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EAN : 9782916136950
408 pages
Les éditions du Sonneur (17/03/2016)
3.64/5   7 notes
Résumé :
Un vieil entrepôt crapoteux en banlieue nord de Paris, que le narrateur découvre à l’invite de son meilleur ami, Moïse Chant-d’Amour. À la faveur d’un très gros héritage à venir, celui-ci lui annonce qu’il compte transformer ce lieu insalubre
en parc d’attraction voué à l’opéra et à la musique classique. L’affaire paraît insensée. Et pourtant, dans ce dépotoir où rien n’arrive jamais, tout semble vouloir être possible, y compris qu’un squat de clandestins et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un projet fou !
C'est ce dans quoi Saturnin est entraîné par son acolyte extravagant, Moïse Chant d'Amour. Ce dernier a pour ambition de donner jour à un parc d'attractions autour du thème de la musique classique. Il a d'ailleurs déjà choisi le lieu où il implanterait son "anti-Disneyland" : dans un vieil entrepôt de banlieue parisienne. Mais ce terrain à l'abandon fait partie d'un vaste projet de réhabilitation mené par la mairie. Pour ne pas voir le rêve de son ami tomber à l'eau, Saturnin propose d'organiser un squat au Vieil Entrepôt, pour empêcher que la ville ne commence ses travaux. S'ensuit alors la formation d'un petit groupe de squatteurs aux origines des plus éclectiques et aux destins tous plus farfelus les uns que les autres. Cette joyeuse équipe choisit de monter une chorale et rêve de se produire un jour sur scène. Mais chanter des airs de Bach et des morceaux d'Yves Montand n'est en fait que le début d'une longue série d'abracadabrantes aventures qui les attend...

C'est en effet le principal point positif de ce roman d'Yves Gourvil : les aventures rocambolesques des personnages. Elle pousse le narrateur - Saturnin - à quitter son quotidien routinier de bouquiniste. Au lecteur de le suivre dans ce monde presque onirique, où chaque personnage est doté d'un charmant patronyme. Ainsi, à Moïse Chant d'Amour et Saturnin viennent s'ajouter Grand Magistral, alias Glouton Joli, Fieffé Parleur, Sapajou-Ouistiti, les Apatrides, les Deux et bien d'autres... Même le lecteur se retrouve apostrophé, tout au long du récit, à coup de "ami lecteur".
Si ce groupe de squatteurs semble être un patchwork, il est le digne reflet du livre dans son entier. Au récit principal qui constitue le roman, viennent s'ajouter des digressions - elles consistent en l'échange d'insultes et de vulgarités bien senties entre Kundry, la bien aimée de Moïse Chant d'Amour, et la Vierge Marie - ainsi que des morceaux de musique variés. Au début de l'ouvrage se trouve un lien Deezer qui mène à une playlist, où l'on retrouve toutes les musiques croisées au fil du récit. Leur écoute au fur et à mesure de la lecture donne une nouvelle teneur à l'histoire et la rend vivante. On imagine plus aisément les personnages chanter et les instruments jouer, on se retrouve dans ce squat, au milieu de cette ambiance festive et conviviale.
De plus, le contraste fort entre les passages narratifs et les dialogues est cocasse : l'auteur jongle perpétuellement entre langage élégant et grossièreté crue, sans aucune forme de transition !
À ce style très travaillé s'ajoutent aussi de multiples références, musicales bien sûr, mais aussi littéraires et, plus souvent, cinématographiques : Moïse Chant d'Amour devient John Wayne tandis que Grand Magistral se meut en Buster Keaton. Yves Gourvil est un auteur que l'on sent très cultivé et ravi de nous faire partager tout son savoir.
Enfin, les dernières pages du récit se closent avec un retournement incroyable qui ne nous fait pas regretter d'être allé au bout de ces 406 pages, malgré quelques longueurs parfois... Je regrette seulement qu'à la fermeture de ce livre, quelques questions restent en suspens, habilement esquivées par l'auteur.
Malgré cela, je conseille ce livre, à tous ceux qui seraient à la recherche d'une lecture plaisante et prenante, riche en rebondissements autant qu'en découvertes musicales. En somme, un très bon livre pour l'été.

