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EAN : 9782072912535
19 pages
Gallimard (21/04/2020)
4.39/5   9 notes
Résumé :
Toutes les futurologies du vingtième siècle qui prédisaient l’avenir en transportant sur le futur les courants traversant le présent se sont effondrées. Pourtant, on continue à prédire 2025 et 2050 alors qu’on est incapable de comprendre 2020. L’expérience des irruptions de l’imprévu dans l’histoire n’a guère pénétré les consciences. L’arrivée d’un imprévisible était prévisible, mais pas sa nature.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Tracts de Crise (N°54) - Un Festival d'incertitudes d'Edgar Morin, est une petite prose plus longue, un texte concentrant à son essence la certitude de ces incertitudes, celles qui gangrènent la moralité, celles qui échappent à l'humanité, celles qui campent l'être humain à sa juste valeur, la vérité est subjective, la vérité vacille, les intérêts sont presque une identité propre à justifier l'injustifiable. Edgar Morin est un homme des années folles, naissant en 1921, il connut la deuxième guerre mondiale, c'est un philosophe, sociologue et un médiologue, son expérience est la sagesse de ces mots et sa justesse de regarder pour ensuite constater, c'est surtout un penseur de la complexité.
Sa maxime « Attends-toi à l'inattendu. » prend toute son ampleur dans cette période de pandémie et de confinement, ce diptyque est indissociable, l'un regarde l'autre, l'une est naturelle et l'autre un choix de peur et d'incompétence, ce virus attise nos incertitudes face aux désordres qu'il fait place dans toutes les sphères sociétales et mondiales.
Edgar Morin introduit son essai par la prophétie de Bill Gates de 2012, lors d'une conférence, prévoyant cette pandémie virale, incitant à la prévoir pour la combattre. Mais hélas 2020, le COVID19 plonge le monde dans un désarroi sans précédent hors conflit de guerre, aucun pays n'était préparé, pour notre Philosophe, c'est les conséquences de notre conformiste intellectuel et nos habitude qui détestent être dérangés. La France c'est libéralisé, le profit dématérialisant les lits d'hôpitaux, ce tout laissa la place à ce virus pour qu'il puisse tuer, nous avions tombé les armes pour gagner quelques profits…
Ce tract de crise est un texte complet sur cette pandémie et ses conséquences, Edgar Morin pose sa réflexion dans une structuration de pensées bien ordonnées, condensées dans plusieurs chapitres, cette complexité devenu dans cette prose une forme de logique en plusieurs strates qu'il faut identifier et analyser, cette structure de pensée éclaire la situation sans la juger, c'est juste une description et une analyse de constat en désirant se poser les questions du futur et de la ligne de conduite à suivre, ce texte nous ramène à cette femme Hannah Arendt et son livre Condition de l'homme moderne, sur le statut de l'homme et la dimension de « l'homme moderne ».
LE DÉFI DE LA COMPLEXITÉ, son premier chapitre aborde l'inconnu du virus, et des incertitudes nouvelles, de la confusion des connaissances, de cette effervescence incontrôlée laissant place à une domination de « la pensée disjonctive et réductrice » dans la politique et l'économie, régnant sur notre société!
GRANDEUR ET FAIBLESSE DE LA SCIENCE, ce deuxième chapitre montre la complexité de la science et de ces controverses, toujours en proie à des incertitudes, cette ambivalence est l'apanage de la science moderne.
INCERTITUDES ET DYNAMIQUES DE CRISE, ce troisième chapitre est cette crise qu'il aborde dans son livre Sur la crise édité en poche en 2020, cet essai au sous-titre « L'avenir passe par la résistance », nous découvrons l'ambiguïté de l'être humain, ceux de la haine et du vice et les autres de l'espoir de l'avenir, c'est la dérive et solidarité qui s'opposent et tous ce qu'elles se confrontent
UN MONDE INCERTAIN ET TRAGIQUE, ce quatrième chapitre est plus philosophique sur cette notion de mort, celle de la combattre en la retardant mais celle-ci est naturelle à la vie, ce virus nous tue…
DE LA PANDÉMIE À LA MÉGACRISE GÉNÉRALISÉE, ce cinquième chapitre dévoile la dérive de notre société dans sa structure, chaque pays allant dans son sens, chacun désolidarisé de l'autre, se volant des masques, un virus bouleversant notre monde, le politique, l'économie. Nous devons nous interroger, nous poser les questions, sur notre avenir et des changements à faire face à cette société de consommation et d'éphémères…Edgar Morin conclut par cette phrase magnifique :
« En somme, le confinement physique devrait favoriser le déconfinement des esprits.
L'EXPÉRIENCE DU CONFINEMENT cet avant dernier chapitre donne le sens du confinement à travers nos conditions de le vivre et en donne ses limites psychologique, pour une liberté retrouvée et toujours à réfléchir sur les comportements à apporter et l'espoir d'une révolution amorcée.
