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Non, je n'ai pas lu ce livre il y a quelques jours, je le porte en moi depuis l'adolescence. Souvent, je l'ouvre et relis ces vers soulignés jadis mais qui résonnent toujours dans ma tête et dans mon cœur.
Louis Aragon, c'est avec lui que je suis entrée dans ce monde magique des mots dont la couleur s'appelle poésie.
Louis Aragon et ElsA Triolet ont longtemps été pour moi l'union magique de l'amour et de l'intellect sans compter l'attachement d'Elsa à sa sœur Lili Brik qui bien sûr avait épousé, elle aussi un poète,: le damné Vladimir Maïakovski.
Je n'ai lu qu'un roman d'Aragon qui m'a marqué
à vie : Aurélien.
Voilà, j'avais envie de partager avec vous tous cet univers poétique d'Aragon qui me berce encore et toujours.

"Tout ce qui fut sera pour peu qu'on s'en souvienne"
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Dans cette autobiographie poétique publiée en 1956,Aragon offre une grande diversité de formes: prose, vers de longueurs très différentes, ruptures textuelles, pour se raconter, de l'enfance malheureuse aux deux guerres, des voyages en Italie et en Espagne à sa vision de Paris , des désillusions communistes à la rencontre éblouie de sa muse, Elsa.

Mais il est bien conscient de la complexité de sa démarche, et même de sa vanité :

" Et le roman s'achève de lui-même
J'ai déchiré ma vie et mon poème ".

Je trouve que le poète cède parfois à la facilité, certains vers semblent un peu surfaits et jouent sur les mots avec trop de nonchalance, par exemple:

" Je passe le temps en chantant
Je chante pour passer le temps."

Mais je reste admirative devant le jaillissement mélodieux de ses vers, l'amplitude généreuse des images, le sens du chant qui vibre dans sa poésie. D'ailleurs Ferré, Montand et tant d'autres l'ont compris en devenant ses interprètes.

Un poème comme "Strophes pour se souvenir ", qui évoque les résistants étrangers fusillés du groupe Manouchian, me serre toujours la gorge d'émotion, à chaque fois que je le lis:

" Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses "...

La " prose du bonheur d 'Elsa " est aussi très intense et passionnée :

" J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson "

Et ce vers magnifique, que personnellement j'adore:

" J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson "...

Au-delà de ses contradictions, entre ses certitudes et ses doutes, Aragon sait nous toucher et exalter en nos coeurs un chant ivre de vent, d'amour et de passion. Son roman de vie en vers pour nous ne s'achèvera jamais ...
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Le Roman inachevé a le goût des chansons qu'on fredonne, des vers qu'on se récite à mi-voix comme pour bercer un enfant..On y revoit les deux guerres et la main salvatrice d'Elsa qui hisse le poète vers la vie...Aragon est notre dernier poète populaire.

Les vers , souvent, s'accrochent à une mélodie de Ferré, à une voix connue, Ferré, toujours, mais aussi Ferrat et Montand...Aragon a accompagné nos rêves, nos luttes, nos regrets..

L'homme s'est souvent trompé, et n'a pas toujours eu la lucidité ou le courage de ses compagnons de route ou de ses frères en poésie - il faut relire Signoret ou Claude Roy...- mais j'oublie toute ses petites et grandes faiblesses quand je lis "La guerre et ce qui s'en suit ", "le front aux vitres..." ou quand je chantonne "Un jour, un jour":

Un jour, pourtant, un jour viendra
Couleur d'orange,
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d'épaule nue, où les gens s'aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche..
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Ferrat reviens!
et nous fabrique
la bleue mélodie
de cette belle
triste poésie.
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C'est, lors de l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian et de sa femme Méline, et avec eux tous ces jeunes qui firent le sacrifice de leur vie pour la France, écoutant le coeur serré et les larmes aux yeux la chanson faite par Leo Ferré sur le poème d'Aragon Strophes pour se souvenir, un poème que je savais par coeur, que je suis revenu à ce recueil lu il y a si longtemps.

