Les trois soeurs Darnum

Dans un monde futuriste, les femmes sont considérée comme des objets et destinées pour beaucoup au plaisir sexuel des hommes dominant la société. Trois soeurs vivent comme elles peuvent de leur modestes revenus. Surtout que Sabarra est hospitalisée et coûte aussi de l'argent. Moshaya, la plus jeune, tente de gagner le concours de beauté d'Holovision : « La Star du Mois ». Ambitieuse, la jeune femme se donne aux personnes qui font l'émotion. Pendant ce temps, sa soeur, Phoebia, policière, doit partir en mission spéciale de protection rapprochée. Son absence devrait durée plusieurs jours. Mais, la troisième soeur, Sabarra, hospitalisée pour raisons psychiatriques, devrait rentrée à la maison. Pour arriver à gagner le concours, il manque un document officiel à Moshaya. Pour l(obtenir, il lui faut trouver une grosse sommes d'argent, pour ça, elle est prête à vendre sa soeur à son propriétaire pervers, Monsieur Zaduk…

Quand j'ai lu le résumé de ce livre, connaissant l'auteur et sachant que c'est un auteur qui privilégie l'érotisme et la pornographie, je me suis dit : « Tient, cet auteur aurait enfin un scénario ? » Au début, j'y ai cru, il y a une vraie mise en place d'une histoire construite. Mais, très vite, nous retrouvons les habitudes de l'auteur. Femmes soumises, avec ou sans consentement, abusées. Les mâles ont tous les droits. Ici, est-ce ça le futur. Pour bien marquer fleur dominations, les mecs, tous plus abjects les uns que les autres, se contentent de forcer les portes arrières et d'imposer des fellations. Les pauvres femmes, soumises, tentant comme elles le peuvent, d'échapper à la misère, se laissent faire bon gré mal gré. Les trois soeurs, dont le destin est lié, prennent des directions différentes. La plus jeune et la plus délurée sait se servir de ses charmes pour arriver à ses fins. La policière, l'aînée, naïve, semble se faire piégée dans une histoire de moeurs alors qu'elle pense être dans né mission de protection rapprochée. Il reste la troisième soeur, pratiquement absente de tout l'album, qui, quand elle rentre de clinique, se fait droguée par Moshaya et est vendue par cette dernière pour une nuit durant laquelle, leur vicieux propriétaire, Monsieur Zaduk, veut en faire l'outil de ses fantasmes les plus sombres. Là s'arrête le tome, histoire inachevée, sans doute appelant une suite. Les dessins d'Ardem sont comme à son accoutumée. Il privilégie la ligne claire, préférant s'attarder sur des détails anatomiques explicites plutôt que sur de vrais visages expressifs. Demi teinte donc, poursuivrais-je cette bande dessinée, je n'en sais rien encore. Lu sur iPad Pro avec une belle numérisation en format PDF comme toujours avec La Musardine.


Personnages :

Phoebia Darnum : des trois soeurs, c'est l'aînée. Elle est policière. Un peu naïve, elle se fait manipuler par sa petite soeur mais aussi par ceux qui la commande.

Moshaya Darnum : La plus jeune des soeurs. Sans doute aussi la plus débrouillarde. Elle n'hésite pas à utiliser ses charmes pour obtenir ce qu'elle désire ou avoir des passes-droits. Elle n'hésite pas non plus à utiliser ses soeurs.

Sabarra Darnum : La deuxième soeur. Sans doute la plus fragile. Elle est à la clinique de la totale rémission pour problèmes psychologique et sociologique.

Monsieur Zaduk : le propriétaire de l'appartement des trois soeurs. Plutôt pervers, il profite des difficultés financières des jeunes femmes pour se faire payer en nature auprès de Moshaya en abusant d'elle.

Vendu comme l'oeuvre la plus profonde d'Ardem, je m'attendais tout de même à quelque chose de plus intéressant que ce que j'ai eu là. Ardem reste encore du Ardem, pas de doute : poitrine opulente, tendance à la sexualité brutale et violente (je ne crois pas qu'il y ait un seul rapport consenti dans la BD, c'est dire !), focalisation sur la sodomie, et des personnages masculins violents/vulgaires/moches, le tout dans une histoire pseudo-réfléchie. Et non, je m'excuse, mais si le résumé vend réellement du rêve (à le retaper ça donnerait envie de le relire), il n'y a rien de rien dans cette BD.

J'ai bien conscience que la BD est un premier tome orphelin d'une suite qui aurait pu étoffer tout cela et développer l'univers, mais là Ardem se sert d'un pseudo-monde dystopique pour faire étalage de ses scènes de sexe habituelles. Rien qu'au milieu une séquence très longue se développe autour du réparateur de machine (en gros la scène du plombier mais dans le futur). Elle n'apporte rien au récit et étire une scène de sexe dégueulasse sur une très longue période.
Et c'est réellement dommage, parce qu'il y a du potentiel dans les idées ! Mais le personnage de flic a une histoire tellement brouillonne qu'à la deuxième relecture je n'y comprends toujours rien. Et je ne parle pas de la troisième soeur qui débarque à la fin en étant un semi-légume qui se fait vendre par son autre soeur. Bref, les bonnes idées sont dans le résumé et non dans l'oeuvre, et c'est bien dommage.
Je laisse cependant à l'auteur tout son talent pour croquer des scènes de sexe et des personnages féminins aux proportions légèrement exagérées (et qui se ressemblent d'ailleurs d'un album à l'autre), mais trop parsemées de vulgarités, obscénités et violence pour ma part. Je retourne du côté des BD porno plus sensuelles qui sortent en ce moment et je laisse cette réédition aux amateurs du genre. Pour ma part, c'est de trop !

Les trois soeurs Darnum est souvent considéré comme le chef d'oeuvre d'Ardem. Mollo sur la dithyrambe, les gars. D'une, une bonne partie de sa biblio est composée de travaux torchés à la va-vite pour alimenter la collection cheapos Media 1000, donc à côté n'importe quel album à peu près propre passe pour une oeuvre d'art. de deux, c'est pas foufou le trio de sisters Trucmuche.
Le dessin est très bon, là-dessus, rien à dire. du haut niveau comme on aurait aimé en voir plus souvent sa production érotique ou pornographique.
Mais alors l'histoire... On nous annonce du futuriste et de l'anticipation et... euh... ben non. On se croirait plutôt dans un trip aux champignons à la Alice au pays des merveilles. L'intrigue, quant à elle, est cafouilleuse. Donc le chef-d'oeuvre, hein, on en est loin.
Une BD à feuilleter pour le dessin excellent, mais c'est tout.
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