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EAN : 9789893342053
Auto édition (04/04/2023)
4.66/5   16 notes
Résumé :
Prix du Roman gay 2023 - Récit

François mène la vie dont il a toujours rêvé. Du sport et une alimentation saine. Une profession intéressante et valorisante comme directeur d’école primaire. Une jolie maison dans un village près de Montpellier. Un chien jappant dans le jardin. Un mari dévoué et cadre supérieur. Puis, dans une semaine, la naissance de leur bébé aux États-Unis, grâce à une gestation pour autrui. Or, le jour du départ en avion, son époux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Je sais, je sais, les histoires qui racontent une rupture douloureuse sont parfois dures à lire, surtout quand on est passé soi-même par un tel moment déchirant, qui remet tout en cause. Mais je peux d'ores et déjà vous rassurer : oui, du déchirement, de la douleur, il y en a, dans ce livre. En revanche, il ne se résumé pas à ça, loin de là. Il montre aussi comment on peut survivre, changer, se reconstruire et construire quelque chose de nouveau, quelque chose de fort, quelque chose de beau, et (re)trouver une famille. Une crise comme l'est le départ abrupt d'un être aimé peut toujours être la chance d'un nouveau démarrage, si seulement on se donne les moyens de la saisir.

Mais rentrons dans le vif du sujet. Dans "Comme il faut", on suit l'histoire de François et Ahmed. En couple depuis vingt ans, marié depuis peu, propriétaires de leur maison dans un village plutôt huppé près de Montpellier, ils coulent une existence à première vue heureuse, sans vagues, sans encombre, sans grandes difficultés. François dirige une école, Ahmed est cadre supérieur dans une boîte affiliée au monde du BTP. Cerise sur ce gâteau déjà fort appétissant, ils s'apprêtent à partir pour l'Oregon pour recueillir leur enfant issu d'une GPA, qui naîtra dans les jours à venir. Oui, tout semble rouler sur des rails ultra-lisses. Mais cette idylle se fracasse d'un seul coup quand, le jour de leur départ, Ahmed sort faire un dernier footing… pour ne plus jamais revenir.

Narré de la sorte, je crains que l'histoire ne donne toujours pas très envie. Mais patience – sans spoiler le reste du livre, je vais vous dire pourquoi ce serait un tort de ne pas se laisser séduire par ce récit. Alors, tout d'abord, il est très bien écrit, d'une plume solide, facile à lire, sans envolées lyriques, sans appuyer sur le noir et blanc, même sans victimiser l'un ou l'autre des protagonistes. Oui, le coup est dur, la découverte du partenaire parti à jamais, rude, et l'auteur ne passe pas à côté de l'opportunité de créer des scènes tendues ou d'amener les lecteurs vers les affres du désespoir que ressent Français, à juste titre. Car il ne peut pas tergiverser, il doit quand même aller chercher sa fille, il doit planifier leur avenir, compliqué par le fait que c'était Ahmed avec sa belle position qui remplissait les caisses communes. Avec son seul salaire, comment va-t-il faire pour rembourser les prêts et pour la maison et pour la GPA (ce n'est pas donné, bien sûr, surtout pas aux USA !).

C'est là qu'entrent en jeu les autres personnages qui, au début, semblaient juste orbiter autour du noyau central qu'était le couple François-Ahmed. Parmi eux, la soeur (Marianne) et le beau-frère de François, Jean. Avec la première, une sorte de relation toxique dont on apprend l'historique s'est installée depuis trop longtemps. le beauf, aux yeux de François, n'est que ça : un beauf. Puis apparaissent les parents d'Ahmed, un couple originaire du Maroc, très intégré, mais plutôt taciturne, qui découvre d'un coup de tonnerre toute la vie de leur fils unique : son homosexualité, sa paternité (c'est lui, le donneur de sperme), son départ avec pertes et fracas. Partant de ce tout petit cercle, une nouvelle dynamique se fait jour, poussant les uns et les autres à interroger leurs certitudes et entamer, chacun et chacune, une profonde transformation.

