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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Plus qu'à un roman (deux en vérité !), j'ai eu envie de m'intéresser à un concept, celui proposé par Solène Bakowski et Amélie Antoine et dont j'ai découvert le principe via Netgalley, que je remercie chaleureusement. Les deux auteurs se sont lancé un challenge intéressant : créer chacune un roman en partant d'une même situation initiale que vient bouleverser un événement inattendu. le résultat : Sans elle et Avec elle qui mettent en scène un couple et leurs jumelles. Les fillettes font une bêtise et voilà Colline punie arbitrairement : elle est privée de sortie, pas de feu d'artifice pour elle en ce jour de fête nationale. Une situation vécue comme une déchirure pour Colline qui moins que l'injustice de la punition, vit encore plus mal d'être séparée pour la première fois de sa soeur. Un événement qui est aussi le grain de sable qui vient enrayer la machine. Après cette soirée, plus rien de ne sera comme avant pour cette famille heureuse, en apparence du moins.

Expérimentation littéraire

A noter que les deux récits peuvent se lire indépendamment et qu'on commence donc par celui de son choix. (Sans elle pour moi). Je ne parlerai d'ailleurs que très peu du contenu et des intrigues pour ne pas gâcher la découverte et le jeu d'écriture. Je me contenterai de vous confirmer qu'ils sont aussi fluide, captivants, et tragiques l'un que l'autre et que le fait de retrouver situation de départ, personnages, lieux… ne génère aucun ennui (c'était un peu ma crainte). Bien au contraire, j'ai trouvé passionnant d'observer le processus d'écriture et de création. de constater combien l'imagination de l'une diffère de celle de l'autre, malgré la trame commune et les invariants. Aussi, la manière dont un détail suffit à changer le tout. J'ai été également surprise de noter que les styles des deux ouvrages finissaient par se ressembler. En tous cas, on aurait pu me faire croire qu'il s'agissait d'un seul et même auteur. Je me suis beaucoup interrogée sur la manière dont Solène Bakowski et Amélie Antoine ont procédé. Se sont-elles relues en cours de route ? Entraidées, conseillées ? Ou à l'inverse ont-elles seulement échangé une fois leurs histoires terminées ? Beaucoup d'interrogations donc pour deux morceaux de bravoure fascinants. Une expérience d'une grande richesse, j'en redemande. Et la hâte de découvrir d'autres romans de ces plumes !
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Vous vous souvenez il y a quelques jours, je vous faisais part de mon premier coup de coeur de l'année ? Mais si ! Il s'agissait de Avec elle qui nous proposait de suivre le quotidien d'une famille déchirée et de deux jumelles aux relations parfois conflictuelles. Je viens donc de lire le tome compagnon et, même si celui-ci ne sera pas un coup de coeur, j'ai adoré ma lecture.

Il était une fois une famille heureuse et unie.
Des jumelles de six ans qui se ressemblaient comme deux gouttes d'eau.
Des enfants fusionnelles qui grandissaient ensemble et s'adoraient.
Jusqu'à un soir de feu d'artifice où l'une d'elles se volatilise brutalement.
Il était une fois deux fillettes inséparables.
Jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une.
Il était une fois une histoire qui n'a rien d'un conte de fées.

Nous retrouvons donc la famille Simoëns toujours composée des parents et des jumelles, toujours au Quesnoy dans le nord de la France mais cette fois-ci, l'événement qui se déroule lors du feu d'artifice du 14 juillet n'est pas le même. Et c'est un événement terrible qui va encore une fois mettre la famille dans une situation délicate.

A nouveau, j'ai adoré le personnage de Coline. Décidément peu importe sa "destinée", elle parvient à chaque fois à me toucher. Et cette fois peut-être plus encore ! Son enfance meurtrie, son adolescence difficile ... tout m'a touché droit dans le coeur. J'ai eu tellement de peine et de compassion pour cette jeune fille.

J'ai ressenti bien plus d'empathie envers Patricia, la mère, que dans l'autre tome. Il faut dire que cette fois, elle morfle vraiment et elle se trouve dans une situation intenable. Il faut une vraie force de caractère pour surmonter tout ça et, on le voit bien tout au long du récit, il est difficile de refaire surface.

