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Carole Fily (Traducteur)
EAN : 9782351783030
400 pages
Gallmeister (02/02/2023)
3.81/5   18 notes
Résumé :
À soixante-deux ans, Gerda aimerait enfin adoucir son quotidien. Depuis des années, c'est elle qui s'occupe des défunts du village, et cette tâche lui pèse de plus en plus. Mais, en ce mois d'août 1962, elle ne peut refuser son aide. Car devant elle se tient Wilhelm Leeb senior - celui qui l'a abandonnée pour épouser la fille du fermier Kruse et sa dot. Wilhelm, qui est parti à la guerre en nazi convaincu et qui n'est revenu de Pologne qu'après des années de captivi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ils s'appellent tous Willhelm. le prénom se transmet à chaque premier né. Ils ont pour traits communs une certaine tendance à l'égoïsme, à l'indépendance et à la violence.
C'est leur histoire (et celle de leur famille) qui est racontée sur 7 générations ; une histoire marquée par les guerres, les privations, la religion dans une Allemagne rurale, où tout tourne autour de la vie de la ferme : élevage, plantation, culture. Où chacun se doit de faire perdurer l'héritage de son père. Jusqu'au drame de 1962.
Un roman puzzle très intéressant, concis, qui éclaire sur le monde paysan allemand et la vie dans un petit village où tout le monde évolue sous le regard de l'autre. C'est très bien écrit, juste, addictif. Et c'est un corollaire intéressant au roman de Schlink sur les conséquences de la guerre, et de la difficulté à trouver sa place.
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Mitgift, en allemand « la dote ». Tel est le titre de ce livre de Henning Ahrens traduit en français par Carole Fily par « Les péchés de nos pères ».Voyons d'abord de quoi il s'agit et discutons ensuite du titre original et de sa traduction.
Aout 1962. Gerda, die Totenfrau, la femme qui s'occupe de préparer les morts, a 62 ans, en a assez de cette activité et vient de prendre la décision de s'occuper désormais des vivants, à savoir son chat
Heini et ses amis. Sage décision qu'elle doit hélas remettre à plus tard… En effet, son voisin, Wilhelm Leeb, sixième du nom, et qu'elle aurait du naguère épouser si son rang et son compte en banque le lui avaient permis, vient la voir pour lui dire « Gerda, nous avons besoin de toi » car « quelqu'un s'est tué dans la pénombre du petit matin »… Si cette saga familiale s'étend sur six générations, c'est justement parce qu'il faut remonter à six générations pour comprendre ce qui a conduit cette famille à faire durablement tous les mauvais choix jusqu'à la… catastrophe. L'histoire se déroule en Basse-Saxe, fief du protestantisme, à partir de 1755. La famille Leeb, dont tous les garçons premiers nés se prénomment Wilhelm, pratique un protestantisme rigide teinté de piétisme et laissant peu de place aux sentiments et au développement de l'individu. Hans Wilhelm Leeb premier du nom n'hésite pas à infliger à sa fille une punition corporelle sévère et humiliante alors qu'elle ne fait que solliciter son autorisation de le regarder peindre ! Deux mots d'ordre : obéïssance et soumission à Dieu et au patriarche associés à la crainte perpétuelle du châtiment divin. A cela s'ajoute l'attachement inconditionnel à la propriété foncière, à l'exploitation familiale et à l'élevage. Quelque soit la génération, aucun manquement à l'appel n'est toléré par ces « pères » qui règnent d'une main de fer sur femmes et enfants. le point d'orgue de cette grande fresque familiale c'est Wilhelm Leeb sixième du nom : nazi convaincu, il « sert » son pays pendant la guerre, héberge le bureau local de la SA chez lui, et, juste punition, se retrouve prisonnier en Pologne jusqu'au début des années 50. Ce sont ses parents, ses beaux-parents, sa femme Käthe et ses enfants, principalement Wilhelm septième du nom et surnommé Willem qui suent sang et eau pour faire tourner l'exploitation. de retour de captivité, totalement ignorant des changements du quotidien et devenu presque un étranger dans sa propre famille, Wilhelm n'en reprend pas moins son rôle de tyran domestique. Il considère que son ainé doit à plus ou moins long terme lui succéder, ne tient aucun compte de ses désirs, le discrédite voire l'humilie en public. Il va même jusqu'à lui interdire d'épouser la jeune fille qu'il aime, comme son père l'avait naguère fait avec lui. Difficile d'exister avec un père pareil et dans un tel carcan… Après l'abattage bouleversant d'une truie qu'il aimait bien et les ripailles alcoolisées qui s'ensuivent mais auxquelles il ne participe pas, Willem cède à la révolte qui gronde en lui depuis tant d'années et s'en va chercher le seul pistolet qui, à la fin de la guerre, avait échapper à la fosse à purin… La fin est bouleversante…
Les membres de la famille Leeb sont les représentants d'un monde figé qui heureusement n'est plus !
Mais revenons aux titres allemand et français : Mitgift, la dote en allemand, fait plutôt référence à un apport positif car c'est ce que la femme apporte dans le mariage. Et ce sont effectivement ces biens apportés par Käthe Kruse qui permettent à Wilhelm Leeb de conserver son exploitation. Même si l'argent n'a pas contribué au bonheur de cette famille, il n'y a pas dans le mot Mitgift cette connotation judéo-chrétienne négative que l'on trouve dans les « péchés de nos « pères ». D'ailleurs, quels péchés ces pères ont-ils commis ? Celui d'être restés attachés coûte que coûte à des valeurs traditionnelles qui nous semblent désormais surannées ? Est-il légitime de parler ici de péchés ? Avons nous d'ailleurs le droit de juger nos pères ? Une question que n'a pas manqué de se poser Henning Ahrens qui avoue dans la postface avoir puisé une partie de son inspiration dans son histoire familiale. Une intéressante page d'histoire de l'Allemagne dont l'on ne peut que recommander la lecture !
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Ecriture classique me vient à l'esprit même si je ne sais si une définition de ce style existe. Disons que les phrases sont limpides, linéaires, bien construites, pas de digression qui noie le poisson, pas d'écriture poétique à laquelle on n'y comprend goutte, pas de circonvolutions faisant tourner notre souci de compréhension en bourrique, pas de construction type tour de Babel à y perdre son latin et ainsi de suite. C'est clair, limpide, concis et dense à la fois.
Idem pour l'histoire que l'on suit aisément malgré l'intranquillité de ses rebondissements.

