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EAN : 9782918767640
312 pages
Asphalte (13/10/2016)
3.8/5   15 notes
Résumé :
Les triades ne sévissent pas qu’en Chine : elles se déploient aux États-Unis et en Europe. Seule Barcelone se croit encore épargnée. À tort, selon l’inspecteur Diego Cañas. Il charge son indic Liang, un Sino-Espagnol né à Hong Kong, d’infiltrer pour lui la très discrète mafia chinoise.
Un mois plus tard, on retrouve au petit matin la tête d’une femme sur un capot de voiture. Un crime atroce qui porte la marque des maras, ces gangs ultra-violents d’Amérique c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Les triades… Vaste programme ! Et contrairement à ce que certains pourraient penser : Non, une triade ce n'est pas un acte sexuel à trois !

La légende dit que la première Triade aurait été fondée par des moines bouddhistes du célèbre monastère de Shaolin afin de se venger du massacre des leurs perpétrés par l'empereur de la dynastie Qing.

La société noire dont nous parle ce roman fait donc référence aux triades chinoises et à leur main mise sur une partie de la population.

Tout les pays sont gangrénés par les triades chinoises ! Tous ? Non, la ville de Barcelone résiste encore et toujours à l'envahisseur... Enfin, la ville croit qu'elle y a échappé, mais les vers sont déjà dans le fruit et ce n'est plus q'une question de jours avant que leurs tentacules ne se referme sur la ville et sur son port.

Quand on se fait éponger sa dette par des capitaux chinois, on se doute qu'il n'en ressortira rien de bon puisque les créanciers tiennent le pays par les couilles. Tout le monde se doute que c'est de l'argent sale, mais aux grands maux les grands remèdes et puis, on sait que les banques ne se gênaient pas pour accepter le fric des dictateurs ou mafiosi.

Voilà un roman noir comme je les aime : une construction narrative qui fait des allers-retours entre le présent (après le braquage) et le passé (avant le braquage), en proposant plusieurs points de vue différents selon le narrateur, avec des personnages forts, très réalistes, possédant des côtés obscurs assez prononcés et pouvant y sombrer très facilement après quelques coups durs.

Entre l'inspecteur Diego Cañas, obsédé par les triades chinoises et qui se débat avec les problèmes que lui cause sa gamine de 15 ans; avec Juan Fernández Liang, jeune homme sino-catalan qui se veut plus chinois que les chinois et qui rêve de se faire le max de fric, aidé de son ami de toujours, l'escroc misogyne et raciste qu'est Pardales; la tête de dragon que pourrait être monsieur Soong, sans oublier la plongé dans l'univers obscurs des triades chinoises et des mareros (gangs latinos), pas le temps de s'embêter.

Un roman noir qui dévoile tout un pan social peut reluisant de la cité de Barcelone, avec ses ateliers clandestins remplis de Chinois qui doivent bosser toute la sainte journée et même plus, afin de rembourser le voyage payé par les triades, leurs banques clandestines, le racket des commerçants chinois, des crimes atroces...

Un roman noir qui possède son propre rythme, ses propres codes, des personnages attachants ou du moins, déroutants, avec de l'humour noir, de l'action, un braquage qui ne sera pas à l'italienne ou à l'anglaise, des cadavres qui se ramasseront à la pelle, des têtes décapitées et déposées sur le toit d'une voiture et une atmosphère digne des meilleurs romans noirs avec ces ghettos, ces habitants désoeuvrés et sa pègre.

Un roman noir qui nous explique les codes, la manière de recruter, d'agir, les origines des sociétés, les dessous des sociétés telles que les triades ou les maras, deux groupes qui ne gagnent pas à être croisés ! La misère n'engendrant rien de bon, les maras poussent dessus comme des mauvaises herbes sur du terreau enrichi d'engrais.

Un roman noir profond qui n'a qu'un seul défaut : un peu court... On aurait pu encore en dire bien plus !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Andreu Martin est un auteur catalan dont j'ai entamé l'ouvrage parce qu'il avait été publié dans la Série Noire et que je pensais, donc, qu'il n'écrivait qu'en français. Or, « Société noire », contrairement à mes lectures habituelles, n'a pas été écrit en français, mais a été traduit par la suite. Ma politique de lecture, depuis quelques années, est de ne lire que des textes écrits en français, car je suis adepte de l'aphorisme italien « Traduttore, tradittore » qui explique qu'un traducteur trahit toujours le texte qu'il traduit. du coup, pour être certain de lire exactement les mots que l'auteur voulait que l'on lise, je ne lis plus que des oeuvres écrites en langue française. Tant pis, un écart à ma politique de lecture qui est bienvenue.

