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En 2015, l'Espagne fait voter une loi qui accorde la nationalité aux juifs expulsés du pays en 1492. La première question qui vient à l'esprit est « Pourquoi revenir? ». le pays est en proie à une grave crise économique et ceux qui le peuvent ont déjà quitté le territoire pour aller gagner leur vie ailleurs. Et, surtout, depuis le XVème siècle, l'eau a coulé sous les ponts… Très vite pourtant des listes se mettent à fleurir sur le net, sorties dont ne sait où (sans doute de l'ouvrage de Pere Bonnin) dans le genre, « Si votre nom figure ici, vous pouvez prétendre à la nationalité espagnole ". Personnellement, je ne connais qu'une Cubaine qui ait tenté l'aventure.

C'est donc avec beaucoup de curiosité que j'ai lu le livre de Pierre Assouline, Retour à Sefarad, qui raconte comment un beau jour, il a décidé de franchir le pas et de redevenir Espagnol: « J'ignore ce qui fait qu'un individu renonce à étudier la vie tranquille des choses pour en examiner le cours étrange, ce qui fait qu'il éprouve à un moment particulier de son existence le désir confus, bientôt mué en impérieuse nécessité, de fouiller son écheveau inextricable, de démêler l'entrelacs de ses contradictions, d'interroger ses identités pour se déplier enfin. »

Retour à Sefarad pourrait répondre à la question "Comment peut-on être Espagnol? », quand nous sommes fait d'identités multiples. Assouline va parcourir le pays, s'entretenir avec une foule d'interlocuteurs, lire, s'interroger et parler, beaucoup, tout le temps… J'adore les digressions, les associations d'idées, les portes qui s'ouvrent sur d'autres portes… j'ai donc beaucoup apprécié cet ouvrage érudit, drôle aussi, jamais pesant. Il montre une nouvelle fois et sous une autre forme, ce que l'on a déjà noté chez des romanciers aussi différents que Jodorowski, ou Alberto Gerchunoff , ou depuis l'apparition d'internet sur des blogs uruguayens ou argentins, que les Séfarades de la diaspora ont toujours gardé le souvenir de l'Espagne malgré la tragédie de l'expulsion. L'attachement au pays d'avant la reconquête, via la langue, la nourriture, et de lointaines réminiscences a perduré à travers les siècles.

Préparez-vous donc à chausser vos bottes de sept lieues, à parcourir la Red des Juderias de España et les Caminos Sefarad, à rencontrer Javier Marias, Javier Cercas, Antonio Muñoz Molina , Cervantes, Lorca, les rois catholiques, Franco, les diplomates espagnols en poste dans les pays sous occupation allemande, les cinéastes, les poètes, les quidams, et les universitaires…. Retourner à Sefarad c'est comme faire le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle (enfin j'imagine), c'est fatigant mais exaltant. C'est drôle aussi, j'ai beaucoup aimé les lignes consacrées au film culte de Bigas Luna, Jambon, Jambon, ou le passage dans lequel l'auteur, à fond dans son trip espagnol, se lève une nuit pour regarder un documentaire sur Arte consacré au cheval andalou.
Je ne connais pas l'oeuvre de Pierre Assouline dont je n'ai lu que Lutetia et le dernier des Camondo, mais j'ai bien l'intention de poursuivre ma lecture de ses ouvrages. Je souhaite bon courage aux obstinés qui iront jusqu'au bout de démarches administratives kafkaïennes. Retrouver la nationalité espagnole via la Loi sur la Mémoire Historique pour la diaspora républicaine était quand même bien plus simple.

Seul bémol, la bibliographie en fin d'ouvrage... une centaine d'ouvrages mentionnés à la queue leu leu... il faut presque être un spécialiste en épigraphie pour arriver à tout lire...
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«  Comme vous nous avez manqué »: sa Majesté Felipe VI s'adresse ainsi en 2015 à l'ensemble des séfarades de part le monde, ces descendants des juifs expulsés d'Espagne en 1492.

L'auteur a pris ces mots - là pour lui, si intimes, personnels, poignants , à l'instant même où le roi les a prononcés .

Sa décision est prise, il rentre au pays , même s'il l'avoue , cinq siècles après, une légère hésitation subsiste. ....

