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EAN : 9789973580184
128 pages
Elyzad (04/06/2009)
3.86/5   35 notes
Résumé :
Algérie, années 1990. Elles ont été des milliers à être enlevées, violées, parfois assassinées, les filles de la décennie noire. Ces très jeunes filles, à qui l'on a demandé de pardonner, se sont tues et ont ravalé leur honte. Tandis que résonne le cri de l'une d'entre elles, la narratrice raconte sa culpabilité d'avoir choisi l'exil et trouvé le bonheur. Deux voix de femmes en écho qui prennent la parole haut et fort, en mémoire de toutes les autres. L'écriture pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Un pays. Deux femmes. Deux voix. Deux douleurs.
L'une est enseignante, l'autre est sa brillante élève. La première a quitté l'Algérie, a choisi l'exil pour échapper à la violence. La seconde n'a pas eu le choix et a subi les coups et les viols à répétitions d'hommes qui au nom d'un idéal corrompu s'arrogent le droit de salir, d'avilir, de soumettre.
La première souffre de cet exil forcé mais salutaire. A la nostalgie de son pays s'ajoute la culpabilité d'avoir abandonné à leur terrible sort toutes ces jeunes femmes qui sont ses soeurs, d'avoir baissé les bras, d'avoir échoué à enseigner la tolérance, d'avoir trouvé le bonheur loin de toutes ces horreurs.
La seconde souffre dans sa chair et dans son corps de tous les sévices qu'elle a endurés, mais aussi dans sa tête et dans son coeur de devoir se taire et, au nom de la réconciliation nationale, de devoir pardonner même.

Quand on lit la biographie de Wahibi KHIARI, on imagine que son roman est largement inspiré de sa propre vie. Comme son héroïne, elle est enseignante et a quitté l'Algérie. C'est par l'écriture qu'elle a apaisé ses souffrances. C'est ainsi qu'elle a pu donner une voix à toutes ces femmes algériennes qui durant les années 90 ont subi de plein fouet la haine et la violence qui sévissait dans leur pays. Ces femmes enlevées, violées, assassinées, reniées par leurs familles qui n'ont eu que le silence pour répondre à leurs douleurs, silence qu'on leur a imposé et silence qu'on leur a opposé.
Ce livre est un témoignage fort et poignant mais plein de pudeur où deux femmes se racontent au nom de toutes les autres femmes.
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En 1991, l'Algérie connait une des pires périodes de son histoire. le pays est plongé dans une guerre civile qui n'épargne personne. Les citoyens sont rapidement pris pour cible et massacrés avec toute leur famille. Seules les jeunes filles échappent à ce traitement. Pour elles, un autre sort est prévu : enlevées, séquestrées, elles sont mariées de force à leurs geôliers et deviennent leurs esclaves sexuelles. Evidemment, sans protection, ces jeunes filles tombent rapidement enceintes et n'ont d'autre choix que de mettre au monde l'enfant du viol. L'avortement ne peut être pratiqué que dans des conditions bien précises, que très peu d'entres elles sont en mesure de remplir. Mais, alors qu'elles pensaient avoir passé le pire, le gouvernement algérien les humilie une dernière fois en leur demandant de pardonner à ces hommes « égarés », qui ne savaient pas ce qu'ils faisaient.

Nos silences est le premier roman de Wahiba Khiari. Très personnel et inspiré de sa propre vie, il nous raconte le quotidien de deux jeunes algériennes pendant la guerre civile.

D'un coté, une jeune professeur d'anglais, qui tente de faire passer les valeurs de tolérance et d'ouverture à ses élèves mais qui baisse les bras face à la violence qui l'entoure. Elle choisit alors de quitter l'Algérie et de s'installer en Tunisie, où l'attend une vie meilleure. de l'autre coté, une jeune fille à peine pubère nous raconte l'assassinat de sa famille et le calvaire qu'elle subit dans un cachot humide. Sur le mode de la confidence, elle nous parle de sa peur, de sa colère et de la résignation qui l'envahit.

