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EAN : 9791090728110
144 pages
H Editions (15/10/2021)
4.42/5   12 notes
Résumé :
La vie n’est qu’un cortège de boîtes : nous allons sans cesse de l’une à l’autre. Les affaires qui nous définissent voyagent de carton en carton, au fil des déménagements. Nous alternons entre le bureau et l’appartement, nous allons d’ascenseur en ascenseur.

En route vers diverses destinations, nous cheminons de pièce en pièce, ouvrant des portes, les refermant, suivant notre propre trajectoire…
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'avais déjà eu la chance de découvrir l'autrice, 61Chi, lors de la sortie de sa précédente BD chez nous l'an passé : Elle qui se laissait dévorer, où j'avais été frappée par le style très onirique mais entêtant de celle-ci. J'ai donc été ravie quand les Editions H m'ont également proposé de découvrir ce nouveau titre.

Room, c'est le titre avec lequel elle a débuté en 2014 à Taïwan et c'est aussi celui avec lequel l'éditeur français a remarqué son travail en 2015, à Angoulême, juste avant qu'elle ne reçoive quelques temps plus tard la médaille d'argent au Japan International Manga Award la même année. C'est donc un titre qui dégage quelque chose !

Ce quelque chose, on le perçoit dès la couverture qui a vraiment une atmosphère qui happe le lecteur. On y voit un jeune homme tatoué, l'air triste et solitaire, fumant une cigarette au-dessus d'un paysage urbain un peu morose, mais avec une ouverture centrale où se tient le titre : Room, qui est un vrai appel à l'ouverture ! L'autrice a parfaitement résumé son oeuvre ici.

En effet, dans Room, que j'aurais volontiers écrit au pluriel pour ma part, nous suivons un entremêlement de jeunes adultes urbains pour qui la vie n'a rien de folichon ou d'épanouissant. Avec ces lieux et cette fumée comme fil directeur, nous allons suivre un bref instant de leur vie, un instant fugace souvent triste au premier abord mais où il y a aussi le sentiment d'une possible amélioration, comme une porte qui s'ouvre à eux au détour d'une rencontre ou d'une nouvelle possibilité.

J'ai beaucoup aimé l'atmosphère singulière du titre. Les héros que nous suivons sont des gens lambda : une serveuse, un tatoueur, un coiffeur, un photographe, un professeur... On peut facilement s'identifier à eux. Cette sensation qu'ils ont une vie banale mais pas forcément heureuse comme on se plait trop souvent à le conter m'a plu aussi. L'une déménage, un autre vivote un peu, certains font des rencontres dramatiques et très significative ou apprennent quelque chose de grave, mais tous avancent malgré tout dans leur vie. le lecteur peut ainsi se retrouver dans certaines histoires plus ou moins difficiles, ce fut mon cas. Il peut aussi se sentir touché par les drames qui se jouent qu'ils soient quotidiens ou plus rares. L'autrice, en très peu de pages, sait émouvoir.

J'ai beaucoup aimé le choix du cadre urbain, qui est ici presque un personnage en soi. C'est lui, en quelque sorte, qui fait le lien entre les histoires. le regard du lecteur virevolte ainsi d'une cage d'escalier à une fenêtre emporté par une volute de fumée. Il passe de cette fenêtre à une autre fenêtre qui est la vitrine d'une boutique. Puis, c'est la vitrine qui se reflète dans la lunette de visée de l'appareil photo du suivant, etc. le décor de ce récit est particulièrement vivant malgré le côté froid et apathique que son côté urbain peut faire ressentir également. C'est surprenant et en cela, j'ai bien retrouvé l'onirisme que l'autrice mettra dans son autre titre disponible chez nous : Elle qui se laissait dévorer.


Cependant, il faut reconnaitre que la narration fragmentaire, que personnellement j'ai adorée car elle me rappelle le format des "nouvelles" que j'aime tant, peut être un frein pour certains lecteurs, de même que la sensation d'être parfois extérieur au récit qui peut nous saisir. On adhère également ou pas au style graphique de 61Chi, qui est bien loin des bandes dessinées asiatiques qu'on peut être habitué à lire comme moi. C'est bien loin du trait lisse et commercial qu'on connait. On est beaucoup plus dans l'expérimentation avec un dessin qui vient des tripes. C'est un dessin original où l'autrice intègre différents esthétismes venant du design et des différents médias artistiques qu'elle a rencontrés. Son aspect crayonné, inabouti au premier abord, colle à merveille avec ses héros en construction et la grisaille de la ville nous entoure à merveille. On ressent ainsi encore plus fortement un sourire qui va venir éclairer la page.

Dernier point à souligner, et il est toujours bon de le rappeler quand c'est le cas, les éditions H ont fait un excellent travail d'éditeur, d'abord en suivant une autrice de leur catalogue, merci, mais également en proposant un ouvrage soigné. Imprimé en France, il est doté d'un beau papier fort agréable. L'ouvrage est en grand format, sans jaquette mais avec rabats, j'aime. Mais en plus, il est accompagné d'un vrai appareil critique qui permet de resituer l'oeuvre dans son contexte et d'en décrypte un sens parfois un peu hermétique. C'est un accompagnement diversifié qui répond pile poil à mes attentes.

