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Marie Dumas (Traducteur)
EAN : 9782702128664
459 pages
Calmann-Lévy (07/04/1999)
3.89/5   119 notes
Résumé :
Dans les derniers temps de la guerre de Sécession, un homme traverse l'immense espace américain. Il s'appelle Inman. Soldat sudiste, blessé à la bataille de Petersburg, il a déserté dans l'espoir de retrouver sa région natale, la Caroline-du-Nord, où l'attend Ada, la femme qu'il aime. Restée seule à la mort de son père, celle-ci essaie tant bien que mal de préserver le domaine familial. Le moment de leurs retrouvailles approche, et chacun doit se préparer à affronte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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La guerre de Sécession fait rage depuis quatre ans. Blessé à la bataille de Petersburg, Inman est en convalescence dans un hôpital militaire. Dès qu'il sera guéri, il sait qu'il devra retourner au front. Mais il a vu trop d'horreurs et trop de morts. le décès d'un de ses compagnons de souffrance le décide à déserter et à retourner chez lui, en Caroline du Nord, à Cold Mountain, là où est restée la femme qu'il aime, même s'il doute de pouvoir jamais reprendre sa place dans le monde normal. « Si vous possédez encore le portrait que je vous ai envoyé il y a quatre ans, je vous supplie de ne plus le regarder. Je ne lui ressemble plus du tout à présent, ni par la forme, ni par l'esprit. » (p. 287) Hanté par des souvenirs traumatisants, Inman est un homme très perturbé qui cherche la rédemption et un apaisement pour son âme meurtrie. « Inman se cramponnait à l'idée d'un autre univers, un monde meilleur, et il se disait que le situer au sommet de Cold Mountain plutôt qu'ailleurs était une bonne chose. » (p. 34) Durant son long voyage, il rencontre de nombreux êtres, positifs et négatifs. Tour à tour justicier ou dépositaire des récits qu'il entend, Inman est un nouvel Ulysse que de nombreux dangers éloignent de son foyer. Ce qui l'empêche de sombrer dans le désespoir le plus complet, c'est le doux souvenir de son aimée et un livre de Bartram. « À son avis, il s'agissait d'un texte presque sacré, d'une telle richesse qu'à y puiser au hasard et à ne lire qu'une seule phrase on était pourtant assuré d'y découvrir instruction et ravissement. » (p. 469)

Pendant ce temps, au pied de Cold Mountain, dans sa propriété de Black Cove, Ada pleure la mort de son père. Belle et instruite, elle est absolument incapable de trouver sa propre subsistance et elle envisage de retourner à Charleston. « Jamais encore Ada ne s'était aperçue qu'il était si assommant de vivre, tout simplement. » (p. 129) Mais l'arrivée de Ruby, jeune femme énergique et pleine de projets, va changer la donne. À elle seule, Ruby vaut plusieurs hommes et elle reprend en main l'exploitation du domaine. Elle apprend aussi à Ada que tout se mérite et que tout labeur est récompensé. « L'âpre bataille pour la survie, voilà ce que Ruby sembla enseigner à Ada chaque jour, le premier mois qu'elles vécurent ensemble. » (p. 130) Peu à peu, Ada devient moins fragile et envisage l'avenir avec davantage de certitude, même si la guerre qui s'achève ne sera pas à l'avantage de la Caroline du Nord, territoire sudiste.

