Mon mari et moi hésitions à acheter ce livre. Nous pensions ne rien apprendre de lui, ayant suivi l'affaire avec attention. Nous préférions donc l'emprunter auprès de la bibliothèque mais une jeune femme pétillante, militante kurde rencontrée grâce à Instagram, a décidé de nous l'offrir. Nous la remercions pour ce geste adorable qui m'a permis d'en apprendre davantage. Ce sont des détails mais ils ont leur importance et ils me permettent de vous conseiller ce livre qui ne peut qu'éclairer celles et ceux qui ne savent rien sur le sujet. le sujet, c'est – le titre l'indique – l'assassinat de trois militantes kurdes le 09 janvier 2013 à Paris; triste jour de deuil, un de plus, pour les Kurdes.
Laure Marchand écrit tout sur cette affaire: qui sont les jeunes militantes, où et comment elles ont été tuées, qui est soupçonné de leur assassinat, qui sont les probables commanditaires… Elle dit la réticence de la Turquie à collaborer, la lâcheté de la France qui refuse de s'impliquer. Elle dit ce que les Kurdes savent déjà. Et je dois dire que la lassitude, la déception, le désarroi sont encore là.
En lisant ce livre, la douleur est remontée. Les larmes n'ont pas coulées mais mon coeur, lui, a saigné. Comme pour beaucoup de Kurdes, l'assassinat de ces militantes en plein Paris m'a bouleversé, secoué. J'ai pleuré leur mort à chaudes larmes ce 09 janvier 2013. Habituée pourtant à la triste actualité des Kurdes, toujours confrontés à la mort en Iran, en Syrie et encore aujourd'hui en Turquie, j'ai eu du mal à encaisser, à accepter leur assassinat. Sans doute parce qu'il a eu lieu en France? Je ne suis pourtant pas naïve. Je sais que les assassinats politiques peuvent se faire sans impunité en France mais que voulez-vous, savoir est une chose, le vivre et le confirmer, par ricochet, en est une autre. Voir un gouvernement prétendu de gauche courber l'échine devant le régime turc, voir la France nier ses valeurs – composantes apparemment essentielles de son identité – pour quelques intérêts politiques et économiques, c'est, encore une fois, et comme d'habitude, vivre une effroyable déception, tuer le peu d'espoir qu'il peut rester en la Justice. C'est la colère qui remonte, le désespoir qui refait surface. C'est une véritable détestation de la politique telle qu'elle est exercée dans ce monde où la justice et la démocratie sont encore et toujours, pour les plus démunis, un idéal à atteindre par une lutte acharnée permanente. Que l'on soit pour ou contre les activités militantes de ces femmes, peu importe, elles ne méritent pas la mort. Se taire devant l'inconcevable, devant l'inacceptable, par pure lâcheté, ou par intérêt, c'est participer à la mise à mort, c'est la confirmer, c'est l'accepter. C'est avoir une responsabilité. Au gouvernement français de l'assumer.
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