Encore une fois, c'est une histoire tragique et pourtant, l'auteure parvient à nous faire sourire par moments. Elle possède une écriture délicate et toute en sensibilité que j'ai grandement apprécié. C'est très plaisant à lire et je dois bien avouer qu'encore une fois, je n'ai fait qu'une bouchée de cette lecture.

Et puis je dois parler de la fin. Quelle fin ! Tellement tragique qu'elle m'a totalement retournée. Mon coeur s'est brisé en mille morceaux. J'avais tout imaginé sauf ça ! J'ai été bouleversée pendant de très longues minutes après avoir tourné la dernière page. Cette fin terrible rend le roman tout à fait inoubliable. J'ai adoré et je peux d'ores et déjà affirmer que Coline restera à jamais gravée dans ma mémoire.

Il est difficile de quitter cette famille. Lisez ce livre, il ne manquera pas de vous troubler.
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J'ai adoré "sans elle", beaucoup plus dramatique et poignant que "avec elle", moins machiavélique.

J'ai ressenti la même compassion et peine pour Coline alors qu'elle vit deux vies tellement différentes.

J'ai vraiment adoré ce concept de lire deux romans avec le même point de départ mais un évènement qui chamboule tout et voir comment les personnages et les situations évoluent et comme d'autres choses sont les mêmes, invariablement, peut-être ce que l'on appelle le destin.
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Magnifique roman ou comment Après une disparition une famille se disloque petit a petit.
Comment surmonter une pareille épreuve ensemble,à l epreuve des regards des autres.
Touchant et dur a la fois,un roman qui laisse des traces.
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C'est un projet des plus original que j'ai découvert un jour dans ma boite mails. Amélie Antoine et Solène Bakoswki qui se lançaient dans une aventure commune. le principe est simple, un même point de départ, les mêmes personnages, mais deux histoires prenant des directions différentes. Il n'en fallait pas plus pour que je sois intriguée, d'autant plus qu'il s'agissait de deux auteurs que j'apprécie beaucoup.

Sans elle d'Amélie Antoine, c'est l'histoire de Coline et Jessica des jumelles fusionnelles qui forment une famille unie et heureuse avec leurs parents. Jusqu'à ce fameux soir du 14 juillet, ce fameux soir où Jessica disparaît. Dès lors, plus rien ne sera comme avant, Coline n'aura plus sa moitié et la famille se demandera toujours ce qui s'est passé ce jour-là.

Ici avec Sans elle, c'est l'histoire d'une disparition, d'une terrible séparation même pour ces jumelles. L'histoire de quelques minutes qui font basculer un quotidien heureux dans l'horreur, l'histoire de questions qui resteront sans réponse. La disparition de Jessica est une ombre qui planera toujours sur cette famille, mais surtout sur Coline. Coline qui se retrouve être la "survivante", sur qui maintenant tout repose, mais qui ne sait plus tellement où elle en est et qui elle est au fil des années face à la douleur notamment de sa mère. Les reproches, les accusations, la culpabilité marqueront dorénavant la vie de tous.

Amélie Antoine livre aussi un roman sombre, très sombre où la noirceur s'intensifie au fil des chapitres. Son écriture est toujours aussi vive et acérée. L'auteure réussie à entraîner le lecteur dans un véritable tourbillon d'émotions, des émotions terriblement fortes qui nous perturbent presque.

Nous sommes véritablement happés par ce livre, Sans elle ne nous laisse aucun répit et le suspens atteint son paroxysme à la fin de celui-ci. La fin d'ailleurs, cette fin glaçante, qui une nouvelle fois comme pour Fidèle au poste, j'étais loin d'imaginer et qui m'a presque laissé bouche bée.

Un projet original, je disais donc plus haut ? Alors oui, mais aussi et surtout un pari totalement réussi ! Avec elle et Sans elle sont deux romans bien distincts, deux romans qu'on peut lire indépendamment de l'autre, et deux romans aux histoires parfaitement maîtrisées. Chacun de ces livres happe le lecteur dans son intrigue, dans son histoire et par aussi le fait que leurs auteures, Solène Bakowski et Amélie Antoine, savent aussi parfaitement bien malmener le lecteur pendant sa lecture.