Le cadre.
l'Allemagne, une région que je ne pourrais situer, nord ouest probablement, un village et une ferme de gens aisés, les Leeb, tous prénommés Willhem pour les garçons aînés,
Le temps.
Un survol de 7 générations, de 1755 le premier Leeb fermier à 1962 le drame mais des temps d'arrêt plus longs sur la période de guerre, la deuxième, l'après guerre et 1962.
Les personnages.
Une flopée et pas facile de suivre entre tous ces Willhem Leeb. Trois personnages sortent du lot pas forcément pour la bonne cause.
Gerda, la narratrice fil conducteur et éconduite jeune car pas assez riche. le patriarche éconducteur Willhem senior, partit à la guerre, la deuxième, revenu puis reparti puis prisonnier puis retour aux pénates où il reprend d'une main trop de maître le pouvoir. Et Willhem junior, le fils qui peine à exister mais à qui la faute.

Donc. Allemagne. Une lignée familiale sur 7 générations de devenus riches fermiers. Gerda éconduite jeune car trop mauvais parti pour épouser le grand Willhem qui ayant le sens du devoir sacrifie son amour. Ce même Willhem qui héberge chez lui le bureau local des SA. Puis s'en va en guerre diriger une région agricole occupée afin d'en tirer le maximum, il faut nourrir l'Allemagne, l'armée et les nazis. Dur et juste retour de bâton, la défaite, prisonnier 5 ans en Pologne. Puis revient à la ferme et reprend son rôle de dictateur.
Willhem fils, qui au retour du père redevient plus personne et s'en ira jusqu'au drame de 1962.

Les péchés des pères, quelques regrets néanmoins.

