Un jolie recueil de poésie sur l'exil, l'envie de reconstruction d'un pays (ici Bagdad) et la vie.
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Comme dans un rêve sombre
Comme un chien au loin
la nuit aboie
Sa voix traverse les marais de l’enfance
J’ai oublié mon visage
l’écho des puits desséchés
la lune de ma mère sacrifiée à la guerre
ainsi que la brûlure de ma langue
Derrière les cavités profondes de la pierre
je pouvais voir le squelette de mon père
sa bouche maladroitement sculptée dans l’argile
comme une plaie dans l’hiver
Saison de sel
à Isabelle
extrait 4
La forêt écimée dans l’immensité
nue face à la mer
témoignera plus tard
que le vent a humé les pierres
et dispersé les nuits brisées de la femme au visage d’argile
Pain quotidien :
"Avec la parole imaginée de l'autre
les restes empilés
de cette vie de carte postale
et le poème manquant
dis-moi comment reconstruire une patrie"
A bout de souffle :
[...]
Ici, pendant la nuit
image par image
les années s'effacent
se voilent
plongent entre les rides du miroir
[...]
Saison de sel
à Isabelle
extrait 1
Les caprices de notre automne ne mènent à rien
Je voudrais offrir à tes yeux des rivières
des roses absolues
des années labourées sans récolte de cendres
Je voudrais remonter notre destin de l’abîme
préserver la mémoire de l’Euphrate
loin des rêves pris entre les plis du silence
d’exilés morts à force de regret
…
"Bagdad, c'est une ville qui produit des poètes, depuis des siècles. Ce n'est pas par hasard si on a des poètes qui ont bouleversé la poésie arabe."
Salah al Hamdani, qui a notamment publié deux recueils aux Éditions Bruno Doucey, évoque son rapport à son pays d'origine et à l'écriture poétique dans cette conférence menée à l'Université permanente de Nantes. Il revient notamment sur la genèse du livre "Bagdad-Jérusalem, à la lisière de l'incendie", écrit avec le poète israélien Ronny Someck et publié en 2012 aux Éditions Bruno Doucey.
Toutes les infos ici : https://bit.ly/2yxRLDD
Réalisation © Thibault Grasset.
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