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Trilogie des Frames tome 1 sur 3

Michèle Albaret-Maatsch (Traducteur)
EAN : 9782742706969
314 pages
Actes Sud (04/06/1999)
3.5/5   10 notes
Résumé :

" Monsieur le juge, quand vous me demanderez de donner à la Cour ma version des faits, voici ce que je dirai. On me tient enfermé ici comme une bête curieuse, dernière survivance d'une espèce qu'on croyait éteinte. On devrait laisser entrer les gens afin qu'ils me regardent, moi, le mangeur de femmes, affable et dangereux, qui arpente ma cage derrière les barreaux de laquelle luit mon effroyable regard vert... " Le Livre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
The Book of Evidence
Traduction : Michèle Albaret

Voici un livre singulier, présenté sous la forme d'un monologue de plus de trois cents pages, celui d'un aristocrate assassin, Frederick St Jonh Vandeveld Montgomery, parfois appelé "Freddie" par ses proches ou ses amis
Le style en est tout à fait remarquable : net, travaillé, ciselé même, littéraire (songez donc que, dans la majeure partie des cas, la traductrice s'est vue obligée de respecter l'emploi de l'imparfait du subjonctif ! Wink), très, très dense. L'action y est accessoire : y prime l'analyse des sentiments du héros ainsi que sa façon, très personnelle, de voir le monde.
Bref, en bonne logique, un livre qui risque fort, dès ses dix premières pages, de faire tomber de sommeil le lecteur lambda.
D'où vient alors le miracle qui contraint à lire toujours plus loin, à accompagner jusqu'au mot "Fin" un héros qui tient plus de l'anti-héros, et à refermer "Le Livre des Aveux" avec la conviction d'avoir lu un roman rare et excellent ?
Je l'ignore mais, pour moi, tel fut bien le cas.
Pour tenter de résumer ce livre étrange, premier volet de la trilogie consacrée par son auteur à l'Art, plaçons au milieu le meurtre d'un personnage tout à fait secondaire - on serait même tenté d'écrire une silhouette si la malheureuse ne passait de vie à trépas dans des conditions aussi sordides. Meurtre stupide, meurtre sans mobile réel, meurtre qui fait basculer le personnage central dans ce qu'il nommera les "dix jours les plus passionnants" de sa vie.
Ajoutons à cela un ego invraisemblable, mélange de faiblesse, de lâcheté, de tendresse aussi et d'irresponsabilité absolue, que le monologue rend omniprésent, d'un homme dont on peut douter qu'il ait toute sa raison mais dont on est sûr et certain qu'il n'est jamais parvenu à épurer les relations qu'il entretenait avec ses parents, et notammnent sa mère.
Situons tout cela - sauf le tout début - dans une Irlande toujours aussi brumeuse et mélancolique, où gin et whisky scandent les rencontres et les retrouvailles.
... Et nous n'aurons que les bases très schématiques du "Livre des Aveux."Mais enfin, nous aurons une petite idée du sujet.
Une lecture que je recommanderai aux lecteurs chevronnés et que les méandres psychologiques et les questions existentielles ne rebutent pas. Les adeptes de l'action à tous prix devraient par contre s'abstenir. Encore que la bizarre fascination de l'ensemble soit capable, à mon sens, de tous les miracles. ;o)
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Je n'ai pas fini, malheureusement. Banville a présenté cette oeuvre assez ancienne (1989) comme le long monologue du criminel Freddy Montgomery devant le président et le jury du tribunal où il est jugé. Il s'agit bien sûr d'une ‘oratio pro domo', dans laquelle le rusé Freddy analyse avec nous comment il a pu se tromper dans sa vie. Et il n'est clairement pas un criminel illettré, il philosophe ouvertement sur le mal et le libre arbitre, et cela donne parfois lieu à des passages astucieux, comme celui-ci : « D'ailleurs, en feuilletant mon dictionnaire, je suis frappé par la pauvreté de la langue quand il s'agit de nommer ou de décrire le mal. Mal, méchanceté, méfait, ces mots impliquent une action, l'action consciente ou au moins active du mal. Ils ne représentent pas le mal dans son état inerte, neutre et autonome. Ensuite, il y a les adjectifs : affreux, odieux, exécrable, vil, etc. Ils ne sont pas tant descriptifs qu'un déclaration de jugement. Ils portent un poids de censure mêlé de peur. N'est-ce pas une situation étrange ? Ça me fait penser. Je me demande si peut-être la chose elle-même – le mal – n'existe pas du tout, si ces mots étrangement vagues et imprécis ne sont qu'une sorte de ruse, une sorte de couverture élaborée pour cacher qu'il n'y a rien. Ou peut-être que les mots sont une tentative pour que cela soit là ? Ou encore, peut-être qu'il y a quelque chose, mais que les mots l'ont inventé. »
Il est clair que Banville avec Freddy Montgomery a présenté une autre variante du narrateur peu fiable. Ou peut-être tout ceci est une variante sur le thème de « L'étranger », comme Freddy est inculpé d'un meurtre apparemment sans mobile. Mais, pour être honnête, je n'étais que moyennement intéressé. le débit de mots de Freddy était parfois trop haut et les nombreux passages descriptifs n'étaient pas conformes à la forme du monologue.
Selon les mots de Freddy lui-même : « Rien de tout cela ne veut rien dire. Pas d'importance, bien entendu. Je ne fais que m'amuser, réfléchir, me perdre dans un fouillis de mots. Car les mots ici sont une forme de luxe, de sensualité, ils sont tout ce que nous avons pu garder du monde riche et gaspilleur dont nous sommes fermés. »
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John Banville,Irlandais comme il se doit,m'a été proposé par Eireann(références ci-dessus),Docteur ès littérature gaélique.Ce n'est pas la première fois que l'ami du Morbihan m'embarque ainsi.Soyons clairs,avec Banville ça ne rigole pas tous les jours dans le livre des adieux.Et s'il y a bien un pub on n'y chante guère La ballade de Molly Malone.Le livre entier n'est qu'un monologue,une confession mais ce mot à mon avis ne convient guère car il recèle une part de culpabilisation qui ne semble guère émouvoir Frederick St John Vanderveld Mongomery.Qu'est ce que j'aimerais avoir un tel patronyme,qui à lui seul tient lieu de CV.