- A commencer par le titre, en quoi consistent ces péchés. Et ce regard d'aujourd'hui doit il juger en négatif les façons de vivre d'antan où la priorité était de faire fructifier la ferme plus que l'individu.
- Willhem, les SA, Sonderführer, faute d'éléments peut être ou pudeur face à un passé familial peu glorieux, tout cela n'est pas suffisamment développé. Les atrocités allemandes sont tues.
- le juste après guerre et les exactions envers en particulier les femmes allemandes, idem le strict minimum.
- Féminisme, en cette période délicate pour les hommes, faut il en rajouter une couche et rendre Willhem père responsable d'une grande partie de tout. P 385, note de l'auteur je me suis concentré sur les aspects historiques et le conflit entre père et fils.
Au risque donc d'éclairer trop les excès paternels aux dépens du reste.

Les péchés des pères. Un beau livre et une belle histoire de lignée familiale dont on aurait pu attendre plus. Des pères qui en prennent pour leur grade alors que les responsabilités étaient, je le suppose à l'évidence plus partagées. Enfin ainsi que j'aime à le dire, nul n'est prisonnier de son histoire, comprenez de son enfance et adolescence où on se construit en tant que personnalité, mais Willhem fils est resté enfermé dans la sienne.
Contrairement à mes habitudes, je ne vous citerai pas la phrase de la fin. Je n'aime pas ce verbe d'aujourd'hui, spoiler, aussi ne lui donnerai je pas cours.
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Henning Ahrens s'est inspiré de son histoire familiale pour écrire ce roman . Les lieux , les professions , le passé nazi de certains acteurs et le récit qu'ils en ont fait est exact mais comme le précise l'auteur lui-même ils n'ont pas grand-chose en commun avec leurs modèles.
"Les péchés des pères" est un roman émouvant autour d'un drame qui est la conséquence d'un père tyrannique et d'une famille terrorisée n'osant pas réagir .
Henning Ahrens nous dépeint le destin de cette famille en alternant les protagonistes du récit qui donnent chacun leur vision des faits. Il passe également d'hier à aujourd'hui tissant une trame qui aboutira à la mort ..
On découvre également la vie dans l' Allemagne rurale pendant la guerre et quelques années après avec ses jalousies et ses petites guerres larvées dans la population.
Un roman magistralement écrit.





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Un jour d'août de 1962, dans un village proche de Leine, Gerda Derking, reçoit la visite de son voisin, dont jadis elle était amoureuse et qui la délaissée pour épousée une autre et sa dote. Wilhelm Leeb vient lui demandé un service – qui lui coûte – s'occuper d'un mort.
Gerda est la Dame des Morts depuis la fin de la guerre. Elle s'occupe des corps des défunts.
Devant la ferme des Leeb, il y a la Mercedes-Benz du toubib et la Coccinelle du commissaire.
Une journée entrecoupée de retours dans le passé de la famille Leeb. Et un drame qui s'est réellement produit.
Personnages complexes et parfois antipathiques.
Dont, Wilhelm Senior tyrannique, déposte, méprisant, Nazi convaincu ; Käthe (née Kruse), résignée, effacé et chancelante dans l'ombre de son mari, Grete la fille rebelle, Bruno le fils cadet qui a réussi à se tirer de la ferme, et, Wilhelm Junior, prisonnier jusqu'à la mort dans cette ferme. Sa petite amie ne supporte plus qu'il n'ait aucun revenu, et, qu'à trente ans, il bosse et s'use (bête de somme), qu'il ne fait que se plaindre et, - pire encore -, qu'il ne possède aucune parcelle de caractère, pour tenir tête à son père.
Un roman familial, sombre.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Vous , vous avez vécu deux guerres dit-elle après un long silence, laissant son regard errer sur les trois femmes. Vous connaissez la vie.
Lisbeth hoche la tête d'un air attristé.
Ma foi répond Gerda , ça permet d'acquérir de l'expérience c'est sûr. Mais de là à savoir si on en tire des leçons , ça , c'est une autre histoire.
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(...) l'espace de ses souvenirs, qu'elle égrène un à un ; sa mémoire ressemble alors à une maison remplie de pièces, elle se sent à son aise dans la plupart, Dieu merci, car qu'y a-i-il de pire que de se retourner sur son passé en ayant des remords ? (p. 88)
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La guerre, ce n'est ni glorieux, ni héroïque, la guerre, c'est la peur et la mort, et les mutilations. Tout combattant est marqué à vie. C'est sans doute fascinant, une baïonnette, mais ça sert à tuer, n'oublie jamais ça. (p. 120)
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