L'auteure, qui a échappé au mal qui touchait son pays pendant la décennie noire, conçoit ce livre comme un témoignage, une parole donnée à toutes ces belles silencieuses, qui se sont tues, honteuses de ce qu'elles avaient vécu. Pour Wahiba Khiari, Nos silences est aussi un témoignage de solidarité envers ces femmes, elle qui se sent maintenant coupable d'avoir fui ces atrocités.

De son premier texte, Wahiba Khiari dit : « Il me fallait parler, parler pour toutes celles qui ont choisi de se taire. Celles qui ont vécu l'horreur mais aussi celles qui, comme moi, ont quitté le pays. Avec un sentiment de culpabilité. On a voulu tourner la page, faire comme si… Malgré ce qui a été dit, déjà écrit sur cette tragédie, l'oubli nous guette. Je ne peux et ne veux oublier ce que nous avons traversé. Mes mots contre l'amnésie collective complice et coupable, des mots pour nous libérer. »

Un livre poignant, qui ne tombe pas dans le pathos, mais qui interpelle. L'écriture d'une femme qui s'exprime pour toutes celles qui n'ont pas pu le faire.

Lien : http://carnetdelecture.skyne..
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« Alors je suis partie, un peu comme on se lance sur une feuille blanche, avec en tête juste un mot qui inspire et l'espoir profond d'une lointaine écriture .J'ai quitté mon pays parce qu'il ne m'était plus supportable ni même possible d'y vivre. »
Parce qu'elle aura eu la force, et la possibilité de partir, c'est avec ses mots, et ceux d'une autre qu'elle brise le silence, les silences de toutes celles, victimes innocentes d'un conflit qui les dépasse et d'une idéologie assassine, qui ont été contraintes au silence et à la soumission.
Elles parlent à tour de rôle. L'une enseigne « une langue vivante dans un pays où l'on se mourrait », l'autre recevait cet enseignement, promesse d'une vie libre et meilleure. L'une s'est enfuie, l'autre a été rattrapée par les barbares. L'une est vivante, pleine de remords, de douleurs, l'autre n'est plus qu'une ombre.
Elles n'ont pas de nom, elles sont toutes celles réduites à se taire ici ou là, hier, aujourd'hui, et demain.
Cette femme que j'imagine douce a des poignards entourés de velours sous sa plume. Son écriture crie une révolte longtemps retenue, utilise beaucoup de langage du corps, comme si elle voulait donner encore plus de voix à ces corps violentés.
Ce livre m'a appelée, cramponnée. Il met en mots, les maux d'un pays qui n'a pas encore fait son inventaire. C'est avec la littérature, entre autre, que certaines voix se font entendre. Les éditions Elyzad, ont le courage d'offrir ces ouvrages là où la parole ne se libère pas encore facilement ; qu'elles soient encouragée à laisser parler celles et ceux qui ont à dire.
Merci à libfly qui m'a à nouveau fait ce cadeau.
Nos Silences a reçu le Prix Senghor du premier roman francophone 2010
Il a été crée pour distinguer et promouvoir des écrivains d'expression française qui ont réussi à créer, en utilisant la langue qu'ils ont en partage, « des oeuvres de Beauté », chargées d'humanité, expressives d'un langage neuf et d'harmonies originales.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Deux histoires en parallèle : celle d'une femme professeur et celle imaginée, d'une fille brillante de sa classe qui ne vient plus aux cours. Deux histoires dans ce pays marqué par la souffrance. La narratrice a décidé de fuir ce pays qui l'empêchait de vivre. Par cette voix imaginée, elle parle pour toutes ces femmes qui ont souffert en silence, qui ne peuvent pas protester contre leurs tortionnaires. J'ai été horrifiée par cette histoire qui prive du droit le plus élémentaire de la femme. Quel dur roman mais un roman qui rend hommage à ces femmes qui ne peuvent pas oublier.
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Deux voix, deux récits, deux vies, deux cris, se superposent, s'emboîtent, s'enchaînent. Nos silences est l'histoire de deux jeunes femmes algériennes dans une Algérie en pleine tourmente des années 90, la première est professeur d'anglais dans un lycée, la seconde est une jeune et jolie, brillante élève, toutes les deux verront leur vie bouleversée et quasiment détruite pour la seconde. Un récit relatant ce sentiment mortifère de l'exil pour l'une et le récit d'une descente aux enfers, aux abysses pour l'autre.