Bienvenue, car ce fût une bonne lecture s'appuyant sur une bonne histoire, de bons personnages et des partis pris narratifs et un style d'écriture plutôt intéressants.

Car, si je ne cesse de me plaindre du manque d'originalité des auteurs de polars actuels qui reprennent, ad nauseam, le même genre de personnages, une idem narration, et un style au plus plat possible ici, Andreu Martin, aidé par sa traductrice, me propose, à travers quelques clichés légèrement esquissés, une narration efficace, à défaut d'être novatrice (mais peut-on encore être novateur en ce domaine), des personnages bien sentis et un héros attachant et un parti pris stylistique (dont je me demande, du coup, s'il est la volonté de l'auteur ou un résultat de la traduction) qui, bien que désarçonnant de prime abord, finit par faire sortir le roman des ornières de la production habituelle.

Société noire : Les triades ne sévissent pas qu'en Chine : elles se déploient aux États-Unis et en Europe. Seule Barcelone se croit encore épargnée. À tort, selon l'inspecteur Diego Cañas. Il charge son indic Liang, un Sino-Espagnol né à Hong Kong, d'infiltrer pour lui la très discrète mafia chinoise. Un mois plus tard, on retrouve au petit matin la tête d'une femme sur un capot de voiture. Un crime atroce qui porte la marque des maras, ces gangs ultra-violents d'Amérique centrale. Mais Cañas est convaincu que l'affaire est liée, d'une façon ou d'une autre, à son enquête sur les triades. Reste à le prouver à ses supérieurs…

Andreu Martin nous propose donc une immersion dans le monde interlope Barcelonais, en général, et dans le milieu chinois, en particulier.

Avec le personnage de Lian, immigré chinois né d'un père espagnol qu'il déteste et rejette au point de rejeter, avec, ses gênes hispaniques, l'auteur nous expose un héros des plus intéressants. Intéressant, car celui-ci répond à la fois à tous les clichés tout en les explosant. Clichés sur les Chinois inhérents à un personnage qui se veut plus chinois que le plus chinois des Chinois, allant jusqu'à devenir professeur d'arts martiaux et philosophe à ses heures perdues. Explosion consécutive à ce chinois qui se veut plus chinois que le plus chinois des Chinois, mais qui va oser faire ce qu'aucun bon chinois n'aurait osé : s'en prendre à la triade qui exploite les immigrés chinois jusqu'à la corde quand ceux-ci, en retour, bossent jusqu'à épuisement dans le but de gagner quelques euros pour rentrer, ensuite, chez eux.

Car Lian ne supporte plus cette particularité (cliché ?) du Chinois qui ne fait pas de vagues et décide de prendre tous les risques pour venger les siens (mais ont-ils envie d'être vengés ?).

En parallèle, Andreu Martin tisse un monde policier qui n'est ni tout blanc ni tout noir, du flic corrompu qui profite de sa position pour s'enrichir à celui qui, pour faire son travail le mieux possible, est prêt à utiliser son indic et le manipuler.

Et ce gris, qui va du gris clair au gris foncé, dans un monde qui se veut en noir et blanc (le Yin et le Yang), pose sa chape de ciment sur tout l'ouvrage.

À travers une narration naviguant entre passé et présent, autour d'un acte fondateur du roman, pour montrer l'évolution des personnages et de la situation, expliquer comment les protagonistes en sont arrivés à faire ce qu'ils ont fait, pour exposer les conséquences des actes de chacun, Martin Andreu tisse une toile dont le lecteur ne parviendra pas à se dépêtrer et dont il ne voudra pas s'échapper, trop attiré par le point central que devient le point final.

Car, ici, chacun se sert de l'autre, volontairement ou sans s'en rendre compte et, tout le monde devient donc responsable des dommages irréversibles que les actes des uns, interagissant avec ceux des autres, vont produire.