J'ai beaucoup aimé ce récit, d'une tenue apparemment simple et linéaire, mais que Benjamin Audoye a su enrichir de tant de facettes que l'on se surprend à ressentir de l'empathie pour tout un chacun. Ce n'était pas donné au départ, je l'avoue ; François est tout sauf sympathique. Il est hautain, assez imbu de lui-même, sûr que ces convictions seules, ses dadas seuls, ses idées seules comptent. La façon de laquelle il traite sa soeur et son beau-frère, son dirigisme envers Ahmed m'ont hérissé pas mal de poils. Puis, ce fut au tour d'Ahmed, dont je ne comprenais pas les motivations de ce lâche lâchage en rase campagne, de s'attirer mes foudres. Comment peut-il, comment ose-t-il ? Et Marianne, qui s'efface tout le temps, qui devient inaudible quand elle se retrouve face à son frère, ne m'a-t-elle pas agacé aussi ?

Mais bizarrement, et là réside la force de ce roman, je n'ai pas réussi à détester un seul de ces personnages. L'auteur donne la parole à chacun d'eux, à tour de rôle, qui par des flashbacks, qui par une scène anodine, et petit à petit, j'ai compris toute la trame du drame. J'ai été séduit par ce savant traitement des uns et des autres car, c'est en tout cas une de mes convictions, personne n'est foncièrement noir ou blanc. La vérité se trouve souvent dans les 50 nuances de gris, si j'ose dire, et j'ajouterais qu'il y en a une infinité, de ces nuances, surtout quand il s'agit d'humains et de leurs interactions. J'ai été touché par l'amour sincère, aussi, qui lie Marianne et Jean d'un côté, les parents d'Ahmed de l'autre. Eux quatre étaient presque la plus belle découverte de ce livre, leur sollicitude, leur partage, leur promptitude à aider même quelqu'un d'aussi désagréable, au départ, que François.

Oui, un livre très chouette. Je n'ai rien à redire, ni pour l'histoire, ni pour le côté technique et la construction, ni pour la plume, ni pour les personnages, ni pour le sans-faute (en aurais-je loupé ?) au niveau orthographe et grammaire – et non, ce n'est pas parce que t'es prof, Benjamin (oui, on se tutoie, mes amis), mais parce que tu as mûrement réfléchi à ce projet et que tu l'as superbement relu (ou fait relire, peu importe). Donc, une lecture agréable malgré un sujet presque sombre, une lecture enrichissante, en bref un livre que je recommande vivement.
Lien : http://livresgay.fr/comme-il..
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Retour sp sur:

"Comme il faut"

De Benjamin Audoye

François et Ahmed, en couple depuis 20 ans, sont complètement différents, mais complémentaires...
François tout feu tout flamme est généralement canalisé par un Ahmed calme, réfléchit, mais un peu effacé...

Sous la carapace lise et sans histoire de leur couple, se cache en vérité des fissures qui petit à petit vont finir par se révéler être d'énormes cratères...

Le séisme des émotions, des rancoeurs, des regrets et des non-dit va exploser lors de la prochaine venue au monde de leur bébé qu'ils ont souhaité avoir...

"Ils" avec un "S" pas si sûr...

Eux qui ont opté pour une GPA (gestation pour autrui) aux états-unis, eux qui ont pris un crédit pour réaliser leur rêve, vont-ils voir tout cela du même oeil ?

Le jour du départ, afin de récupérer leur enfant, François tombe de haut en lisant un simple message écrit sur un simple post-it, posé là, comme ça par Ahmed.
Son monde s'effondre.

Va-t-il quand même partir, faire le voyage qui devait changer leur vie de couple en vie de famille ?

Comment lui le hautain, qui décide de tout, parfois méchant dans ses propos, va faire pour ne pas perdre pied ?

Arrivera-t-il à changer aider par Marianne sa soeur jumelle et par jean son beau-frère ?

Que de questions.

Avec ce roman, on reconnaît la plume ou devrai-je dire la verve de Benjamin.
En lisant, c'est comme-ci je l'entendais avec son franc-parler, ses sous-entendus qui n'en sont pas vraiment, ces phrases simples mais directes et percutantes ? Bref du Benjamin dans toute sa splendeur...

Malgré un début un peu trop long à mon goût, une fois dans le vif du sujet, c'est un roman que l'on ne parvient pas à lâcher, je dirais même que l'on en devient accro...