«  Retour à Séfarad » met en scène ce candidat, juif séfarade , candidat à l'obtention du passeport Espagnol ,démarche ô combien complexe , semée d'embûches et décourageante : les candidats doivent prouver leur lien à l'hispanité ,suivre des cours de langue et de civilisation à l'institut Miguel de Cervantes, dans les bureaux de l'administration le dossier bute sur des obstacles imprévus.. pratiquement insurmontables ....

Comment se souvenir , retrouver ces racines d'il y a cinq siècles ?

Dans quel état va t- il retrouver ce pays?

Il s'en est passé des choses depuis le 31 juillet 1492.

Inutile de partir en quête de la maison familiale , du cimetière , encore moins des — archives....
Alors : au cours d'un voyage particulièrement érudit , l'auteur arpente le pays, s'entretient avec une foule d'intellectuels , écrivains , philosophes , s'interroge et interroge sans relâche ,parle , parle ,échange, dresse des inventaires ,polémique , digresse, évoque Marguerite Duras , «  Je suis un écrivain dans son genre « , Robert Musil, Michelet , Miguel de Cervantes, René Char, Pierre- Boileau, l'historien Yitzhak Bear, Georges Simenon , Stendhal et son « de l'Amour » , Julien Gracq, Charles Baudelaire et tant d'autres.... .
Des histoires entraînent d'autres anecdotes , leur multiplicité rythmée et enthousiaste oblige le lecteur à une concentration telle qu'il doit surprendre sa lecture pour reprendre son souffle, il rencontre Franco, rois catholiques, maints diplomates Espagnols .......jusqu'au fait étrange que l'auteur se lève pour visionner sur «  Arte » un documentaire à propos du cheval andalou....

Cet ouvrage est un festival d'érudition massive—-en tout sens —- un méli-mélo d'anecdotes historiques ou contemporaines , parfois fantaisistes , un peu embrouillées , toujours savantes, sur le fil, un brin provocatrices mais jamais pesantes ..

Pierre Assouline : dont j'avais lu «  La cliente » en 1998 «  Lutetia » en 2005,   Sigmaringen » en 2014, nous plonge dans un très long voyage dans le temps et l'espace à propos de l'Espagne à l'aide d'une trajectoire fouillée , très documentée allant de l'Inquisition aux traces contemporaines de ces juifs dans les villes, les anciennes synagogues devenues églises.

Une plongée fascinante , parfois drôle et provocatrice , ironique , désabusée, semée d'aventures intellectuelles multiples , de réflexions très fortes , puissantes, à propos de l'identité , du sentiment très fort d'appartenance, d'attachement , du devenir , de la connaissance de soi , de L'HISTOIRE DES PEUPLES et de leur destinée ...

Des déserts ruraux et villages d'outre - tombe, aux chants andalous profonds —-aux cathédrales d'Espagne : les vitraux à León, la rosace à Burgos——aux reflux de mémoire de l'auteur ——jusqu'aux rues animées et grouillantes de Madrid , sans parler du Moyen - Âge, de Federico Garcia Lorca, de la Shoah, du président d'Israël, du franquisme, des juifs américains , de Màlaga..........

Un roman palpitant mais exténuant, prenant et riche , comme souvent avec Pierre Assouline, ancien directeur du magasine Lire . ( à voir l'importante documentation à la fin , le nombre d'ouvrages cités ! )
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« ...je me suis mis en tête cette folie de redevenir espagnol »

Car une nouvelle loi espagnole permet aux descendants juifs séfarades, expulsés au 15e siècle par les Rois Très Catholiques, de revendiquer leur origine ibérique et d'en récupérer la nationalité.

Pierre Assouline se lance avec persévérance dans un parcours très symbolique et intellectuel de «reconquête identitaire », au point d'en faire un journal de bord où s'invitent des réflexions sur le patronyme, la langue orale et une compréhension de l'Espagne contemporaine, gangrenée par des relents nauséabonds de catholicisme extrémiste.

