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EAN : 9789973580559
352 pages
Elyzad (23/05/2013)
3.9/5   15 notes
Résumé :
Un douar de l'Ouest algérien au tout début des années cinquante. Figé dans l'éternité. Salim a sept ans. Il attend. Il en a assez de passer pour une " fillette " ou un " bébé ". Il attend avec angoisse et impatience le couteau de la circoncision qui l'élèvera enfin au rang de mâle accompli. Cérémonial inéluctable, sa purification est pourtant remise indéfiniment. Un handicap terrible qu'il lui faut taire et supporter alors que s'ouvrent à lui les portes de l'école f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Mon frère ennemi nous raconte une enfance algérienne, très probablement inspirée de celle de l'auteur.
Cette enfance, c'est celle de Salim qui se sent dans un âge inconfortable: trop grand pour traîner dans les jupes des femmes et encore trop petit pour être admis auprès des hommes. Il ne sait pas trop où traîner ses basques... Echauffé par la sensualité ambiante, les histoires salaces (souvent fantaisistes) racontées par le berger et les jeux troubles que lui impose la petite domestique, Salim découvre la sexualité avec autant de honte que de ravissement. Il lui tarde de voir venir la cérémonie de purification qui, symboliquement, lui permettra d'intégrer la communauté des hommes et de, qui sait, de pouvoir faire "la niqua" avec la "garçonna" en toute légitimité. En attendant, s'ouvrent à lui les portes de l'école française, source de nouvelles découvertes et de nouveaux tourments mais aussi de ses espoirs.
Au travers de ses histoires, Salim nous décrit la vie rude dans un village, les traditions et les usages, l'éducation sévère, l'injustice mais s'interroge aussi sur le monde qui l'entoure.
Pour écrire ces moments d'une enfance rurale qui m'a fait penser à Colette et à Pagnol, l'auteur a un peu laissé tremper sa plume dans la harrissa. Sa prose simple et délectable est épicée par des mots arabes ou des mots français prononcés avec l'accent du bled (ex: midicoule pour maître d'école) qui font sourire mais donnent au récit tout son piquant. Un vrai régal !
Par contre, je n'ai pas trop bien compris le choix du titre car les relations fraternelles, très peu évoquées, ne paraissent pas pire que dans n'importe quelle famille.
Mon frère ennemi, est le premier opus d'une trilogie. Il est suivi par Tes yeux bleus occupent mon esprit puis de Nina sur ma route qui mettent en scène Salim adolescent puis jeune adulte.
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« J'ai ouvert les yeux au monde dans une grande maison claire aux épais murs de pierre. »
Ainsi débute le récit autobiographique de ce petit garçon né dans un Douar de l'Algérie coloniale dans les années 50.

D'une écriture faussement naïve mais réellement harmonieuse, chaleureuse et drôle, Djilali Bencheikh nous raconte son enfance pauvre et heureuse, « Autour de la cour rectangulaire s'agençaient une demi-douzaine d'alvéoles où cohabitaient les bêtes et les humains. La khaïma, protégée par des sarments prometteurs, était la pièce essentielle de la maisonnée. Baptisée ainsi en réminiscence d'un ancien destin de nomades, elle abrite depuis toujours tous les actes de la vie quotidienne. »
Avec lui, nous découvrons les « Roumis », « peuple » détesté mais admiré quelque fois copié,
Ah, les Roumis ! « On leur prêtait des moeurs barbares, comme celles de manger de la chair animale non égorgée, de s'adonner à des libations et des beuveries qui les rendaient insensés et grossiers. Ils en venaient à ressembler à leurs cochons, ces sangliers domestiques dont ils affectionnaient les tripes. »


Ah les siestes trop longues en compagnie du frère-ennemi à faire un massacre de mouches !!! Ce frère-ennemi tant détesté et cette grande soeur Zahra, tant aimée, que l'on donne en pâture mariage à un citadin. « On est bel et bien entrain de vendre ma soeur. Pour un simple paquet de friandises. » La cérémonie du mariage où, tout est là pour ne pas décevoir la belle-famille qui arrive en « tomobiles » « Encadrés par les cavaliers, les deux engins foncent vers nous, et soulèvent un tourbillon de paille et de poussière en déclenchant une tonitruante complainte de sirènes. « Tomobiles, klaxouns », crient avec une frénésie de primates les plus avertis de la tribu. »

Que de questionnements sur cette fameuse « niqua ». R'nia, petite bergère bédouine saura lui faire quelques « leçons de chose » sur la « chose » en lui permettant de découvrir « sa figue ». Heureusement, le berger Hamel est également là pour lui donner des informations vitales et quelles informations !!! « Dans ce trou de forme évasée nommé soua, le mâle introduit chaque nuit son zeb dressé pour honorer sa femelle. Cette copulation ou niqua procure beaucoup de plaisir à l'homme. Pendant sa jouissance, il éjecte un liquide crémeux, une sorte de pipi doucereux nommé h'laoua. Ce liquide est versé dans le ventre de la femelle qui le conserve par-devers elle. Lorsqu'au bout d'une année son ventre est suffisamment plein de cette douceur, cela produit un bébé qui est pondu comme un veau ou un poulain. ». Et encore d'autres explications toutes aussi fleuries.