Quelques notes personnelles à propos des protagonistes :

- François : désolé benjamin, mais même à la fin, je n'ai pas réussi à l'apprécier, pour moi, il fait toujours aussi faux aussi bien dans ses gestes que dans sa façon de parler...

- Ahmed : j'avais pitié de lui au début, mais alors avec son simple post-it, il a tout foutu en l'air et je l'ai même détesté par moment... Heureusement qu'il n'était pas face à moi...

- Marianne : qu'est-ce que j'ai eu envie de la secouer...

- jean : je l'adore, mais j'attendais qu'une chose de sa part, qu'il mette une bonne droite à François.

- la maman d'Ahmed : je la kif grave... Non mais qui c'est qui commande...

- le papa d'Ahmed : un petit monsieur que j'aimerais beaucoup connaître.

Pour finir cette chronique un peu plus longue que d'habitude, je veux revenir sur l'avis que tu as publié de certaines et certains lecteurs...
Voici donc mon "d'accord/pas d'accord":

- une leçon de tolérance : plutôt d'accord
- tenue en haleine : pas d'accord, car il n'y a pas d'enquête à proprement parler.
- votre meilleur livre : tout à fait d'accord
- bouleversant : moyennement d'accord
- personnages crédibles : d'accord
- une plume sensible : moyennement, d'accord, je n'ai pas eu la larme à l'oeil personnellement.
- et pour l'ensemble suivant : "je n'aime pas être prise en otage par une scène de sexe", "Berlin s'est trash" et "des premières lignes choquantes": absolument pas d'accord... Des scènes et des descriptifs très très très hot mais pas choquantes...
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Bien que ce soit un roman qui peut être sujet à polémiques en raison des divers sujets dérangeants abordés pour la majorité de la société, Benjamin Audoye a su les nuancer à l'aide des différents points de vues des divers personnages : Jean, Marianne, Ahmed, Mohammed et Fadhila avec la participation attendrissante de Capucine.
Dans ce roman, l'auteur traite de la gestation pour autrui, des parents homoparentaux, du mariage homosexuel et bien d'autres. Au-delà de l'aspect médiatique et juridique, ce sont des sujets qui peuvent aussi bousculer le quotidien de nombreuses familles qui y ont recourt, notamment briser un couple face à la tension engendrée par les démarches à faire. C'est ce dont François va faire les frais le jour du départ aux Etats-Unis pour la naissance imminente de leur premier enfant via GPA. Ahmed va lâchement l'abandonner au moment où François a le plus besoin de lui via un post-it où il est mentionné : « Désolé, ça ne va pas le faire. ».

Comment ne pas imaginer la haine et la colère de François en apprenant ce départ soudain… Il va devoir faire face à cette absence seul mais pour combien de temps ? Est-ce qu'Ahmed va revenir ? Est-ce que François va pardonner Ahmed d'être parti à un moment important de leur vie commune ? C'est en tout cas ce que le lecteur va devoir découvrir tout au long du roman.

En bref, « Comme il faut » est un roman regroupant divers individus de cultures et avis différents où Benjamin Audoye a su les faire vivre en communauté avec respect et bienveillance. On est tous différents. Cette différence est la force qui réunit Jean, François, Capucine, Marianne, Fadhila et Mohammed et Ahmed. Respect et tolérance sont également les maîtres-mots de ce roman vivant, intéressant et passionnant à lire. J'ai vraiment apprécié cette lecture très touchante. Je recommande vivement ce roman.

Pour terminer, on peut aussi ajouter une célèbre expression susceptible de résumer globalement « Comme il faut », le dernier roman de Benjamin Audoye : « le bonheur des uns fait le malheur des autres. ».
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François vit la vie de ses rêves : un travail qui lui plaît, une bonne hygiène de vie, un mariage heureux avec un bon parti, un chien, une magnifique maison dans les environs de Montpellier... Et avec son mari, ils sont sur le point d'aller chercher leur fille née aux États-Unis grâce à une gestation par autrui. Mais la veille de leur départ en avion, Ahmed disparaît. Il ne reste qu'un mot sur un post-it : "Désolé, ça ne va pas le faire. Je t'aime." Tout s'effondre et chacun va devoir se remettre en cause, bousculant toutes leurs certitudes.