Dialogues à la Guitry, érudition tout azimut versée à la louche mais toujours fantaisiste, élucubrations et mots d'esprit pour tout et rien, Pierre Assouline est inspiré!
On a l'impression qu'il s'amuse de tout, du contexte, de lui-même, de son identité juive, de cette étrange idée de la quête des origines, avec une pointe de réalisme pragmatique et grinçant : « Les Juifs ont intérêt à avoir plusieurs passeports. On ne sait jamais ce que le sort nous réserve. »

Avec sa plume provocatrice et son argumentaire érudit et historique, l'écrivain éclaire le lecteur sur les siècles noirs de l'Inquisition, concept religieux autant que politique, mais le balade aussi dans un mélimélo d'anecdotes et de digressions. On le suit sur les traces des communautés juives disparues, pérégrin curieux autant de rencontres que d'atmosphères, de symboles ou d'interprétations biscornues. Il finit tout de même par nous concocter un bon gros pudding bourré de références, qu'on peut avoir un peu de mal à digérer mais qu'on ne peut que reconnaître brillant, finement analysé et plein d'humour.

Encore un livre qui informe et interroge, passage de témoin au-delà des siècles vers notre époque de migrants, s'appuyant sur cette éternelle valse des déracinés pour cause de guerres ou persécutions.
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Le roman de Pierre Assouline est aussi délirant que la décision du roi d'Espagne qui autorise par décret, (jusqu'au 31/12/2019), les descendants des Séfarades expulsés en 1492 à demander la nationalité espagnole.
132 000 personnes ont été ainsi naturalisés et ont réparé la chaîne qui s'était interrompu lorsque leurs ancêtres ont quitté l'Espagne, bannis par le roi catholique de l'époque Ferdinand d'Aragon.
Comme le dit l'auteur, le royaume d'Espagne va au-delà du pardon, au-delà du "pardonne mais n'oublie pas", il est dans le reviens chez toi, nous regrettons d'en avoir chassés tes ancêtres il y a six siècles et des poussières.
" Comme vous nous avez manqué !" conclut le Roi dans son discours.
Afin de pouvoir retrouver la nationalité espagnole, les prétendants doivent répondre à trois critères
Figurer sur la liste, publiée avec le décret royal, des 5 000 noms de Marranes et Séfarades expulsés.
Démontrer sa connaissance de la culture espagnole en satisfaisant à un test de l'institut Cervantès
Produire un acte de mariage démontrant que ses grands-parents ou parents sont de religion judaïque.
A titre personnel, je ne peux satisfaire qu'aux deux premiers critères.
Mes ancêtres lointains ont véritablement abjuré la religion juive et embrassé la religion catholique.
Assouline joue sur trois registres sa surprise à la découverte de ce décret, sa surprise de se voir figurer sur la liste et sa décision de mener une enquête pour savoir ce qui se cache derrière le décret et s'il peut véritablement devenir espagnol...
Il passe par plusieurs étapes :
Au Consulat d'Espagne, tiens ! tiens ! tiens ! il est reçu par un certain Alfonso Iglesias Nunez (qui lui, je vous l'assure, figure sur la liste), mais le prétendant n'osera pas avoir l'outrecuidance de le lui demander.
A Madrid, il décide de rencontrer Isaac Querub, président de la Fédération des communautés juives d'Espagne et Alberto Ruiz Gallardo, ministre de la justice, les deux hommes qui sont à l'origine de la fameuse loi du retour des séfarades dans ce qui fut leur pays.
Le roman rappelle le rôle des Séfarades dans l'histoire espagnole, les moments de l'histoire qu'ils ont marqués mais aussi les livres films ou pièces de théâtre qu'ils ont inspirés.
Le livre est construit de telle façon que le lecteur peut choisir de le lire de la première à la dernière page ou de batifoler au gré de son envie en choisissant l'un des 70 chapitres qui constituent.
En fin d'ouvrage on trouve un résumé de chacun de ces chapitres.
Je reviendrai pour ma part sur le chapitre 42, consacré au film d'Antonioni : Profession Reporter. Film sublime qui se déroule de Barcelone à Alméria pour finir dans le village de Vera, berceau de ma famille.
« Il est cinq heures de l'après midi à Vera, l'heure de la corrida, la plaza de toros est là devant, et la voix de Garcia Lorca tout près murmure un chant funèbre pour son ami l'illustre torero Ignacio Sanchez Mejias mortellement blessé dans l'arène de Manzanares, l'endroit se couvre d'iode, au loin vient la gangrène, les plaies brûlent comme des soleils, il n'y a vraiment qu'en Espagne que la poésie revient partout nous envahir et nous dévoiler la vie comme la mort, il est juste cinq heures d'ombre de l'après-midi à Almeria. »
Et en lisant cette citation, me reviennent les paroles de Initials B.B. de Gainsbourg :
« À chaque mouvement
On entendait
Les clochettes d'argent
De ses poignets
Agitant ses grelots
Elle avança
Et prononça ce mot
Alméria
C'est cela aussi le livre d'Assouline, un révélateur de culture et un catalyseur d'émotions qui nous fait voyager dans notre propre passé et dans son histoire pour que jamais nous n'oubliions ce qui les relie.
Lumineux !

