce qui m'a le plus touché, c'est la manière dont l'autrice arrive à traduire l'intensité du désir ou de l'absence du désir d'enfants sans jamais nier son individualité. Son ressenti vis à vis de la maternité ne prend pas toute la place dans ses pensées. Malgré ses questionnements, elle ne perd pas pour autant ce qu'elle est. Ce n'est pas un rôle, ou une absence de rôle, qui la défini entièrement. La question de la grossesse traverse la vie de toutes les femmes mais n'est pas un fin en soi, une obsession. L'autrice la remet à sa juste place, présente et même parfois obsédante mais jamais exclusive dans la construction d'une identité. Elle ne tombe dans aucun des clichés tournant autour de la maternité et donne de la profondeur et du corps à ces questionnements.
Une grande place est donnée à l'intime, au corps. Elle évoque le sang de ses menstruations ou les sensations profondes de ses filles en elle quand elle est enceinte. Elle parle de son accouchement avec une langue toujours subtile mais jamais édulcorée. Elle joue sur les mots avec malice et place une forme de poésie dans ce qui peut faire peur. Elle n'hésite pas non plus à évoquer les souffrances liés à l'avortement, la maternité ou à certaines pratiques gynécologiques.
Le rapport que l'autrice fait entre son activité créatrice, l'écriture, et sa maternité est très intéressant. L'angoisse de perdre la flamme est constante. Il y a tant d'artistes à travers les siècles qui ont délaissé ou même abandonné leurs activités créatives une fois devenues mères. C'est une crainte légitime au regard de l'histoire mais aussi au regard de la vision que la société a encore globalement du rôle de mère. le corps et l'intellect sont liés, impossible de les déconnecter. Alors qu'elle tente d'achever sa thèse, l'autrice ne peut envisager de créer la vie. La thèse elle l'a écrit dans la souffrance, dans le doute. Sa grossesse la déroute car la vie se créé sans qu'elle n'y fasse rien. Son corps sait seul et il n'y a rien à intellectualiser dans le processus.
C'est un roman d'auto-fiction, genre qui a ses limites et ses écueils et que, pour ma part, je ne lis presque jamais. Mais ici l'autrice réussi à y ajouter un touche plus universelle. Elle évoque son intimité et son rapport à la maternité d'une manière nouvelle et audacieuse qui trouvera certainement des résonances en chacune. Ce livre me confirme le grand talent stylistique de Clara Dupuis-Morency et me donne vraiment envie de suivre ses prochaines publications.
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Clara Dupuis-Morency parle de son expérience, de sa propre existence. Déplie sa pensée autour de la maternité, de l'avortement au désir d'enfant, de la grossesse à l'accouchement en passant par la conception. Fait coexister le corps et la pensée, des faits aux observations des maux aux mots, les lie indéfectiblement. L'intellect et l'organique. Car son chemin est pluriel. Une thèse se forme. Un roman se dessine. Écriture – processus de création – et procréation font partie de la même maille. Des résonances, une circularité. Rapport au corps, féminisme, sororité, lois, contraintes, sentiment de culpabilité, affranchissement… Et pour cette spécialiste de Proust, les phrases sont amples, les digressions nombreuses, l'esprit s'épanche et à plusieurs reprises l'autrice m'a laissée au bord de sa route. Par ailleurs, j'ai aimé son ton, sa franchise, son impulsivité, son humour aussi. Ce livre demande de l'attention de la concentration et un goût certain pour l'autofiction. Une lecture en demi-teinte donc.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Monologue interminable
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Oh boy. Ce livre n'est pas fait pour moi.

Une narration à la première personne du singulier. Des phrases très longues avec beaucoup de virgules, mais pas beaucoup de points. L'écriture demande beaucoup de concentration pour arriver à suivre ce qui se passe. Certains passages sont plus linéaires que d'autres. Les passages moins linéaires sont une grosse digression. Très ambitieux d'envisager de lire ce livre d'une traite. C'est épuisant se concentrer autant. le début de la deuxième partie (p.121) a été pour moi un des passages les moins ardus à lire.
Il m'a semblé à deux moments que l'auteure faisait une autocritique de son livre. Je déteste ce procédé.

Les thématiques abordées sont l'avortement, l'écriture, la thèse, le livre et le désir de la maternité.
