Nouvelle de
Boris Pilniak « La Ville des vents ».C'est ma première lecture de cet auteur russe, victime 1937 des grandes purges. C'est une belle découverte.
Pavel, russe adopté par une famille allemande 1914, part en Russie à la recherche de son père. Il retrouve sa trace et arrive à Bakou au bord de la Caspienne.
Pavel dans sa quête, Bakou, le feu, le pétrole et le vent, Pilniak mêlent à merveille ces éléments, dans un style vif, alerte et poétique.
Boris Pilniak critique et dénonce les méfaits de l'exploitation du pétrole et de l'industrialisation … On peut dire qu'il était en avance sur son époque.
Dans Bakou le pétrole entretenait, depuis la nuit des temps, un feu dans un temple Zoroastrien où les Indiens venaient mourir et bruler. Mais une autre religion engendré pour les besoins de la civilisation à fait naitre une forêt de derricks et le feu sort de ces torches modernes, attisé par les vents violents et hurlants. Bakou, la noire engluée a perdu son âme…
« Dans la nuit des ténèbres, depuis les hauteurs de la Vieille Ville, on apercevait les lumières des villes neuves, la Ville Noire et la Ville Blanche, où sont transformés les entrailles de la terre, car la civilisation de l'humanité actuelle se doit de lancer des avions dans le ciel, de propulser des navires par les océans, de goudronner les routes et les rues des villes, car tout ceci est indispensable à l'humanité. En bas sur plusieurs centaines de verstes, s'étendait la terre noire du désert recouverte de bitume et de pétrole qui fut jadis l'autel des Adorateurs du Feu, hommes qui craignaient le feu et qui craignaient cette terre, maudite pour la nature de la vie humaine, et où la volonté des hommes actuels avait envoyé des personnes par milliers…