Outre la longue marche d'Inman et la renaissance d'Ada, le roman est émaillé d'histoires de toutes les personnes que les deux héros rencontrent dans leurs périples respectifs. Les récits parlent de la guerre qui a heurté tout le monde, même ceux qui étaient favorables aux sudistes. Désormais, il n'y a plus que de la lassitude. Né aux États-Unis, le courant du Nature writing excelle dans la description des paysages : Cold Mountain s'inscrit dans cette mouvance, mais j'ose un néologisme en affirmant que ce roman pourrait être la source du courant du Human nature writing. « Nous vivons dans un monde fiévreux » (p. 207) Charles Frazier dépeint des personnages aux âmes troublées qui cherchent dans le travail et dans la communion avec la nature un remède à leurs tourments. Or, Cold Mountain, perdue dans la brume, semble inaccessible et éternelle. Il ne reste alors aux hommes que l'espoir, mais sans éclat et sans gloire, juste l'espoir quotidien et têtu. « On aura beau pleurer à s'en briser le coeur, on n'en sera pas plus avancé pour autant. le chagrin ne change rien à rien. Ce qu'on a perdu ne reviendra pas. Il restera perdu à jamais. Seules vos cicatrices empliront le vide. L'unique choix qu'on ait, c'est de continuer ou non. Mais si l'on continue, c'est en sachant que l'on emporte ses cicatrices avec soi. » (p. 475)

J'ai beaucoup apprécié ce lent récit qui se déploie au rythme des saisons, de l'été à l'hiver. Les histoires d'Inman et d'Ada se déroulent en parallèle, mais tout l'enjeu de l'intrigue n'est pas vraiment de savoir s'ils vont se retrouver, mais plutôt s'ils sauront vivre avec eux-mêmes, tout simplement. Il ne me reste qu'à voir le film adapté du roman, avec Jude Law et Nicole Kidman dans les rôles-titres, en espérant retrouver la majesté lente et douloureuse qui émane des mots de Charles Frazier.
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J'ai bien failli passer à côté du superbe roman de Frazier que j'ai heureusement découvert après avoir vu la très belle adaptation cinématographique d'Antony Minghella, Retour à Cold Mountain avec Jude Law, Nicole Kidman, Renee Zellwegger et une pléiade d'excellents seconds rôles.
Comme d'habitude, après avoir vu un film qui m'a particulièrement plu, je me précipite sur le roman dont il est tiré. Bien m'en a pris. La prose de Charles Frazier m'a séduite. L'histoire, son rythme, les personnages, la narration, l'admirable reconstitution de cette période charnière (sans me considérer comme une spécialiste, il se trouve que je m'intéresse depuis des années à la guerre de Sécession), bref un vrai bonheur à la lecture.

A Cold Mountain en Caroline du nord, dans une petite communauté rurale, le pasteur Monroe et sa fille Ada viennent s'installer. Ada est une belle jeune femme, élevée dans la grande tradition de Charleston, sachant broder, jouer du piano, portant de belles toilettes… On imagine sans peine les hommes de ce petit coin perdu chamboulés par son arrivée. Inman tombe amoureux au premier regard mais les deux jeunes gens n'auront le temps d'échanger qu'un seul et unique baiser avant qu'Inman ne parte pour la guerre…
Le roman s'ouvre ainsi sur les destinées parallèles d'Ada et Inman. Et c'est intéressant de les voir aller dans des sens opposés. La jeune femme jolie mais ne sachant rien faire de ses dix doigts, apprend peu à peu à conquérir son indépendance et à survivre, tandis qu'Inman commence une longue descente aux enfers, marqué par les horreurs de la guerre, perdant peu à peu sa confiance et ses repères. Et pourtant, l'un comme l'autre s'accrochent à cet amour naissant. Leur seul lien sont les lettres qu'ils échangent au cours de ces longues années de séparation. C'est une histoire d'amour magnifique alors même que les scènes où Inman et Ada sont ensemble sont bien peu nombreuses.
Les protagonistes de Cold Mountain posent un regard désenchanté sur cette guerre civile qui n'en finit pas, et qui poussera Inman à déserter. Une quête et une initiation pour chacun des personnages, mais aussi un magnifique hymne à la nature et à son pouvoir de rédemption. Les descriptions sont superbes, le rythme lent du roman épousant celui des saisons et des travaux de la terre.

