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EAN : 9789973580344
112 pages
Elyzad (01/02/2011)
3.83/5   21 notes
Résumé :
À Tripoli, dans les années soixante, on fête la circoncision du narrateur. Pourtant le jeune garçon ne peut se résoudre à quitter le royaume régi par sa mère et ses amies, Fella la « mangeuse d'hommes », Nafissa qui fume et qui boit, Jamila la sensuelle. toutes tripolitaines d'origine arabe, berbère, africaine, italienne, juive.
De ses errances d'une femme à l'autre, dans une société où l'on ne mâche pas ses mots et où le regard porté sur les hommes est sans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai lu « La compagnie des Tripolitaines » dans le cadre de l'opération Deux éditeurs se livrent spécial Maghreb, organisée par Libfly, les éditions Barzakh et Elyzad et je les remercie chaleureusement. J'ai encore pu apprécier la qualité d'impression, la beauté du papier, le travail bien fait.

Hadachinou, jeune garçon tripolitain erre dans la maison en attendant quoi ? Il n'en sait rien, mais quelque chose se trame. Tante Fatima est là avec sa fille Houda, le boucher sacrifie un agneau, sa mère prépare à manger. On lui rase le crâne, hormis un toupet sur le front et l'habille de blanc. Dans la salle à manger, le père et ses amis mangent et prient. A la fin de la sourate un homme muni d'une lame de rasoir lui demande d'avancer et c'est la circoncision. Hadachinou ne fait plus partie des petits : c'est un homme maintenant, il va devoir quitter les lieux des femmes, alors qu'il préfère leur compagnie à celles de camarades de jeux, d'ailleurs, il n'en a pas.

Alors que la circoncision devrait être une étape importante dans la vie d'un petit garçon musulman, Hadachinou préfère nous parler de « ses femmes » dans la Tripoli multiculturelle et multiconfessionnelle des années 60, celle d'avant Kadhafi. Une ville qui se relève bien que meurtrie par la guerre et l'occupation italienne.

Sa mère, qui le rabroue, Tante Zohra, si timide, si effacée, si démunie. Vient le tour de tante Hiba qui redoute les coups de son versatile époux, jamais content trouvant tous les prétextes pour la battre comme plâtre.
Par contre, rendre visite à Fella la juive et ses bonbons au miel, quel plaisir ! Avec elle il ose parler, lui faire des confidences. Et la Signora Filomena, la couturière italienne, toujours en retrait, mais qui savait être gaie. Nafissa était sa meilleure amie… elles fumaient et buvaient ensemble en se tenant par la main…. Et il y a Jamila, l'amie d'enfance de sa mère Ah Jamila !

Il écoute et connait toutes leurs histoires, des histoires toujours un peu tristes de viol, mariage forcé….Elles se mettent à nu devant lui en parlant de leurs corps maqués par les grossesses, la flétrissure de leurs visages, les assauts de leurs maris… Elles ne sont pas tendres avec eux. Ils ne sont pas beaux ces hommes : ils battent leurs femmes, se saoulent, ne font rien ou pas grand-chose, passent leurs temps à la mosquée ou… ailleurs.

Pendant ce temps, elles discutent entre elles, se retrouvent comme des petites filles, avant le mariage. Ces babilles leurs permettent de résister, de continuer à vivre, car la vie n'est pas tendre avec elles. Leurs conversations tendres ou douces-amères, peuvent être crues


La cuisine est omniprésente dans ce livre et le souvenir qu'il en a très puissant. Comme la ville, elle est multiraciale, colorée et pimentée

J'ai aimé suivre Hadachinou lorsqu'il écrase les tomates avec les pieds, quand il regarde les femmes. C'est un véritable éveil à la sensualité. J'aime comme il aime ces femmes. C'est presque un livre féministe, surprenant car écrit par un homme, mais un homme qui les regarde avec si une grande tendresse.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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A Tripoli dans les années soixante, un jeune garçon au prénom adorable, Hadachinou, vient d'être circoncis. Devenu un homme, il va devoir quitter la compagnie des femmes avec laquelle il a grandi. Mais pour le moment, il nous raconte ce monde clos, clairement séparé de celui des hommes, auquel son âge lui a jusque-là permis d'avoir accès.