L'écrivain aborde dans son troisième livre l'adoption par GPA, vous l'aurez compris en lisant le résumé. Mais ce récit va bien au-delà ! Benjamin Audoye parle de l'homosexualité, qu'elle soit cachée ou assumée, il parle de la famille et des relations entre ses membres, quels qu'ils soient, il décrit ce qu'il se passe lorsque la réalité se heurte à une vie bien "comme il faut", mais il s'agit également d'un roman initiatique.

J'ai adoré cette histoire ! On ne peut pas réduire ce roman à un seul sujet car il en aborde tellement ! Si François m'a agacée du début jusqu'à la fin, Ahmed est un personnage qui m'a beaucoup touchée, je me suis reconnue en lui sur plusieurs aspects. J'ai trouvé la plume de l'auteur juste et pleine de sensibilité. Ses personnages sont bien travaillés et son récit grandit au fil des pages. Benjamin fait mouche avec ce roman qui ne vous laissera pas indifférent car les personnages secondaires aussi vont avoir leur importance et sauront vous interpeller.
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Il ne s'agit pas d'un récit militant, mais quelle leçon de vie !
Sommes nous toujours ce que nous croyons être aux yeux des autres ? Comment se reconstruire quand tout ne semble pas complétement détruit ?
Dans son troisième ouvrage, Benjamin Audoye nous livre un feuilleton du réel où chaque chapitre est un nouvel épisode.
Entre le bonheur d'être père et les doutes du quotidien, il est parfois délicat de trouver un juste équilibre pour créer son futur « comme il faut ».

Ma critique ✅ :
Un récit bien écrit, de courts chapitres qui rythment cette histoire : Les semaines et les mois se déroulent sous nos yeux. Parfois nous avons envie de secouer François, parfois de le prendre dans nos bras comme un frère et parfois envie de lui dire de tout lâcher et de partir loin… pour tout reconstruire. Mais lui, il veut des racines pour sa fille. Pour Capucine : une tante, un oncle et des grands-parents, ça n'a pas de prix ou plutôt si, celui que François estime nécessaire.
Une belle histoire de Benjamin Audoye à partager.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
"Marianne l’embrassa sur la bouche et emprunta le couloir. Elle ressentit une puissante vague d’amour grâce aux petites attentions que Jean lui prodiguait au quotidien, comme si elle était la reine du village. Jean l’observait parfois, un discret sourire aux lèvres, et revenait avec l’objet idoine : du sucre, un paracétamol, une tasse de thé, un stylo, une glace, des pantoufles, du citron…."
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"La vérité, même s’il l’ignorait, comme bien des vérités, était que François avait toujours considéré sa sœur comme une subalterne, un complément de vie, une personne supplémentaire, avec laquelle il ne devait pas s’épuiser dans des simagrées pour paraitre sympathique"
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De la maison de ses beaux-frères, Jean enviait seulement le jardin, pour y mettre le barbecue interdit par le bouffeur de haricots bio. Il adorerait convier des amis ou sa famille pour des merguez, des chips et du rosé, au crépuscule d’une lumineuse journée d’été ou à midi au printemps. Il bossait pour ces moments-là ; le Taj Mahal, on peut l’admirer sur le sofa grâce à Échappées belles, sans les heures de transport, la chaleur, les diarrhées, la foule, la saleté, les moustiques et les odeurs.
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Marianne était trop bien pour lui. Elle ouvrirait les yeux sur sa médiocrité et elle partirait. Le plus triste dans cette pensée venait du fait que Marianne partageait cette idée, en se demandant inversement ce que Jean pouvait lui trouver. Dès lors, toute personne dotée d’intelligence émotionnelle et de discernement pouvait se rendre compte que leur couple était peut-être l’un des plus beaux qui n’eût jamais existé.
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François répétait à l'envi qu'il fallait voyager pour se représenter la misère du monde. Il suffisait cependant qu'il regardât sa soeur : miséreuse, non, en effet, mais incapable de courir le monde pour se comparer aux pauvres exotiques.
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