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EAN : 9782915540031
93 pages
Editions Chandeigne (07/02/2005)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Carlos Drummond de Andrade est sans aucun doute le plus grand poète brésilien. Homme social et populaire, écrivain d’une poésie souvent chantée ou lue en public, il fait partie du quotidien brésilien. Maïtre de la langue à côté de Machado de Assis, il a fixé en poésie la sensibilité de l’homme contemporain.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Ainsi, ce merveilleux pouvoir d'ouvrir les bouteilles sans tire-bouchon ».

Ce très court recueil, édition bilingue et rare traduction du célèbre poète lusophone Carlos Drummond de Andrade est une belle et légère introduction à sa poésie.

« impossible de composer un poème à ce stade de
L'évolution de l'humanité (…)
Inhabitable, le monde est toujours plus habité.
Et si les yeux réapprenaient à pleurer, ce serait un
Second déluge.

(j'ai l'impression d'avoir écrit un poème) »

« Consolo na praia » Difficile de dégager un thème socle dans cette anthologie. Pourtant les poèmes se ressemblent par leur sensualité, parfois crue, faisant une large place au monde sensible et social, loin des figures de style consacrées, sa métaphysique nous est proche. Surtout, l'humour incongru, philosophique, est récurrent.

Drummond de Andrade fait naître pour son lecteur des oasis dans le tumulte du quotidien. Par l'apostrophe « tu », les poèmes prennent un tournant encore plus subjectif.

Cet alliage met en tension une volupté mélancolique, mêlée d'espérance ironique et d'ivresse nostalgique, en un mot, c'est la « Saudade » brésilienne dans laquelle nous plonge, irrésistiblement, Carlos Drummond de Andrade.
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Connaissez-vous Carlos Drummond de Andrade ?
Mon ami Fabinou7 m'a donné très envie de découvrir ce grand poète brésilien (1902-1987) au travers de ce petit recueil. Ce florilège bilangue est une petite merveille. Un bijou.
L'anthologie comprend une vingtaine de poèmes variés, publiés dans différents recueils de 1930 à 1996. Je ne connais malheureusement pas la langue portugaise mais j'ai trouvé les traductions d'Ariane Witkowsky fort réussies. La langue est sans chichi, quotidienne, moderne. Libre, forte et toujours actuelle.


Le poème éponyme La Mort dans l'avion (1945) qui ouvre le recueil vous scotche d'emblée !

Dans les premiers poèmes (Alguna Poesia, 1930) le jeune homme parle surtout de lui-même, obscur moustachu à lunettes « gauche » , sérieux, inadapté avec une auto-dérision rare ( Poète à sept faces) ; il évoque son enfance rurale perdue ( Enfance) ; ses amours impossibles avec tendresse, générosité et sarcasme (Quadrille). Et puis il cogne (Au milieu du chemin). Ce dernier poème formidable (voir citation) qui répète le mot « pierre » choqua à l'époque et fut défendu par Mario de Andrade."Drummond avance dans la critique sociale, car l'archaïque et le moderne sont des manières de regarder les inégalités et surtout la violence qui sont interrogées et examinées par le moi lyrique sans aucune complaisance, même envers soi-même".

Le recueil Brejo das almas,1934 est représenté par trois poèmes. le premier s'intitule « Face aux derniers événements » et débute par un inattendu « Ah! Soyons pornographiques (doucement pornographiques) ».

Dans Sentimento do mundo (1940) la tristesse et la solitude l'accablent. (voir citation du poème éponyme) . Il semble beaucoup plus conscient d'être au monde et se tourne vers l'engagement socialiste, non sans ironie (Congrès international de la peur).

A rosa do povo (La rose du peuple) 1945 est un recueil au titre explicitement engagé mais, à la lecture des quatre poèmes sélectionnés, le poète apparaît surtout angoissé, sceptique et désenchanté." Mort dans l'avion" fait partie de ce recueil.

Quatre poèmes seulement écrits après guerre sont proposés. le dernier publié en 1996 après la mort du poète est fort, terrible, magnifique . Il s'intitule "Elégie pour un toucan mort".

