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EAN : 9782070132713
272 pages
Gallimard (01/10/2012)
2.94/5   70 notes
Résumé :
Quatrième de couverture:
Qu'est-ce qui pousse un homme à trahir son pays ? Ou, plus précisément : qu'est-ce qui pousse, en pleine guerre froide, un haut fonctionnaire français, doté de responsabilités à la Défense et à l'OTAN, à transmettre des documents secrets au KGB pendant près de vingt ans ? Ni l'argent ni l'idéologie. Quoi alors ?
Obsédé par ce cas unique dans les annales de l'espionnage, le narrateur d'Une question d'orgueil décide de tout fair... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Trahison et incompréhension ! Les mots-clés de la longue enquête dans le temps menée par Pierre Assouline pour découvrir les véritables motifs de la trahison du haut fonctionnaire français, Georges Pâques (1914-1993), qui pendant 2 décennies, de 1944 à 1963, a passé des informations et dossiers secrets dont certains importants au KGB, le service de renseignements soviétiques.

Par des lectures précédentes, entre autres "Le KGB en France" de Thierry Wolton de 1986 ainsi que mon ouvrage de référence "Encyclopedia of Cold War Espionage" de Richard Trahair et Robert L. Miller de 2009, je savais que le nom de Georges Pâques figure à côté de ceux plus célèbres comme Kim Philby, Donald Maclean, Guy Burgess, et (l'ex-sir) Anthony Blunt.

Si les raisons de ces messieurs britanniques pour être à la solde des renseignements soviétiques me paraissaient assez compréhensibles, en revanche, ceux de Georges Pâques m'échappaient. Après tout il ne faisait pas partie de la "Perfide Albion" ?
D'autant plus que Moscou a pu profiter de ses connaissances à peu de frais et que l'initiative d'une telle démarche était en plus la sienne.

Georges Pâques est né en 1914 à Chalon-sur-Saône dans une famille modeste, comme fils de coiffeur. Élève intelligent et ambitieux, il a été admis à l'École Normale Supérieure rue d'Ulm dans le même promotion que Georges Pompidou, en 1935 et a été reçu après à l'agrégation d'Italien. En Italie il s'est marié avec Viviana, une ethnologue italienne, avec qui il a eu une fille, Isabelle.

C'est en pleine guerre, en 1943 à Alger, que Pâques a pris contact avec l'attaché "culturel" de l'ambassade soviétique, en fait l'officier du KGB, Alexandre Gouzovsky, à qui il a offert ses services d'informateur, se disant écoeuré par l'impérialisme américain.

Des informations et documents confidentiels seront ainsi quasi systématiquement communiqués à l'URSS pendant presque 20 ans, jusqu'à son arrestation, le 10 août 1963 à la suite de la dénonciation du transfuge, le major du KGB Anatoli Golitsyne (1926-2008).

Un an plus tard aura lieu son procès spectaculaire et sa condamnation, le 7 juillet 1964, à perpète pour trahison.
En 1970, au bout de 7 ans de prison, il sera gracié par le Président Pompidou.
La taupe française du KGB mourra 23 ans plus tard, le 19 décembre 1993 à Paris.

Pourquoi un homme intelligent et instruit, époux et père modèle, a-t-il pu trahir la France, l'Europe occidentale et les alliés de son pays dans la guerre froide à notre pire ennemi ?

C'est avec le considérable talent qu'on lui connaît que Pierre Assouline répond à cette énigme, après des entrevues personnelles avec le traître et une analyse approfondie et pluriannuelle d'un dossier hautement complexe et délicat.

Personnellement, j'estime que la République française s'est montrée étonnamment clémente envers un citoyen qui, surtout comme haut gradé de l'OTAN, a passé des données vitales de sécurité directement à l'ennemi, notamment en matière de la question stratégiquement épineuse du statut de la ville de Berlin.

Sur internet, il existe un film documentaire russe, sous-titré en Français, qui porte le nom du bonhomme comme titre et qui relève de la pure propagande russe, une spécialité moscovite ! Dommage, car on y voit la fille Isabelle et même la petite-fille Tatiana de Georges Pâques. Voir : dailymotion.com/video/xwh86x.