Tour à tour accueilli ou gênant, confident de joies et de malheurs, enfant choyé par les femmes, Hadachinou est une présence inoffensive et parfois invisible qui témoigne de la liberté que s'octroient ses Tripolitaines quand elles sont loin des hommes. Dans l'intimité, elles parlent librement et crûment de leurs nombreuses souffrances. Elles se révèlent joyeuses, rêveuses, fières, amoureuses. Là, dans ces moments de brève respiration dans l'oppression permanente, elles peuvent se moquer et défier les hommes qui leur rendent la vie si difficile. Hadachinou trouve du réconfort auprès d'elles et les questionnent sur le monde et l'amour. On espère que ce garçon doux, curieux et vif n'oubliera pas son enfance et deviendra un homme sensible, bien différent de ses aînés.

C'est un roman magnifique que nous offre Kamal Ben Hameda. J'ai vraiment l'impression d'avoir reçu un cadeau avec cette petite fenêtre qui m'a permis à moi aussi de glisser un oeil sur le quotidien de ses femmes attachantes et combattantes de chaque jour. J'ai découvert une autre image de la Libye et une ville où se mêlent les cultures et les religions. C'est un très beau texte à l'écriture à la fois simple et poétique. L'auteur rend merveilleusement l'ambiance de la ville et des intérieurs. Avec ses inoubliables portraits de femmes, c'est un véritable voyage que j'ai pu faire, plein de douceur, de liberté, de révolte et tous les sens en éveil.

Et pour parfaire le plaisir, le livre des éditions Elyzad est très agréable à lire.

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Le jeune Hadachinou qui vient d'être circoncis, vit solitaire dans le monde clos des femmes de son entourage. Il en profite, pour l'instant on le tolère encore.
Il se fait tout petit, il écoute, il épie. Ces femmes se retrouvent entre elles pour des moments d'abandon qu'elles volent dans leurs journées. Elles se racontent leur vie, leurs rêves, les désillusions et leur amertume. Leurs maris et les hommes en général en prennent pour leur grade.
Parfois drôle et tendre, une lecture tout en douceur.


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Tripoli, dans les années soixante. le livre débute sur la circoncision du narrateur, Hadachinou. On se doute alors que bientôt Hadachinou va devoir prendre de la distance avec le monde de femme qu'il nous raconte. Sa mère, ses tantes, Fella la croqueuse d'homme, Jamila la séduisante, Nafissa qui boit et fume, Tibra dont les hommes tombent amoureux jusqu'à la folie. Ces femmes sont d'origine juives, musulmanes, italiennes, berbères, chacune apporte au groupe une histoire, un passé, un vécu, des idées, des combats. Hadachinou observe ces femmes, les écoutes, certaine le fascine et éveille en lui des désirs adolescents. Les femmes le traitent en petit prince puis d'un coup le chasse de leur huit-clos féminin. Hadachinou connait chaque femme sous deux facettes : les femmes face aux hommes et les femmes entre elle.

Dans ce livre les hommes n'ont pas le beau rôle, brutal, fainéant, obsédé, utilisant leurs femmes comme des servantes et des objets. Les femmes mariées n'ont pas d'autre choix que d'accepter ce traitement. Ces femmes ne sont pas dupes de leurs situations et lors de leurs rassemblement elles analysent avec un mélange de rancoeur, colère, amertume mais aussi avec de l'humour et de la dérision leur condition dans un pays où être une femme revient à être un sous-homme.
Hadachinou semble profiter tant qu'il le peut de son statut de petit garçon, état qui lui permet encore de partager des moments avec ces femmes. Il est parfaitement conscient du comportement des hommes et le désapprouve mais il est également conscient qu'arrivera un moment où les femmes le considèreront comme tel et à partir de ce moment là ce lien particulier avec les femmes sera rompu.