Ce recueil est idéal pour découvrir Carlos Drummond de Andrade. J'en redemande.
Merci Fabulous Fab.
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Tout simplesment les plus beaux vers d'un des plus grands poètes brésiliens de tous les temps, le carioquissime Drummond de Andrade! Au-délà du renouveau estéthique et du dépassement des questions formelles, ce que l'on retrouve toujours dans l'oeuvre de Drummond est ce sense de l'humour délicat, qui passe presque inaperçu aux côtés des questions sociales ou existenciales marquées. Vive le poète!
@elleestcarioca
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De 1930 à 1980, une poésie subtile, incisive et ironique des résistances souterraines à l'abrasion sociale et économique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/05/13/note-de-lecture-la-mort-dans-lavion-autres-poemes-carlos-drummond-de-andrade/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
« Consolation sur la plage :

 allons ne pleure pas…
L’enfance est perdue
La jeunesse est perdue
Mais la vie n’est pas perdue.

Le premier amour est passé
Le deuxième est passé
Le troisième est passé
Mais le cœur persiste.

Tu as perdu ton meilleur ami
Tu n’as tenté aucun voyage
Tu ne possède ni maison, ni bateau, ni terre,
Mais tu as un chien.

Certains mots durs,
Prononcés doucement, t’ont blessé.
Jamais, ils n’ont jamais cicatrisé.
Oui mais, et l’humour ?
L’injustice ne se résout.
A l’ombre de ce monde fourvoyé
Tu as murmuré une protestation timide.
Mais d’autres suivront.

Tout bien compté, tu devrais
Te jeter une fois pour toutes dans les flots.
Tu es nu sur le sable, dans le vent…
Dors mon petit. 

**
Tudo somado, devias
Precipitar-te, de vez, nas aguas.
Estas nu na areia, no vento…
Dorme, meu filho.”
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Mort en avion

Je m’éveille pour la mort.
Je me rase, m’habille, me chausse.
C’est mon dernier jour: un jour
entamé d’aucun pressentiment.
Tout fonctionne comme toujours.
Je sors dans la rue. Je vais mourir.
Je ne mourrai pas maintenant. Un jour
entier se profile devant moi.
Un jour comme c’est long. Combien de pas
dans la rue, que je traverse. Et que de choses
dans le temps, accumulées. Sans faire attention,
je suis mon chemin. Bien des visages
se pressent dans mon agenda.
[…]
Je vis
mon instant final et c’est comme
si je vivais depuis bien des années
avant et après ce jour,
une vie continue, sans rupture,
où il n’y aurait pauses ni syncopes ni sommeils,
tant est moelleux dans la nuit cet engin et tant aisément il fend
l’air en blocs de plus en plus gros.
Je suis vingt dans la machine
qui suavement respire,
entre des panneaux stellaires et de lointains souffles de la terre,
je me sens normal à des milliers de mètres d’altitude,
ni oiseau ni mythe,
je garde conscience de mes pouvoirs,
et sans mystification je vole,
je suis un corps volant et j’ai toujours des poches, des montres, des ongles,
relié à la terre par la mémoire et par l’habitude des muscles,
chair sur le point d’exploser.
Ô blancheur, sérénité sous la violence
de la mort sans préavis,
précautionneuse et pourtant irrésistible approche d’un péril atmosphérique,
coup percuté dans l’air, lame de vent
dans le cou, éclair
choc fracas fulguration
nous roulons pulvérisés
je pique verticalement et me transforme en fait divers.
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AU MILIEU DU CHEMIN

Au milieu du chemin il y avait une pierre
il y avait une pierre au milieu du chemin
il y avait avait une pierre
Au milieu du chemin il y avait une pierre

Jamais je n'oublierai cet événement
dans la vie de mes rétines fatiguées.
Jamais je n'oublierai qu'au milieu du chemin
il y avait une pierre
Il y avait une pierre au milieu du chemin
au milieu du chemin il y avait une pierre.
(1930)
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Quand les corps passeront,
je serai seul
à raconter le souvenir
du sonneur, de la veuve et du microscopiste
qui vivaient sous la tente
et n'ont pas été retrouvés
à l'aube.

cette aube
plus de nuit que de nuit.

(Fin de Sentiment du monde,1940)
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Pour la dernière fois je contemple la ville.

Je peux encore renoncer, ajourner la mort,

ne pas prendre cette voiture. Ne pas partir pour.

Je peux revenir, et dire : mes amis,

j'ai oublié un papier, le voyage est annulé (...)

(Extrait de Mort dans l'avion)
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