VERS UN HUMANISME RÉGÉNÉRÉ ?, ce dernier chapitre est surtout une interrogation longue, une réflexion de chacun à chacun, une méditation de soi, il y aura comme souvent une lutte entre deux modes de vies, celle actuelle avec ses démons ou une autre plus humaine, c'est une lutte entre les forces du pire et du meilleur selon Edgar Morin, ou cette lutte antique entre Éros et Thanatos, j'aimerai pour ma part comme Edgar Morin choisir Éros…
Edgar Morin ne donne pas de leçon, il interroge la conscience de chacun, il pose les incertitudes de cette pandémie et du paysage de notre société face à cet événement naturelle de la vie, un virus tuant les femmes et les hommes, les enfants, un virus inconnu, venant de nulle part stoppant l'économie libérale, privant la liberté de certains, creusant la misère sociale, et surtout ouvre les yeux sur la société mondiale et ses carences, Edgar Morin par sa conclusion intime par sa naissance, celle du miracle, de l'amour de sa mère, donnant vie au péril de sa vie, un Gynéco téméraire insufflant le souffle de la vie à cet enfant fragile, et son parcours de vie, de la résistance, la maladie, et surtout l'amour d'une vie, sa femme Sabah, toute cette vie respire le respect d'une réflexion sans machiavélisme, une vie de tolérance et d'amour.
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Les textes qui paraissent dans les "Tracts de Crise" sont souvent assez courts, comme des cris du coeur ou des réflexions sur le vif. Celui que nous propose Edgar Morin, inspiré par Nicolas Truong et publié sous forme d'entretien dans "Le Monde" du 20 avril 2020, est beaucoup plus dense et construit. Il témoigne d'une réflexion profonde et d'un regard aiguisé sur notre société, mais je savais déjà qu'Edgar Morin en était capable.
Il replace les événements que nous vivons actuellement dans un cadre plus large, celui de notre société à la fois complexe et incertaine. Face à la science qui se découvre moins puissante qu'elle se l'imaginait, la pandémie a déclenché une crise non seulement sanitaire, mais aussi économique, nationale, sociale, civilisationnelle, intellectuelle et existentielle. Pour Edgar Morin, l'expérience de ce confinement pourrait nous conduire à un humanisme régénéré, qui marie à la fois des termes contradictoires, mais sans les opposer, comme "mondialisation" et "démondialisation", "croissance" et "décroissance, "développement" et "enveloppement."
Un beau programme et pour nous y encourager, deux dernières petites citations d'Edgar Morin :
"Sachons enfin que le pire n’est pas sûr, que l’improbable peut advenir, et que, dans le titanesque et inextinguible combat entre les ennemis inséparables que sont Éros et Thanatos, il est sain et tonique de prendre le parti d’Éros."
"Toute crise me stimule, et celle-là, énorme, me stimule énormément."
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Analyse des causes de la crise sanitaire actuelle et de ses conséquences, du monde d'incertitudes qu'elle ouvre.
La soif de profit, la stratégie des flux tendus (opposée au stockage), la doctrine libérale commercialisant l'hôpital nous rendent très démunis face au coronavirus.
Des constats s'imposent :
-la science, la médecine ne sont pas vérités absolues et souffrent du manque de communication, de pensée disruptive. La science est ravagée par l'hyper spécialisation.
-Les controverses, les risques sont nécessaires au progrès. Ce n'est pas la vérité dogmatique qui fait avancer la science. Elle progresse par essais, par erreurs.
-La crise sanitaire ouvre une crise sociale, politique, économique, culturelle, existentielle.
-L'issue peut, dans le meilleur des cas, faire appel à l'imagination, la créativité, une nouvelle organisation. Elle peut aussi être un retour au passé. Elle peut également provoquer une adhésion à un salut providentiel avec dénonciation de boucs-émissaires.
-La crise devrait néanmoins mettre en exergue la communauté de destin des hommes, leur lien avec la Terre et secouer les dogmes perçus comme indépassables de l'économie libérale.
Amènera-telle au retour à l'état antérieur, à une régression ou à une nouvelle voie guidée par davantage d'humanisme ?
Beaucoup d'incertitudes...

-
*
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Peut-être, pour le moment, le plus concret et renseigné de la collection des Tracts de la Crise.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
J’espère que l’exceptionnelle et mortifère épidémie que
nous vivons nous donnera la conscience non seulement
que nous sommes emportés à l’intérieur de l’incroyable
aventure de l’Humanité, mais aussi que nous vivons dans
un monde à la fois incertain et tragique. La conviction
que la libre concurrence et la croissance économiques
sont panacées sociales escamote la tragédie de l’histoire
humaine que cette conviction aggrave. La folie euphorique du transhumanisme porte au paroxysme le mythe de la nécessité historique du progrès et celui de la maîtrise par l’homme non seulement de la nature, mais aussi de son destin, en prédisant que l’homme accédera à l’immortalité et contrôlera tout par l’intelligence artificielle. Or, nous sommes des joueurs/joués, des possédants/possédés, des puissants/débiles.
