J'ai décidé de lire l'oeuvre de
Asimov en suivant la chronologie du récit et non pas la chronologie d'écriture ou de parution. Dans ce contexte, Fondation (paru en 1951) prend place en 3ème position après Prélude à Fondation paru en 1988 et L'aube de Fondation (paru en 1993).
Après m'être demandé pendant les 2 préquelles, ce que serait LE fameux Fondation, j'y étais enfin. Et on peut dire que
Isaac Asimov a bien fait les choses. Fondation est la continuité parfaite de L'aube de Fondation. A 42 ans d'écart, bravo Mr
Asimov.
Fondation s'ouvre sur la fin de la vie de Hari Seldon et le lancement de son projet Fondation. Je dois dire que j'ai été content d'avoir lu les préquelles d'abord, je pense que j'ai plus apprécié cet ouvrage que si je ne les avais pas lu. Il me semble que les préquelles permettent de mettre Fondation en perspective et de mieux l'apprécier. Je me suis même demandé à plusieurs reprises comment j'aurais apprécié et appréhendé Fondation si je n'avais pas lu les préquelles, j'ai l'impression que les préquelles contiennent tout ce que
Isaac Asimov avait dans la tête quand il a écrit Fondation mais qu'il n'avait pas écrit. Décidément ces préquelles ne sont pas des ouvrages de remplissage alimentaires !
Mais revenons à Fondation. Après la mort de Hari Seldon, Fondation se développe sur la petite Terminus qui n'a pas beaucoup de ressources. En bordure des confins de l'Empire, Terminus est en proie des velléités d'indépendance et d'expansion de puissants voisins. Fondation possède cependant une chose que ces puissants voisin n'ont pas : la maîtrise de l'atome.
Beaucoup plus faible, Terminus devra jouer habilement sur ses atouts pour éviter de se faire annexer.
Cet opus nous fait assister à la manière dont la petite planète Terminus évolue et prend sa place dans sa région de l'espace en utilisant habilement les atouts de la Fondation malgré sa faiblesse. Il faut être malin et rusé pour subsister et être respecté.
Mais Terminus, c'est aussi une planète en soi avec ses rivalités internes.
Au fil des dizaines d'années, Terminus remplit le rôle voulu par Hari Seldon pour la Fondation : préserver l'humanité suite au chaos qui résultera de l'inévitable chute de l'Empire.
Mais la Fondation a beau connaître le rôle que Hari Seldon a prédit pour elle, il n'a laissé aucun mode d'emploi ni instruction, ce sont les contemporains qui devront agir selon leurs initiatives propres.
Et c'est peut-être la seule chose dérangeante du livre, Hari Seldon avait déterminé l'évolution de l'Empire, les crises, les évolutions mais selon sa théorie ce sont les actes des contemporains qui doivent mener à ce qu'il avait calculé et ils ne peuvent y arriver que sans intervention extérieure. Hari Seldon apparaît donc un peu comme un simple spectateur de ses prédictions. C'est sans doute en cela que les préquelles sont les plus utiles et intéressantes, je me suis surpris plusieurs fois à me demander comment j'aurais réagi à cette lecture si je n'avais pas lu les préquelles et les références à la psychohistoire qui y sont développées. Je pense sincèrement que j'aurais moins apprécié ce Hari Seldon en mode "je sais ce qu'il va se passer mais je ne vous dirai rien", je pense que je l'aurais trouvé très inutile et ridicule. En ça les préquelles donnent du sens à ce personnage central et cependant à la fois très peu et fort présent, elles lui donnent du corps et de la consistance et le font véritablement vivre en toile de fond comme je pense le voulait
Isaac Asimov.
Donc pour en revenir à Fondation, on assiste aux premières dizaines d'années de Terminus, de la Fondation et aux relations et interactions pas toujours faciles avec ses voisins. On y découvre les interactions toujours plus nombreuses et plus difficiles au fur et à mesure qu'elles se développent et se multiplient.
Terminus est faible, Terminus est puissante, Terminus doit sans cesse faire face à des situations nouvelles et s'adapter, la position de Terminus évolue sans cesse. En fait, Terminus doit (sur)vivre et Terminus évolue et multiplie les contacts. Ce sont ces contacts et la nature de leurs relations qui déterminent et détermineront le futur de Terminus. Par ces contacts et ces relations, Terminus grandit et Terminus vit. Avec tout ce que vivre suppose de fragilités, de dangers et d'imprévus auxquels il faut faire face.