Mais voilà Freddie est un assassin,pas vraiment volontaire mais pas vraiment occasionnel non plus.Aucun dialogue dans le livre des adieux,seulement des mots,des phrases,beaucoup de mots et de phrases,dans la bouche du seul personnage à part entière.L'homme parle,ne cherche ni excuse ni compréhension,pas plus qu'il ne s'incorpore vraiment à la vie des autres.Mr.FSJVM est une sorte d'outcast,d'étranger.Est-il seulement vraiment vivant?Il y dans ce livre intéressant mais assez déconcertant quelque chose des grands romans russes,me semble-t-il.Une indéfinissable impression d'une conscience bafouée victime de sa propre barbarie.Le livre des adieux est écrit dans un style très littéraire et nanti d'un vocabulaire recherché,ce qui oblige à quelque remise en question du bagage du lecteur.Les grandes oeuvres sont parfois hérissées d'aspérités qu'il nous faut abraser un peu pour mieux les franchir.John Banville n'est pas forcément à lire toutes les semaines et la confession de Frederick s'avère souvent poisseuse et nous met mal à l'aise mais le livre des adieux s'inscrit dans la tradition littéraire irlandaise,richissime et variée..
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Je ne suis pas sûre d'avoir aimé cette longue confession d'un tueur cruel et prétentieux, trop bavard, trop égoccntrique, trop froid trop, trop, trop, bref très antipathique. Pas un seul instant je ne me suis attachée à lui! Peu m'importait son sort. J'ai rarement aussi peu ressenti d'intérêt pour un personnage de roman mais en même temps je savais que j'obéissais ainsi au désir de l'auteur.
C'est ce qui a transformé cette lecture en expérience étonnante : je me suis sentie dominée de bout en bout non par le narrateur mais par l'auteur lui –même, baladée par lui où il voulait. Tout du long j'ai admiré sa façon d'écrire, précise, sèche, très efficace et somptueuse !
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je plaiderai coupable, bien sûr, mais il me déplaît qu’on ne me laisse pas faire ma déposition, oui, ça, ça me déplaît. Ce n’est pas juste. Même un saligaud de mon espèce a droit à son jour de gloire. Je me suis toujours vu dans le box des accusés, le regard fixé droit devant moi, très calme , en tenue sport – comme les journaux me décriront - , en train de raconter, de ma fameuse voix autoritaire, ma vision des choses, avec mes mots à moi. Maintenant, voilà qu’on va me refuser même ce moment théâtral, le dernier, sûrement, que je connaîtrai dans cette vie. Non, ce n’est pas juste.
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