N'hésitez pas une seule seconde à découvrir ce projet et surtout à vous plonger dans Sans elle d'Amélie Antoine et Avec elle de Solène Bakowski. Ces deux histoires ne vous laisseront pas de marbre et vous n'en ressortirez pas totalement indemnes, croyez-moi...
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Un projet audacieux. Une écriture à 4 mains sur 2 livres. Bien mieux, selon moi, que sur un seul. L'auteure garde sa patte, sa marque et ce concept nous permet ainsi de nous délecter de l'écriture de chacune !
Du coup, grâce à Solène, que je suis assidument depuis longtemps, j'ai découvert Amélie et m'en voilà ravie ! Je ne m'arrêterai pas en si bon chemin et vais piocher dans ses écrits, c'est certain !
Une trame, deux versions. Un peu comme la série U4 mais en mieux ...Normal 😜 (Je l'ai pas lue mais ça ne peut être que mieux...Ok j'arrête...suis plus objective là 😜)
Une famille. Deux histoires. Deux destins. Seront-ils vraiment différents ?
Est-ce qu'un seul événement peut changer le cours des choses ?
Est-ce que le destin fini par te rattraper d'une manière ou d'une autre ?
Comme un monstre tapi sous ton lit ...
Un regard, deux regards perçants sur la vie, la fatalité, les dommages collatéraux.
Tout en subtilité, tout en finesse. Tout en force aussi.
Deux jumelles. Deux caractères. Un seul déchirement.
Un couple en perdition, une femme en dépression. Une famille qui éclate.
Une montée en puissance.
Un questionnement sur le destin, la perte, la mort, la douleur...Peut-être une preuve que les actes des autres dirigent la vie de chacun.
Deux histoires pourtant "toute simple" qui se dévorent autant l'une que l'autre mais qui prennent clairement toute leur dimension dans le second récit, quel que soit l'ordre de lecture. Là réside toute la subtilité et la splendeur de ce projet !
Deux plumes, aussi belles l'une que l'autre, différentes mais tout aussi vibrantes et subtiles.
De l'émotion. Beaucoup d'émotions. Des sentiments: nombreux, puissants et pas que les bons. La jalousie, la haine, la peur, la culpabilité ont une place de choix dans chacun des deux récits.
La vision de l'enfant face au déchirement des parents dans le livre de Solène m'a poignardée en plein coeur...
Bref, vais pas m'étaler plus. J'ai adoré et je suis sûre qu'il en sera de même pour vous 🙂
Avec elle et sans elle c'est la similitude dans la différence...c'est un vrai questionnement et je vous préviens ...c'est ...très perturbant ...très...vraiment très...et ça donne à réfléchir et moi, ça j'aime !
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Il y a longtemps que j'entendais parler d'Amélie Antoine. J'ai vu et écouté une interview d'elle en janvier et décidé d'acheter ce livre qui me faisait de l'oeil depuis longtemps.
C'est l'histoire de jumelles dont une disparaît sans laisser de traces. Un cauchemar et une crainte pour tous les parents. le fait de ne pas savoir ce qui s'est passé, ce qu'est devenu l'enfant doit être insupportable. Amélie Antoine a su décrire ce climat de suspicion, de folie dans la famille et les proches avec sa plume sensible.
Dans ce cas, la jumelle restée avec les parents souffre tout autant qu'eux du fait du lien particulier qui unit les jumeaux. Se retrouver seule est une grande souffrance et l'autrice l'a très bien compris.
Malgré les recherches intensives de la police, un changement d'équipe devant le manque de résultats, l'attente se fait de plus en plus angoissante...
Je ne vais pas en dire plus, juste que la fin m'a surprise. Je ne m'attendais pas à ça !
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C'est l'histoire d'un projet un peu fou : 2 écrivains, Amélie Antoine et Solène Bakowski décident d'écrire chacune un livre en partant d'un même point de départ, l'histoire de jumelles, Coline et Jessica. Toutes deux doivent se rendre au feu d'artifice du 14 juillet mais l'une a fait une bêtise et en sera privée. La mère, Patricia, n'emmènera que Jessica.
Près de l'étang où les festivités ont lieu, Patricia constatera qu'un lacet de chaussure de sa fille est défait.
A partir de là, les histoires changent :
Chez Amélie, le lacet sera refait
Chez Solène, il ne le sera pas
et de ce tout petit détail vont naitre deux histoires radicalement différentes.