Ce livre est très agréable à lire, on ressent le poids de la chaleur, le vent sableux, on hume sa saveur du thé et on goute à la fraicheur des maisons. Il nous offre un panorama de la vie tripolitaine.
Lien : http://mespetitesidees.wordp..
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Dans le cadre de l'opération Deux éditeurs se Livrent dédié au Maghreb, , j'ai découvert « la compagnie des tripolitaines » de Kamal Ben Hameda.
Quel moment de plaisir de lecture en compagnie de ces tripolitaines ! J'ai lu cet ouvrage d'une seule traite et j'ai beaucoup aimé cette écriture et la découverte d'un Tripoli cosmopolite dans les années 60. Hadachinou, cet espiègle petit garçon, nous entraîne dans les rues de Tripoli et il part à la rencontre des femmes, que ce soient des tantes, des cousines, des voisines ou les membres d'un cirque… J'ai découvert alors que la Libye était un pays cosmopolite, avec des arabes, des juifs des chrétiens et chacun vivait ensemble. Autour d'un thé, dans les salons de sa mère, le petit garçon écoute les femmes raconter leur vie et leur rapport avec les hommes. Ceux-ci sont à la mosquée, à la synagogue ou au bistrot… Nous découvrons alors de multiples vies. Que les vies de ces femmes sont douloureuses ! Ce livre nous transmets aussi les odeurs qui proviennent des cuisines, des plats concoctés dans les différentes maisons, du couscous aux pâtes, héritage de la colonisation italienne..On découvre alors au fils des pages l'héritage des passages dans ce pays depuis des décennies.
Ce livre m'a fait beaucoup pensé à un film tunisien, sorti il y a quelques années, Halfaouine, où on découvrait l'univers des tunisiennes à travers le regard d'un petit garçon.
J'ai trouvé ce livre très féministe et cela m'a beaucoup plu qu'il ait été écrit par un homme. J'ai beaucoup aimé cette écriture poétique où on découvre les couleurs, les odeurs d'un Tripoli cosmopolite, que je n'aurai jamais imaginé.
Merci beaucoup aux éditions Elyzad de m'avoir fait découvert ce livre, que je me suis empressée d'acheter pour l'offrir à Noël à mes ami(e)s.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Je fais comme beaucoup d'entre nous, poursuivait la femme, j'ouvre mes jambes et je le laisse me niquer ; de toute façon ça ne dure pas très longtemps... trente secondes, une minute et voilà ! J'en suis quitte... Quelle plaie !... Vous vous rappelez celle qui a coupé le zob de son mari ? Eh bien, son mari la battait tellement, à lui faire voir les étoiles à midi ! Nous le savions, toutes, mais que pouvions-nous faire ? Dehors c'était un homme pieux et respecté, il allait à la mosquée tous les jours, mais comme tous les autres, les femmes, il les haïssait ! (p.79)
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Je fais comme beaucoup d'entre nous, poursuivait la femme, j'ouvre mes jambes et je le laisse me niquer ; de toute façon ça ne dure pas très longtemps... trente secondes, une minute et voilà ! J'en suis quitte... Quelle plaie !... Vous vous rappelez celle qui a coupé le zob de son mari ? Eh bien, son mari la battait tellement, à lui faire voir les étoiles à midi ! Nous le savions, toutes, mais que pouvions-nous faire ? Dehors c'était un homme pieux et respecté, il allait à la mosquée tous les jours, mais comme tous les autres, les femmes, il les haïssait !
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J’ai peur, Signora Aziza, j’ai peur. Et si je devais finir ma vie ailleurs ? Je mourrais loin de Tripoli ! Mon marie, il n’arrête pas de dire qu’un jour on va nous vider d’ici ! – N’aie pas peur, Signora Filomena, je serai là pour te défendre… Et pourquoi vous chasserait-on ? Vous êtes nés ici, vous êtes Tripolitains… »
« La famille de Signora Filomena était installée à Tripoli depuis trois générations
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« Tante Tibra combien as-tu mangé d’hommes ?
-Ne dis pas de bêtises, petit bonhomme ! »
Et pour la faire rire encore, je la pris dans mes bras et lui mordillai le sein. « Attends, quand tu seras grand, il en faudra plus que de baiser les seins d’une femme pour ravir son cœur mon petit Hadachinou ! » s’écria-t-elle en me repoussant.
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Je les entends encore à leur retour, dissimulé dans l'une ou l'autre de mes cachettes. "S'il est bien dans sa mosquée, qu'il y reste", disait ma mère en riant, et Jamila de renchérir: "Que le mien se perde dans ses bouteilles, ce n'est pas moi qui vais l'en sauver, qu'il s'en régale et qu'il s'y noie ! ", et toutes deux de s'esclaffer bruyamment, contentes comme des gamines de leurs bonnes blagues ou peut-être simplement de pouvoir tourner en plaisanterie ce qui faisait le chagrin de leurs jours.
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