Pourquoi relire du
Christine Angot quand on en a déjà lu deux livres qu'on a eu peine à considérer comme de la littérature ? Peut-être pour le même genre de raison que j'ai lu
Frédéric Beigbeder et
Justine Lévy (la curiosité voyeuriste, l'attrait pour le malsain ?), à la différence près que j'apprécie le style littéraire de
Beigbeder et l'originalité de Lévy.
Avec
Christine Angot, j'avais déjà eu l'occasion de détester son style, embrouillé, ses associations d'idées balancées comme si elle était en séance de psychanalyse... Voilà, c'est ça, j'ai eu l'impression de lire le contenu de séances chez le psy et parfois un journal intime (qui n'intéresse souvent que celui qui l'écrit).
L'auteur craint que le lecteur prenne son livre comme une "merde de témoignage" (p173 du livre de poche) mais pour ma part, non, un témoignage est plus construit que cela. Dans le cas présent, je considère qu'il s'agit davantage de bribes, de morceaux jetés en pâture et comprenne qui pourra. Ou alors, si, il s'agit d'un témoignage... ce livre témoigne des effets terrifiants que peuvent avoir
l'inceste, de la "folie", de la destruction et de la destructuration que cause une telle horreur...
Voilà, ce livre comme d'autres que j'ai lus de l'auteur est une preuve des marques (psychiques, sociales, relationnelles...) indélébiles que peuvent causer un tel traumatisme.
Jusque-là, je me demandais pourquoi publier de tels écrits. Quel intérêt ? Je pense que
Christine Angot a besoin d'écrire pour exorciser ce qu'elle a vécu, pour réussir à survivre... et écrire ne suffisant pas à vivre (financièrement), il fallait qu'elle soit publiée. Je considère que son éditeur l'a sauvée, en acceptant de la publier, il légitime son écriture qui n'est plus seulement sa thérapie mais aussi son métier.
Du coup,
Christine Angot nous fait payer, à nous lecteurs, sa thérapie. Et les droits d'auteur qu'elle touche m'apparaissent comme des dommages et intérêts pour ce qu'elle a subi (
l'inceste). Peut-être aussi l'auteur a-t-elle besoin que ses écrits soient publiés pour que le plus grand nombre sache ce qu'elle a vécu, pour révéler à tous le terrible secret qu'elle a dû taire : maintenant, tout le monde sait et la publication des écrits garantit que ce secret ne soit jamais oublié, jamais plus caché.
Je vois donc très bien combien l'écriture peut aider
Christine Angot. En revanche, pour le lecteur, je continue de m'interroger, personnellement, sur ce que cela m'apporte. Peut-être encore un livre à lire ?