Jane Austen - Intégrale illustrée

Cette intégrale électronique regroupe les six romans majeurs publiés par l'auteure anglaise du XIXe siècle.

Orgueil et préjugés
Mrs Bennett a cinq filles, peu d'argent, peu de jugeote et un mari trop indolent pour pallier ses déficiences. Aussi les deux plus jeunes filles sont-elles pratiquement livrées à elles-mêmes, autant dire à leurs habitudes de coquetterie et de paresse. Les deux aînées, en revanche, sont tout ce qu'une mère pourrait désirer, et vraiment des jeunes femmes accomplies. L'aînée, Jane, attire d'ailleurs l'attention de M. Bingley, le nouveau voisin des Bennett. L'ami de ce dernier, M. Darcy, juge pour sa part Elizabeth, la cadette, comme "passable" et la famille entière comme peu fréquentable. Il est en retour jugé hautain et peu intéressant.

Deuxième roman publié de l'auteure, son intrigue est très connue, du fait de son succès, qui ne s'est pas démenti depuis deux siècles, et des nombreuses adaptations qui en ont été faites. Les raisons de ce succès sont évidentes à tout lecteur : ce portrait fin et acéré de la bonne société campagnarde est un plaisir de lecture. Chaque personnage est individualisé jusque dans les moindres détails, et leurs interactions les caractérisent tant qu'on pourrait les identifier à cela. Même si elle ne visait pas spécialement la critique sociale, l'auteure montre dans ce roman combien l'argent a d'importance dans les affaires amoureuses, même si finalement ses personnages principaux font un mariage d'amour... mais au moins l'un d'eux est assez riche pour pouvoir se le permettre !

Raison et sentiments
Les deux filles aînées de Mme Dashwood sont on ne peut plus différentes. Autant Elizabeth, l'aînée, est posée et exprime peu ses sentiments et émotions, autant sa cadette, Maria, les porte en bandoulière et prétend ne vivre que par eux. Il va de soi que pour elle l'amour ne peut se vivre qu'avec une majuscule, et une seule fois. Elle est convaincue que le destin répond à ses voeux quand elle rencontre le jeune et beau William Willoughby. Il est vrai que tout le monde s'accorde sur le fait qu'ils semblent faits l'un pour l'autre. Pendant ce temps, Elizabeth ne s'est jamais bercée de l'illusion qu'elle pourrait un jour épouser Edward Ferrars, le frère de sa belle-soeur, du fait que la mère du jeune homme ne saurait approuver son mariage avec une jeune fille sans fortune.

Ce résumé du premier roman publié, anonymement, par Jane Austen, ne rend pas justice au nombre ni à la richesse des personnages, dont tous sont finement caractérisés. le thème de la différence entre le ressenti des émotions et leur expression est bien mis en relief par les deux soeurs. Les personnages secondaires sont remarquables, qu'il s'agisse du faible et avaricieux John Dashwood au noble colonel Brandon, en passant par la sotte Mme Jennings, rendue aimable par son bon coeur ou la méchante Lucy Steeles. Mais il faudrait tous les citer, car tous sont nécessaires pour créer cette fresque sociale de la bonne société du début du XIXe siècle.

Emma
Cette jeune fille belle, riche et intelligente vit avec son père hypocondriaque à Hartfield, un domaine campagnard de moyenne importance, proche du bourg de Highbury. Parmi leurs voisins et amis figurent les Weston, qui viennent de se marier, au grand dam de Mr Woodhouse, qui ne se console pas d'avoir perdu par là même Mlle Taylor, l'institutrice de sa fille. On voit également souvent M. Knightley, ami et voisin de longue date, propriétaire du grand domaine voisin de Donwell Abbey, et dont le frère cadet a épousé Isabelle Woodhouse, soeur cadette d'Emma, avec laquelle il a déjà cinq enfants. Au moment où commence le roman, Emma, solitaire après le départ de Mme Weston, s'attache à la jeune Harriet Smith, fille naturelle dont on ne connaît pas le géniteur, qu'elle rencontre par l'intermédiaire d'une connaissance commune. Elle prévoit de lui faire épouser le vicaire de Highbury, M. Elton, et pour un temps tout semble marcher conformément à ses souhaits. Elle se trompe pourtant, et M. Knightley se chargera de le lui faire remarquer.