L'exposé de Pierre Assouline est comme toujours instructif et un plaisir à lire, malgré le thème, avec maintes trouvailles historiques et/ ou littéraires, telle sa référence à la fameuse boutade de Talleyrand "qu'en politique la trahison est une question de date".

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J'ai toujours trouvé une manie d'écriture étrange, celle qui consiste à faire vibrer la page par des associations de mots puissantes (par ex : « le silence fait homme » à la 3e page du roman d'Assouline) mais de poursuivre -malheureusement!- avec une référence (par ex : « n'est-ce pas Confucius qui dit que XX ») supposée offrir de la vigueur à l'écriture naturelle de l'écrivain. Je veux dire, pourquoi Assouline s'inflige-t-il cela ? Craint-il que la lectrice lise son propos sans en réaliser la perplexité ? Et donc veut-il démontrer qu'une phrase qu'il écrit n'est jamais anodine ? Pour la première question, je me demande si c'est forcément bien grave… ; la lectrice ne peut-elle pas justement s'émanciper et voir ce qu'elle souhaite dans la phrase « le silence fait homme » plutôt que d'être contrainte à penser à Confucius ? (Surtout que l'auteur donne lui-même la réponse quelques pages plus loin par « mais chacun n'est-il pas le faussaire de l'autre dès lors qu'il interprète ses paroles? »). Pour la seconde, je serais plus catégorique ; je pense qu'une phrase peut ne pas être pensée et retournée dans tous les sens avant d'être publiée, ce qui ne l'empêchera pas de devenir consciente et éternelle pour la suite du livre, et ainsi aucune phrase ne serait anodine, pourquoi mêler Confucius putain on s'en fout, on peut entendre des émotions sans que Confucius ne soit évoqué. C'est le second bouquin d'Assouline que je lis et toujours des détails d'écriture me prennent ainsi la gorge dès le tout début.
Bon, après… même sans référence à de graaands penseurs, le propos est quand même assez peu percutant : « le monde est plein de personnages de romans à la recherche de leur histoire », ok, pierre…, j'aurais aimé que l'idée du genre du roman ne soit pas mêlée à des finesses d'esprit de ce type.