"En un claquement de doigts, tout peut chavirer, irréversiblement"


Dans la dernière interview d'Amélie Antoine, elle répondait à cette question posée par Nicolas Elie
Q : Qu'est ce que tu en penses de l'académisme ? Des auteurs qui finissent par écrire le même livre à chaque fois ? Mettre les mots dans une cage ?
R : Je pense qu'on vit dans une société où il faut à tout prix coller des étiquettes aux artistes, pour pouvoir ensuite les ranger bien sagement dans une boîte. Tout est fait pour qu'un artiste fasse toujours la même chose, pour qu'il devienne une marque, quelque chose de sécurisant, de rassurant, tiens je vais acheter le dernier roman d'Untel, parce que je sais à l'avance ce qu'il y aura à l'intérieur.
Tout est fait pour ça.
Je crois qu'il faut tout faire pour lutter contre.(...)
Il faut se battre pour lutter contre, sans se soucier d'entrer dans un moule (...), écrire ce dont on a envie ou besoin et pas ce que d'autres attendent.

J'ai presque envie de dire : tout est dit ! Amélie n'est jamais où on l'attend, c'est à mon sens ce qui fait sa force. Elle ne s'embarrasse pas non plus de savoir si un éditeur va la publier, elle écrit, et elle trouve ensuite une solution pour combler ses lecteurs.
A la lecture de ce livre, j'ai cogité "mais où veut-elle en venir Amélie ? Quand va donc arriver le twist que j'attends (celui auquel je suis habituée, celui qui rentre dans la case "Amélie" ?)".
Et ça m'a justement fait penser à cette réponse qu'elle avait faite à Nicolas :
"Je ne suis pas là où on m'attend "
J'attendais.
Elle n'y était pas.

Et pourtant ! Quel bouquin !!!

Tout d'abord, j'ai été séduite par la profondeur psychologique des personnages principaux :
La mère, Patricia, dure, froide, difficile à attendrir et pourtant terriblement humaine quand le sort s'acharne sur elle.
Le père, Thierry, démissionnaire, silencieux, presque déficient, soumis à l'autorité de sa femme.
Les Jumelles :
Jessica, la meneuse, tenace et énergique, celle qui suscite l'admiration et l'attention.
Coline, la résignée, celle qui trinque, qui subit, qui souffre en silence, qui passe à côté de sa vie en vivant par procuration

Puis, j'ai vraiment aimé la construction du roman.
La première partie évoque la déflagration liée au choc d'un événement qui vous tombe dessus inopinément : basculer, paniquer, comprendre, chercher, s'acharner, soupçonner, ruminer, tenir.
La seconde partie rappelle les grandes étapes du deuil : se souvenir, se détruire, stagner, oublier, jalouser, détester, surmonter, accepter, en finir.

Plusieurs thèmes sont également décortiqués en profondeur, dont certains brillamment: la gémellité bien sûr mais aussi le naufrage du couple, l'éclatement familial, la préférence filiale, la toxicité maternelle.


Je connais très peu d'écrivains capables d'explorer si précisément les émotions humaines et d'en parler avec autant de justesse et ceci en 396 pages !
C'est un exercice périlleux, redoutable, de haute voltige dont peu possèdent la dextérité.
Ce livre est une plongée au royaume des émotions : chaque chapitre provoque un frisson différent et renvoie à des émotions que nous avons tous vécues.
Amélie n'est pas l'écrivain d'un "genre littéraire"
On ne peut pas la mettre dans une case.
Amélie va où son coeur la porte et sa plume nous emmène dans les tréfonds de sa créativité littéraire.
Elle sait tout dire, tout écrire et le fait magistralement.

Lien vers la chronique écrite pour "Avec elle" de Solène Bakowski
https://audebouquine.blogspot.com/2017/11/avec-elle-solene-bakowski.html

Lien : https://audebouquine.blogspo..
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Il y a de ces livres salement verbeux, atrocement rébarbatifs, impoliment superfétatoires… Ceux que vous n'avez même pas besoin de chasser de votre esprit tellement ils sprintent. Ils s'échappent seuls sans crier gare ! Il y a ceux qui suscitent un engouement éphémère, ceux qui vous procurent un plaisir effervescent, furtif, volatile. Que vous oubliez aussi vite que l'éjaculateur précoce que vous êtes dégainez. Aussitôt lu, aussitôt épongé. Puis il y a ceux qui vous marquent au fer rouge, ceux qui laissent une empreinte indélébile dans votre coeur – si coeur il y a ( y a tellement mieux comme organe) – , dans votre tête, dans votre esprit, dans votre subconscient même. Ceux dont la douce mélodie ou le cri strident résonne encore des heures, des jours, des semaines après lecture. « Sans elle » fait partie de quelle catégorie ? Sherlock mène l'enquête.

