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A sa manière habituelle, Svetlana Alexeïevitch prend un micro, un stylo, et note les propos des petites gens, et ensuite nous rapporte, en se faisant toute petite, les histoires ordinaires qui accompagnent la chute du communisme, la dislocation de l'Union Soviétique, les luttes fratricides qui s'ensuivent. Difficile de sortir indemne de cette lecture.
Ce livre m'a rappelé une anecdote qui m'est arrivée (je ne sais plus exactement quand, entre 1991 et 2012, c'est sûr) : je m'étais rendu à un repas russe organisé par une association, et, comme je parle russe, j'ai longuement discuté avec un groupe de géorgiens demandeurs d'asile. Ils détestaient la Russie, ainsi que le régime de leur pays qu'ils avaient fui, la Géorgie. Nous discutions de choses et d'autres. Et soudain l'un des géorgiens s'est mis à me dire, en m'incluant dans son propos : Ah oui ! C'était comme ça, chez nous,… J'ai alors été prise d'une sorte de vertige, il opposait «chez nous » à la France, son pays d'accueil, à l'Europe, à l'Occident, mais surtout il m'incluait moi, française ayant vécu six mois à Moscou, dans le « nous », et avec, les russes, les géorgiens, en fait « nous », c'était sa vision de l'Homo Sovieticus (je précise aussi que je n'ai jamais mis les pieds en Géorgie et que lui n'a jamais vécu en Russie).
Avec ce livre, j'ai retrouvé la Russie des cuisines, où on se retrouvait pour discuter, chanter, .... . Je ne suis pas russe et pourtant, comme je les comprends, comme je les retrouve dans ce livre.
Pour certains, peu parmi ceux que je connaissais, la déception a commencé dès 1985. Pour la plupart, c'est venu plus tard, avec les mafieux, avec les privatisations qui ont dépouillées la majorité des gens.
Je me rappelle avoir une scène au marché l'hiver 1990 je crois. Je voulais acheter un balai à l'ancienne (a priori pas un article très demandé), la personne devant moi achète tout, sort du marché, et dans la rue se met à les revendre dix fois plus cher. C'est très concret, imaginez cette scène chez nous ! Dans la Russie de 1990, c'était comme ça pour tout.
Ce livre est extrêmement juste, impossible de sortir totalement indemne de sa lecture. Pourtant au départ je ne pensais pas qu'il pourrait être aussi fort que La supplication.
Nombre de ces témoignages me font penser à cette phrase d'Ossip Mandelstam dans le bruit du temps que je viens de relire : « Se souvenir, c'est remonter tout seul le lit d'une rivière tarie ! »
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Ce n'est pas une lecture facile, je l'ai faite sur presque un mois et comme ce sont des interviews ça ne gêne pas, c'est même plus facile à “digérer” car il y a des moments douloureux !

Svetlana Alexievitch a recueilli les témoignages des oubliés de la dernière révolution de l'Union soviétique : la chute du Mur de Berlin et l'éclatement de l'URSS qui a suivi.

Elle a donné la parole à toutes sortes de personnes, sans choix politiques ou religieux et chacun a pu exprimer sa vie passée sous l'URSS, ses espoirs ou ses peurs dans les années 90 et faire le constat de sa vie actuelle.

Dans ces écrits j'ai retrouvé une pensée qui me mettait mal à l'aise à cette époque d'ouverture : qui allait penser à la majorité de la population qui a toujours eu du travail, un toit, une maison mais qui n'avait pas la possibilité de s'adapter à un monde capitaliste ? Comme partout en tout temps, les plus riches, les plus débrouillards, les mêmes personnes avides ont accaparé les richesses et les droits et les laissés pour compte, survivent, regrettent et espèrent rarement, seule la douleur et le désespoir persistent !

Prix Nobel mérité même si ce livre n'est pas de la pure littérature mais doit-on mettre en marge ce genre d'écrits ? Son intérêt est ailleurs et a le mérite de nous montrer la vérité du peuple, propre à chacun.

Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge PAVES 2021
Challenge ATOUT PRIX 2021
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A partir d'interviews, Svetlana Alexievitch reconstitue l'histoire de l'Homo Sovieticus de 1991 à 2011. Morceaux de vie qui racontent l'histoire d'un peuple, du communisme au capitalisme avec ses luttes qui n'ont abouti qu'à plus de répression et de pauvreté. "Nous ici , on continue à vivre comme on a toujours vécu. Sous le socialisme, sous le capitalisme...Pour nous, les blancs et les rouges, c'est du pareil au même. Faut tenir jusqu'au printemps. Planter les patates..."
J'ai suivi ces témoignages avec d'autant plus d'émotions que j'avais vu au théâtre la représentation qu'en avait faite Emmanuel Meirieu ( à cette époque où les théâtres accueillaient encore comédiens et public...). Tous ces gens avaient un nom, un visage, leurs souffrances, leur incompréhension des événements, leur rêve de gloire devenaient les miens.
Prix Nobel de littérature 2015.
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Il faut lire ce livre. non seulement parce que c'est l'oeuvre d'une femme prix Nobel. Adeptes ou non du communisme soviétique. L'auteure met en forme les interviews recueillis auprès de personnes meurtries par la vie au temps de l'Union Soviétique. C'est un constat sociologique de multiples traces laissées par l'amour déçu, par la faillite d'une idéologie à but généreux.
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"La fin de l'homme rouge", ou " le temps du désenchantement", est une magnifique fresque, issue de dialogues, d'interviews, d'enregistrements, que Svetlana Alexievitch a collecté pendant des années. Elle a parcouru l'ex immense empire, stylo et carnet en poche, ou posant un magnétophone sur des coins de table de datcha perdue, ou de palais moscovite ; revenant parfois plus tard, quand la parole était difficile. Anciens colonels de l'armée rouge à la retraite, ex prisonniers du goulag, enfants d'apparatchiks, habitants des anciennes provinces soviétiques, mère de milicienne disparue, jeune femme arriviste ne vouant plus son énergie qu'à une cause, la sienne….C'est une formidable immersion dans l'histoire, la géographie, et la sociologie de ce bloc si longtemps fermé.
      Que reste-t-il de l'homo sovieticus  ? Cette histoire est une plongée dans des sortes d'enfer concentriques, se contenant les uns avec les autres. A la différence du totalitarisme nazi, le soviétique fut rallié par des gens idéalistes, pétris de valeurs humanistes, qui acceptèrent pourtant souvent d'avaler des couleuvres, de se soumettre et de collaborer à un régime d'oppression impitoyable. Mais peut-on liquider cette histoire en un jugement si péremptoire ? Cet empire a représenté un espoir pour deux ou trois générations, et a fasciné assez les intellectuels et les révolutionnaires du monde entier, pour qu'ils oublient leur codes des humanités ordinaires, s'en remettant à la promesse de lendemains meilleurs.
 L'auteur n'est pas là pour juger. Mais les témoins le font souvent à sa place, avec colère, regret, émotion, ou amertume. Les victimes dans ces histoires à double ou triple fond deviennent parfois eux mêmes bourreaux, ou complices, ce qui explique embarras, et ambivalence. Beaucoup restent malgré ce qu'ils ont vécu nostalgiques de cet empire qui se faisait respecter, et engendrait chez eux un sentiment de fierté. le ciel tout à coup s'est effondré, disent ils souvent. 
    Nous sommes là dans les années 90, ce moment où l'on casse les statues de Marx et de Staline, où l'on vend sur le marché de Moscou, des médailles militaires et des uniformes de maréchaux. "Etait-ce la peine d'avoir écraser les nazis pour capituler sans combattre, et vendre notre âme à Mac Donald ?" Ils ne reconnaissent plus leur pays, et déplorent que leur idéal ait été bradé contre un rêve en toc, celui du marché capitaliste.  L'état tout puissant qui subvenait à tout, et qui régulait les écarts de richesse, a laissé place à une jungle mafieuse, ultra libérale, bradant les entreprises d'états les unes après les autres, voulant semble-t-il réaliser cette globalité que le communisme rêvait de mettre en place…     Les professeurs constatent désabusés que personne ne s'intéresse plus à la culture classique, à Tolstoï, à Tchekhov... Les autodafés de livres qu'Hitler avait entrepris sont devenus inutiles. Les oeuvres de Marx et de Lenine sont amenés au pilon, à la décharge, victimes du désintérêt total plus que de la police de la pensée. Ce pays qui comptait un nombre extraordinaire d'érudits et d'ingénieurs, est fasciné par les images en toc de l'occident, et se suicide d'une façon inexplicable, en laissant beaucoup de ces citoyens médusés, tétanisés, sur le bord du gouffre, abandonnés par l'état, obligés de faire la manche pour survivre. Si la révolution soviétique fut quelque chose de totalement inédit dans l'histoire du monde, sa chute atypique le fut tout autant.

