1709 : L'année où la Révolution n'a pas éclaté

L'appel du 12 juin !

Un ouvrage original que celui-ci. L'auteur nous raconte les évènements d'une seule année, 1709, en France.

Chroniquée selon les quatre saisons, voici l'histoire de cette année où la Révolution n'a pas éclaté !

Pourtant les conditions étaient réunies :
- un hiver effroyable avec des périodes de gel et de dégel empêchant et détruisant les cultures, entraînant famines, errances et insurrections.

- La contestation contre les marchands, les boulangers s'accentue contre les nobles. Des contestations antifiscales fleurissent. On parle d'une "complot de famine". de nombreux placets sont publiés et diffusés. le roi est menacé "Louis le tyran". On rappelle qu'il existe encore en France des Ravaillac et on fait l'éloge de Brutus ! Des émeutes frumentaires de femmes se déploient.

Les Parisiens parlent de piller les demeures des riches financiers, d'aller chercher des armes à la Bastille !

Cela ne vous rappelle pas les années 1788, 1789 ?

En plus :

- Les anglais aux portes de Paris : en décembre 1708 ils ont pris la citadelle de Lille.

- Les capitales européennes en guerre contre la France, suite à la décision de Louis XIV de maintenir son petit-fils (roi d'Espagne) dans la succession à la couronne de France.


Alors pourquoi la convergence des luttes ne s'est pas réalisée ?

Selon l'auteur, parce que le pays est dirigé par un vieux roi qui a de l'expérience.

Il détourne l'attention, unit la nation contre l'étranger et fabrique ainsi un bouc-émissaire (Chamillard, secrétaire d'Etat à la guerre) est trouvé et renvoyé !

Par une déclaration du 12 juin 1709 Louis XIV écrit un audacieux et inédit appel à ses peuples pour justifier son refus de l'humiliation paix qu'on lui propose par ses ennemis. le roi communique directement par rapidité et pour devancer la propagande des Coalisés. Il associe ainsi la peur et le scandale pour créer l'indignation collective, le patriotisme !

La foule bigarrée des rébellions ne coagule pas sans doute parce que le mécontentement n'est pas assez élevé (!) selon l'auteur, et parce qu'aucun médiateur n'est venu dramatiser et donner un sens commun aux tumultes…

La culture de l'orge a sauvé une partie de la population de la famine.

En avril, le Parlement de Paris prend des mesures pour tenter de limiter la hausse des prix et demande de recenser les pauvres afin de les secourir.

Le livre s'appuie sur celui de Jean Nicolas mesurant les insurrections. Ces dernières sont durement mâtées.

L'armée tient bon et ne déserte pas, malgré des troubles.

L'auteur s'amuse à inventer deux uchronies ensuite.

C'est un livre assez plaisant à lire. Mais j'ai été perdue dans tous ses monarques (malgré une généalogie très succincte) et les détails des batailles…
C'est un livre court, de 131 pages, que j'aurais préféré plus explicatif.

En bas de page de chaque chapitre, classé par saison, les recommandations d'écoute de musique (comme les 4 saisons de Vivaldi).

Très bon ouvrage d'histoire : relativement court et correctement écrit. On est plongé à la fin du règne de Louis XIV, un moment de crise intense où l'état français menace de s'écrouler. Défaites militaires rendant la capitale "envahissable" par les armées anglaises, grave crise frumentaire à cause d'un "grand hiver" de plusieurs mois et d'une intensité inégalée, multiples révoltes anti-fiscales, nombreux sont ingrédients qui auraient pu mener à une crise majeure, une révolution. On découvre alors des français qui demandent la convocation des États-generaux, des parisiens qui s'interrogent sur l'opportunité de s'armer en prenant la Bastille... Et pourtant, l'État, la monarchie, a tenu.

L'auteur se demande pourquoi. Quelques heureux événements (canons de contrebande confisqués, achats de blé clandestins, et surtout pseudo victoire militaire de justesse...) dans le désastre ambiant sauvent la mise à Louis XIV. Mais dans le fond, on a des réactions efficaces : les personnels de la monarchie, le trône et l'autel, ont tout fait pour empêcher la crise de survenir.

Dans une dernière partie l'auteur se permet deux uchronies : que serait devenu l'État français si les étoiles ne s'étaient finalement pas alignées pour relever la monarchie au plus fort de la crise ? La démonstration est convaincante et traite de façon efficace la solidité/fragilité de la monarchie "absolue" française. Un livre que je recommande.