C'est le premier roman de Jane Austen que je trouve véritablement daté, car honnêtement Emma et M. Knightley sont trop froids pour ne pas trahir une éducation révolue. Par ailleurs, on retrouve le piquant, quasi féroce, qui caractérise le style de l'autrice, notamment dans sa caractérisation des personnages de Mme Elton et Mlle Bates. J'ai regretté que la traduction de ce roman, outre les nombreuses fautes de grammaire qui l'émaillent, varie constamment, et parfois sur la même page, entre le prénom Harriet et sa version française Henriette, ce qui est source de confusion.

Northanger Abbey
La jeune Catherine Morland est aux anges d'aller à Bath pour la première fois, grâce aux Allen, des amis et voisins de ses parents, qu'elle accompagne. Elle commence toutefois par s'y ennuyer, avant de faire la connaissance des Thorpe. le fils, John, ne lui plaît pas du tout, mais elle s'attache immédiatement à la jolie Isabelle. Elle rencontre également le beau Henry Tilney, dont elle tombe amoureuse. Ce n'est pas du goût de John Thorpe, convaincu d'être préféré, d'autant plus que James, le frère aîné de Catherine, est son condisciple à Oxford, et très amoureux d'Isabelle. Quoi de mieux qu'une double union ? Mais Catherine n'est absolument pas d'accord.

Les caractères semblent diamétralement opposés au départ, la vanité et l'amoralité de John Thorpe faisant ressortir l'honnêteté et la naïveté de Catherine, et réciproquement. Toutefois, la jeune fille, confrontée aux difficultés, mûrit et c'est ce qui fait de cette histoire un roman d'apprentissage. C'est aussi un hommage - ou un coup de griffe, c'est parfois difficile à dire avec Austen - aux romans gothiques, très à la mode en ce temps. Les passages qui se déroulent à Northanger Abbey sont délicieux d'humour et de finesse. On retrouve aussi dans ce roman le type de personnages habituels de l'autrice, de la brave dame un peu sotte au noble arrogant, en passant bien sûr par l'importance de l'argent dans tous les projets matrimoniaux.

Persuasion
Anna Elliott n'a jamais cessé d'aimer le beau et fringant Frederic Wentworth, même si elle s'est laissée persuader de refuser sa demande en mariage alors que tous deux étaient très jeunes. Celui-ci n'a oublié ni la jeune fille, ni son refus, qui l'a durablement blessé. Quand ils se revoient, toutefois, bien des années ont passé, et lui-même est un capitaine de vaisseau à la carrière prestigieuse, alors que la famille d'Anna est appauvrie par les extravagances de son père et de sa soeur aînée.

Cet autre roman publié à titre posthume est différent en ce qu'il ouvre sur le monde de la Royal Navy, et de la longue guerre qui l'a opposée à la France et à ses alliés. On y voit peu le monde campagnard représenté notamment par Orgueil et préjugés, mais on revient à l'ambiance de ville d'eaux à la mode de Bath, qui figurait déjà dans Northanger Abbey. Il est vrai que ces deux romans courts étaient parus regroupés en un seul volume. Même si leurs personnages sont totalement différents, l'unité de lieu, au moins partielle, justifie ce regroupement. La plupart des personnages sont globalement sympathiques, à l'exception notable de la famille de l'héroïne, et l'un des plus complexes est sans doute Lady Russell, pleine de bonne volonté, mais au moins capable de reconnaître ses erreurs de jugement, et sincèrement attachée à la jeune Anna.

