Amélie Antoine a le chic pour nous balancer le réel en pleine figure.
Celui qui fait bien mal, qui nous met un peu plus en apnée à chaque page tournée.
SANS ELLE.
Une jumelle qui disparaît.
Et il se passe quoi après, si ce n'est une enquête qui commence ?
Les flics, les recherches...
Oui, mais la famille dans tout ça ?
Ceux qui restent, retrouvent-ils un jour le sommeil ?
Cette lecture nous plonge dans l'indicible, dans l'impossible, dans l'enfer le plus terrible. Celui qui peut toucher n'importe qui, quand il ne suffit que de quelques secondes pour que la vie bascule. Pour anéantir une soeur, une mère, un père, une famille.
Je viens de le finir, et j'ai encore les paroles de mon fils ce matin dans la tête : "Quand est-ce que je pourrai aller à l'école tout seul ?".
J'ai répondu, comme à chaque fois qu'il me pose la question : "Quand je serai sûre que tu peux te défendre, sans te laisser influencer par quiconque."
Mais je crois que lorsqu'on est mère, on n'est jamais sûre de rien. Que son enfant ait 5, 10, 20 ou 40 ans, on a toujours la peur insidieuse au ventre de ne pas être capable de le protéger.
Je viens de le finir, et j'ai encore l'odeur de ma fille, lovée contre moi hier soir, dans le canapé. Sentir sa respiration se caler contre la mienne m'a rendue encore plus vivante, ancrée dans ce présent où, qu'importe d'avoir reçu une contravention, de ne pas avoir eu le temps de faire des courses, de voir la poussière qui s'amoncelle et blanchit les meubles... Je suis là, avec mes enfants, et à cet instant t, je sais que rien ne peut leur arriver.
Amélie Antoine, tu as trouvé les mots pour décrire la douleur, la souffrance interminable de l'attente, du manque, de la disparition.
SANS ELLE, une histoire que j'ai lue alors qu'au même moment, des articles dans la presse mettaient à nouveau en "lumière" les affaires Maelys, Estelle Mouzin et Grégory.
Amélie Antoine, tu nous livres avec ta plume tranchante et réaliste le destin d'une famille qui pourrait être la mienne, la vôtre...
Et ça, ça fait froid dans le dos.