C'est également un roman sur le destin, sur l'absurdité de la vie, sur l'Amour mais aussi sur l'amitié, le hasard et les rencontres. Tandis qu'Inman croise le chemin de personnes bonnes ou mauvaises qui vont influer sur sa vie, Ada peut compter sur ses généreux voisins et l'intrépide Ruby, l'un des plus beaux personnages de femme qui soit. J'ai éprouvé de la tendresse et de la compassion pour chacun d'eux : pour Inman que toute cette violence détruit peu à peu, pour Ada, mal préparée à cette dure vie, pour Ruby, la débrouillarde, qui s'accommode comme elle peut de son statut d'orpheline (car bien que son père soit vivant, il ne s'est jamais vraiment occupé d'elle), et chacun d'entre eux possède un mélange de force et de fragilité.

Un roman de plus sur la guerre de Sécession mais qui, par son approche poétique et originale, mériterait de figurer parmi les valeurs sûres de la littérature américaine. Moi j'en aimé chaque phrase et ce livre m'a émue durablement.

Frazier a mis un peu plus de 5 ans à l'écrire et il fut publié en 1997 aux Etats-Unis où il rafla le prestigieux National Book Award. Deux ans plus tard, Calmann Levy le publiait en France.



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La guerre, la folie de la guerre, ses traumatismes. L'identité, sa volatilité et sa constance. le rapport à la nature, hostile et nourricière, dans un monde encore sans machines. L'amour, la vie, la mort, bien sûr. Tous ces thèmes sont traités dans le roman de Charles Frazier, et bien d'autres encore tant ce livre, cette épopée, est riche de réflexions sur la condition humaine.

A travers l'histoire d'Inman, qui déserte pour sauvegarder son âme et retrouver la femme qu'il aime, et celle d'Ada, la jeune femme en question, qui avait jusque là été choyée et se retrouve à devoir extraire elle-même de la terre sa subsistance, nous suivons le périple intérieur de ces deux êtres qui vont devoir faire montre d'un courage sans faille pour espérer se revoir un jour, et peut-être se reconnaître. Les nombreux autres personnages qui croisent leur route sont tour à tour attachants, inquiétants, nobles ou vils, offrant une galerie de portraits aussi ténébreux et sensibles que les descriptions naturalistes qui jalonnent le texte.
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Ce livre est absolument magnifique. Tout, lesdescriptions, les personnages, la psychologie... de plus, malgès ce que l'on pourrait penser, il n'est pas question ici d'un roman à l'eau de rose, non, il est accessible à tous les lecteurs passionnés par cette branche de l'hisoire, les paysages sans fin, et la poésie dans chaque detail et dans le moindre geste banal que l'on trouve tellement chez les auteurs américains. Attention aux spoilers dans ma critique.

Retour à cold mountain, c'est avant tout une histoire de guerre, avec ses horreurs, au front comme à l'arrière (comme le dit dit Natalie Portman dans le film, "c'est partout pareil vous savez, vous trouverez ça derrière toutes les portes de cette guerre: L'homme décédé, la femme seule...")
Retour à Coldmountain, c'est l'histoire d'une femme qu'il s'accrohe à son passé et d'un homme qui s'accroche à son futur.
Ada est un personnage qui a beaucoup souffert et on a l'impression qu'elle n'attend plus rien de sa vie, si ce n'est le retour de l'homme qu'elle connaît si peu, et qui pourrait la ramener à l'époque où elle était heureuse, avec son père toujours vivant, avant la guerre, au merveilleux amour naissant qu'elle éprouvait pour Inman, un homme d'une condition nettement plus inférieure.
Inman, lui est décrit comme un homme qui s'accroche à la vie, il ne laisse jamais tomber, mais on sent tout le long du livre qu'Inman en fait sait très bien qu'il ne vivra pas, c'est pour ça qu'il part, pour apercevoir encore la femme avec laquelle il aurait construit sont futur, pour voir qu'il ne mourra pas pour rien.
Finalement, l'histoire reproduit le schéma tipique de ce qui se passait à cette époque, une jeunesse détruite par la guerre et ses horreurs.