Mansfield Park
La jeune Fanny Price est invitée par ses oncle et tante, Lord et Lady Bertram, à séjourner à Mansfield Park, à l'instigation de son autre tante, Mrs Norris, qui va rapidement se désintéresser d'elle. Les enfants Bertram, ses cousins, sont distants aussi, à l'exception d'Edmond, le second fils, qui prend sous sa protection la petite fille laide et timide que ses frère et soeurs snobent. Des années plus tard, durant une absence de Lord Bertram pour régler des affaires aux Indes occidentales, l'aînée de ses filles se fiance au riche Mr Rushworth, alors même qu'elle est attirée par le beau Henry Crawford, parent de leur vicaire Mr Grant. le jeune Crawford semble ne pas pouvoir choisir entre les deux soeurs Bertram, ce qui lui attire l'inimitié de Fanny, cependant que l'admiration évidente d'Edmond pour Mary Crawford, soeur d'Henry, ne peut que l'en détourner également. Pour elle, en effet, et depuis son enfance, Edmond a toujours été le seul homme possible.

Ce long roman complexe, à la riche palette de personnages, est tout à fait passionnant. L'évolution des caractères, que celle-ci soit liée à l'âge, dans le cas des plus jeunes, ou à la maladie, dans le cas de l'aîné des fils, est finement étudiée et rendue. L'évolution des relations entre les personnages que cela entraîne est aussi très crédible. Un personnage aussi complexe que celui de Mary Crawford est absolument fascinant, cependant que son frère pâlit en comparaison, même si tous deux suivent des chemins quelque peu parallèles par moment. On retrouve en Mrs Norris l'un de ces personnages féminins désagréables et toxiques comme Austen excelle à les peindre, par petites touches.
L'écriture dans ce roman m'a paru particulièrement complexe, avec ces longues phrases convolutées qui en rendent sans doute la traduction particulièrement difficile. Toutefois, j'ai souvent pesté contre le traducteur inconnu, tant pour ses fautes évidentes ("impopularités" là où on attendrait "impropriétés" pour faire sens) que pour ses manques à traduire des mots évidents ("Easter" se traduit couramment par "Pâques", par exemple), pour ne rien dire des multiples fautes de grammaire, agaçantes mais qui au moins n'entravent pas la compréhension.

La publication de ces romans en un seul volume électronique est une bonne idée en ce qu'elle en rend l'accès très abordable financièrement. Pour les gens qui, comme moi, n'avait pas eu la bonne idée de les lire tous précédemment, c'est une occasion très bienvenue. En effet, il est regrettable de se borner au couple de romans les plus connus, quand tous contiennent des pépites, et il faut remercier les Editions du 38 d'avoir pensé à fournir cette occasion. le revers de la médaille du prix extrêmement bas de cette intégrale est qu'elle ne fournit aucun appareil critique pouvant aider à la compréhension du contexte de ces romans, notamment à destination d'un jeune public qui pourrait sans doute en avoir besoin. Il n'en reste pas moins qu'un large public peut être trouvé pour cette intégrale électronique, qu'il s'agisse de personnes comme moi, visant à combler leurs lacunes quant à l'oeuvre de l'autrice anglaise, ou de lecteurs peu argentés, de tous âges, qui n'auraient pas investi dans son oeuvre jusqu'à présent, et qui se laisseront sans nul doute tenter par cette offre.

(Chronique de Mureliane)
Lien : http://www.climaginaire.com/..

Magnifique livre qui reprend toutes les oeuvres de Jane Austen avec des gravures illustrant chaque roman. une très beau cadeau pour les amoureux de l'univers de Jane Austen.

Une intégrale recueillant les six romans de Jane Austen, dans une belle édition reliée imitant les beaux-livres du XVIIIe siècle : papier fin, illustration au crayon ...
Un objet indispensable pour tous les fans de la romancière anglaise.

Petit bémol : C'est dommage que dans une intégrale, il manque les nouvelles écrites par l'auteure.