Au final, un bon roman, une bonne intrigue, un bon style, de bons personnages, la seule chose que je pourrais reprocher à ce livre, c'est qu'il soit le résultat, ne serait-ce que partiel, d'une traduction...
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Quand une tête est retrouvée sur le toit d'une voiture, même à Barcelone dans le quartier de Sants, ça fait désordre. Quand le reste du corps commence à se balader accroché à une boule d'attelage, ça devient carrément gênant pour la police. Les mossos d'Esquadra, la police catalane, penche pour un crime de mareros car les gangs latinos font depuis quelques temps leur nid à Barcelone et les maras salvadoriennes commencent à débarquer en Catalogne. de son côté, l'inspecteur Cañas pencherait plutôt pour les Chinois. Dans une région dont les dettes consécutives à la crise économiques sont épongées en partie par des capitaux chinois, où fleurissent les ateliers clandestins et où le port de commerce est en train de devenir le plus grand de la Méditerranée, les Triades s'implantent et n'aiment pas qu'on leur marche sur les pieds. Justement, un mois plus tôt, un indicateur de Cañas, Liang, a commencé à infiltrer pour son compte une de ces sociétés noires… au risque d'être tenté de faire cavalier seul.
Excursion dans une Barcelone interlope dans laquelle se croisent les mafias du monde entier attirées par le miracle économique un peu boiteux de la Catalogne et un port immense qui facilite tous les trafics, Société noire n'est pas pour autant un essai sur le crime organisé. Au contraire, Andreu Martín joue avec les fantasmes que peuvent provoquer maras et triades, sur les stéréotypes, et, d'une certaine manière, se plaît à les prendre à contrepied. Ainsi en va-t-il de la savoureuse description du cheminement de la rumeur qui fait des Chinois les auteurs du meurtre qui ouvre le récit et plus encore de celle des mareros barcelonais « de souche » issus de la classe moyenne aisée.
Surtout, Martín nous propose de rencontrer deux personnages hauts en couleurs. Juan Fernández Liang, d'abord, sino-catalan adepte des arts martiaux et bien décidé à devenir plus chinois que n'importe quel chinois, porté par des rêves certainement trop grands pour lui et affligé en la personne de Pardales, escroc de bas étages raciste et misogyne, d'un boulet particulièrement pesant. L'inspecteur-chef Diego Cañas ensuite, bon flic a priori mais dépassé par sa fille adolescente rebelle et fugueuse et qui se retrouve sur la corde raide, partagé entre l'envie de résoudre l'affaire dont il n'est pas chargé et de trouver un exutoire à la rage qu'il ne veut pas déverser sur sa famille.
Tout cela nous donne un roman extrêmement rythmé, bourré d'humour et d'action et doté d'un arrière-plan social et politique intéressant. C'est peu dire que l'on prend plaisir à lire cette histoire échevelée.
Andreu Martín, nous dit l'éditeur de Société noire, a déjà publié en France dans les années 1980, à la Série Noire, deux romans. On risque bien d'aller voir de ce côté-là aussi. Parce que s'ils sont aussi bons que le roman que publient les éditions Asphalte, il y a sans doute de quoi s'amuser.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Barcelone au mois de mai, sous la pluie. Au petit matin, un automobiliste découvre sur le toit de sa voiture une tête de femme. Quelques heures plus tard, on découvre le reste du corps. À quelques kilomètres de là, le cadavre mutilé d'un homme est retrouvé par les policiers. Dans le même temps, une famille de dealers est sauvagement assassinée.
Le printemps se fait rouge sang et l'inspecteur Diego Cañas n'a qu'une idée en tête : ce sont les triades chinoises qui ont fait le coup. Les triades à Barcelone ? Personne ne veut y croire.

Andreu Martín est un auteur de polars très connu en Espagne et pourtant je n'avais jamais entendu parler de lui. C'est grâce à l'opération Masse Critique que j'ai pu découvrir son dernier roman, Société Noire (j'en profite pour remercier Babelio ainsi que les Éditions Asphalte pour ce cadeau).
Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire à cause du style « journalistique » de l'auteur, une fois accoutumée au rythme, je me suis prise au jeu.

Il faut dire que l'histoire n'est pas banale et que les personnages sont intéressants. D'abord Cañas, flic usé dont la fille vient de disparaître et qui découvre une administration pourrie plus encline à servir les intérêts électoraux des politiques que la justice.
Ensuite Liang, jeune chinois indic de Cañas, rêvant d'une vie meilleure et faisant les pires conneries pour atteindre son but.
Dès le départ, j'ai ressenti de l'empathie pour ces deux hommes et j'avais hâte de découvrir leur destinée. Je n'ai pas été déçue du voyage.

