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EAN : 9782847051872
64 pages
Editions Espaces 34 (24/10/2019)
3.5/5   4 notes
Résumé :
La pièce se présente sous forme de douze saynètes, numérotées de zéro à onze - onze, c’est également le nombre de personnages : dix lycéens de Fukushima entre seize et dix-sept ans et un mystérieux « onzième » enveloppé dans une bâche, symbolisant l’horreur de la catastrophe.

Les douze tableaux se déroulent dans la cour du lycée, où les adolescents prennent tour à tour la parole sur les sujets qui les préoccupent : un amour non partagé, les mésentent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Au premier abord, Bleu comme le ciel est une oeuvre étrange, hermétique. La traduction littérale du titre original, Blue sheet, serait plutôt drap bleu, ce qui éclaire mieux le rôle symbolique de la bâche bleue très présente dans le texte. On la voit souvent au Japon pour couvrir un bâtiment détruit, le corps d'un mort accidenté et sur les lieux de catastrophes.

Deux ans après la catastrophe de Fukushima, ces lycéens d'Iwaki, ville du Tohoku touchée par le tsunami de 2011, s'interpellent entre eux sur un ton en apparence assez absurde et sur des sujets qui paraissent décousus.
En réalité, les échanges, parfois vifs, sont un prétexte pour questionner les maux de la société japonaise, qui minent largement le moral et la motivation de la jeunesse, qui pour partie ne s'intéresse pas à la politique, ne désire pas spécialement fonder une famille et se réfugie dans des comportements d'isolement social. le harcèlement entre scolaires, le modèle familial rigide, la tentation du suicide (le décor comporte une corniche, ce qui n'est sûrement pas anodin), la méfiance envers l'étranger, apparaissent entre les lignes.

C'est aussi la culpabilité et la responsabilité humaine qui est questionnée, quand l'éternel recommencement des fautes et des catastrophes montre que l'homme, en manque d'humilité, n'apprend décidément rien des événements. le ton final ne m'a malgré tout pas semblé si désespérant, ces jeunes ont encore de la fraîcheur et une dose d'espoir en l'avenir.

Evidemment un texte de cette nature ne peut remplacer la représentation théâtrale, qui s'impose naturellement, car il y a du mouvement, le nombre de personnages est élevé, la mise en scène est vivante. La pièce jouée est aussi le moyen sans doute pour le spectateur de mieux capter le sens du discours, les intonations, les expressions, les interactions l'éclaireraient sans doute.

C'est en tout cas une expérience intéressante de découvrir, au-delà des formes traditionnelles que sont le kabuki, le nô ou le bunraku, le théâtre japonais contemporain, occidentalisé, qui a aussi des choses à nous dire. C'est ce que nous permettent notamment ces excellentes éditions espaces 34, avec plusieurs parutions de créateurs japonais.
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Tout d'abord un grand merci à Babelio et aux éditions Espace 34 pour l'envoi de cette pièce de théâtre lors de la masse critique littérature.
Difficile cependant de faire une critique sur un texte de théâtre sans l'avoir vu mis en scène car malgré les didascalies, cela reste un peu flou et on ne trouve pas le rythme qu'il doit y avoir sur scène avec les comédiens.
La pièce débute à Fukushima, peu après la catastrophe nucléaire.
On voit dix adolescents discutant semble t-il dans la cour démolie de leur lycée. Sept filles et trois garçons abordent des sujets variés tels que l'amour, la famille, le sentiment d'être différent et les relations humaines de manière générale. On ne sait pas si ce sont des rescapés ou si ce sont leurs fantômes qui font le bilan de leur jeune vie.
C'est un texte avec beaucoup de poésie, mais une fois de plus, certainement plus compréhensible joué que lu.


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J'ai apprécié ma lecture mais je n'ai pas réussi à être totalement emporté. Par contre je pense qu'elle peut être vraiment très drôle une fois jouer sur scène et je serais curieuse de la voir sur les planches car les décors doivent tout changer.

