Toxiques

La mission est répétitive et c'est dans cette répétition que réside tout sont intérêt : photographier année après année l'évolution d'un site. Les rituels sont en place depuis longtemps, les visages rencontrés sont familiers : peu de surprises sous le soleil du sud.

Pourtant cette fois, sur un mur tagué, une inscription se détache « Lovana on t'as pas oubliée». Pour la narratrice, c'est le début d'une enquête hors sujet mais riche de révélations sur les dérives de nos modes de communication. Qui était Lovana ? Qu'est-elle devenue ?

Outre ce récit émouvant autour du cyberharcèlement, de ses mécanismes, de ses catégories (on apprend beaucoup en lisant ces lignes) Suzanne Privat établit un parallèle avec les toxiques issus de notre mode de vie, les polluants éternels qui souillent le sol ou les êtres.

Si le fond et la raison d'être du récit tardent à apparaître , le texte n'en est pas moins fort et suscite des abîmes de réflexion sur ce qu'est en train de devenir notre monde.

250 pages Les Avrils 3 avril 2024
#Toxiques #NetGalleyFrance
Lien : https://kittylamouette.blogs..

POIGNANT & NÉCESSAIRE 👊

Constance est une photograhe scientifique qui s'est passionnée pour les traces laissées par le temps autour de Miramas. Lors d'une exploration, un tag rouge sang l'interpelle. "Lovana on ne t'a pas oubliée". Alors elle se souvient. de cette jeune fille moquée, de ces vidéos de rap sur Youtube, de ce lynchage numérique d'une violence absolue.

Entre fiction et réalité, "Toxiques" évoque le premier cas de harcèlement en ligne. Quinze ans après, à travers Lovana du 13, l'autrice rend hommage à cette femme qui a vu sa vie brisée par des mots d'une cruauté sans égale, envoyés avec l'anonymat que permet les écrans.

"Selon une étude de 2022, 60 % des 18-25 ans ont
été victimes de cyberharcèlement. Parmi eux, 49 %
ont déjà pensé au suicide." Chiffres aussi implacables qu'hallucinants.
Dans cet ouvrage Suzanne Privat nous invite à nous questionner, à ouvrir les yeux. Elle s'interroge sur les mécanismes, sur les raisons qui poussent certaines personnes à se défouler. Internet s'est changé en un punching ball pour déverser cette cruauté qui déborde et c'est terrifiant.

Entre dureté et poésie la plume de Suzanne Privat est sublime. C'est punchy, ça claque et ça prend aux tripes jusqu'au dernier chapitre qui m'a laissée au bord des larmes.
Hommes (avec un grand H) toxiques, réseaux toxiques, propos toxiques.
Et pas de bouton effacer pour revenir en arrière. Car internet n'oublie pas. Jamais. Et la mémoire des harcelés non plus. La violence des propos est imprégnée pour toujours. À jamais.

Crush pour ce roman signé Les avrils. À découvrir absolument 💜💛

« Lovana on t'a pas oubliée », des lettres tracées en rouge vif sur un mur suffisent à interpeller notre narratrice, Constance. Elle est photographe scientifique et son oeil scrute le temps qui passe dans le paysage de Miramas, à travers son objectif. D'ailleurs, cet oeil vif apporte aux pages une sorte de poésie, une douceur dans la description des paysages. Cette douceur vient contraster le sujet principal : la toxicité des réseaux sociaux, le harcèlement qu'ils peuvent créer.

Lovana c'est cette jeune fille qui a publié un rap en 2009 sur YouTube, elle a été la cible des railleries, mise à mal sur les ondes, criblée d'insultes sur les murs des villes et sur ceux des réseaux sociaux. Lovana n'est pas son vrai prénom, cette histoire et tirée d'un fait réel et j'ai de suite saisie de qui il s'agissait, 15 ans après. Il s'agissait du premier cas de harcèlement en ligne en France.

Avec ce fait, Suzanne Privât va sonder les abîmes du net, cette porte grande ouverte aux injures, qu'il est facile derrière son écran de lyncher tout en se cachant. Elle va jusqu'à aller interroger le bourreau pour comprendre le mécanisme d'attaque. J'ai d'ailleurs particulièrement aimé le chapitre dédié au psychiatre. le harcèlement en ligne révèle la grande cruauté dont l'homme est capable.

À travers ce fait réel, Suzanne Privât se rappelle d'un drame personnel, elle fait émerger le passé pour continuer à avancer, tenter de cicatriser les plaies béantes d'une vie. Et tout en retraçant ces toxicités, elle décrit Miramas avec une grande affection, on traverse la ville à ses côtés avec admiration.

Un livre qui dénonce grâce à une construction stimulante. le sujet est grave, la loi ne suit pas, le lynchage continuera.