Lien : https://camalonga.wordpress...
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« Comme vous nous avez manqué ». Cette adresse de Felipe VI à tous les séfarades expulsés d'Espagne en 1492 s'accompagne d'une possibilité d'accorder la nationalité espagnole à leurs descendants, invités à revenir au pays.
Prenant le monarque au mot, Pierre Assouline se lance dans cette aventure intime, culturelle et historique, qui bien que symbolique n'est pas pour autant dénuée de complications administratives.
En plus de 400 pages, le journaliste-historien-romancier détaille les étapes nécessaires pour obtenir le précieux sésame comme autant de plongées dans l'histoire politique, culturelle des Juifs expulsés. A la fois édifiante et truculente, cette entreprise nous amène aux quatre coins de l'Espagne, en compagnie des plus grands écrivains et poètes sans pour autant oublier les inconnus d'hier et d'aujourd'hui. Elle permet de remonter le passé pour mieux souligner les absurdités des rouages administratifs contemporains.
Comme souvent chez Assouline, la solidité du propos hyper documenté est rehaussée par une écriture alerte et plaisante.
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Le 31 mars 1492 les Rois Catholiques d'Espagne, Isabelle la Catholique et Ferdinand II d'Aragon signèrent le décret de l'Alhambra qui donnait aux Juifs jusqu'au 31 juillet de cette même année, pour se convertir au christianisme ou pour quitter le royaume. Beaucoup choisirent l'exil; un exil qui les priva de toutes leurs richesses. Nombre d'entre eux furent dépouillés lors de leur voyage en terre d'Espagne. Tous furent fouillés et dépouillés aux frontières.
Ni les descendants de ces Juifs expulsés, ni le Royaume d'Espagne n'oublièrent cette tragédie, puisque le décret de l'Alhambra fut aboli en 1967 et en 2015, le Roi autorisa même les descendants de ces juifs expulsés à revenir au Pays, et à demander s'ils le souhaitaient d'acquérir la nationalité espagnole..
Alors Pierre Assouline, après quelques hésitations, se dit "pourquoi pas ?"...
Un pourquoi pas qui avec Pierre Assouline prend l'aspect d'un long voyage très documenté dans le temps, comme il le fit notamment dans Lutetia, Sigmaringen, Etat limite, Une question d'orgueil, et d'autres sans doute. La liste de références en fin d'ouvrage, sur lesquelles il s'appuya est impressionnante.
Devenir espagnol, acquérir cette double nationalité n'est pas si simple cependant, même quand on est connu comme l'est Pierre Assouline, puisque tout postulant au retour doit mériter ce retour et prouver d'une part qu'il parle couramment l'espagnol, et d'autre part, qu'il connaît l'histoire et la culture de ce pays, dans ses moindres détails
Retour dans le passé familial : « Côté paternel, Assouline est de la famille des Aït Tizgui N'Opasouline, de la tribu des Glaoua, dans l'Atlas. Dans la langue berbère, as-souline signifie “le rocher”» et remontée dans la grande Histoire de cette Espagne qui s'étendait alors jusqu'au Maghreb.
Une grande leçon d'histoire, documentée, érudite, fouillée, parfois même un peu embrouillée, passant parfois (trop) rapidement du coq à l'âne comme Pierre Assouline sait le faire. Des rappels historiques s'appuyant des entretiens avec des personnalités espagnoles, nombreuses parmi lesquelles j'ai retenu Javier Cercas, et des informations extraites de documentations ou de thèses universitaires, issues de rappels historiques avérés, de paroles ou discours de personnalités comme Franco, de diplomates espagnols, de poètes..la liste est longue. L'auteur nous fait arpenter les traces contemporaines de ces Juifs, dans les villes, les anciennes synagogues devenues églises, les cimetières. Il nous en apprend sur l'Inquisition qui s'attaquait aux catholiques issus de familles d'origine juive...
Cette plongée dans l'histoire et la culture espagnole est fascinante et parfois drôle, Pierre Assouline n'hésitant pas à faire sourire son lecteur, histoire de le détendre un peu. Ça fait du bien de temps en temps!
Je doute que nombre d'Espagnols connaissent autant de détails et d'anecdotes de l'histoire de leur pays que ces prétendants au retour auxquels on impose de maîtriser la langue, l'histoire et la culture espagnole pour mériter leur naturalisation...
Afin de apprécier plus complètement encore cette lecture, il est important me semble t-il de connaitre un peu ce pays, cette langue, cette culture, ses hommes et femmes.
Impossible de garder en mémoire toutes ces petites touches historiques, impossible de se souvenir de tous ces détails auxquels Pierre Assouline fait référence...la seule chose à retenir sans doute, c'est le fait que cette expulsion des Juifs Séfarades d'Espagne a indubitablement laissé des traces dans l'histoire et la culture espagnole. On a l'impression que cette tâche hante encore la mémoire de cette Espagne, depuis Franco en passant par des auteurs, des universitaires, des cinéastes espagnols et allant jusqu'aux rois contemporains.
L'Espagne a tenté de réparer ses erreurs, les fautes de ses dirigeants passés en permettant le retour des descendants des Républicains qui l'avaient quittée il y a 80 ans en 1936 et celui des Juifs Séfarades qu'elle avait expulsés il y a un peu plus de cinq siècles.....Magnifique découverte de ce morceau d'histoire.
Que penser de ces autres pays qui n'ont pas encore bougé le petit doigt 80 ans après d'autres crimes touchant là encore d'autres juifs, qui n'ont pas encore fait un signe pour donner la nationalité aux descendants de ces juifs exterminés.
Un signe aux couleurs du drapeau espagnol.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Un des meilleurs crus, à rapprocher des romans de non fiction, recherche d'identité, séries de traits d'esprit sans l'allure d'un catalogue, proche de l'excellent Vies de Job...
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Retour à Séfarad met en scène un candidat, juif séfarade, à l'obtention du passeport espagnol , démarche rendue possible par une déclaration du roi d'Espagne Sa Majesté Felipe VI qui affirme dans un discours prononcé en 2015 en guise de conclusion « Comme Vous nous avez manqué ! » .Hommage rendu à la participation des séfarades à la vie espagnole, à la transmission à leurs enfants de l'amour de cette patrie espagnole , ce discours interpelle Pierre Assouline, qui prend au mot le discours du roi .Il sera candidat au passeport, à la nationalité espagnole .Seulement voilà : cinq siècles ont passé depuis l'expulsion de 1492, et bien des changements ont eu lieu .pour Pierre Assouline, les tentatives de retrouvailles de la maison familiale, du cimetière, de l'ancien quartier juif , la juderia, peut-être rasée, sont vouées à l'échec ;il lui suffit de « savoir que notre mémoire précède notre naissance. de mon expédition dans ce passé-là où je suis parti retrouver des paroles, des voix, un souffle gelés dans l'hiver des livres, je n'espère pas rapporter des vérités mais tout au plus des effets de vérité. Non des preuves mais des traces puisque, comme le dit René Char je crois, seules les traces font rêver. »