(...)
L’épidémie mondiale du virus a déclenché et, chez nous,
aggravé terriblement une crise sanitaire qui a provoqué
des confinements asphyxiant l’économie, transformant un
mode de vie extraverti sur l’extérieur à une introversion
sur le foyer, et mettant en crise violente la mondialisation.
Cette dernière avait créé une interdépendance mais sans
que cette interdépendance soit accompagnée de solidarité.
Pire, elle avait suscité, en réaction, des confinements ethniques, nationaux, religieux qui se sont aggravés dans les premières décennies de ce siècle.
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La sortie du confinement sera-t-elle commencement de sortie de la mégacrise ou son aggravation ? Boom ou dépression ? Énorme crise économique ? Crise alimentaire mondiale ? Poursuite de la mondialisation ou repli autarcique ? Quel sera l’avenir de la mondialisation ? Le néolibéralisme ébranlé reprendra-t-il les commandes ? Les nations géantes s’opposeront-elles plus que par le passé ? Les conflits armés, plus ou moins atténués par la crise, s’exaspéreront-ils ? Y aura-t-il un élan international salvateur de coopération ? Y aura-t-il quelque progrès politique, économique, social, comme il y en eut peu après la seconde guerre mondiale ? Est-ce que se prolongera et s’intensifiera le réveil de solidarité provoqué pendant le confinement (...)? Les pratiques solidaires innombrables et dispersées d’avant épidémie s’en trouveront-elles amplifiées ? Les déconfinés reprendront-ils le cycle chronométré, accéléré, égoïste, consumériste ? Ou bien y aura-t-il un nouvel essor de vie conviviale et aimante vers une civilisation où se déploie la poésie de la vie, où le « je » s’épanouit dans un « nous » ?
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L’après-épidémie sera une aventure incertaine où se développeront les forces du pire et celles du meilleur, ces dernières étant encore faibles et dispersées. Sachons enfin que le pire n’est pas sûr, que l’improbable peut advenir, et que, dans le titanesque et inextinguible combat entre les ennemis inséparables que sont Éros et Thanatos, il est sain et tonique de prendre le parti d’Éros.
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En tant que crise existentielle, (cette crise) nous pousse à nous interroger sur notre mode de vie, sur nos vrais besoins, nos vraies aspirations masquées dans les aliénations de la vie quotidienne, faire la différence entre le divertissement pascalien qui nous détourne de nos vérités et le bonheur que nous trouvons à la lecture, l’écoute ou la vision des chefs-d’œuvre qui nous font regarder en face notre destin humain. Et surtout, elle devrait ouvrir nos esprits depuis longtemps confinés sur l’immédiat, le secondaire et le frivole, sur l’essentiel : l’amour et l’amitié pour notre épanouissement individuel, la communauté et la solidarité de nos « je » dans des « nous », le destin de l’Humanité dont chacun de nous est une particule. En somme, le confinement physique devrait favoriser le déconfinement des esprits.
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Toutes ces régressions (et au mieux stagnations) sont probables tant que n’apparaîtra la nouvelle voie politique-écologique-économique-sociale guidée par un humanisme régénéré. Celle-ci multiplierait les vraies réformes, qui ne sont pas des réductions budgétaires, mais qui sont des réformes de civilisation, de société, liées à des réformes de vie. Elle associerait, comme je l’ai indiqué dans "La Voie", les termes contradictoires : « mondialisation » (pour tout ce qui est coopération) et « démondialisation » (pour établir une autonomie vivrière sanitaire et sauver les territoires de la désertification) ; « croissance » (de l’économie des besoins essentiels, du durable, de l’agriculture fermière ou bio) et « décroissance » (de l’agriculture et de l’élevage industriels, de l’économie du frivole, de l’illusoire, du jetable) ; «développement » (de tout ce qui produit bien-être, santé, liberté) et «enveloppement » (dans les solidarités communautaires).
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Vidéo de Edgar Morin
Lors de l'édition 2001 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "L'homme et l'environnement", le sociologue et philosophe Edgar Morin dressait un panorama historique de l'apparition de cet "agrégat de détritus cosmiques" qu'est la planète Terre, avant d'examiner son peuplement progressif par l'humanité, "partie intégrante et désintégrante de la biosphère".
Conférence inaugurale de l'édition 2001 des Rendez-vous de l'histoire sur le thème "L'homme et l'environnement, quelle histoire ?". 
0:00 Générique 0:33 Conférence
Retrouvez l'épisode sur toutes les plateformes de podcast : https://urlz.fr/qoPB
© Edgar Morin, 2001. 
Voix du générique : Michel Hagnerelle (2006), Michaelle Jean (2016), Michelle Perrot (2002) 
https://rdv-histoire.com/  
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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