Le récit est haletant, rythmé, drôle et noir de chez noir. le roman n'est pas très épais, c'est là son seul défaut.
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Si vous souhaitez vous orienter vers l'urbain et vers le style propre aux pulps, il faudra vous intéresser aux publications de la maison d'éditions Asphalte que je ne cesse de vous recommandez avec ses ouvrages tirés de la veine hispanique des polars. Vous transiterez du Brésil avec Psiica d'Edyr Augusto (Asphalte 2016) au Chili avec Tant de Chiens (Asphalte 2015) et Les Rues de Santiago (Asphalte 2014) de Boris Quercia en passant par l'Espagne avec J'ai été Johnny Thunders (Asphalte 2016) de Carlos Zanon, un des grands romans noirs de la collection où l'on arpentait les rues désenchantées de Barcelone. Des récits secs et nerveux, dégageant les relents acres de ce bitume qui donne son nom à cette maison d'éditions atypique. Loin d'être un novice dans le genre, puisqu'il compte, parmi la kyrielle d'ouvrages à son actif, deux titres traduits en français dans la Série Noire, Andreu Martin intègre donc l'écurie Asphalte avec Société Noire, un polar qui se déroule dans le monde interlope d'une ville de Barcelone bien éloignée des représentations touristiques.

« Des têtes vont tomber ». A Barcelone, l'expression n'est pas galvaudée puisque l'on découvre la tête d'une femme posée sur le capot d'une voiture. La police met également à jour les corps d'une famille ayant subit des sévices similaires. Les autorités penchent pour un coup des mareros, ces gangs d'Amérique centrale qui inspirent désormais la jeunesse désoeuvrée de la cité catalane. Mais pour l'inspecteur Diego Cañas, il se peut que ce soit l'une des très discrètes triades chinoises, bien implantées dans les rouages économiques de la ville qui soit responsable de ce massacre. Il voudrait en savoir davantage, mais il se trouve que Liang Huan, son indic chargé d'infiltrer l'une de ces société secrètes, ne donne plus de nouvelle, au moment même où un étrange braquage a eu lieu dans un entrepôt d'un « honorable » homme d'affaire chinois. Liang aurait-il décidé d'agir pour son propre compte ?

Avec Société Noire, Andreu Martin dresse le portrait au vitriol d'une ville de Barcelone enlisée dans les déboires économiques qui laissent la poste ouverte aux membres de diverses factions mafieuses qui s'implémentent dans un contexte social délabré où une jeunesse sans espoir se tourne vers les modèles de ces gans issus d'Amérique centrale ultra-violents tandis que les pouvoirs politiques ferment les yeux sur une partie des capitaux suspects que certaines sociétés chinoises injectent afin de remettre à flot les structures de ce qui constitue le plus grand port de la Méditerranée. Une fois le contexte, posé, l'auteur décline une atmosphère âpre et haletante dont la temporalité est rythmée au gré de chapitres qui se déclinent tout autour d'un mystérieux braquage. Un texte prenant, ponctué de phrases courtes qui permettent de digérer très aisément les références servant à appréhender tous les ressorts sociaux et économiques qui jalonnent ce roman bourré d'humour et de testostérone.

On découvre ainsi les différents rouages de cette intrigue échevelée, mais qui, au final, se révèle extrêmement bien structurée, par le biais des points de vue de Diego Cañas, inspecteur de la police et de son indic, Liang Huan. le flic en proie à des soucis familiaux bien plus importants que l'enquête qu'il est en train de mener doit faire face à son adolescente de fille rebelle tandis que l'indic sino-espagnol tombe amoureux de la fille du chef de la triade qu'il doit infiltrer. Malgré la fureur d'un roman jalonné de péripéties captivantes, Andreu Martin prend le temps de s'attarder sur l'entourage de ces deux protagonistes qui donnent ainsi une dimension très humaine au récit. Une somme de chassé-croisé, de poursuites infernales et de règlements de compte sanglants feront que le lecteur se retrouvera plongé dans une spirale infernale où la violence devient l'inexorable recours de cette fuite en avant qui semble perdue d'avance.

Société Noire nous entraîne donc dans l'atmosphère délétère de ces gangs et de ces entreprises mafieuses que l'auteur s'emploie à dynamiter au gré d'un texte où le fantasme côtoie une réalité bien plus trash qu'il n'y paraît. Âpre et rugueux, teinté d'un climat bien sombre, Société Noire comblera les attentes des aficionados des récits de pulp magazines.