De par son jeune âge et jusqu'à la circoncision, l'enfant vit dans les jupes des femmes, surprend quelques poses lascives, s'enivre de leurs parfums, de leurs rires. du côté des mâles, on ne rit pas, on parle politique, agriculture….

N'allez pas croire que c'est un petit roman comme tant d'autres sur l'enfance vue et interprétée par son auteur. Non, ce livre est plus profond. A travers cette balade dans l'enfance de l'auteur, j'ai découvert la vie au bled, la vie dans l'Algérie « profonde », les prémices de ce que nos politiques qualifieront « d'évènements ». C'est un condensé sur la culture maghrébine, « Cette identité tranquillement vécue en dépit du mépris roumi s'élargissait aux nues célestes du sacré. » comme peut la comprendre un petit garçon, à travers les dires d'un berger ignare. Petit enfant vif et doué, le « midicoule » saura l'apprivoiser.

Ce livre n'est pas sans me rappeler La compagnie des Tripolitaines de Kamal Ben Hameda.
J'y ai trouvé la même douceur, la même chaleur, la même sensualité.


La collection Elyzad-poche est d'une très grande qualité. La couverture à rabat épaisse, avec ses décors orientaux, est un appel à la lecture. Quant à l'auteur, je ne peux que vous recommander de le découvrir.

Je lirai avec le même plaisir le second opus « Tes yeux bleus occupent mon regard »

Je me souviens de mon enfance dans ces mêmes années, comment, nous, « de la ville », nous regardions les paysans qui vivaient à 3 ou 4 générations dans la même ferme …. Tout comme nous dénigraient ces petits « parigots tête de veau » !!!! Nous n'étions guère plus riches mais pas malheureux pour autant.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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L'histoire d'un gosse qui raconte sa vie de tous les jours, au début des années 50. Dans une famille rurale figée dans le sous-emploi et l'analphabétisme, versée dans l'agriculture, pas très aisée mais nullement dans la misère. Un père et des frères machos, une mère soumise mais pilier incontournable de la maison, une soeur aimante mais qui doit se marier… en ville, la chaleur de l'été, le grand froid de l'hiver, l'école, pas encore… et, surtout, les premières pulsions sexuelles et la découverte de la «femelle» (on commence par la chèvre du coin, sous la haute autorité du berger du coin) , avec des apprentissages à la va-vite avec la «garçouna», une orpheline exploitée par (presque) tous. Enfin, l'école qui ouvre d'autres horizons et fait se rencontrer d'autres personnes d'un «autre monde». Comme l'instituteur, un «Arabe» qui lit, en cachette, un journal... Alger Républicain. Aux côtés de filles… arabes aussi ! Et, de nouvelles inquiétudes et de nouveaux tourments aussi. Enfin, vient la si attendue et si redoutée circoncisons. Racontée avec force détails. le passage de l'enfance à l'âge adulte. Ou, plutôt d'enfant, ignoré par les grands et même par les parents, malmené par les grands frères, à l'état d' «homme». Et, qui découvre la violence… pour se défendre (contre le grand frère, un «haggar», comme tous les grands frères). Cela ne tenait donc qu'à un petit bout de chair !

Une Algérie, celle de l'intérieur, encore peu racontée alors que beaucoup vécue… Pourtant, c'est celle-ci, la vie quotidienne du peuple, qui a fait, vraiment, le lit de notre Histoire.