C'est de la poésie populaire, au bon sens du terme, je trouve.
Ici on est loin du poète surréaliste des années vingt, Feu de joie, le mouvement perpétuel, etc…
Et pas étonnant que tant de poèmes furent mis en musique, chantés par Ferré, Ferrat, Montand entre autres. Ces poèmes ce sont des chansons qui racontent la vie, avec fantaisie ou avec tristesse, l''amour beaucoup, l'absurdité de la guerre aussi, le courage de quelques-uns, la laideur des villes et la beauté de la nature, l'empathie pour toutes et tous les humbles, les délaissés de l'existence, surtout les femmes. Et aussi la désillusion des idéaux perdus, notamment celui du communisme dans La nuit de Moscou.

Et puis c'est fait le plus souvent, malgré quelques poèmes en vers livres, avec une versification savante, variant les mètres et la disposition des rimes, mais qui a du sens, qui accompagne le lyrisme.

En conclusion, ça fait du bien de revenir à tous ces beaux poèmes humanistes.
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Cette relecture commencée depuis février a été particulièrement laborieuse, non pas à cause du texte, mais des circonstances. J'avais gardé le souvenir de textes qui m'avaient particulièrement touchés à mon adolescence et bien sûr en mémoire les textes mis en musique par Léo Ferré et Jean Ferrat. D'ailleurs il m'a été assez difficile de lire les longs textes d'où sont extraites les chansons de Ferré et Ferrat, leur version est trop prégnante par rapport aux originaux, plus longs. Mais cela ne concerne que très peu de poésies (moins d'une dizaine) sur l'ensemble de cet ouvrage. J'ai surtout été trop bouleversée par tous ses textes qui évoquent la première guerre mondiale, l'entre-deux-guerres, la seconde guerre mondiale, la résistance, le rapport Kroutchev et les désillusions, bref, une bonne partie du XXème siècle. Et que c'est dur à évoquer à l'aune d'aujourd'hui … J'ai cependant apprécié à nouveau, et probablement plus qu'à la première lecture, les qualités poétiques de ces textes, le choix de formes poétiques à la fois très structurées, et pourtant si peu habituelles. Parfois Aragon a choisi le quintil (5 vers avec des rimes aabba ou abaab) qui était fréquent au Moyen-Âge et dans les ballades, un peu déséquilibré, avec un air d'inachevé qui va bien à des textes un peu nostalgique ou mélancolique, pleins de désillusions. A d'autres moments il utilise des vers à la métrique inhabituelle (vers de 16 syllabes) qui sont si longs que cela peut se rapprocher de la poésie en prose. C'est bien parce qu'Aragon sait si bien faire partager la traversée du siècle et de ses épreuves, son sentiment d'échec que j'ai eu du mal à aller jusqu'au bout de ma relecture, même si les derniers poèmes ( Prose du bonheur et d'Elsa) sont parmi les plus beaux poèmes d'amour en langue française et expriment l'espoir malgré tout et le refus de renoncer (après tout, le roman n'est pas achevé…) Un monument de la poésie française, mais peut-être n'est-ce pas le bon moment pour le lire, ou, au contraire,...
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Poème « Prose du bonheur et d'Elsa »

Elsa Triolet, jeune femme soviétique, est installée à Paris depuis quelques années lorsqu'elle rencontre Louis Aragon en 1928 à la terrasse de « La Coupole » à Montparnasse. Un coup de foudre. Elle va devenir sa muse. Tous les deux écrivains, ils seront inséparables durant 35 années.

En 1956, Aragon repense, nostalgique, à sa vie, et écrit le recueil « le roman inachevé », long poème dans lequel il s'interroge sur son parcours d'écrivain et d'homme. Sait-il que ce recueil contient l'un des plus grand poème d'amour de la littérature française : « Prose du bonheur et d'Elsa ».