Room fut donc une expérience de lecture fort singulière. Moins facile d'accès que Elle qui se laissait dévorer, par lequel l'éditeur nous avait fait découvrir l'autrice, il a cependant eu le même pouvoir de fascination sur moi. J'ai plongé dans les planches étranges mais immersives de l'autrice. J'ai suivi avec curiosité les trajectoires très urbaines des personnages et le fragment de leur quotidien qu'on nous livrait. J'ai peut-être été plus marquée par certaines histoires, je pense notamment à celle du tatoueur, puis à celle du professeur, dont j'ai beaucoup aimé soit la composition soit le sujet, mais l'ensemble est une oeuvre marquante où l'autrice affirme son style. Si vous voulez sortir de vos habitudes un peu lisses, n'hésitez pas à découvrir cette autrice qui sort du lot !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Pour commencer, voilà comment j'ai déniché ce petit bijou. Je suis tombée par hasard sur sa sublime couverture aux tons sépia et c'est peu dire qu'elle m'a intriguée. Ce jeune homme ou cet homme jeune, c'est selon, au regard empli d'une profonde tristesse dont le buste semble surgir des fumées de la ville un peu comme le génie de la lampe d'Aladin, le mot ROOM écrit à l'emporte- pièce dans un rectangle blanc qui barre verticalement sa poitrine, l'étrange nom de l'auteur (Je ne savais pas encore que c'était une autrice) ... Après quelques clics sur le net, je suis tombée sur quelques planches et le résumé de l'éditeur. Il n'était à ce moment là disponible que sur commande chez mon libraire préféré. Pour 10 €, je n'allais pas m'en priver. Sans même l'avoir feuilleté, je l'ai donc commandé et je n'ai pas été déçue. Cela a été une de mes plus belles découvertes de l'an dernier.

Room s'ouvre sur en déménagement et s'achèvera sur un autre. Entre les 2, eh bien oui, il y a des portes qui s'ouvrent et qui se ferment : 5 exactement pour 5 récits qui nous font pénétrer dans le quotidien de 5 jeunes adultes une serveuse, un tatoueur, un coiffeur, une photographe et un professeur avec en toile de fond une grande ville anonyme. Qu'ont-ils en commun ? Chacun mène une existence monotone, seul dans son petit chez lui, dans sa boîte. Puis un évènement inattendu va le faire sortir de cette boîte. Si ces 5 récits peuvent être lus séparément, ils sont néanmoins reliés entre eux. Il suffit de la fumée d'une cigarette, de son odeur, d'une photo, de regards qui nous font évoluer d'un endroit à un autre pour établir une connexion avec la ville et avec l'autre.
Pas gai gai tout ça me direz vous. C'est sûr que si vous avez envie d'une bd feelgood, ce n'est pas Room qu'il faut choisir . Tout n'est pas noir cependant. La bienveillance d'un inconnu, un petit mot laissé sur un balcon « I'm still here »  peuvent aider à avancer.
Structure narrative, découpage, cadrage, tout est extrêmement maîtrisé. le texte mis en valeur par la beauté de la langue et réduit à l'essentiel est d'autant plus percutant. Tout est dans l'ellipse, les non-dits qui ouvrent à la réflexion et font écho à nos propres conceptions liées à des questions existentielles telles la mort d'un proche, la difficulté de laisser une trace durable de son existence, la maladie, la peur de l'échec.
La composition graphique quant à elle est sublimée par le grand format de l'album.
Le dessin, un crayonné charbonneux noir et blanc d'une grande virtuosité témoigne de la sensibilité de la manhujia et souligne la tristesse des personnages en s'attardant sur leur visage.

Pour terminer, je signalerai que l'album a reçu plusieurs prix en Asie dont la médaille d'argent au Japan International Manga Award en 2015. Eh bien, il ne vous reste plus qu'à vous plonger dans Room qui bénéficie, cerise sur le gâteau d'une très belle édition enrichie de nombreux suppléments dont préface, postface et divers documents liés au travail de création et d'édition.
Une pépite à ne pas rater !
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Dans un style crayonné, nerveux, l'artiste explore les solitudes urbaines de nos vies passées dans des pièces, que l'on remplit puis que l'on vide, en une fraction de seconde. 61chi interroge de cette manière le sens que l'on peut donner, ou essayer de donner à nos existences, passées dans ces chambres, jusqu'à la boîte finale qu'est le cercueil. Malgré nos efforts pour peupler ces boîtes de la présence des autres, notre état d'animal solitaire, souvent, nous rattrape. Une thématique emprunte d'une tristesse retranscrite à merveille par 61chi mais qui n'empêche pas l'artiste de la raconter avec beaucoup d'empathie et de respect pour les différents personnages de son album.