En fait, les démarches pour obtenir cette nationalité se révèlent d'une complication décourageante :elles constituent un parcours d'embûches :les candidats doivent prouver leur lien à l'hispanité, suivre des cours de langue et de civilisation espagnole à l'institut Cervantès de la rue Quentin Bauchart, rue située près des Champs-Elysées à Paris .Pierre Assouline souligne avec grand à-propos le rôle qu'a joué selon lui Cervantès en exposant en quelque sorte « l'ironie dévastatrice, la distance et même la morale de l'échec (…) mais avant tout la leçon de liberté que donne Cervantès aux écrivains. » Mais comment se souvenir, retrouver ces racines d'il y a cinq siècles ? En parcourant ces villages abandonnés par suite de l'exode rural ou l'extinction naturelle de ces localités faute d'habitants, l'auteur du récit y voit comme une manifestation de la permanence : « Peut-être n'aurais-je pas été dans toutes les villes de mes ancêtres qu'à seule fin d'écouter le silence, de goûter la qualité de ce silence-là( …) Si de ce voyage je ne rapportais qu'une version personnelle du silence espagnol, je n'aurais pas voyagé pour rien Cela relève d'un profond mystère :ils sont partis depuis des siècles mais leur présence métaphysique ne les jamais désertés . » Cette quête de l'identité, de ses possibles contours, de sa définition, de son extension, Pierre Assouline la situe dans une nécessité vitale : celle d'échapper à toute assignation, de ne pas regarder la notion d'identité comme un gros mot, en citant Marc Bloch et René Roudaut, ancien ambassadeur énonçant très prosaïquement : « L'identité, ce n'est pas l'empreinte Bertillon ! » Identité sans assignation, sans rétrécissement, mais « mouvante et dissonante. »
Pierre Assouline, aux termes de cette requête administrative, demande au roi Felipe VI d'abolir le décret d'expulsion des Juifs d'Espagne pris en 1492, cette décision « changeait tout (…) Si vous daignez et en convenez alors je me sentirai pleinement espagnol. »
C'est là une réflexion sur les notions d'identité, d'attachement, de racines, de sentiment d'appartenance très riches, foisonnantes, très fouillées que nous livre Pierre Assouline, dont la contribution à ce débat brûlant nous aidera grandement à éclairer les lecteurs potentiels.
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"Comme vous nous avez manqué!"
Le 30 novembre 2015, s'adressant au séfarades, le roi d'Espagne propose une nouvelle loi, qui "permet simplement à tout séfarade, descendant de Juifs expulsés d'Espagne il y a cinq siècles, d'acquérir la citoyenneté espagnole avec passeport à la clé sans avoir à renoncer à sa propre nationalité et sans même avoir à résider dans le pays. Enfin, 'simplement' n'est peut-être pas le terme adéquat.Un parcours du combattant d'une certaine manière."

