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sur 214 notes
Funambule sur un fil arachnéen cherche angle d'attaque pour traiter l'un des plus grands crimes de l'humanité.
Funambule qui vient à la suite des Bienveillantes, de Jonathan Litell.
Que peut-on ajouter à ce chef d'oeuvre désespéré ?
Il me semble que Martin Amis a trouvé.
Là où Litell donnait à son personnage la substance tragique d'Oreste, une histoire et presque une âme - diabolique mais une âme, Amis réplique par la vacuité complète, l'inanité, le creux, le vide, le rien, le néant, le Nichts. Rien, il n'y a rien ni dans l'esprit ni dans le corps des personnages. Aucune substance. Ce sont des girouettes ballotées au gré du vent. Un vent qui vient du front de l'est, de Stalingrad, très exactement.
Ce texte n'est pas une farce. Golo Thomsen, SS convaincu et dénaturé, très impliqué dans l'extermination des Juifs, est plus ou moins planqué à Auschwitz pendant que ses camarades se battent en Russie. C'est le neveu de Martin Bohrman. Il se promène de ci de là, en tripotant les femmes du bocage silésien, les kapos, éventuellement les femmes d'officiers. Parfois, il donne un avis éclairé aux ingénieurs d'IG Farben, qui implantent une usine dans le camp, s'opposant à tout assouplissement du régime des prisonniers pour en faire de meilleurs esclaves. Car IG Farben, en bon gestionnaire de ses ressources humaines, souhaite que les esclaves ne meurent par comme des mouches. Ce n'est pas rentable. Kreativ Vernichtung. Anéantissement créateur de richesse. Mmmm IG Farben...
Golo tombe soudainement amoureux d'Hannah Boll, l'épouse aryennement parfaite de Paul Boll, commandant du camp d'extermination, double de Rudolf Hoss. Il se confie à son ami Boris, nazi fanatique, officier de la wehrmacht, puni quelques temps et mis au placard à la gestion du camp. Il n'espère qu'une chose, repartir au plus vite sur le front de l'est. Boris ressent une attirance contre nature pour Esther, une jeune prisonnière.Paul, Boris, Golo et quelques autres travaillent avec plus ou moins de satisfaction à l'extermination des Juifs. Hanna est gênée par l'odeur, mais bon, les Juifs, il faut bien s'en débarrasser...Et puis soudain, revirement de situation, voilà qu'Hanna et Golo ont des états d'âme...Et si ce n'était pas bien, pas normal, ce qui se passe là bas, dans les douches ? Dans les fours ? Pourquoi ce revirement ? Est-ce l'amouuuur? Qui donne une conscience ? Non, c'est Stalingrad, qui annonce que la guerre est perdue, que le reich est foutu, qu'il va falloir changer de refrain. Golo et Hanna s'y attellent, horribles pantins désarticulés mus par le vent qui tourne...
Voilà le coeur de l'histoire. Stalingrad, son message. Ce n'est pas dit clairement, il faut le lire entre les lignes. Aucun des personnages ne prend conscience de ce qui lui arrive, car aucun n'a de conscience.
Golo et Hanna sont des zéros, des nuls, dont l'"amour" est rendu abject.
Paul Boll demeure l'abruti fanatique qu'il est, irrécupérable.
Szmul, le Sonder ( Juifs réquisitionnés pour pousser les leurs dans les douches en leur mentant) finit par ...On ne peut pas juger un homme mis par immonde perversité dans cette situation.
Boris, boum.
Ce n'est pas une farce, tout est abject là dedans, tout est monstrueux. Les êtres sont vides. Que le vent tourne encore, et ils y retourneront, au camp d'extermination, faire leur petit boulot et leurs courses. C'est là la nouveauté, l'angle d'attaque et la zone d'intérêt. Pas d'esprit, ils sont différents du personnage de la mort est mon métier, ou des autres livres que j'ai lus sur le sujet. Juste vides. Pas de principe, pas de valeurs, pas de morale, pas de sentiments, pas d'idées, pas de vie intérieure. Des zombies. Mordseele. Ame meurtrière. Âme morte.
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Une lecture qui s'annonçait si intense, si hors du commun et qui s'effondre aussi sec. Lorsque j'ai lu les avis sur ce roman, je suis tombée de ma chaise. Ce roman se faisait démolir, pourtant le sujet semblait brillant, l'écrivain a une plume très riche et ce livre était couronné d'un prix littéraire. Il n'en fallait pas plus pour m'attirer !