Pour ses lecteurs, elle ouvre les portes des pièces de ses personnages pour nous laisser voir ces solitudes entrecoupées par ces instants sublimes partagés avec un autre. Ces moments de réconfort qui prennent l'apparence discrète d'une présence, d'un sourire, d'un encouragement. Les personnages, morceaux de l'autrice, sont chacun le miroir de l'autre, mais aussi celui des lecteurs. Après tout, qui n'a jamais connu le serrement de coeur produit par le vide de son existence ?
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Ce manhua est une véritable découverte pour moi ! Pourtant il a remporté la médaille d'argent au Japon international manga award de 2015. Mais je n'avais pas eu l'occasion de tomber sur le travail de cette artiste : c'est chose faite et j'en suis heureuse. Car ce titre est d'une grande qualité. J'aime beaucoup les moments de vie, qui prennent sens au fur et à mesure, lorsque l'on comprend que tout est lié. Et c'est le cas ici ! Les illustrations sont très réussies : un crayonné en noir et blanc, intense, qui fait ressentir une grande vague de tristesse mais qui fonctionne vraiment bien. On appréciera aussi la préface et la postface, ainsi que les quelques pages qui permettent d'accompagner l'oeuvre et de mieux comprendre le travail de création. A noter que ce titre se lit dans notre sens européen.
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C'est ma première découverte de l'autrice 61Chi et plutôt une belle surprise. le format recueil m'a ici bien plu, notamment car les nouvelles sont reliées les unes aux autres par des personnages qui se croisent. Ce fil commun m'a permis d'enchaîner les nouvelles avec plaisir sans perdre complètement de vue où l'on va et qui l'on suit. Ça reste un peu vague et j'ai trouvé que certaines nouvelles auraient mérité plus de pages, mais c'est aussi le charme du recueil. On est sur des nouvelles fugaces et mélancoliques où les personnages traversent des phases de changements de vie, d'émotions, de travail… Des événements qui secouent, mais sans réelle violence. Il y a comme une chappe qui recouvre la ville et les personnages sous la patte de 61Chi. le dessin est loin d'être lisse, les traits se brouillent et se mêlent. J'ai bien aimé son style graphique assez dense et pas toujours clair. Même si au début il faut quelques pages pour s'habituer à son style !
Je serais curieuse de lire d'autres récits de cette autrice.
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critiques presse (2)
BDGest
29 octobre 2021
Sur le thème de la communauté dans une grande ville, voici un ouvrage qui possède un vrai parti-pris graphique. Immersif.
Lire la critique sur le site : BDGest
MangaNews
27 octobre 2021
Lecture particulièrement intelligente dans ses réflexions humaines autant que dans ses choix narratifs et visuels, ROOM est, en plus, servi dans une édition véritablement excellente.
Lire la critique sur le site : MangaNews
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Avant mes trente ans, je passais mon temps à déménager d'un bout à l'autre de ma ville. Je vivais tantôt chez moi, tantôt ailleurs, hébergée de-ci de-là, chez mes amis de toujours ou chez de simples copains. Bien entendu, on était loin d'un vagabondage existentiel qui laisse son empreinte pesante à chaque pas. Bien au contraire. On était dans la légèreté. À vingt ans, on a presque tout, et on n'a presque rien. Il n'y a rien que l'on ne pourrait lâcher, et rien à quoi vraiment se raccrocher. On peut tout désirer, et ne rien désirer. On peut rester, ou partir à tout moment. Ce que l'on érige on en clin d'œil, on peut le détruire en un claquement de doigts. Une sieste suffit pour dégriser, une nuit suffit pour guérir. Voilà pourquoi nous pensons frôler la liberté. La toucher du doigt. Mais j'ai toujours su que c'était tout autre chose : un simulacre de liberté dissimulant un danger qui ne dit pas son nom.

Préface, Sabrina Huang
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Aussi répétitive et lassante soit-elle, une expérience nous fait grandir, à chaque fois. Moi, je pense que dans la vie nous allons sans cesse d'une boîte à une autre. Nos affaires voyagent de carton en carton. Nous alternons entre le bureau et l'appartement, nous allons d'ascenseur en ascenseur. En route vers diverses destinations, nous cheminons de wagon en wagon, suivant notre propre trajectoire. Mais une fois au bout de la course, nous nous retrouvons allongés dans un cercueil, prêt à disparaitre. Ainsi, jusqu'au jour où notre squelette disparaît sans laisser de traces, il nous est impossible de nous extirper de ce cortège de boîte.
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J’avais tout faux . Plus les choses sont visibles et tangibles et plus elles disparaissent facilement …Est ce que je peux revenir en arrière légèrement en arrière ? Ne serait ce que pour quelques secondes…Est ce que je peux laisser dans la vie ou dans les souvenirs des gens une trace de mon passage ?
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Enfant, j'avais toujours hâte que papa m'emmène au salon de coiffure.
Je n'ai jamais eu deux fois la même coupe, mais je me sentais à chaque fois aussi léger et heureux en sortant.
C'était comme si je devenais quelqu'un d'autre et que le monde changeait avec moi...
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Tatouer, c'est faire poindre la beauté dans la douleur.
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