J'ai aimé :
-la définition d'un innocent : celui qui « ne voit rien sous son nez mais clair à l'horizon ».
-la retranscription des idées de la femme du correspondant russe Gouvosky : « a force de parler de ce que l'on aime, on finit par l'aimer moins et elle ne veut pas courir ce risque ».
-la mention de Henri Matisse, roman (Aragon), que je connaissais pas + d'Adorable Clio (Giraudoux) + du Procès « un châtiment à la recherche de sa faute » (même si, bon…)
-mention du « Groupe Tala » d'Ulm + de la devise « simul et singulis ».
-la fine illusion à Annie Ernaux « contrairement a d'autres, il n'avait pas poursuivi de hautes études pour venger sa race » - ou plutôt croire qu'il s'agit d'une allusion.
-l'expression « donner de l'air à ses dents » pour parler des personnes parlant pour elles-mêmes devant d'autres
-le proverbe « qui prend son temps prend le nôtre » et savoir que Pâques l'ait sûrement sorti à un mec du KGB
-la phrase « leur petit Yalta », évoquant la répartition des taches ménagères du couple Pâques.
-les commentaires à la sauce de « Gênant. » « Inquiétant. » éparpillés
-«Grossouviski, son grand-père, m'avait fait remarquer que certains ne se retournent jamais une fois qu'on les as quittés, alors que d'autres, toujours, Georges Pâques par exemple ».
-Ces trois phrases à propos des noms :
« j'espérais que vous parleriez du nom propre comme forme linguistique de la reminiscence. Tant pis. » « Important, le nom. C'est un ambassadeur et un chevau-léger. Un nom peut claquer comme un drapeau. Notre nom nous précède et nous suit ». « On les mémorise aussitôt et ils se mettent à vivre car un passe sourd et surgit au seul énoncé d'une identité parfaitement typée ».
-la définition de l'orgueilleux par Pascal relatée : « celui qui se voile la face sur ses propres misères et révèle celles de la société pour mieux prétendre s'élever au-dessus d'elles ».
-étymologie de « capital » dans « péchés capitaux » : il part de la tête (caput) pour diriger le corps
-La citation de Giraudoux « C'est quand le monde prend la forme d'une feuille de papier qu'il pèse de tout son poids ».
-le lien entre orgueil et inactivité sexuelle
-mention de Maître Albert Naud
-Mention du roman La Conspiration de Paul Nizan
-Mention du mot de Gandhi disant que celui qui voit un problème et ne fait rien fait partie du problème
-La description de cette sensation-là : « un réflexe irrépressible qui me fait prononcer un mot dont j'ignore le sens tout en sachant qu'il convient parfaitement à la situation ».
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Pierre Assouline revient,dans ce qui reste un roman,sur la figure de Georges Pâques.Georges Pâques, haut fonctionnaire de la IVe République, dont on apprend un été 1963, qu'il est une taupe… « On lui aurait donné le Bon Dieu sans confession » s'exclame Georges Pompidou, atterré.Ce petit monsieur croisé dans le bus par Pierre Assouline des années après est bien l'espion le plus étonnant de l'après-guerre.On connait les belles biographies de l'auteur,des références, Simenon, Hergé, des sujet à zone d'ombre,de ceux dont les vies recélent le plus de questions probablement.Mais ici c'est plus sur les mobiles que s'interroge l'auteur. Qu'est-ce qui a pu amener cet homme,par ailleurs catholique pratiquant,à travailler pour l'URSS vingt ans durant,depuis la fin de la guerre.

Naît-on espion?L'argent, l'idéologie, le sexe n'ont pas été pour Pâques le moteur de ce qu'il faut bien appeler la trahison. Assouline se livre à une passionnante enquête sur ce personnage,à des années-lumières de l'agent secret de cinéma et de roman.A-t-il pour cela résolu le mystère?Pas tout à fait à mon sens.Nous faisons la connaissance,vingt ou trente ans après,de certains de ses honorables correspondants soviétiques.Le livre avance par à-coups et nous laisse souvent dans un certain flou qui convient parfaitement à son sujet et à cet univers où nous claquent au visages,comment ne pas les citer,ces deux maîtres es brouillard, Graham Greene et John le Carré.Une question d'orgueil,c'est bien d'orgueil qu'il s'agit d'après Pierre Assouline.Georges Pâques, opaque,croit probablement à sa place dans la conduite des affaires du monde.Par antiaméricanisme,presque uniquement semble-t-il,lequel est chez Pâques élevé au rang de vertu cardinale,dixit Pierre Assouline.

Beaucoup de non-dits,c'est normal dans une affaire d'espionnage,au moins des pas vraiment dits,des devinés.Informateur du KGB,ce Philby à la française,par ailleurs d'une vaste culture et d'une grande foi chrétienne,demeure une énigme bien après la lecture du bon roman,car c'en est un,de Pierre Assouline.La vérité sur l'affaire Georges Pâques conserve ses ellipses et se rendez-vous mystérieux,son ambiance anglo-saxonne qu'on a longtemps crue avoir le monopole de la fiction d'espionnage.Croyez-moi,je suis très loin d'avoir tout cerné de notre agent,mais j'en ai aimé la traque/trame littéraire
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"Lui, un espion ? une taupe du Kremlin à Paris pendant plus de vingt ans ? un agent des Soviétiques infiltré dans les rouages de l'OTAN ? un homme condamné à mort pour haute trahison ? Lui ?" Lui, c'est Georges Pâques, la principale taupe soviétique en France durant la guerre froide, auquel Pierre Assouline consacre l'une de ses enquêtes, à la suite d'une longue interview que le vieil lui a accordée, et qui le plonge dans une fascination presque malsaine pour le personnage. Car Georges Pâques est ordinaire et banal ("Georges Pâques est un climat semi-océanique de plaine typique du Bassin parisien, aux températures modérées, parfois susceptible de précipitations en raison de perturbations atlantiques"), avec un côté amateur presque attachant - voir son incapacité à faire fonctionner les gadgets de la panoplie du parfait espion que ses officiers de liaison s'obstinent à lui fournir.

