On se rappelle tous de ces phrases répétées à l'envie, ressassées à l'ennui :
«Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.»
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage ; polissez-le sans cesse et repolissez...
Ou encore de ce moyen mnémotechnique de se souvenir des auteurs de la Pléïade :
La corneille boit l'eau de la fontaine
Molière.
D'ailleurs il est paradoxal de penser qu'aujourd'hui, ce sont plutôt les partisans de l'ordre et de la morale qui vous assènent ces phrases orphelines comme des maladies, coupées de leur contexte, dénaturées, déformées, souvent détournée de leur sens premier et resservies froides à vous rester sur l'estomac.
On connait peu cet auteur prolifique qu'est
Nicolas Boileau Despréaux, qui s'est essayé avec talent à la satire aux
épitres à
l'art poétique, et a permis aux ignares que nous sommes de pouvoir parader, la bouche enfarinée de ses belles phrase, peaufinées sur
le lutrin (gag !), à la lueur d'une chandelle moribonde, tandis qu'à l'aube le jardinier (re-gag !) «poussant la bêche, ou portant l'arrosoir», fait «d'un sable aride une terre fertile»,.
Boileau est un artisan de l'écriture, il aime son métier, et le glorifie, le comparant à ceux des artisans, des sans gloire, il met sa plume à leur service pour traquer les hypocrites, les mufles et les faussaires, multipliant satyres et
épitres à l'encontre des bien-pensants, des nantis, qu'il le soient de certitudes ou d'autres choses triviales.
Prions avec Dieu et
Boileau que le jour de la raison perce enfin certains esprits (je ne cite personne, suivez mon regard, semble dire Nicolas) «dont les sombres pensées sont d'un nuage épais toujours embarrassées»
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Tout citoyen qui se respecte devrait avoir sur sa table de chevet l'édition des
oeuvres complètes de
Boileau (Merci Mr Gallimard) et s'endormir avec en tête quelques extraits bien sentis comme par exemple :
Rien n'est beau que le vrai : le vrai seul est aimable ;
Il doit régner partout, et même dans la fable :
De toute fiction l'adroite fausseté
Ne tend qu'à faire aux yeux briller la vérité.
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