"Le salut soit sur toi, fils de mon oncle ! lui dit-elle, tu viens pour tuer Elèm !"
Mohsèn eut un éblouissement et ses yeux se troublèrent. Depuis cinq ans, il n'avait pas vu sa cousine. Comme l'enfant, devenue femme, était changée ! Elle se tenait devant lui dans toute la perfection d'une beauté qu'il n'avait imaginée jamais, ravissante par elle-même, adorable dans sa robe de gaze rouge à fleurs d'or, ses beaux cheveux entourés, il ne savait comment, dans des voiles bleus, transparents, brodés d'argent, éclairés d'une rose. Son cœur battit, son âme s'enivra, il ne put répondre un seul mot. Elle, d'une voix claire, pénétrante, douce, irrésistible, continua :
"Ne le tue pas ! C'est mon favori ; c'est celui de mes frères que j'aime le plus. Je t'aime aussi ; je t'aime davantage, prends-moi pour ta rançon ! Prends-moi, fils de mon oncle, je serai ta femme, je te suivrai, je deviendrai tienne, me veux-tu ?"
La beauté est belle ; la passion, l'amour absolu, sont plus beaux et plus adorables. Jamais idole si parfaite, que l'ait imaginée ou faite l'ouvrier, n'approche en perfection d'un visage où l'affection dévouée répand cette inspiration toute céleste.