J'ai sauté sur l'occasion de faire l'amour avec Amélie Antoine avec ce livre. Puis, apparemment, il y avait Solène Bakowski à la clé. TOUJOURS DIRE OUI À UN PLAN À TROIS, TOUJOURS. Il me tardait de découvrir ces auteures et leur projet commun m'a paru être une bonne occasion. Deux histoires, deux destins, un même point de départ, un seul événement qui cloisonne les deux.

J'ai commencé sans elle pour la retrouver plus tard et jouer au prince charmant, au grand chevalier salvateur. J'arrive chérie, minute. Il s'agit d'une histoire de manque, de deuil, d'amitié, de fraternité et bien plus qui soulève des questions qui pousseront le lecteur à une profonde introspection, mais je vous rassure tout de suite, on est très très loin des conseils du manitou « routinologue » (Niark Niark). On se demandera à quel point un petit detail peut se répercuter infiniment dans le futur. Une petite seconde de distraction, un regard trop appuyé, un lacet défait, un cunilingus mal fait… À quel point un petit événement d'un rien du tout peut tout chambouler.

Ce soir du 14 Juillet, Coline, 6 ans, est punie. Elle doit rester dans sa chambre à compter les moutons pendant que Jessica, sa soeur jumelle, profite du feu d'artifice, s'abreuve des couleurs chatoyantes, de l'excitation de la foule, du spectacle qu'elle imagine grandiose. Elle le sait. Ce qu'elle ignore, c'est que l'espace d'une seconde, Jessica a été séparée de sa mère et qu'elle demeurera portée disparue jusqu'àààààààà… Coline pourrait pourtant s'estimer chanceuse d'être celle qui a été punie ce soir, d'être celle qui est toujours LÀ. Mais à quel prix ?

Sans elle, c'est le combat d'une famille dont l'harmonie a été brisée, dont la beauté a été ternie, dont le charme a été rompu. le combat d'un couple qui s'étiole, se désagrège au rythme des schproums quotidiens. La lutte infernale d'une mère avachie, pusillanime, obnubilée par l'idée de retrouver sa petite fille portée disparue quitte à s'éloigner de celle toujours présente, de celle qui a toujours vécu dans l'ombre de l'autre, de celle qui ne demande qu'à être aimée, REGARDÉE. le questionnement, l'inquiétude et la frustration d'une enfant obligée de grandir plus vite que prévu. Il y a le manque viscéral, la culpabilité, la dépression, le déni, la crainte de sombrer dans l'oubli. S'accrocher aux souvenirs, à des bribes d'espoir, rien que ça.

A-t-on conscience, lorsqu'on vit quelque chose, que ce moment se transformera en un souvenir qu'on chérira de toutes nos forces plus tard ?

Si le projet, en soi, est assez originale, l'idée directrice de ce livre – à savoir la disparition d'une mineur – n'en reste pas moins banale à première vue. le lecteur lambda pourrait facilement zapper. Il va sans dire qu'il commettrait là une erreur monumentale du genre qui nuit à la sécurité nationale.

Amélie Antoine livre, dans ce bouquin, un récit d'une grande qualité. de sa plume incisive et mélodieuse à la limite de l'élégie, elle entraine le lecteur dans les profondeurs d'une famille des truites (oups), le pousse dans ses retranchements. Un récit saisissant, percutant, d'une justesse aiguë qui dénote une maîtrise linguistique remarquable. La syntaxe, les tournures des phrases, les substantifs, que d'éléments parfaitement maîtrisés pour un délicieux cocktail linguistique. Il y a cette sorte de fourberie subtile dans sa façon d'écrire, un genre de manipulation déguisée, un espèce de tripatouillage mesquin qui lui permet de mener le lecteur à la baguette à tel point qu'il ne souhaite aucunement perdre une miette de l'histoire. Si elle n'y va pas par le dos de la cuillère, elle sait néanmoins chatouiller habilement son lecteur, le caresser dans le sens du poil. Désolé, je suis difficile mais pas quand on me caresse. Donc, excusez mon manque d'objectivité. Euh en fait, non, je m'en branle comme de l'an 40.