Ayant lu beaucoup de romans sur la seconde Guerre Mondiale, j'ai de plus en plus de mal avec cette période de l‘histoire en littérature, car il me semble que l'on a tout dit. Donc quand j'ai découvert cette quatrième de couverture qui nous présentait une vision détournée de cette période. On inversait les rôles et on allait plaindre des SS ?! Magique et irréelle ! Mais dès les premières pages j'ai bien compris que malheureusement on restera dans une version soft de ce que j'imaginais. J'estime que l'on peut rire de tout si la manière de faire est intelligente, ici il faut reconnaitre que son idée est brillante et son écriture très riche pour amener cela. Mais surement dans un besoin de ne pas froisser trop de monde, l'auteur à pris un parti mitigé en démarrant fort puis en baissant d'intensité son texte.

Dans ce roman on a donc un problème, car il présente son sujet de manière trop et pas assez à la fois. Soyons clair, quitte à nous présenter un texte qui se veut satirique et noir à souhait autant se donner à fond. Que cela soit choquant mais vraiment ! Où alors que le récit prenne une tournure vaudeville engagée, une qui vaut le détour. Malheureusement on reste un peu sur sa faim. On comprend l'intention de l'auteur, mais on en attend beaucoup plus. Je souhaitais du Monty Pithon ! Je souhaitais de la satire à fond !

On ressent la volonté de l'auteur mais pour moi il ne va justement pas assez loin et reste à la limite comme s'il n'osait pas. Comme s'il avait peur de perdre des lecteurs, alors qu'en allant à fond je pense qu'il en aurait gagné justement. Je ressors donc mitigé car j'aurais espéré tellement plus en fin de compte. Quitte à vouloir choquer, choquons, mais dans ce texte je suis restée à la frontière. Une frontière encore trop lisse à mon goût et pour mon envie de lecteur.
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Comment gérer un camp de concentration et être efficace dans l'élimination des juifs ; voici un des thèmes de ce roman terrifiant.
Nous suivons ainsi différents personnages du camp de concentration Kat Zet en Pologne. Son directeur, Paul Doll, fonctionnaire zélé du Reich qui cherche comment rentabiliser et bien gérer son camp; sa femme Hannah qui n'adhère pas à ce régime fasciste et qui subit ; Angelus Thomsen, un officier nazi, cynique qui gère une usine de fabrication de caoutchouc, coureur de jupons mais conscient de ce régime qu'il n'aime pas sans le laisser paraître ; Smulz le chef du Sonderkommando qui aide à l'élimination de ses compatriotes (voir l'excellent film le fils de Saül pour comprendre et saisir toute l'horreur de de sa fonction) et pleins d'autres personnages ayant existé ou presque, tous aussi haineux et cruels.
Un roman étonnant, nous sommes à la fois révulsé par les descriptions cyniques et réalistes mais attiré par sa façon de décrire en maniant l'ironie, l'humour parfois, c'est tellement "fort" qu'on a du mal à y croire......et pourtant !
Ce livre pose donc la question : Comment peut-on expliquer la haine fanatique des nazis contre les juifs ?, une des réponses de Primo Levi à cette question était "peut être ne peut-on pas ou, ne doit-on pas, comprendre ce qui est fait, car comprendre, c'est presque justifier.

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Alors,... certes, il y a du grotesque dans ce livre, mais du grotesque qui ne m'a pas fait sourire du tout ; car les "caricatures" n'en sont pas hélas, et les personnages ne jouent pas dans un vaudeville, ils vivent! ils vivent nuits et brouillards!

Simplement pour montrer froidement le pire de l'humain dans la bêtise, la vanité, la cruauté, ce livre en est une démonstration monstrueuse, cauchemardesque, impitoyable. Ce livre est glaçant! La pseudo "histoire 'amour" passe un peu au second plan, au milieu de l'horreur, mais reste aussi très plausible dans un tel système aux valeurs perverties. les Monty python sont de très joyeux lurons à côté de Amis! Et lire la postface "ce qui s'est fait".
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Dérangeant, mais comment ne pas l'être pour traiter d'un tel sujet... Dans un camp de concentration, la mise en oeuvre de la solution finale, les relations (in)humaines, les différentes postures (héros, sadique, obstructeur, profiteur, ...)
Intéressant pour le fond, rude parfois.
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Quand au bout de 50 pages, je trouve que cela ne ressemble à rien, j'arrête. Je ne suis plus assez jeune pour me permettre d'attendre patiemment que l'auteur me convainque de rester. il y a trop de choses intéressantes à lire pour cela. Direction, retour bibliothèque :(
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C'est le premier livre que je lis qui se déroule durant une guerre et je crois que j'aurais du m'abstenir de lire celui-ci avec son côté très sarcastique et me diriger vers quelque chose d'autre.