Au cours des mois et des années, s'installe entre l'auteur et son sujet une intimité d'un genre bien particulier, matérialisée par l'attente du narrateur sous les fenêtres éclairées, de nuit, de l'ancien espion : "je ne sais plus ce qu'il est au fond car plus je le fouille dans sa complexité, moins il est réductible à une épithète", "Georges Pâques me hantait à mon insu". Et de fait, cette radioscopie est bel et bien intrigante ; et quand bien même l'auto-mise en scène du narrateur peut un peu agacer (surtout que sa dimension littéraire est bien moins affirmée que dans le brillant HHhH de Laurent Binet), il reste passionnant de suivre la démarche de l'enquête, du "bricolage" et de la construction du récit, qui n'est, au sens strict, ni vraiment un récit, ni tout à fait une enquête.

Une plus jolie plume que dans Lutétia dont le sujet était, du reste, passionnante, mais encore cette recherche un peu vaine de la formule ; néanmoins quelques jolies trouvailles, et toujours la multiplication des références (Graham Greene, Simenon, John le Carré, Sorj Chalandon), qui, de fil en aiguille, donne envie de lectures "en rebonds", comme par exemple pour le grand classique du genre qu'est le troisième homme. Surtout qu'Assouline brosse un joli plaidoyer pour une réhabilitation du roman d'espionnage : "Le roman d'espionnage selon mon goût n'existe pas. C'est un microcosme du monde : il englobe tous les mobiles. On peut espionner par amour, haine, cupidité, idéologie, ressentiment, patriotisme, déception, plaisir, parce que le quotidien est ennuyeux, ou parce qu'on se sent supérieur. Mais dans tous les cas, c'est de la vie qu'il s'agit. La vie et rien d'autre. le monde du Renseignement n'est qu'un décor particulier pour la mise en scène de sentiments et de pulsions qui se trouvent déjà dans la Bible et dans Shakespeare."

En bref, une lecture plaisante, en dépit du style et de quelques longueurs, l'analyse psychologique et la sorte de connivence établie dans la perspective biographique, avec empathie assumée, faisant le principal intérêt du bouquin, un peu à l'instar du Limonov de Carrère. Pour prolonger, un chouette roman sous forme de fausse biographie, de Dominique Jamet : Un traître.


"Un archipel de solitudes peuple l'âme de tout espion. Encore que cette qualité accorde une certaine noblesse à celui qu'elle désigne ; nous sommes tous plus ou moins sensible à un certain romantisme de l'espionnage. "Taupe" animalise la fonction sans la bestialiser pour autant ; le rapprochement avec le petit mammifère qui s'ébroue dans les galeries souterraines en est presque charmant ; on en oublierait qu'il est dépourvu d'oreilles apparentes, et qu'il n'y voit rien, ce qui n'est guère indiqué pour un agent de renseignements. "Agent double" sonne déjà moins fièrement qu' "espion", car une double loyauté implique nécessairement une trahison. "Traître" est insupportable : c'est une tache, une insulte, un fardeau. Les circonstances n'y font rien, on ne s'en remet pas. Impossible qu'un tel homme n'ait pas ruminé cela pendant près de vingt ans. "Haute trahison" ? Cela anoblit. Sauf qu'il n'y en a pas de basse."
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Pierre Assouline - Une question d'Orgueil - *** - fini le 9 mai 2023

Pierre Assouline fait dans les genres très divers (et c'est un grand biographe) mais il se trouve qu'avant celui-ci j'ai lu le Paquebot, qui relatait de manière romancée la vie et la mort du grand journaliste Albert Londres dans le naufrage de son bateau.