Bonne lecture !
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Deux potes : le narrateur, flegmatique et observateur au possible et son énigmatique acolyte déboule sur la scène gadouilleuse où commence notre histoire. La scène dis-je, le "Veil Entrepôt" dit-il, sera l'endroit idéal pour donner réalité au rêve aussi obsessionnel que fou de l'acolyte qui est de construire un parc d'attractions dédié à la musique classique, ce, grâce à un futur et providentiel héritage familial. Dans une langue imagée, foisonnante, et savoureuse l'on suit alors les tribulations du duo qui devient trio pour se voir transformer en équipée fantastique formée d'une foule de personnages admirablement construits et attachants. de tribulations tonitruantes en aventures tragi-comiques, le "Requiem" s'achève de manière fort inattendu entre sourires et tristes moues. L'omniprésence des personnages et la richesse du vocabulaire font de cette lecture un vrai moment de plaisir pour lequel j'ai juste envie d'écrire ici :" Hey, merci Yves!"
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Le rêve utopique d'un groupe de déclassés : un roman truculent, drolatique et une ode au langage et à la musique.

Théâtral, outrancier et charismatique, le personnage central du «Requiem des aberrations», dont le nom est une des premières et nombreuses aberrations jubilatoires du roman, Moïse Chant-d‘Amour, a reçu d'un oncle, vieillard égrotant et tyrannique, la promesse d'un héritage colossal à la condition qu'il s'occupe de lui durant les quelques mois qui lui restent à vivre.

Cet héritage laisse entrevoir à cet olibrius solaire et dangereusement extraverti, qui voue une adoration quasiment pathologique aux opéras de Richard Wagner, la possibilité de réaliser le rêve grandiose et secret de toute son existence : la création d'un gigantesque parc d'attractions dédié à l'opéra et à la musique classique, un anti-Disneyland et un anti-Bayreuth.

