Dans l'anse de la Fresnay, non loin de Saint-Malo, le cadavre d'un banquier, Mr Labru, vient d'être repêché par le patron d'un canot à misaine.
Il aurait été assassiné, car si tout portait à faire croire à un accident, un crochet de serpent venimeux a été retrouvé planté dans son cou ...
C'est le point de départ d'un grand roman d'aventure teinté de littérature populaire.
Mais "
Le trois mâts fantôme" peut-être classé aussi dans le genre de la littérature maritime car une grande partie de son action se déroule en mer, et il reprend, de manière détournée, une des des plus grandes légendes maritimes, celle du "Fliegende Holländer", le "Hollandais Volant", ce mythique voilier fantôme entraînant sur l'Atlantique un équipage de spectres dans une maudite errance sans fin.
Cependant dans sa construction, ce roman passionnant se rattache bien à la littérature populaire.
Sa trame est un classique du genre.
Un homme est assassiné de manière horrible et mystérieuse.
Un homme est condamné pour ce crime et embarqué sur la "Martinière" jusqu'au "grand collège", le terrible bagne de la Guyane.
Mais cet homme, ancien médecin de marine, clame son innocence.
Il était fiancé avec la fille de la victime.
Et pendant ce temps, l'homme qui était l'associé de la victime dans l'exploitation d'une mine d'or sur le plateau de Tumuc Humac dans la même Guyane, cet homme conspire en secret ...
Les personnages vont se croiser, au fil de hasards et de péripéties rocambolesques, tout au long du récit.
Et nous qui, aujourd'hui, ne sommes pas nés de la dernière lecture, nous ne sommes pas dupes !
L'on voit bien arriver un épilogue qui est aussi un classique du genre.
Mais par ses descriptions de la Guyane et ses splendides tableaux de mer, par le mystère distillé et par le suspens installé,
Jean d'Agraives finit tout de même par brouiller les cartes et fait de son roman un récit passionnant.
On a souvent dit de lui qu'il était un auteur pour la jeunesse.
Ici, les assassinats se succèdent, les cadavres volent par dessus bord, un incendie ravage un paquebot et ses naufragés se font allégrement dévorer par les requins, son commandant se fait broyer par le mât d'artimon en flamme et l'alcool coule à flots parmi les bagnards évadés ...
Il est donc prié d'éloigner le trop jeune lecteur de ce livre !
Les péripéties se succèdent sans temps morts.
Comme le dit si bien un des personnages du récit :
"On n'avait pas vu ça depuis
Robert Houdin ! parole !"
"Fatalitas !" aurait dit Chéri-Bibi, un autre des passagers
De La Martinière, mais qui lui a fait la traversée sous la plume de
Gaston Leroux.
Que l'on se rassure, tout de même, tout mystère a une explication rationnelle.
Les vieilles légendes de mer ne sont qu'imagination de vieux marins chimériques influencés par des histoires de vieilles bonnes femmes !
Et, comme chacun sait, la justice triomphe toujours à la fin ...