Là, dans ce livre de 2012 (dont je n'avais jamais entendu parler), nous sommes dans un « roman » racontant la vie de Georges Pâques, un grand espion au profit de l'URSS. Je me souviens avoir commencé ce livre, avoir bloqué à la page 30 (ce qui m'arrive souvent, une fois passée le plaisir de la « découverte ») puis avoir entendu sur radio classique la chronique de Franck Ferrand sur Georges Pâques. Je me suis dit : « si c'est de lui dont parle Assouline, je continue le livre ». Et c'était le cas…mais sous un angle passablement exaspérant, en mettant constamment à distance le sieur Pâques en question, en multipliant les digressions concernant le narrateur (Assouline lui même ?) qui va jusqu'à flirter avec la petite fille du premier contact russe de Pâques. Pour le reste, les événements sont là mais dans une forme très « psychologisante » avec beaucoup de références et de locutions latines non explicités, comme si nous étions « entre nous »…Assouline rencontra Pâques une seule fois. Résultat, nous avons un roman assez bancal, pas du tout d'espionnage, pas du tout de procès, mais une tranche de vie où Assouline tente à chaque page de comprendre pourquoi une telle défection d'un lettré, et à le mettre sous le compte de l'orgueil, de l'envie d'exister, de compter, Pâques étant persuadé que son action aura évité la guerre entre l'URSS et les Etats-Unis, rien que ça ! Et nous avons en parallèle le « making of » du livre, sa difficulté à l'écrire, l'énigme dans lequel le narrateur est plongée. Sans compter l'absence totale d'humour (Assouline n'a aucun humour, que ce soit dans la vie et dans ses écrits) et il n'y a pas grand chose pour faire passer un récit aride et dont les digressions gâchent tout (on imagine Philippe Jaenada s'emparer de cette histoire), car mettre en parallèle la vie d'espion insoupçonné pendant 40 ans (et qui monte tous les échelons de l'administration !) et la vie d'un narrateur inconnu n'a pas d'intérêt... On se plaît, quitte à faire un roman, à imaginer si Assouline avait fait de Pâques le narrateur de sa propre vie, le fond n'aurait pas été changé, mais l'histoire aurait été bien plus prenante !
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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
21 novembre 2012
Pierre Assouline raconte très bien sa quête de la vérité d’un homme et la part de mystère qui restera toujours.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
21 novembre 2012
Ce qui est passionnant, dans ce roman de Pierre Assouline, c'est l'enquête, les découvertes et les doutes de l'auteur.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
08 novembre 2012
Georges Pâques méritait mieux qu'une note en bas de page. Pierre Assouline a réparé cette injustice. Sans le trahir. Mission accomplie.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
... l’exception anglaise,... où les traîtres ordinaires finissent en prison, les traîtres gentlemen dans les clubs...

(page 158).
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"Goussouvski me prend alors par le bras et me raconte un pan de sa vie que je ne soupçonne même pas, mais il le fait sur le ton du secret alors qu'il ne risque plus rien: son intérêt pour l'église des catacombes, sa foi orthodoxe inébranlable, la nécessité de la dissimuler même et surtout pour un officier du KGB. Soudain, je comprends mieux alors la galerie souterraine et étanche qui le reliait à Pâques. Au fond, malgré tout ce qui les séparait le Français et le Russe partageaient les mêmes fantômes. Ce livre, il faudrait savoir l'écrire avec une lampe de mineur à la pointe de la plume. Sans que je sache au juste à quoi et à qui il fait allusion, il lâche dans un murmure:

"Il n'y a rien de pire que souffrir dans le noir car il n'y a rien où poser les yeux."