J'ai aimé qu'on parle de Fukushima de manière indirect car cela met bien en lumière les conséquences de cette catastrophe sur la population. de plus les scénettes sont à la fois décalées et drôles ou sérieuse et profonde, ce qui donne beaucoup de rythme à la pièce.

C'est une lecture très rapide de 57 pages qui est très agréable même lorsqu'on n'a pas l'habitude de lire des pièces de théâtre, ce qui est mon cas.
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J'ai essayé de visualiser les personnages, leurs mouvements et cette fameuse bâche bleue durant ma lecture mais je pense que ce texte prend toute son ampleur émotionnelle sur scène, ce qui est le but du théâtre. Je vais donc chercher si je peux la trouver sur le net. Car cette pièce m'a touchée .Traumatisme de Fukushima, ce texte est subtil, sensible, profond, il donne la parole à la jeunesse japonaise, ses questionnements sur la mort, l'avenir ...
Merci Masse critique pour cette découverte.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
AIRI - Je t'aime !
SHIGATATSU - Quoi ?
AIRI - Sors avec moi s'il te plaît !

(Autour d'eux, les autres ricanent)

SHIGATATSU - Pourquoi je sortirais avec toi ?
AIRI - Mais parce que je t'aime !

(Autour d'eux, les autres ricanent)

SHIGATATSU - Ben, y'a pas de raison. Moi, je t'aime pas spécialement. Et puis même toi, tu me connais pas du tout.
AIRI - Je connais ton nom ! Shigatatsu !
SHIGATATSU - Juste mon nom, quoi.
AIRI - Le reste aussi, un peu.
SHIGATATSU - N'importe quoi !
AIRI - Alors si je te connais pas, c'est pas possible ?
SHIGATATSU - Hein ?
AIRI - Toi que je ne connais pas, je t'aime ! Tu ne veux pas qu'on sorte ensemble tous les deux, sans se connaître, sans bien se connaître ?
SHIGATATSU - ...Non.
AIRI - ...
SHIGATATSU - Je te le répète. C'est non.
AIRI - Euh...ça, c'est, euh...
SHIGATATSU - Aah, tu commences à m'énerver, là. Tu te fais vraiment des idées toute seule, toi. Ecoute, j'ai pratiquement jamais parlé avec toi, je te connais pas, et je suis pas du tout amoureux de toi, alors je vais pas sortir avec toi, c'est clair ?
Et puis, regarde, je suis grand, et toi t'es une naine.
En plus, je veux rester seul.
Alors arrête de te faire des idées sur moi sans me connaître, et lâche-moi.
AIRI - Voilà le genre de trucs qu'il me disait Shigatatsu. N'empêche, trois ans plus tard, on est quand même sortis ensemble.
SHIGATATSU - Hein ?

(Tout en continuant à s'adresser à Shigatatsu, Airi recule rapidement, jusqu'au fond de la scène, à l'endroit où la corniche est juste derrière elle).

AIRI - Et puis, tous les deux, toujours sans bien se connaître, on s'est mariés. Toujours sans bien se connaître, on s'est mis à vivre ensemble. Et bientôt, ces deux personnes qui se connaissaient si peu ont conçu un enfant.
Bref, Shigatatsu ne me connaissait pas bien, et moi j'étais enceinte de lui. Et l'enfant qui est né, il ne le connaissait pas bien non plus.
L'enfant qui est né ne connaissait pas bien son père non plus.
On l'a quand même élevé comme il faut, sans le connaître.
Et ainsi, toujours sans se connaître, on a élevé ensemble trois enfants qu'on ne connaissait pas vraiment. En fin de compte, on a vieilli ensemble, en bonne entente, toujours sans se connaître, voilà !
SHIGATATSU - C'est quoi, ça ?
AIRI - La vie de Shigatatsu !
SHIGATATSU - Quoi ?
AIRI - L'histoire de ta vie !
SHIGATATSU - ...
AIRI - J'ai fait de la divination. Je pense que ça tombe assez juste.
SHIGATATSU - Justement, non mais justement, qu'est-ce qui te permet de dire que tu sais ce qui va m'arriver, hein ?
AIRI - Mais je le sais pas ! Comment je saurais ce qui va t'arriver ? Crétin !
Mais là je te pose la question, hein : toi, tu le sais, ce qui va t'arriver ? Moi je le sais pas, ce qui va t'arriver, je te connais pas bien, hein, mais écoute !
On se comprend déjà pas soi-même, on se connaît pas !
C'est pour ça !
La quantité de toi que je ne connais pas, et la quantité de moi que je ne connais pas, c'est la même, voilà ce que je te dis !
Tu comprends ? Moi, c'est la seule chose que je comprenne.
Alors, connaître quelqu'un, ou pas le connaître ! Le comprendre, ou pas !
C'est pas avec ça qu'on décide de sa vie, voilà ce que je dis, moi ! Connard !