    «  Je me souviens de cet éclat que les gens avaient dans les yeux au début de la perestroïka. Je ne l'oublierai jamais. Ils étaient prêts à lyncher tous les communistes. Ils étaient prêts à les envoyer dans les camps. Les livres de Maïakovski et de Gorki s'entassaient dans les poubelles. On mettait les oeuvres de Lénine au pilon….J'en ai récupéré…. Oui je ne renie rien ! Je n'ai honte de rien ! Je n'ai pas retourné ma veste, je n'ai pas gratté ma peinture rouge pour me repeindre en gris. Il y a des gens…. Si les rouges arrivent, ils les accueillent à point ouvert. Si c'est les blancs, ils accueillent les blancs…. » (Ilena Iourevna.) . 

   Il faudra un certain temps pour que les supporters de la révolution poussée par Eltsine battent leur coulpe, et s'aperçoivent qu'on les a bien trompés, et que si les supermarchés sont maintenant bourrés de marchandises et de gadgets, bien peu d'entre eux peuvent les acheter. "Comment avez-vous pu être si naïfs ?" Se voient reprocher les anciens communistes, par une jeunesse qui ne connait rien à l'histoire, ne veut pas entendre parler de la révolution de 17. Cette nouvelle génération qui apporte ici aussi son témoignage, et sa vision du pays, veut faire de l'argent rapidement, voyager, prendre du bon temps . Et Pourtant certains arrivistes de la première heure, celle des années 90, où il fallait profiter d'un opportunité inédite, et être filou et malin, pendant que les autres rêvaient, ou ne croyaient pas ce qui se passait, confessent une nostalgie parfois pour le monde d'hier. On se partageait un saucisson dans la cuisine, en discutant littérature, disent ils, émus, évoquant ce passé où la communion et l'entraide étaient la grande richesse. La sainte et grande Russie n'a que faire de ces gadgets et de trop de confort, concèdent ils, en remontant dans leur Mercedes ! Force est de reconnaître dans ces paradoxes les traits allant du comique à la passion exagérée et aveugle, traitant de cette âme russe insaisissable et passionnée, que les grands auteurs Russes ont su exploiter dans la littérature. Ah ! Les cuisines ! Voilà où semble-t-il se logeait l'âme russe, pendant des décennies...L'occidental découvre dans ce livre combien c'était des cocottes minutes de la culture et de socialité. Il semble qu'on ait davantage rêvé de changer le monde dans les cuisines soviétiques, que dans les salons français du dix huitième siècle. Mais la roue tourne, les nouveaux témoins sont contents que Poutine soit un nouveau tsar. Rétablir déjà la dignité du pays, disent il...Il faudra attendre ces dernière années, pour que les objets déclassés de l'ex union soviétique soient de nouveau à la mode, et que les jeunes se remettent à lire « Le capital . En lisant ces témoignages, on réalise que la Russie a vécu en un temps très court, et à un niveau d'ampleur inégalée ce que nous vivons nous mêmes à l'instant  : le glissement insidieux de la culture vers la barbarie, où l'argent roi, et la vulgarité, sapent ce qu'on estimait sacré, et éternel. Cela est parfois si cruel, ou révoltant, qu'on préférerait que cela soit de pures fictions, si improbables, que l'on dirait alors : « Des choses pareilles heureusement ne se passent pas dans la vraie vie »
    Ainsi, on pourrait se croire protégé de l'indicible, de la monstrueuse cruauté des hommes, quel que soit le pays que l'on habite. Étoile entourée de bleu, ou de rouge. Les idéaux ne valent plus grand chose quand la mort semble toute proche, et qu'un pied vous écrase la figure. Il y a heureusement dans ces histoires, la figure du bon samaritain, qui fait reprendre confiance en l'humanité. Cette âme miséricordieuse, qui vous réconcilie avec l'humanité, est présente dans bien des récits de souffrance. On la trouve non seulement dans « La guerre et la paix » de Leon Tolstoï, quand le prince Pierre, promis au poteau d'exécution par les soldats de Napoléon, se voit offrir une pomme de terre par un mendiant tout aussi affamé que lui. Et plus jamais, une fois sauvé, lui qui n'avait jamais manqué de rien jusqu'alors, sa vie ne sera comme avant. Ce sont bien les épreuves, qui révèlent la valeur des hommes !