Lien : https://youtu.be/9G3ZUvLXc10
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Écriture au creux de la gestation, sang et mort, pour creuser ce que c'est de donner vie à des jumelles, à une thèse et à un livre. Dans un style inquiet, heureusement auto-réflexif, toujours à l'équilibre entre la Loi et ses espaces d'invention, Clara Dupuis-Morency construit un essai existentiel de maternité. Mère d'invention ou la génération, au féminin, enfin.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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critiques presse (2)
LaPresse
19 décembre 2018
L'architecture complexe de ce premier roman mêlant l'histoire d'une thèse sur la littérature et l'expérience de la maternité est remarquable. Un véritable choc.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeDevoir
17 décembre 2018
Plaidoyer pour une écriture qui accepterait de témoigner de la vie jusque dans sa syntaxe, Mère d’invention rappelait avec pugnacité que l’invention totale est une chimère, ou du moins le luxe de ceux qui vivent sans devoir constamment lutter pour ne pas être réduits au silence
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Sœurs, chacune prise dans son orbite, comme le e pris dans l’o, c’est l’explication la plus charitable que je peux fournir pour l’instant. Qu’il en aille ainsi ou autrement, je place tous mes œufs dans le même panier, dans le même œuf, pour ainsi dire, je veux pour toi un amour sans partage, sans la cruauté de la fratrie, et je me fous des théories sur l’enfant unique, je te veux démesurément aimée, il n’y aura personne qui courra après mon ventre avec un couteau, sauf peut-être ma sœur, encore et toujours, mais ne t’inquiète pas, ce jour-là, je n’aurai pas besoin de la nuit pour tordre l’acier de ma colère, je rugirai, je mettrai le feu aux champs, j’enragerai le ciel, tu verras de l’intérieur un magnifique spectacle de feux d’artifice, ce sera un bel incendie où brûlera enfin la douleur »
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« J’étais prête pourtant à quitter tout ça. La thèse. J’étais venue habillée en veuve aux sabots d’or, des années, à construire un abri, à partir de rien, ou presque, à monter des murs, passer les fils, abattre les cloisons inutiles, à piocher, à plâtrer, et puis souvent à rester là, seule dans mon lit, alors que toute la maison me parlait, chaque poutre, chaque porte, chaque brin de carpette, et que je ne savais pas encore l’écrire, je la portais partout où j’allais, dans le métro, à Montréal, à Berlin, à Marseille, partout, à San Diego, à Londres, elle me demandait tout, elle me demandait de la créer, de l’inventer, de la nourrir à même toutes mes ressources, elle parasitait, tout, l’imaginaire, la symbolique, je la portais et j’habitais dedans, et plus l’air ambiant devenait pour moi vicié, plus je m’y réfugiais. »
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« La thèse prend forme, j’ai pour la première fois ce matin l’impression qu’un corps prend forme, un corps cohérent qui commence à se tenir. Une pensée commence à se digérer. Entrevoir la fin – même encore lointaine – soulève une certaine angoisse, ou une tristesse, je ne sais pas bien. Qu’est-ce qui me portera? L’écriture, je le sais. Mais il faudra réinventer toujours de nouvelles peaux, de nouveaux corps, sous des auspices temporaires. »
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Virginia Wolf écrit, dans Three Guineas, que toutes les femmes devraient avoir accès à l'accouchement médicamenté, qu'il est injuste que seules les femmes riches aient cette prérogative. Mais c'est oublier que les femmes penseraient plus tard que la souffrance est féministe. Maitriser la douleur, c'est ce que veulent les femmes. C'est empowering. Moi je ne laisserai pas les médecins s'en sortir si facilement.
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C'est tout mon corps qui a décide de quitter le langage propre. Il sait qu'il est contaminé, qu'il est habité. Il sait ce qu'il a à faire, mieux que moi. Il rejoint une langue d'avant les hiéroglyphes, d'avant l'idiomatique. Une langue de l'embryonnaire
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Vidéo de Clara Dupuis-Morency
Le roman de fic­tion tire sa force de l'imaginaire de son auteur·rice et nous emporte jusqu'à la dernière page. Dans cette table ronde, l'animateur Samuel Larochelle tente d'explorer l'idée du roman comme voy­age au coeur de soi avec les auteur·rice·s Vic Verdier, Maya Omba­sic et Clara Dupuis-Moren­cy. L'écriture peut nous men­er très loin, vers de nou­veaux hori­zons où la quête devient un ter­rain de jeu fascinant.
Avec: Clara Dupuis-Morency, Auteur·rice Maya Ombasic, Auteur·rice Vic Verdier, Auteur·rice Samuel Larochelle, Animateurrice
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