Voilà donc Pierre Assouline se sentir "comme appelé par le roi", déposer un dossier, prendre des cours de langue, se documenter à fond, parcourir l'Espagne.

Alors, roman ou pas? J'ai vérifié, cette loi existe (voir ici ) et l'on sent qu'Assouline a pris un malin plaisir à raconter ses tribulations et surtout à enquêter à fond. Plaisir ressenti par le lecteur. C'est assez vagabond et pas du tout lourdingue à lire, on apprend plein de choses, je subodore que certaines conversations ou remarques ou rencontres ont été inventées ou recréées pour les besoins du livre, mais peu importe. Je n'ai pas d'appétence particulière pour l'Espagne, dont j'ignore la langue, et pourtant ce livre m'a passionnée, à l'érudition sans faille, mais usant d'un humour et d'une ironie de belle eau. Non, Assouline ne tombe pas dans les pièges de l'autofiction, rappelant juste brièvement un souvenir très douloureux lié pour lui à l'Espagne, qu'il lui a fallu un demi-siècle pour voir s'apaiser. J'ai aussi découvert la belle attitude de certains consuls espagnols européens pendant la seconde guerre mondiale.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Un des rares livres que je n'ai pas réussi à terminer.
Pourtant, j'ai essayé de m'accrocher mais ce n'est pas suffisamment romancé à mon goût. Il s'agit d'un livre sur le retour des juifs en Espagne, suite à une loi de 2015 leur accordant la nationalité espagnole. Ils en avaient été expulsés à la fin du XVème siècle.
Même si le sujet est intéressant, la lecture a été laborieuse pour moi car le texte est très détaillé et peu mis en scène.
C'est plus un livre d'histoire qu'un roman.
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