     Le Dickens des « grandes espérances » me vient autant en mémoire que « Les misérables » de Victor Hugo. La même évocation d' anciens taulards, de réprouvés, qui avaient fait résilience et surent inverser le destin, et donner une caresse, un abri au chien errant, au lieu de lui foutre un coup de pied au ventre. Les contes des mille et une nuits nous avaient déjà prévenu : Combien de princes se sont endormis un soir en un palais luxueux, pour se réveiller au matin, sur un lit de pierres, dans un désert glacé ?  Le désenchantement ressemble parfois à cette « saudade » Portugaise, faite d'un spleen à propos du pays natal qu'on a quitté, dont on n'a pas fait le deuil. le thème de l'exil, de l'exode permanent, à la recherche d'une frontière illusoire, du pays d'après, est constitutionnel de bien des histoires américaines :
     « J'ai toujours envié les gens qui peuvent retourner sur les lieux de leur enfance, ceux pour qu'il existe un endroit où ils se sentent chez eux. » Nous dit, à travers Paul Auster, un certain Timothy Akerman-(Californie). Pour dire que ce livre m'a rappelé le tout aussi bouleversant livre de témoignage de cet auteur américain dans « j'ai cru que mon père était dieu »
      Pour l'ex homme rouge, l'éclatement de l'empire a abouti à la prise de conscience douloureuse qu'il n'était plus question maintenant d'avoir des contacts avec leurs voisins d'avant, cette l'époque où l'homo sovieticus avait aboli les concepts de nationalisme entre les provinces de l'empire. Alors, chacun s'est souvenu qu'il était Arménien, Géorgien. Ou Russe. Ou on leur a rappelé. Les pogroms ont commencé un peu après…C'est alors qu'une des témoins d'Alixievitch auraient très bien pu rencontrer Une de ceux d'Auster, sur une plage du Pacifique...

     «  Tout le monde est parti. Pour sauver sa peau. Nous avions des amis qui vivaient en Amérique, à San Francisco. ...C'était si beau. L'océan est partout. Je passais des jours entiers au bord de la mer à pleurer. C'était plus fort que moi. J'arrivais de la guerre, d'un pays où n'importe qui peut se faire tuer pour une bouteille de lait...Un vieux monsieur marchait sur le rivage. Il disait que la beauté et l'océan, ça guérit. Il m'a consolé longtemps...Les larmes coulaient encore plus fort….Les mots gentils me faisaient pleurer plus que les coups de feu à la maison. Plus que le sang. Mais je n'ai pas pu vivre en Amérique. Je voulais retourner à Douchambé, et si c'était dangereux de rentrer, je voulais vivre le plus près de chez moi. Nous avons déménagé à Moscou  ! »
Un livre qui ne finit pas de raisonner en nous..
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C'st un livre bouleversant, construit à partir des divers témoignages des gens de toute classe sociale (à l'exception des oligarques) qui ont crût en un avenir meilleur (ou pas) pendant la perestroika, et qui se trouvent dépassés, déçus, par les affres et les tourments apportés par le capitalisme et les nationalismes après la chute du régime soviétique. Les gens nés sous régime soviétique ont vécu sous la terreur pendant les rouges, et ont vécu la terreur en 1991avec le renversement du régime. En 3-4 jours, il a fallut retourner sa veste et en fervent soviet, il a fallut devenir capitaliste pour sauver sa peau. Les gens, et même les plus instruits et les plus cultivés, n'ont pas compris l'utilité de la distribution des bons d'Etat et les ont vendu pour une bouchée de pain. Certains ont perdu les économies d'une vie, en quelques semaines en raison de l'inflation et des pénuries.
Il est difficile de l'imaginer dans notre société d'abondance.
Ceux qui n'étaient pas préparés à la révolution blanche, n'ont pas su s'adapter à cette nouvelle révolution avec ses nouveaux concepts ( le commerce, le marché ) pour s'en sortir dans la vie. C'est certainement les plus instruits et les plus cultivés qui ont eu le plus de mal à s'adapter. le livre donne matière à réfléchir. Les personnes âgées ont vécu toute leur jeunesse à construire le communisme en renonçant à tout le confort matériel pour un idéal et un avenir meilleur et se retrouvent trahis par la révolution blanche, avec des pensions de retraite qui ne permettent pas de survivre et dans l'incompréhension totale avec leurs petits enfants qui sont dans la course du capitalisme.

Ce livre fait partie des incontournables pour comprendre le XXème siècle.

En France, il me semble que nous avons vécu de très loin cette période de l'histoire. C'est regrettable.

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Une histoire .. une drôle d'histoire celle d'un être humain qui vivait avec le socialisme, cette vie que "brin par brin, miette par miette", Svetlana nous raconte "l'histoire du socialisme "domestique" ... "intérieur". La façon dont il vivait dans l'âme des gens."
Et cette histoire est passionnante comme un témoignage de ce qui a existé, de ce que plein d'hommes et de femmes ont vécu.
Ce livre n'est pas un livre d'histoire car "l'histoire ne s'intéresse qu'aux faits" et ce n'est n'est pas ce qui intéresse Svetlana, ce qu'elle veut nous faire partager c'est les émotions, celles, qui "restent toujours en marge." C'est de cela qu'elle souhaite nous entretenir car ce qui est passionnant c'est ce que ressentent les gens.

