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EAN : 9782415000936
240 pages
Odile Jacob (09/02/2022)
4/5   4 notes
Résumé :
Quel modèle productif se dessine pour la France d’aujourd’hui ? Et avec quelle gouvernance ? Ce livre est animé par une conviction : dans un monde de plus en plus régi par les rapports de force, où la dépendance a tôt fait de se transformer en vulnérabilité, renouer avec l’ambition de souveraineté industrielle est une nécessité. Car toute politique industrielle est une politique de développement. Comment négocier aujourd’hui cette nouvelle étape de la mondiali... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'objet de "Souveraineté industrielle. Vers un nouveau modèle productif", publié début 2022, est d'illustrer le retour en faveur des politiques industrielles.
La valeur du livre tient bien-sûr à l'actualité du sujet. Mais plus encore à l'expérience qu'Elie Cohen a du sujet, à la clarté de ses approfondissements et à son aptitude à présenter les faits positivement tout en ne masquant pas les difficultés et les risques.

Dans une première partie il montre, exemples à l'appui, qu'en fait, les Etats ont depuis fort longtemps des politiques industrielles, même si celles-ci sont pas toujours mises en avant. Il montre par ailleurs que des réflexions à leur propos ont toujours eu cours.
Il fait apparaître, au-delà des explications habituellement données, les ressorts cachés de certaines réussites et de certains échecs.
Il estime qu'il n'est cependant pas possible d'imaginer écrire une "recette de la bonne politique industrielle" tant les facteurs en jeu sont nombreux et variables. L'empirisme reste donc de mise.

Dans deuxième partie Elie Cohen présente dans un assez grand détail les plans français actuels puis passe en revue les plans d'actions européens. Il souligne que la Commission, prenant acte des limites de sa conception originelle de la politique de concurrence, a pris un tournant et qu'une politique industrielle européenne est bien en train de se mettre en place. Cette deuxième partie se veut optimiste mais là encore l'auteur ne manque pas de souligner les difficultés et les incertitudes.