Un grand admirateur d'Aragon, le chanteur Jean Ferrat, dans les années soixante, va mettre en musique plusieurs poèmes de Louis Aragon dans un album « Ferrat chante Aragon » qui va devenir un immense succès.
Du beau poème d'Aragon « Prose du bonheur et d'Elsa », Ferrat va extraire quatre strophes qu'il adaptera et mettra en musique dans une composition dont le titre lui sera fournit par le premier vers : « Que serais-je sans toi ». Une merveilleuse chanson naissait.

De longues années après le décès d'Aragon en 1982, Jean Ferrat continuera à chanter les poèmes d'Aragon accompagnés de ses propres textes.
Retiré dans l'Ardèche depuis de nombreuses années, loin des paillettes du monde médiatique, cet homme discret, pudique, engagé, nous quittera en 2010. Cette voix chaude, ce timbre clair, ces musiques lumineuses, des textes tendres, provocateurs parfois, nous sont restés. Aujourd'hui, après les Brassens, Brel, Ferré, Aznavour, il reste l'un des derniers « grands » de la chanson française.

Pour votre plaisir, je retranscris dans son intégralité cette magnifique chanson « Que serais-je sans toi » née des talents réunis de deux immenses artistes : un poète et un chanteur-poète. Sans oublier Elsa Triolet qui inspira cette intense passion amoureuse.


Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement

J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement

J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait jour à midi qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N'est-ce pas un sanglot de la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve ailleurs que dans les nues
Terre terre voici ses rades inconnues

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre
Que serais-je sans toi que ce balbutiement


Merci à Elsa Triolet, Louis Aragon, et Jean Ferrat.




Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Recueil de poésie autobiographique de Louis Aragon dédié à Elsa Triolet, le Roman inachevé est publié en 1956. le poète, est alors âgé de 59 ans, et dans des textes en vers (ou moins nombreux en prose), il se penche sur sa vie passée.
Même s'il aborde le temps de la Première guerre mondiale, sa mobilisation, les années trente et le Surréalisme, les débuts de son engagement politique et le temps présent fait de voyages et de rencontres, c'est bien sa vie intime qui constitue l'essentiel de ce beau Roman inachevé. Pour la première fois ici, il évoque son enfance difficile puis, avec une rare sensibilité, le rôle des femmes dans sa vie (on pense ici à Denise Naville, Nancy Cunard et surtout à Elsa Triolet. Elsa, la compagne, l'irremplaçable inspiratrice).

Dans ce recueil, sous une diversité de métriques, de méthodes d'écriture, de langage, tout au gré des temps et des lieux, Louis Aragon réfléchit sur le sens de sa vie et sur son engagement politique. Il rend justice à la naïveté de sa pensée utopique qui dressait devant lui l'espoir d'un monde féérique, d'un monde fraternel, celui du communisme. Contre les critiques, il essaie avec conviction de justifier son activité idéologique, une période au cours de laquelle il s'enfoncera dans l'isolement durant plusieurs années. Malgré cette traversée du désert, Elsa reste et restera son indéfectible et précieux soutien (oui, "la femme est bien l'avenir de l'homme, elle est la couleur de son âme..."*).

Ce qui marque dans le roman inachevé , c'est un sentiment de profonde désillusion. Celui-ci imprègne l'ensemble de ses vers. La traversée d'épreuves, le sentiment de l'échec, de l'inutilité de tout engagement, mais aussi chose remarquable chez Louis Aragon, la volonté de ne jamais tout céder au scepticisme, de ne pas renoncer à toute forme d'espoir chez l'homme :

[...]
Et chaque fois tout recommence
Toute musique me saisit
Et la plus banale romance
M'est l'éternelle poésie.


(*) Sublimes vers que lui inspirèrent Elsa dans son recueil «Le fou d'Elsa» paru en 1963.





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Ce recueil-ci contient énormément de poèmes parlant de la guerre.
Disons tout simplement qu'ils m'ont (beaucoup) moins touchée que les habituels poèmes adressés à Elsa. Je suis venue à bout du livre en me forçant un peu.

Challenge ABC 2014/2015
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le passé et le souvenir traine au début du receuil comme un regret une pensée triste,puis l'amour y entre...et on se laisse porter
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