L'atmosphère est austère et pesante. le questionnement demeure en filigrane tout le long du récit : que s'est-il donc passé ce soir du 14 Juillet 2004 ? Qu'est-il arrivé à cette pauvre fille pleine de vie ? Progressivement, le questionnement laisse place au doute, à la frustration – les pires scénarios sont imaginés -, à l'abdiquation pour certains et j'en passe. L'auteure sait placer le lecteur au coeur de l'action et l'immerger graduellement dans les abysses du cerveau de ses personnages qu'elle a pris le temps d'esquisser, de fignoler pour un résultat plus humain qu'humain. L'humanité des différents protagonistes rajoute une note positive à cette mélodie rythmée et enivrante. le brillant étalage de leurs différents points de vues permet, quant à lui, de dresser le profil psychologique de chacun d'eux. Imagé, est ce récit, à souhait. Je la verrais bien en scénariste (passez à mon bureau, m'dame).

Bon, écoutez, on va couper court. Vous l'aurez compris, ou pas, parce que d'après certaines mauvaises langues, avec mes chroniques, on ne sait jamais si c'est du lard ou du cochon. Vous y croyez, vous ? Pourquoi tant de haine sur cette planète ! À ce rythme, je vais finir par prendre mon inscription pour Poudlard. Donc voilà, Amélie Antoine nous a pondu un magnifique roman psychologique. Un livre secouant, du genre qui vous met les tripes en vrac. Sortir indemne de cette lecture ? Never. Elle sait y faire. Sautez tout de suite dessus. Je précise, sur le livre, pas sur l'auteure. Laissez la moi. Vous ne serez pas déçu, parole de sex-symbo. Verdict : Excellentissimo ! Et Dieu sait que je n'emploie que très rarement ce mot. Donc, miss Amélia, vous pouvez sortir le champagne.
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Après avoir lu le roman Avec elle de Solène Bakowski, j'ai enchainé avec celui d'Amélie Antoine, Sans elle, qui repart exactement au même endroit mais ce déroule totalement différemment.
Nous sommes de nouveau le 14 juillet 2004, et Coline est toujours punie par sa maman et ne pourra pas aller regarder le feu d'artifice avec sa soeur jumelle Jessica. Les mêmes scènes se retrouvent, il y a toujours l'homme qui donne des bracelets lumineux et l'envie de Jessica d'aller en chercher deux. Il y a cet instant où le destin change la donne et fait disparaitre Jessica.
Jessica en effet disparait totalement après avoir été chercher les bracelets, commence alors l'attente, l'horreur et l'absence.
Dans ce roman, Coline va devoir vivre avec le vide de sa jumelle, va devoir grandir en se forgeant sa propre personnalité, va devoir aussi remplir l'absence laissée par sa soeur et tout ceci va la conduire vers son destin.
La disparition dans ces conditions de Jessica rappelle bien sur les disparitions d'enfants dont les photos jaunissent dans les commissariats. On imagine sans peine l'horreur de ne pas savoir ce qu'il est arrivé à l'enfant, de ne pas savoir qui l'a fait disparaitre, On peut également imaginer l'intensité de la culpabilité, les reproches et le rejet de la faute et la famille qui éclate par trop de douleurs.

Dans cette histoire Coline, celle qui reste va se trouver confrontée non seulement à l'absence de sa jumelle mais aussi au vide que celle-ci laisse dans la famille et au fait de trouver sa place sans prendre celle de sa soeur car rien ni personne ne peut remplacer ce vide.
Coline doit aussi grandir dans le culte de cette soeur qui était beaucoup lumineuse qu'elle et qui attirait tous les regards et il est difficile de se forger une personnalité quand l'absence ronge les relations.
Ce roman est poignant, autant si ce n'est plus que celui de Solène Bakowski car on ressent toute la détresse (même cachée) de Coline.
L'écriture est très agréable et donne beaucoup de profondeur à cette lecture.
Je ne connaissais pas Amélie Antoine mais je sais que je lirai d'autres romans de cette auteure dès que possible.

En tous les cas, ce fut une super expérience de lire ces deux romans et je remercie la plateforme NetGalley pour m'avoir permis de me régaler avec ces deux histoires.

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