Un drôle de condensé de vie articulé autour de questions majeures,
Où il est question de pouvoir quand même sourire : "un communiste, c'est quelqu'un qui a lu Marx, et un anticommuniste, c'est quelqu'un qui l'a compris ...",
Où il est question d'être surpris par des explications si simples : "au lieu de faire couler le sang, on s'est acheté des objets. On s'est mis à vivre ! Nous avons choisi de vivre mieux. Personne n'avait envie d'une belle mort, tout le monde voulait avoir une belle vie. Quant au fait que le gâteau n'était pas assez gros pour tout le monde, ça, c'est un autre problème...",
Où il est question d'entendre que "l'on se moque des Homo Sovieticus. On les traite de poires, de ringards... on se fiche de moi ... les Rouges sont devenus des monstres, et les Blancs de nobles chevaliers.",
Où il est question d'entendre des trucs tout simples : " aujourd'hui : il y en a qui n'ont pas assez de beurre dans leurs épinards, et d'autres qui n'ont pas d'épinards du tout ...", et aussi de simple réflexion : "qu'est ce qu'on voulait ? Un socialisme plus doux, plus Humain... et qu'est ce qu'on a ? le capitalisme sauvage.",
Où il est question de se rappeler "la génération des intellectuels d'avant guerre. de ces gens qui avaient les larmes aux yeux quand on jouait l'Internationale",
Où il est question de savoir ce qui était essentiel : "pour nous, les livres remplaçaient la vie. C'était notre univers.",
Où il est question d'avoir "des projets grandioses. Nous rêvions de la révolution mondiale.",
Où il est question d'essayer de pleurer pendant les funérailles du grand homme : "je savais comment vivre sans maman. Mais sans Staline ?",
Où il est question de sentir la différence : "avant on disait 'les gens simples', et maintenant, on dit 'le petit peuple'",
Où il est question des communistes : "quand ils étaient là, personne ne possédait des milliards, chacun avait un petit quelque chose, et il y en avait assez pour tous. Les gens se sentaient des être humains.",
Où il est question de couleur : "orange, c'est la couleur de la pisse de chien sur la neige. Mais ça peut devenir rouge...",
Où il est question de plume : "Flaubert a dit de lui même qu'il était 'un homme plumes'. Moi, je peux dire que je suis 'une femme oreille'",
Où il est question de se souvenir de ce que ces gens ont vécu, et de garder traces de tous ces souvenirs !
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La fin de l'homme rouge est un livre émouvant, poignant sur les désillusions du régime soviétique et qui nous permet de mieux comprendre le règne actuel de Poutine. Avant de lire ce livre je n'étais plus communiste depuis l'invasion de la Tchécoslovaquie mais ces témoignages m'ont tout de même mis très mal à l'aise par rapport à ce que j'ai cru il y a longtemps.
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J'ai lu ce livre en parallèle avec 1984 de Georges Orwell et pendant les annonces de Macron sur le 2ème confinement, puisqu'il l'appelle ainsi... le moral et les nerfs en ont été mis à rude épreuve. Mais quelle force et quelles leçons d'Histoire dans ces témoignages ! Ils nous aident à tenter de comprendre ce qui se passe dans l'Europe orientale, Russie, Biélorussie et Tchétchénie. Pas ou peu de commentaires, juste des témoignages de gens qui pourraient être toi ou moi, si nous vivions là-bas, dans ces contrées marquées par le tsarisme et le stalinisme. On comprend un peu mieux le phénomène Poutine...
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Svetlana Alexievitch m'étonnera toujours par son style, elle sait parfaitement décrire le vécu de personnes ayant traversé l'Histoire, que ce soit avec La supplication ou ici avec la chute de l'URSS.
Pendant près de quarante ans, elle fait des entretiens avec des petites gens pour garder la mémoire de ce quotidien, pour ne pas oublier l'Histoire. C'est toujours beaucoup d'émotion de lire un essai de cette auteure, j'ai toujours besoin d'une pause pour m'en remettre. J'ai eu des frissons à chaque récit.
Vraiment, c'est une auteure à lire, à relire et à étudier. Elle rend accessible des pans de l'Histoire à ceux qui ne l'ont pas directement vécu, et rappellera sûrement des souvenirs, bons ou mauvais à celles et ceux qui ont vécu cela.
Je n'ai rien à redire sur le fond, ni sur la forme, pour moi c'est un vingt sur vingt.
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