La suite sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2016/05/15/note-de-lecture-requiem-des-aberrations-yves-gourvil/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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J'ai achevé la lecture de ce roman aux forceps. L'écriture et la langue sont travaillées. J'ai aimé les protagonistes sauf Moïse Chant d'Amour, le cadre du vieil entrepôt, la vie en communauté. La musique est à l'honneur grâce à la formation d'une chorale.
Cela manque de péripétie. Je regrette les digressions et le procédé d'interpellation du lecteur. Ce procédé réduit la liberté du lecteur.
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La farce truculente et tragique d'un terrain vague en radeau de la bienveillance.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/08/17/note-de-lecture-bis-requiem-des-aberrations-yves-gourvil/
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
– Hein ? franchement ? Comme quoi il suffisait d’y croire. On y a cru et on a trouvé, mon immense camarade, on a trouvé ! Mais regarde-moi ça. C’est à nous, c’est pour nous, tout ça.
Et pour fêter « ça », il me déposa gloutonnement sur chaque joue deux baisers sonores qui puaient joyeusement un mélange de charcuterie à l’ail et d’effluves alcoolisés. Puis, d’un geste seigneurial et généreux :
– Non mais franchement ? Franchement, c’est pas mirifique, ça ?
« Ça »… Les mots « décharge », « ruine », « désert » ou « taudis » bien touillés ensemble eussent échoué à donner une image exacte de ce traquenard au faciès de hangar en tôles ondulées, ce canularesque point de non-retour sur fond de parpaings et de vieux pneus entassés où commença cette histoire. Du déglingué cradingue et de l’insalubre saumâtre fraternisant dans une silencieuse agonie, l’humide graisseux acoquiné au caoutchouteux pourri, voilà ce qu’était « ça » : une gigantesque ruine de hangar à la vaste toiture éventrée dont les tôles bâillaient vers les nuages, donnant au premier regard à l’ensemble des lieux l’apparence de quelque démentielle vieille boîte de conserve béante et rouillée, un cadavre d’immense bâtiment. Trois des murs étaient dûment écroulés, le quatrième par contre, bizarrement intact et debout, dressait altièrement son pan de briques rouges comme bravant l’imprescriptible arrêté qui semblait avoir voué à l’abolition ce tas de ruines encrassées. « Ça » avait peut-être été jadis atelier municipal ou garage à autocars. Ou pourquoi pas centre de rétention ? Peut-être bien usine si l’on en croyait les ossements corrodés de diverses quincailleries indéfinissables qui persistaient par-ci par-là, les épais amoncellements entrelacés de câbles et de chaînes antédiluviens, les restes de rouages, poulies, morceaux d’écrous, tout un désolant tintouin de séquelles fossilisées par l’empoussièrement et un ancestral cambouis.
Soucieux de remédier à l’innommable, je baptisai ce monumental et consternant vestige Vieil Entrepôt. Car indubitablement ce lieu avait jadis assumé la fonction d’entreposer : des ballots de marchandises et des chars à banc ou des véhicules municipaux, qui eût pu dire ? Des munitions et de l’armement peut-être, de la force de travail mêlée de sueur prolétarienne sans doute, des bovins faisant tristement escale avant l’abattoir, ça se pouvait, de l’humanité indésirable promise à d’expéditives mesures de reconduite ou de déportation voire pire, on frémissait d’y penser.
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Au cours d’un massacre dans sa petite bourgade où il était employé des postes, Bankara avait vu sa tante et son grand-oncle être découpés au coupe-coupe et leurs morceaux griller dans son bureau d’où il n’avait eu que le temps de s’éjecter, juste quand on y mettait le feu. Ç’avait été à ce moment-là qu’une machette maniée il ne saurait jamais par qui avait voulu le décapiter.
– Comment j’ai triomphé à m’enfuir du saucissonnage, ça, Cousin-mon Frère Saturnien, je suis aussi inapte à le dire que toi à lutiner Internet.
Par miracle, sa Princesse du Paradis avait pris le train la veille pour visiter de la famille. Lui s’était terré plusieurs jours où il avait pu. Postés à moins d’un kilomètre, un bataillon de Casques bleus et une délégation d’observateurs internationaux n’étaient pas intervenus, sans doute bien trop occupés qu’ils étaient à « maintenir la paix ».
Depuis une huitaine d’années, sa Princesse et lui vivaient à Paris, leurs deux « progénitures » étaient nées à l’ombre de Notre-Dame et du Sacré-Cœur. Bankara s’était attelé à bénéficier d’un statut de réfugié que, dans les premiers temps, il n’avait pas douté d’obtenir haut la main. Les obstacles, déconvenues et tracas n’avaient point tardé à se transformer en un boulet de désenchantement et d’angoisse qu’il traînait désormais de cybercafés en employeurs au black, piégé par le pervers et patient enlisement des démarches et recours. Chaque fois, ses demandes étaient différées, chaque fois, on lui demandait encore et encore les preuves des horreurs qu’il était venu fuir à Paris.
– Imagines-tu un cas de figure plus grimaçant, Cousin-mon Frère Saturnien ? La dernière fois que j’y suis allé, l’harangueuse des lois me l’a formulé avec dans ses yeux la lueur qu’elle plaisantait pas ; ma cicatrice compte pour rien : « Ce que vous avez là, tatoué sur le cou, une bagarre boulevard Ornano dessinerait la même chose, rien ne nous prouve que c’est un autographe du bourreau. »
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D’extatiques monosyllabes et borborygmes me parvenaient de sa prostration. Ses gigantesques mains pétrissaient l’air vicié, sculptant dans le vide l’avenir du Vieil Entrepôt. Tel l’un de ces magiciens des contes orientaux dont il faut bien reconnaître qu’il avait en cette minute, avec ou malgré son large imper délavé, sa tignasse malpropre et ses grosses grolles râpées, un peu de la présence charismatique, il transformait le vaste taudis délabré en je ne sais quel eldorado dont il était bien le seul à percevoir et révérer la splendeur. Car franchement, ami lecteur, au seuil et à la vue d’une semblable terre promise, n’importe quel Moïse à qui le Seigneur eût annoncé « Voilà le pays que je t’ai promis mais tu n’y entreras pas ! » aurait poliment étouffé un « ouf » d’indicible soulagement. Seulement, tels les galériens d’autrefois à leur immédiat compagnon de chaînes, j’étais arrimé aux basques déguenillées d’un Moïse à qui Dieu n’avait pas refusé cette terre promise, à qui Dieu était peut-être en train de la refiler de bon cœur comme une erreur de sa création dont il ne savait comment se défaire.
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Avec toutes ces histoires, les doigts de Pandolphe qui n’avaient rien sculpté depuis trop longtemps commencèrent à furieusement le démanger. Histoire de s’entretenir la main il avait bien transformé, à l’intention des progénitures, une boîte de conserve en rhinocéros et des restes de papier d’emballage en caravane de chameaux, mais sa créativité n’y avait pas trouvé son compte. Or, le lendemain matin, ô surprise, une peuplade de nains de jardin d’un genre un peu spécial avait envahi le Vieil Entrepôt. Tout ce qui restait de bouteilles et sacs en plastique, de cartons et cageots en bois, débris, embouts de ferrailles et tuyauterie, tout cela, comme touché par la baguette d’une fée tandis que nous dormions, s’était transformé en gnomes et kobolds, en énormes fleurs d’espèces fantasques et inconnues. Les âmes de Calder, Giacometti et Marcel Duchamp s’en étaient-elles venues danser ici pendant la nuit ? Le Vieil Entrepôt, ami lecteur, prenait vie et âme.
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Quelque fortuite et lointaine ascendance québécoise lui avait-elle valu ce langoureux non de famille ? Cette question, dont je ne connus jamais la réponse, participait de l'énigme du personnage.
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Yves Gourvil présente son premier roman publié aux Editions du Sonneur.
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