C'est le quatrième volet des aventures de l'inspecteur de police danois Carl Mørck et de ses deux adjoints aussi célèbres que lui : Assad, d'origine syrienne et Rose qui souffre de crises de dédoublement de la personnalité. Ces personnages travaillent au Département V de la police danoise.
Après «
Miséricorde », «
Profanation » et «
Délivrance », le tome «
Dossier 64 » nous entraîne dans une sombre histoire qui remonte aux années 50 : sur la petite île de Sprogø, des jeunes femmes jugées hâtivement attardées mentales et inaptes à la société, ont été internées de force après des jugements accélérés. Souvent elles ont été stérilisées, condition nécessaire à leur sortie de l'établissement-prison.
Dans le roman, c'est le sinistre docteur Curt Wad qui organise ces campagnes de « stérilisation » dans une optique d'eugénisme.
Cette île de Sprogø, l'auteur Olsen la connaît bien, il a grandi dans le Jutland et son ferry passait devant cette île quand il allait en vacances dans sa famille.
C'est une île située dans le détroit du Grand Belt, entre l'île danoise de Seeland et l'île de Fionie. Son nom signifie en danois île (ø) de langue (sprog).
Le père de l'auteur était psychiatre et, comme le rappelait l'auteur dans un récent entretien, y a travaillé quand il était jeune médecin.
Ce sont donc des faits historiques qui ont inspiré ce remarquable roman policier.
Le personnage de Curt Wad est très bien rendu. L'auteur nous montre le glissement de certaines sociétés vers un conservatisme extrême.
Le but est politique aussi : dans le roman, le docteur Wad est non seulement médecin il est aussi politicien, il anime une organisation secrète « Lutte Secrète » et un parti politique « Rene Linier » qui veut dire en danois « Lignes Pures ».
Ce parti est sur le point d'entrer au Folketing, le parlement danois.
Nete Rosen, l'héroïne du roman, est une ancienne internée de cette île maudite.
Elle va organiser sa vengeance contre ceux qui ont été responsables de son malheur.
A travers elle, c'est la voix de ces femmes injustement traitées qui résonne.
Comme dans les autres tomes, l'enquête de départ (ici sur la disparition d'une proxénète) aboutit à la réouverture d'un « cold case » une ancienne affaire non résolue.
Le rythme du livre est excellent, l'alternance des chapitres dont l'action se situe en 1987 et 2010 avive encore plus l'intérêt du lecteur.
Le personnage de l'inspecteur Carl Mørck, par ses côtés désabusés et parfois névrotiques a été inspiré par un des patients du père de l'auteur.
A noter que le cinquième volet de la série vient de sortir en France, sous le titre de «
Promesse ».
D'après l'auteur, il y a aura dix tomes dans cette série de l'inspecteur Carl Mørck.
Nous en sommes donc à la moitié.
Les tomes suivants devraient être à la hauteur des premiers….