Andreu Martin : Société Noire (Societat Negra). Asphalte éditions 2016. Traduit du catalan par Marianne Millon.

A lire en écoutant : Love Will Tear Us Apart de Joy Division. Album : Les Bains Douches 18 December 1979. NMC Music 2001.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
J’avais approché Pei Lan pour la première fois il y avait longtemps déjà, à la demande de Cañas. Il voulait des informations sur monsieur Soong et je connaissais Cheng, un type qui conduisait des camions pour lui ; on le surnommait King Kong parce qu’il avait l’air d’un gorille. C’était Cheng qui m’avait dit que Soong avait une fille, une étudiante complètement déjantée, dont son père avait ras le bol parce qu’elle se foutait de l’ancestrale autorité patriarcale, et qui s’était occidentalisée à mort, avec des piercings, des tatouages et des mèches de couleur. « On dirait une Japonaise », m’avait dit Cheng avec mépris. Lui, dealer, amateur de prostituées et voleur, déplorait que les jeunes ne respectent plus rien de nos jours. Les Chinois arrivaient ici dans le but de réussir, ils ouvraient un commerce et travaillaient sans relâche, vingt-cinq heures par jour, mais pendant ce temps leurs enfants grandissaient, livrés à eux-mêmes, devenaient des bananes – jaunes dehors, blancs dedans – et ils étaient incapables de parler chinois. Pei Lan, par exemple, devait se rendre trois fois par semaine dans une école de langues de la rue Roger de Lluría pour y apprendre le mandarin auprès d’un professeur catalan.
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Au petit matin, sous une pluie qui tombe sans répit depuis le dimanche, on sécouvre une tête de femme sur le toit d'une Lexus garée rue Joan Güell, dans le quartier de Sants.
Une tête volumineuse, les chairs flasques, les joues affaissées, un double menton évoquant un goitre, des lèvres entrouvertes et épaisses, un œil ouvert et une paupière tombante, des cheveux clairsemés collés au crâne, le tout d'une couleur céruléenne, irréelle.
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— Et les gouvernements savent qu’il n’y a pas de commerce plus lucratif que celui de la peur. Une population terrifiée, c’est une population soumise… Sans parler des entreprises de sécurité privée, qui en retirent également des bénéfices. La peur vient du pouvoir, mais elle génère de la violence, et les plus faibles réagissent en attaquant.
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— Et la peur pousse nos gamins à se chercher, à se regrouper en bandes, à s’armer et à foncer. Alors les maras arrivent, déjà bien structurées, et leur montrent comment s’y prendre. Des gamins de onze ans appartiennent aux maras d’ici ; beaucoup d’entre eux sont nés ici, de parents catalans. Ils adoptent les tatouages, le langage par signes, les clins d’œil, l’idéologie, la légende, la façon de s’habiller. Ces baggys, qui sont à la mode, ils viennent des prisons, là où on leur retire leur ceinture pour empêcher les types de se pendre. Les prisonniers se distinguent par leurs tatouages, et maintenant tous les gamins les imitent, comme s’ils se sentaient attirés par la marginalité, comme s’ils voulaient se mettre eux-mêmes hors-jeu, comme s’ils s’identifiaient à ceux qui n’ont aucun avenir et doivent se débrouiller seuls.
— Et ils finissent par sombrer dans la délinquance, conclut Montse.
— Ils commencent par là, précise Víctor. Et ils vont plus loin.
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— De la misère, dit-il comme une sentence. Des ghettos, où les pauvres n’ont aucune issue valable. Tu as dû entendre dire que, au Guatemala, au Salvador, au Honduras, les riches sont très riches et les pauvres, très pauvres ? Eh bien, dans leur cas, pauvre, c’est extrêmement pauvre. Tu n’imagines pas. La misère la plus absolue, la faim, la vie dans la rue. Ils n’ont pas accès aux études, et ils n’ont aucun espoir de travail non plus. On appelle ça des desperados, aux États-Unis. Et surtout, ils sont remplis de rancœur, ils sont chargés de haine, ils savent qu’ils n’ont rien à perdre. Qu’ils sont nés en ayant déjà tout perdu. Ils viennent de quartiers imprégnés d’un machisme sauvage, où les hommes engrossent les femmes et se désintéressent de leurs enfants, car ils ne peuvent pas s’en occuper non plus, ils n’ont pas de quoi les faire vivre.
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