Nos silences est un récit où l'auteure fait narrer ses protagonistes à tour de rôle (la distinction est claire au niveau de la typologie de l'écriture.) deux destins croisés brisés par la résilience deux femmes actrices et témoins d'une période dont les conséquences passées sous silence, nos silences est le cri assourdissant de ces dizaines ? Centaines ? Milliers ? de femmes poussées à l'exil, kidnappées, séquestrées, violées, tuées.Un roman qui se lit facilement, poignant et touchant néanmoins, je dois souligner les présences de certains passages durs mais nécessaires.
« Dans cette salle, nombreuses sont celles qui, comme moi, sont rentrées du maquis enceintes, toutes attendent qu'on vienne les libérer du poids de la vie qu'elles n'ont pas choisi de porter. »
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critiques presse (2)
Chatelaine
06 août 2018
Un roman très dur, oppressant, qui bouleverse autant qu’il fait réfléchir, première œuvre coup de poing d’une écrivaine d’origine algérienne qui vit maintenant au Québec.
Lire la critique sur le site : Chatelaine
Actualitte
02 septembre 2011
C’est poignant, violent, terrible. Les mots sont forts, précis, sans concessions. L’histoire est dramatique comme ces destins brisés.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un jour, lors d'un cours de "listening" j'ai voulu expliquer à mes élèves le sens de la chanson de John Lennon Imagine. L'idée que le paradis, l'enfer, ou la religion puisse ne pas exister les choquait. Ils avaient peur de ces mots perçus comme autant de blasphèmes. Je les ai amenés à "imaginer", juste "imaginer" un monde sans haine, sans violence, plus besoin de punitions ni de récompenses, pas de lois ni de règles. Je leur ai expliqué qu'on avait le droit de rêver et surtout le droit de l'exprimer avec des mots. Que s'ils parvenaient à penser le monde selon Lennon, ils comprendraient mieux le sens profond de l'islam, et des autres religions; le paradis, c'est un peu ça aussi.
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Wahiba, je n'ai pas connu la decennie noire. Je n'ai même jamais été victime de violence tribale ou politique. En dehors de quelques cas de harcèlement de rue et de propos et attitudes raciste, j'ai toujours évolué dans un environnement plutôt sécuritaire. Mais je ressens la douleur de mes soeurs violées. Je ressens la tristesse de ces enfants arrachés à l'enfance et à la joie, la raideur des lèvres qui ne savent plus sourire, le silence assourdissant d'une mémoire pleine d'horreurs. Ce livre, c'est tout ça. Quelle tristesse! Mais aussi quelle beauté! La façon dont vous jouez avec les mots, dont vous les manipulez pour nous faire sentir la profondeur de vos vécus est brillante. Merci de raconter cette histoire dans laquelle je peux me reconnaitre. Merci aussi et surtout de l'avoir fait de cette manière. Je vous tire mon chapeau!
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« Alors je suis partie, un peu comme on se lance sur une feuille blanche, avec en tête juste un mot qui inspire et l’espoir profond d’une lointaine écriture .J’ai quitté mon pays parce qu’il ne m’était plus supportable ni même possible d’y vivre.
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La douleur est un cri du corps à l'esprit pour qu'il le protège. Mais quand le corps crie, il est souvent trop tard.
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Mon accouchement, je l’ai vécu comme un viol de l’intérieur. L’enfant des violeurs m’a déchirée à son tour, il m’a forcée à le mettre au monde. J’ai crié ma rage dès l’instant où je l’ai senti venir. Il a pris son temps, toute une nuit à me tordre de douleur. Je me serais bien ouvert le ventre au couteau si j’avais eu à choisir.
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