« de guerres est tressée mon histoire. Et d'un brin de
zaatar.
Ma tante Fadwa avait dix-huit ans et rêvait de voir la mer.
Elle n'a jamais vu la mer.
Mon père Mohamed avait seize ans et rêvait d'un Liban libre et laïc. Il a consacré sa vie à la résistance.
J'avais onze ans au moment de la guerre israélo-libanaise de 2006. Je confie ma vie à la poésie.
Face à ces tragédies, ma grand-mère téta Zeynab s'est mise à semer du thym libanais, le
zaatar. Depuis, il ne cesse de fleurir: des minuscules fleurs blanches, en mai, chaque année.
Les guerres et les exils se sont succédé. La société libanaise s'est fracturée mais le
zaatar orne toujours les tables des locaux comme celles des exilés. le
zaatar unit.
Que je puisse par mes mots délier les barbelés et tresser des vers parfumés au
zaatar. »
Zaatar,
Sofía Karámpali Farhat @sofia_farhat @editions.bruno.doucey
Pour inaugurer le #challengejuilletsororité de ma chère @stelphique, j'ai choisi de vous partager cette poésie féminine, puissante et libre à la fois 🔥
Une poésie d'exil et de souffrance, de violence et d'abandon, une poésie qui hurle, qui crache sa haine et sa douleur, sans faux-semblants, sans demi mots…
« le Liban se soucie peut-être
de la mort du soleil
certainement pas
de la mort de ses enfants
AMEN »
Une poésie de féminité puissante, libre et sauvage, expressive et suave… sans tabou!
« M'as-tu demandé
avant de venir
entre mes cuisses
cherchant à pénétrer le soleil
tu n'as trouvé qu'une lune
à demi-pleine
née de la dernière pluie
tu t'es prosterné devant l'enfance
jouis maintenant »
Une poésie qui m'a touchée par sa force, par son émancipation, par sa liberté d'expression…
« Beyrouth
viens à moi
cent fois voulue mille fois violée
tu dois être terrifiée
mais n'aie crainte dans mes bras
tu luiras belle libre laïque »
La puissance faite femme, l'indépendance qui rugit, la guerre qui enflamme, l'exil qui blesse, les mots, les mots, comme un exutoire, comme un cri, comme un acte expiatoire, comme un halali, comme un dernier espoir… d'un honneur rétabli!
« Regardez, issue
de
zaatar j'ai fleuri
je danse sous les bombes »
Une poésie puissante et belle comme un souffle de liberté…