II
N'en déplaise aux nébuleuses de lait qui remontent le temps :
les gigabouchers seront toujours à l'œuvre.
Du sang, des fémurs et des aigles,
le rot final comme une daisy cutter au-dessus des mosquées !
Le carosse de Néfertiti, le temple d'Ephèse
ne serviront plus à rien :
il y aura des nécessaires cuissons,
de justes dévorations…
Les plus sages, comme des sirènes de lune,
seront empaillés vivants.
Plus tard, vers les moins trente au-dessous du silence,
ils luciolerons dans les catcombes des musées :
petits Trajan ou Marc Aurèle made in China,
leurs yeux foudroyés se souviendront :
« Des peaux rouges criards les avaient pris pour cibles » etc.
etc.
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I
Ce sera à bout de souffle
quarante kilos d'os dans la Sixtine.
Le cercle des tungstènes taillera
dans le vif du sujet mort :
dix-huit années de temps machine,
sexe avec vue sur le vivant
fécondé par un ange-trader aux yeux de loup.
Ce sera, petite fille,
dans la tâche d'absinthe du hors champs :
Rome ville close
et comme une valse d'électrodes sur une muqueuse
mille cierges allumés qui défieront l'ozone.
Où sera donc l'âme de ceux qui t'inventèrent,
pollen, minuscule feuille de menthe
sous le bunker de quelque abscisse ?
Ce sera, mais allons donc,
être ou pas
se ruminera hors bouches,
sans mémoire,
quelque part sous les yeux du hibou
cloué sur les décombres
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IV
Quarante songes effleureront ton ventre :
des voiles sous tes jupes,
des Massaïs multicolores,
des bergers périphériques
et trente-sept autres faux
comme une nuit américaine.
Mais tu te lèveras
gouachée d'incalculables vertiges,
la bouche pleine de limaces cryptées.
Tu auras le choix entre un café-fiction
et des nouvelles d'en bas
où fleurissent les rebellions.
Avant d'ouvrir portes et Windows
la sainte douche effacera le doute de tes songes :
vivre est un opium
et la mort un dé à sept faces.
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