Le côté Monty Python des officiers avec ce qu'ils font subir aux victimes est très déconcertant tout au long du roman et les nombreux mots d'allemands gênent la lecture (même sans comprendre l'allemand on arrive à suivre tout de même).

Je crois que ce livre a beaucoup bénéficier du refus de son éditeur à le publier.
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Marivaudage dans les camps de la mort ! Vaudeville chez les salauds !
Ce pourrait être abject, c'est lumineux.
Aborder l'holocauste du point de vue des tortionnaires, d'autres l'ont fait, à commencer par Robert Merle avec l'excellent "La Mort est mon métier". Mais Martin Amis va plus loin. Les salauds ont leurs petites misères, leurs affres, leurs doutes et leurs passions. Leur drôlerie aussi. Ils sont pour certains séduisants voire attachants. Et c'est sans doute-là que Martin Amis dérange le plus mais marque aussi le plus de points. En restituant l'humanité des bourreaux au travers de ce récit qui commence comme une romance au KZ, improbable et déplacée, "la Zone d'intérêt" ne fait que davantage saillir la monstruosité du crime.
Le tour de force d'Amis est là et aussi dans sa façon de nous donner à voir comment l'horreur finit insidieusement par affecter ses partisans et ses ouvriers. Même eux ne restent pas indemnes devant l'énormité de l'horreur.
Amis s'est énormément documenté pour ce roman qui fourmille d'anecdotes, des anecdotes qui en disent très long sur la tératologie hitlérienne. On y apprend beaucoup.
Il nous montre aussi comment certaines consciences, pas toutes, s'éveillent et se rachètent.
Magistral.
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Je pense que ce livre ne peut pas laisser indifférent, et pas seulement en raison du thème abordé, à savoir . En effet, Martin Amis l'aborde de manière originale, comme on pourrait parler du quotidien.
Le livre est plutôt facile à lire, mais quelques notions d'allemand sont les bienvenues, ou un dictionnaire français-allemand sous la main peut faire l'affaire, car les termes allemands sont nombreux et peu traduits, ce qui a plutôt gêné ma lecture, malgré mon allemand 1ère langue.
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La Zone d'intérêt fait partie de ces titres phares de la rentrée littéraire, attendue car oeuvre d'un écrivain anglais qui n'a plus ses preuves à faire, dont l'humour et le cynisme caractérise la plume alerte, s'attaque cette fois-ci à un sujet des plus délicats : la Shoah.
Une odeur de souffre entoure l'ouvrage avant même sa parution, Gallimard, éditeur historique d'Amis depuis L'Information en 1997, a refusé de publier le livre en France, ainsi que son éditeur allemand. C'est donc la maison d'édition Calmann-Levy qui prit le pari de publier le livre qui reçut des critiques plutôt positives dans le monde littéraire anglo-saxon.

Réelle caricature ou présentation exagérée ?

Présenté comme une caricature, un « marivaudage aux allures de Monty Python », on y trouve certes des scènes d'un cynisme noir, mais aussi quelques pages d'une belle sensibilité, notamment celles consacrées à celui qui nous est présenté comme l »homme le plus triste du monde » : Szmul, le Sonderkommando, qui dirige une brigade de Juifs chargés de nettoyer -c'est-à-dire de récupérer tout ce qui peut être récupérable – les autres Juifs après leur décès – et ce peu importe le type de mort.

Cependant cette présentation ne rend pas entièrement justice au roman, lui attachant finalement une aura bien plus subversive qu'elle n'est. Oui, Martin Amis nous parle de la Shoah d'une façon inédite et dérangeante, volontairement provocatrice, dont l'issue peut être le rejet, mais il serait dommage de ne pas persister dans sa lecture. (Critique - un peu longue !) à lire sur le blog
Lien : http://lire-ecouter-voir.com..
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