Bien des livres n'ont pas d'adaptation au cinéma à la hauteur, mais celui d'Anthony Minghella mérite d'être vu, ce film est juste splendide, les acteurs se fondent dans leur personnages, surtout en ce qui concerne Jude Law et Renée Zellweger.
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Bouleversant roman d'amour, ode à la nature et au grand espaces américains.
Il s'appelle inman, elle s'appelle Ada.
Il est à la guerre, elle est seul dans leur contrée.
On suit leur histoire.
Tout deux veulent être ensemble se voir.
Un lien très fort les uni l'un à l'autre.
Jusqu'à ce qu'ils ce retrouvent pour le grand final.
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critiques presse (1)
Lexpress
27 juin 2016
Un roman-fleuve qui vaut le détour.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
« On aura beau pleurer à s’en briser le cœur, on n’en sera pas plus avancé pour autant. Le chagrin ne change rien à rien. Ce qu’on a perdu ne reviendra pas. Il restera perdu à jamais. Seules vos cicatrices empliront le vide. L’unique choix qu’on ait, c’est de continuer ou non. Mais si l’on continue, c’est en sachant que l’on emporte ses cicatrices avec soi. » (p. 475)
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Elle avait effleuré le dos de sa main, suivi du doigt le trajet d'une veine jusqu'à son poignet. Puis elle avait pris ce poignet et, en le serrant dans sa main, elle s'était demandé que effet cela ferait de sentir Inman tout entier entre ses bras.
Durant un bref instant, aucun des deux n'avait été capable d'affronter le regard de l'autre. Puis Inman avait retiré sa main et ôté son chapeau qu'il avait expédié d'un vol plané à travers la porte ouverte. ils avaient souri tous les deux, et Inman avait posé une main autour de la taille d'Ada et l'autre sur sa nuque. Les cheveux de la jeune fille étaient maintenus par une barrette, et ce fut la nacre froide qu'Inman sentit sous ses doigts lorsqu'il inclina vers lui la tête d'Ada pour le baiser qui, la veille, s'était refusé à eux.
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Lorsque Ada eut disparu au milieu des arbres, il eut l'impression qu'elle emportait avec elle une partie de la richesse du monde. Il était seul sur terre, et vide, depuis si longtemps. Et maintenant, Ada le comblait au point que c'était peut-être à dessein, pensait-il, qu'il avait du abadonner une partie de lui-même: pour laisser la place à quelque chose de mieux.
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Il vit une jeune femme brune s'avancer au milieu des chevaux et passer une bride à une jument grise. Elle portait un chandail d'homme sur une longue jupe noire, et elle était à peu près aussi jolie qu'une femme peut l'être. La noirceur de sa chevelure, sa façon de bouger, ses doigts graciles lui rappelèrent un instant Ada. Il s'attarda à la contempler tandis qu'elle ramassait le bas de sa longue jupe et de son jupon pour les coincer entre ses dents avant de monter sur la jument à califourchon, ses jambes blanches découvertes jusqu'aux cuisses [...] L'eau ruisselait sur son dos et ses flancs, et sa cavalière était trempée jusqu'aux hanches. Elle se penchait en avant pour garder l'équilibre, son visage presque contre l'encolure, sa chevelure mêlée à la crinière de la jument. Arrivée sur le plat, la femme enfonça ses talons dans les flancs de sa monture, et partit au galop à travers les arbres. Cette scène avait ému Inman qui remercia la providence de lui avoir accordé cette vision de bonheur.
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Il conclut en déclarant qu'Ada, même si elle tenait parfois du cactus dans son comportement, était, à son avis, extrêmement belle. Ses yeux n'étaient pas disposés de façon parfaitement symétrique dans son visage, ce qui lui donnait une expression éternellement triste, qui ne faisait que rehausser sa beauté.
La vieille femme regarda Inman comme si elle n'avait jamais entendu débiter de telles âneries. Elle pointa vers lui le tuyau de sa pipe : "Ecoutez-moi, dit-elle. Il n'est pas plus raisonnable d'épouser une femme pour sa beauté que de manger un oiseau parce qu'il chante bien. Et pourtant, c'est erreur très répandue".
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