Je joins en citations quelques passages pour donner des exemples du ton de l'ouvrage, sans aucunement prétendre, ce faisant, résumer la pensée riche et nuancée de l'auteur.
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
20 octobre 2023
Le livre d’Élie Cohen pourrait rappeler, face à chaque nouvelle étape de la crise de restructuration de l’industrie et des services, l’esprit de Colbert, Turgot, Guizot, Méline ou de leurs successeurs des IVe et Ve Républiques reste vivace à propos de la compétitivité d’une France toujours confrontée aux assauts concurrentiels.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Entrer dans la course, ou y rester, est désormais la question centrale pour toutes les économies développées et pour de larges pans des émergentes. Le risque identifié par tous étant de rester sur place, d'être rétrogradé, et de sortir de l'histoire pour entrer (ou rentrer) dans la catégorie des États de seconde zone.
Le contexte global n'est pas seulement de la globalisation, de la compétitivité globale dans une division internationale du travail. (...) Ce contexte est celui d'un monde qui n'est plus seulement celui de Smith et Ricardo, mais aussi celui de Schumpeter.
Toute la difficulté pour la France est qu'elle doit terminer son apprentissage du monde précédent, en achevant de se mettre à niveau sur les questions de compétitivité, tout en entrant résolument - avec tous les autres joueurs, dont l'Allemagne et le reste de l'UE pour lesquels un apprentissage s'impose également - dans le monde nouveau, celui de la destruction créatrice. Or ce monde nouveau n'est pas que schumpéterien. Il ne se réduit pas à une vie « organique» où des structures meurent tandis que d'autres naissent, où des entités croissent tandis que d'autres déclinent. Il n'est pas seulement économique, mais aussi politique: il mobilise des acteurs, de l'argent public, une concurrence féroce où la puissance publique fait feu de tout bois pour accompagner ses champions ou ses équipes. Un monde aussi où la dimension de déclassement n'est pas qu'économique, mais dans sa dimension technologique amène une perte plus profonde de souveraineté. Un monde, donc, où la question de la sécurité, celle de la dépendance, ne se joue pas que dans la disponibilité des cachets d'aspirine, mais dans la capacité à se projeter vers l'avenir.
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(Les) questions de gouvernance (sont) le principal défi des années qui viennent. Car une fois compris qu'une stratégie ambitieuse mobilisait tous les segments d'intervention, de la politique de la recherche à la fiscalité du capital en passant par la commande publique ou le développement territorial, il est évident que dans ce jeu complexe les intérêts sont nombreux, potentiellement contradictoires, et peuvent interférer dans les décisions par de nombreux moyens : lobbying des industriels, pression des acteurs territoriaux... sans même parler des dépendances de sentier qui aveuglent les grands industriels et les administrations, et des lubies diverses qui animent les mondes de l'innovation et n'épargnent pas les décideurs politiques. (...) Sur le papier, ainsi, l'hydrogène coche toutes les cases : grands et petits acteurs, enjeux environnementaux, indépendance énergétique, alignement entre stratégie nationale et européenne, places à prendre dans un marché mondial où nous sommes proches de la frontière technologique. Mais un décideur avisé - petit ou grand patron, ministre ou président, décideur territorial ou acteur du capital-investissement - doit garder en tête que cet édifice peut parfaitement se révéler fragile, et que la vraie difficulté dans ce cas ne sera pas de lancer le programme, mais de le débrancher.
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L'État n'est pas moins qualifié que les entreprises pour faire des choix de spécialisation. Mais il risque tout autant qu'elles de prendre des décisions mal informées, d'oublier les dynamiques du marché, de ne pas saisir les signaux faibles.
La nouvelle politique industrielle se joue, nous l'avons vu, dans un monde schumpéterien, dont les règles sont celles de l'innovation: jouer de vitesse, faire preuve de réactivité, assumer un passage à l'échelle et une augmentation de la masse critique, mais aussi savoir reconnaître un échec et pivoter. La nouvelle politique industrielle doit donc conserver de l'ancienne le sens de la durée, de la stratégie, de la décision à coups de milliards. Mais elle doit apprendre l'agilité, la souplesse. Elle instruit ses décisions dans un dialogue avec des acteurs variés, et s'appuie autant que possible sur des formes décentralisées, des acteurs locaux, des firmes moyennes ou petites.
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Une « technique» chinoise en particulier a fini par être bien identifiée, qui montre toute la fragilité de la notion de chaîne de valeur mondiale si on croit naïvement qu'il s'agit simplement de commerce (libre, ouvert) quand c'est de pouvoir qu'il s'agit. Pouvoir de marché exercé par des firmes prédatrices qui s'emparent de segments critiques de la chaîne pour asservir les autres segments et s'en emparer aussi ; ou pouvoir au sens politique quand c'est l'État chinois qui supervise cette stratégie au détriment d'un autre État et de son écosystème industriel, comme on l'a vu quand la Chine, après s'être déployée dans la production des terres rares, a réduit ses exportations vers le Japon, ménageant ainsi à ses propres acteurs industriels un accès qui leur a permis de prendre des positions fortes sur des segments à haute intensité technologique et à haute valeur ajoutée.
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Les ratés de la mondialisation, les dépendances et les faiblesses des économies nationales, la perception de plus en plus vive du rôle crucial des Etats dans les succès industriels des pays émergents, tout cela achève de replacer au centre du jeu des notions qui avaient, depuis quelques années et sous des formes parfois erratiques, commencé à faire leur retour : la souveraineté, le contrôle. Dans un monde ouvert, la question de « perdre le contrôle» ne se pose pas. Au contraire : elle fait
partie des règles. Dans un monde qui se referme, elle se repose.
(...)
L'émergence d'une inquiétude sur la souveraineté renvoie à autre chose : la perception d'un monde où règne, à nouveau, la force. Un monde où les choix seront plus contraints qu'ils ne le sont dans le régime d'échanges croisés qui a marqué la première phase de l'intégration de l'économie mondiale.
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Videos de Élie Cohen (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Élie Cohen
Club de l'Économie | session du jeudi 17 mars 2022
"Montée des tensions, révolution numérique, guerre en Ukraine : quelle souveraineté pour l'Europe ?"
Révélée par la crise sanitaire et les tensions entre les Etats-Unis et la Chine, la fragilité économique et stratégique de l'Europe éclate au grand jour avec la guerre à ses portes, notamment dans le domaine du numérique. Est-il encore temps pour l'Europe de gagner son indépendance économique et stratégique ?
Rencontre avec Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes, suivie d'un débat avec Cédric O, Elie Cohen et Sylvie Matelly.
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