Peut-être a-t-il lui aussi, comme tant d'autres, vécu la disgrâce avant la réhabilitation. Le Christ est leur go-between. Ou plutôt le pont. Le catholique français et le Russe orthodoxe parlaient la même langue, qui n'était ni le français ni le russe. Une langue sacrée qui a partie liée avec l'invisible. Seul un ciment de cette force pouvait lier si longtemps ces deux hommes; les autres ne pouvaient qu'échouer, ou réussir ponctuellement à court terme; Grousvski, lui, s'était installé dans la durée, pas seulement parce qu'il avait été le premier, celui qui l'avait recruté à Alger pendant la guerre, mais parce que l'un et l'autre se situaient par rapport à l'éternité. L'un et l'autre devaient secrètement tenir le communisme pour un avatar du christianisme, et s'effrayer à la perspective d'un avenir assez peu radieux où l'Amérique n'aurait plus de contrepoids. Ils devaient considérer que sans le christianisme nous vivrions dans un monde de ténèbres."
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Et si j'avais affaire à un faussaire? Mais chacun n'est-il pas le faussaire de l'autre dès lors qu'il interprète ses paroles? Il ne peut en être autrement puisque chacun d'entre nous comprend à sa manière ce qu'il entend.
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Au physique, silhouette et visage, rondeurs bonhommes et nez plongeant. Pas du genre à se laisser embarrasser par ses contradictions. Singulièrement assuré et néanmoins distrait. Sceptique avec une touche de cynisme. Doté d’une intelligence spéculative formée à la réflexion virtuose plus qu’à la compréhension du réel. Sa modestie inquiétait quand sa voix, sa graphie, sa poignée de main rassuraient. On le sentait en quête d’absolu à l’issue d’une vie qui n’aurait été qu’une rumination intérieure sans fin.
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Un archipel de solitudes peuple l'âme de tout espion. Encore que cette qualité accorde une certaine noblesse à celui qu'elle désigne ; nous sommes tous plus ou moins sensible à un certain romantisme de l'espionnage. "Taupe" animalise la fonction sans la bestialiser pour autant ; le rapprochement avec le petit mammifère qui s'ébroue dans les galeries souterraines en est presque charmant ; on en oublierait qu'il est dépourvu d'oreilles apparentes, et qu'il n'y voit rien, ce qui n'est guère indiqué pour un agent de renseignements. "Agent double" sonne déjà moins fièrement qu' "espion", car une double loyauté implique nécessairement une trahison. "Traître" est insupportable : c'est une tache, une insulte, un fardeau. Les circonstances n'y font rien, on ne s'en remet pas. Impossible qu'un tel homme n'ait pas ruminé cela pendant près de vingt ans. "Haute trahison" ? Cela anoblit. Sauf qu'il n'y en a pas de basse.
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Une rencontre avec L Ecole Biblique de Jérusalem au présent et au futur
- Accueil par Alain Rémy, président de l'Association des Amis de l'École - Introduction par le nouveau directeur de l'Ecole, fr. Olivier Poquillon suivie d'une conférence à trois voix par des enseignants-chercheurs de l'École, « Les Écritures à l'École biblique et archéologique française de Jérusalem en 2023 » : les Écritures au pays de la lettre même (fr. ukasz Popko), au pays d'un renouveau juif polymorphe (fr. Olivier Catel), au pays d'une réception interconfessionnelle et interculturelle (fr. Olivier-Thomas Venard ).
- Échanges avec le public
- Capsules - « La Bible en ses Traditions aux Bernardins », témoignage sur l'usage de la base de données par le P. Jacques Ollier, enseignant-chercheur au Collège des Bernardins. - À la découverte de Bibleart, application culturelle de la Bible en ses Traditions, avec l'équipe de Prixm
- Pause : possibilité de visiter le stand de l'Association des Amis pour y découvrir ses activités, les propositions de l'École et ses dernières publications ainsi que le stand École biblique des éditions Peeters.
- Table Ronde "Sous l'invocation de saint Jérôme : traduire les Écritures en 2023, entre Jérusalem et Paris". Échange entre Pierre Assouline, de l'Académie Goncourt, pour la littérature, le professeur Olivier Munnich (professeur émérite à l'Université Paris – Sorbonne) pour la philologie et l'histoire et Olivier-Thomas Venard pour l'exégèse et la théologie.
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