Avis : Se lit d'un trait tant l'écriture «s'y déploie à un rythme débridé et jubilatoire». de l'humour et de l'autodérision. de la sincérité, aussi. Comme si vous y étiez. Car, c'est un peu, beaucoup ou complètement, cela dépend, le déroulement de la vie quotidienne, de la naissance à la circoncision, de bien d'entre les sexagénaires et plus d‘aujourd'hui. Souvenirs, souvenirs !
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Dans l'Algérie coloniale, en pleine guerre d'Indépendance, un petit garçon de famille à peu près aisée vit dans un bled reculé, dans une grande maison pleine de frères (dont l'ennemi intime) et de soeurs, avec une douce maman et un père trop autoritaire. Il n'est que peu en contact avec les orgueilleux "européens", à part le marchand de journaux et les instituteurs (les "midicoules" : maîtres d'école). Plutôt bon élève et trop sage, il rêve d'être grand (c.à d. circoncis) et cherche à assouvir ses curiosités sexuelles auprès de la souillon du coin et du berger : les informations qu'il reçoit de ce dernier valent leur pesant de cacahuètes ! Il se voit aussi en héros de l'Indépendance, déplore le mariage de ses soeurs, se livre a de violentes diatribes contre leurs belles-mères, ces matrones à l'appétit vorace qui vont, c'est sûr, les réduire en esclavage, et il crève de honte dans les lieux publics, boutiques et cafés;
L'un des charmes, à mes yeux, de cet ouvrage est l'utilisation immodérée des emprunts au français par la langue vernaculaire (type "midicoule").
Livre savoureux, plein de verve, de drôlerie, où l'on sent toute la poussière, toute la chaleur, toute la misère et la générosité du "bled".
(On ne trouve malheureusement plus ce livre épuisé que sur des sites de vente d'occasion)
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Un douar dans l'Ouest algérien au tout début des années cinquante. Salim, petit garçon de cinq ans découvre la vie au sein de sa famille dirigée par Sidi le père sévère et adepte des corrections, la mère Lella joue son rôle modérateur et rassurant pour le petit garçon, tandis que les frères se montrent, pour l'aîné Daka, d'un autoritarisme et d'une violence inouis, et pour le frère juste au-dessus de lui, Elgoum, le frère-ennemi, une relation toujours conflictuelle et basée sur l'absence de solidarité voire l'agression permanente de la part du plus grand.
Salim apprend une infinité de choses étonnantes au fil de ses rencontres, par exemple que son prénom est Abdessalim, prénom de roi qui signifie ”esclave du Pacificateur ”. Mais il est surtout initié à la sensualité par la petite bédouine R'nia qui lui révèle les détails de l'intimité féminine et accomplit avec lui (à cinq ans?) le premier rapport sexuel. Mais Salim est trop petit, pas encore circoncis et il a grande hâte de devenir grand.
Pourtant sa circoncision est retardée d'un an car il ne peut y avoir deux fêtes la même année dans la famille . Or, il est question d'organiser le mariage de Zohra, la soeur adorée.
A cette occasion, il rencontre la belle-famille de sa soeur, des citadins qui lui font grand cas, et il savoure le bonheur d'être enfin parmi “ les grands ”, malgré les méchantes tentatives de son grand frère de le laisser isolé, enfermé dans la bergerie!

L'ambiance familiale et le ressenti du petit garçon sont rendus au travers de ses observations attentives, femmes qui débarquent juste avant le déjeuner et font des mines devant la nourriture, médisances et cancans, touffeur des fins d'après-midi, jeux sociaux entre politesse et hypocrisie. Il faut goûter d'un plat, surtout pas plus d'une bouchée, alors qu'on meurt d'envie de le finir!

Et puis Salim est inscrit à l'école où il fait des prouesses et reçoit de nombreux bons points, qui se convertiront en images, tout comme sa si attirante cousine Maya dont il tombe éperdument amoureux et son bonheur est à son comble quand il découvre qu'elle l'affiche comme “ son petit mari ” devant les copains goguenards puis envieux!
Salim devient grand mais il sera vraiment un homme après son passage initiatique, la circoncision. Effrayé mais pressé, il écoute les grands, se laisse câliner une dernière fois par les femmes, il voit avec ahurissement l'émotion de son père et enfin, fermement tenu par l'oncle sage Hilmi, il subit le rite. L'auteur fait observer que chaque rite (naissance, mariage, Aïd, circoncision), le sang d'une unique victime doit couler.

Ce livre allie la fraîcheur des souvenirs d'enfant et une information nourrie sur ce qui tisse les liens sociaux dans le monde musulman, le tout sur un fond à peine évoqué de la naissance du mouvement de libération de l'Algérie. On lit en cachette le journal “ Alger républicaine ”, on observe sans bienveillance les Roumis (les Infidèles, ici les Français) et le drame de la guerre couve insidieusement.
Un livre attachant, sincère, tant par le thème des souvenirs d'enfance que par celui de l'évocation d'un pays ancestral en pleine mutation.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il est le seul à arborer au col de sa chemisette une sorte de corde en tissu colorié, qui tombe jusqu'à la ceinture.
"C'est une crafatta, murmure mon frère-ennemi qui m'a rejoint au poste de guet.
- C'est pourquoi faire ? Il a pas de boutons pour fermer sa chemise ?"
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Même si personne ne perce notre délit, la nature ne risque-t-elle pas de nous trahir ? Puisque nous nous sommes couchés ensemble, R'nia ne va-t-elle pas pondre un bébé dans quelque temps ? Elle sera obligée de dire qui le lui a fait. Si elle me dénonce, je serais pendu et elle embrochée comme un poulet.
Il faut absolument que j'apprenne comment on fait les enfants.
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«Toujours, la pudeur étouffe le désir» (p26),
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Vidéo de Djilali Bencheikh
"Mon frère-ennemi" de Djilali Bencheikh. L'Algérie à travers le regard d'un enfant. Un roman initiatique plein de candeur et de tendresse. Un grand merci à Artyshow qui nous a accueilli le temps d'un tournage ^_^
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