(Airi revient en courant se placer devant Shigatatsu)

Et si tu ne comprends même pas ça,
qu'est-ce que tes yeux ont vu jusqu'à maintenant, hein ?
Ton propre visage ? Ta tête de mec plutôt pas mal ?
Ton reflet dans le miroir, il t'a appris quelque chose, peut-être ?!


(Extrait de la scène 5 - Anniversaire)
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En compagnie de ces dix lycéens
j'ai tenté de faire des allers et retours
entre ici et un ailleurs un peu éloigné.

Entre ce temps et
un temps différent,
entre ce lieu et
un lieu différent,
entre ces pensées
et des pensées différentes.

Tant que nous ne cesserons pas
d'être humains,
ces allers et retours
resteront la seule chose en notre pouvoir.

AMEYA Norimizu, adresse aux spectateurs de la pièce.
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MOMO : Un jour viendra où on dormira tout le temps, non ?
Alors du coup, en prévision de ce jour, je m'entraîne comme ça,
moi, tous les jours, tous les jours.

NATSUKI : ...

(Momo fait quatre fois la roue avec aisance.)

MOMO : Regarde, il bouge bien, mon corps, hein ?
Je comprends pas, moi, un corps qui bouge de cette façon,
un jour, il va se mettre à bouger de moins en moins,
un jour il va se mettre petit à petit à ne plus bouger,
un jour il va se mettre à ne plus bouger du tout, du tout.
Et puis il s'endormira, mais complètement, à ce qu'il paraît.

NATSUKI : ...

MOMO : Dis ? Tu peux croire ça, toi ? Ne même plus rêver.
Tu as beau dormir, tu ne rêves plus jamais.
Moi je rêve de Mî-kin, je rêve de Taepi, je rêve de Ueda.
Tous ces rêves stupides que je fais tous les jours,
comment je pourrais dormir si je les fais plus ?
J'arrive même pas à l'imaginer, tu vois.

NATSUKI : ...

MOMO : J'arrive même pas à l'imaginer.


(Extrait de la scène 6 : Entraînement à dormir).
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Ce qu'on a vu, on peut s'en souvenir. Ce qu'on a vu, on peut l'oublier.
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Video de Norimizu Ameya (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Norimizu Ameya
Cette œuvre est la deuxième partie du double programme Kenji Miyazawa : Yumenoshima d'Ameya Norimizu et Romeo Castellucci, commandé pour l'ouverture du Festival/Tokyo 11. Ameya Norimizu, qui connaît les œuvres de Kenji Miyazawa depuis son enfance, utilise l'univers de cet auteur comme support pour déployer ses questionnements sur la matière et la vie. Le lieu de cette performance est Yumenoshima, une île artificielle qui a été créée par des déchets du tout Tokyo depuis la fin de la guerre jusqu’à la période de forte croissance économique. Dans le site, on retrouve également le navire Daigo Fukuryu Maru, qui a été exposé aux radiations en 1954 lors d'un essai de bombe à hydrogène au large de l'atoll de Bikini. Ce lieu nous rappelle la tragédie du peuple japonais lié aux armes nucléaires.
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